souffre de ton absence – babylone ✚ zéphyr

des grands airs

juillet // babylone

Et puis enfin le grand jour était arrivé ― regard vers les grandes portes coulissantes en verres de l'hôpital. Il y a le corps qui se fige le temps d'un instant, avant de finalement franchir le pas et traverser le hall ; toujours bondé et pourtant moins en effervescence qu'à certaine heures de la journée.

Les jambes, comme muent d'elles-mêmes, entraînent en direction du bureau du secrétariat aux alentours des grands escaliers et des ascenseurs - et il ne faut pas longtemps au regard pour l'apercevoir ; c'est qu'elle est grande et qu'elle a ce je-ne-sais-quoi qui fait que tu ne peux la manquer. Supprimant la distance qui vous sépare, tu laisses ton coude glisser sur le comptoir de marbre, glissant le corps contre ce dernier dans une pose nonchalante - sourire charmeur déjà aux lèvres, celles-ci, déjà, saluèrent :

— Coucou toi... ! les deux mains occupées par des boissons, tu en déposes une à ces côtés, dans une tranquillité forcée par l'habitude. Cappuccino vanille, pour madame. les yeux se perdent, faussement intéressés par les papiers qui l'entouraient, avant que tu ne portes toi-même le café à tes lèvres, pour l'observer.

— Alors, la journée ?

pour bien commencer

souffre de ton absence

Epuisée.
Irritée.
Le stress des dernières semaines n’aidait en rien Babylone à se relaxer alors même qu’elle n’avait pas retrouvé la pleine possession de ses moyens depuis si longtemps.
Mais les patients avaient l’air tous plus énervants et le gang entier était sur les nerfs. Sans nouvelle de leur leader, les cobras sans tête étaient sur le qui-vive à qui attaquera le premier.
Babylone se chargeait juste de surveiller ses arrières.

Mais son visage était d’autant plus crispé et son aura polaire laissait un goût amer quand ses collègues l’évitaient dans les couloirs; s’écartaient un peu plus au contact furieux de ses talons, plus vive et nerveuse qu’auparavant.
En tout et pour tout Babylone épuisée avait juste envie de rentrer.
(que tout s’arrête ou que tout finisse)

Alors le coup d’oeil est contrarié quand on l'interrompt dans ses papiers, et-
Oh, Zéphyr.
Sa posture se détend et son regard s’adoucit, particulièrement devant le café glissé sur la table -entre les papiers qu’elle rêverait de jeter.
Zéphyr, bonjour.
Un soupire et elle fait signe à son collègue qu’elle prend sa pause; récupère quelques papiers pour les tasser et les ranger droits en attendant qu’elle revienne, et attrape la boisson entre ses doigts.
Un coup d’oeil à Zéphyr et elle hausse les épaules à sa question.

Chargée et épuisante, mais plutôt habituelle pour un hôpital. Merci pour le café et la pause, j’en avais besoin.
Une gorgée et elle change de sujet.
Et toi? Dernier jour ici c’est ça?
Encore un constant dans son quotidien qui s’en va; depuis le temps, elle aurait dû s’y habituer.

— Zéphyr

des grands airs

juillet // babylone

Zéphyr, bonjour. ― Oh, et il n'y avait pas plus jolie habitude que les salutations, quelque chose dont tu avais perdu l'habitude au fil des ans et qui sonnait à présent à tes oreilles avec félicité ; et quoi de mieux quand cela sortaient des lèvres de Babylone, loin des sonorités monotones.

Tu l'écoutes, attentif et peu surpris - elle semblait toujours fatiguée, d'autant plus depuis un certain temps ; tu aurais aimé savoir ce qui alourdissait autant ses épaules depuis quelques semaines, mais tu te savais très certainement impuissant face à sa situation.

— Pas de soucis, c'est toujours un plaisir. ce qui était vrai - tu te perds un instant sur les traits de son visage pour prendre une gorgée de caféine.

— Peut-être... si Dr Schwarzenberg ne me rappelle pas dans les prochaines semaines pour un millième check up, ça devrait le faire. soupires-tu derrière un sourire fataliste - tu n'étais pas à l'abris d'un retour à l'hôpital - physiquement, tu te remettais plutôt bien et tu avais repris l'exercice du corps pour retrouver une stabilité à celui-ci ; mentalement, il semblait que tu te portais comme un charme - les apparences avaient au moins le mérite d'être tenue et entretenue.

Tu viens la retrouver du regard, pour avancer imperceptiblement le visage vers elle dans un mouvement de tête taquin - quant aux lèvres, elles délivrèrent :

— Triste que je m'en aille déjà ? un brin moqueur, tu poursuivis sans lui laisser le temps de répondre : Ça va être dur de trouver quelqu'un comme moi pour me remplacer : qui ramène le café et qui se trouve être beau comme un dieu. c'est que tu aimerais presque le penser - on dit qu'en se mentant à soi-même, on finit par y croire soi-même, qu'on finit par transformer la réalité ; alors, qui sait, peut-être, trouveras-tu de l'amour propre -

- dans ce toi si sale.

souffre de ton absence

Un mmh attentif à sa réponse et elle hoche la tête à la mention de Gretel, bien au courant du dossier du jeune homme de toutes manières.
Un léger rire qui quitte ses lèvres et elle le cache derrière son café, un sourcil relevé à sa remarque -insensible à qui pouvait flirter avec elle sur son lieu de travail, elle savait pourtant différencier celleux qui se trouvaient être sérieux.

Evidement.
(ses yeux au ciel disaient le contraire mais son sourire encore l’inverse)
Mais c’est mieux si tu ne reviens pas, de toute manière.
Haineux dans un autre contexte mais Babylone n’aimait pas revoir régulièrement des patients. C’était mieux pour eux s’ils ne retournaient jamais dans les chambres d‘ivoire.
Elle lui fait signe de la suivre et s’éloigne du comptoir pour aller s’asseoir sur les bancs à l’écart, jambes croisées sur sa blouse immaculée.
Un signe de tête à un collègue et elle reporte son attention sur le patient.
Tu connais le chemin de toutes façon, mais tache de ne pas revenir trop vite.
Un court instant de silence.
C’est vrai que le café va me manquer.
Et celui qui défais la nuque de trop de tension accumulée va sans doute lui manquer aussi, mais c’était mieux ainsi.

— Zéphyr