Il avait suffi d’un message. Un seul pour qu’Ezra ne puisse pas attendre pour voir September. Il y avait de ces pulsions qu’on ne contrôlait pas et si elle n’était que monstruosité, elle n’en restait pas moins humaine quand l’inquiétude venait se poser sur la colère que quelqu’un ait pu abîmer celle que le cœur désirait tant.

Pâle et fébrile, il lui avait fallu tout de même se faire patiente (comprendre : jeter faiblement un plateau au sol comme une enfant mécontente quand l’infirmière personnelle lui affirmait qu’elle ne pouvait pas encore se déplacer). Et Ezra se fit patiente jusqu’à l’obtention de la si désirée autorisation de sortir. Toujours si faible dans son fauteuil roulant, une jeune femme la poussait sans un mot, elle qui avait supporté ses caprices jusqu’au hall d’entrée où elle avait voulu se déplacer seule sans succès.

Elle roulait, encore et encore le long des couloirs jusqu’à arriver à la chambre tant attendue. Elle ne s’embarrassa pas, ne prit pas la peine de toquer et laissa son aide pousser la porte à sa place.

– Salut Sept’, ça boume ?

Le sourire insolent restait le même malgré les cernes creusées et la pâleur d’un visage sans artifice. D’un geste de la main, l’aide fut chassée une fois Ezra amenée au bord du lit. Les cheveux à peine coiffés, le corps sans aucune dorure arboré et perdu dans un gilet en laine trop large… Ezra était bien loin de l’image si travaillée qu’elle arborait toujours. Si proche, September pourrait certainement même voir le pansement dépasser du crop top, la preuve qu’elle était loin d’être supérieure au reste des mortels.
Mais Ezra ne s’en préoccupait pas. Elle avait le regard fixé sur September, courant sur sa silhouette avec une angoisse visible jusqu’à sourire plus maladroitement, comme une fatigue dans le regard malicieux.

– Bah t’as une sale tête mais ça a l’air de pas trop mal aller on va dire… Tu voulais juste que je m'inquiète et passe te voir ?

Arrêtait-elle seulement un jour d’être insupportable ?