Minutes égrenées, regard rivé sur l'horloge – tapote des doigts, des cinq sur le bureau ; avachi du dos, des coudes, professeur qui a renoncé à demander une posture plus adéquate, début d'année de terminale témoigne de l'indécence de celui qui se sait assez doué pour flâner – et puis, pas d'enjeu, papa a déjà promis qu'on n'ira pas à l'université.

Sonnerie libère enfin ; devoirs à peine notés qu'on est déjà dehors, dans le couloir, à jouer des pieds et des mains pour se défaire des autres – un seul objectif, les escaliers, tout pour se barrer et finir cette journée de la lenteur ;

mais c'est sans compter le regard, accroché, soudain
à une touffe de cheveux noirs, là-bas.

On ne l'a pas revu depuis la dernière fois, sans surprise ; il a fui, fui fui fui, la réalité d'une soirée qu'il préfèrerait sûrement oublier. Zephyr-perdu, on s'en amuse beaucoup trop pour le prendre en pitié – après tout, on n'était pas tout seul à le dévorer de sa bouche et de ses mains.

Alors le corps qui s'élance sans contrôle, regard toujours sur lui jusqu'à le rattraper, et la main qui vient s'enrouler sur son bras, on l'arrête là, au milieu du tout et du trop, pour le détailler, onyx glacées, et la voix moqueuse alors :

— Je pourrais presque croire que tu m'évites.

On sait que c'est le cas – véritablement, on s'en fout ; mais au jeu d'embêter Zephyr-qui-déteste, on s'est fait le maître au cours des années – et garçon perdu abandonné, semble bien moins fier sans un autre pour le guider.