Les réunions c’étaient enchaînés à l’hôpital, parler de la recrudescence des actes criminels, des civils et autres membres de gang touchés, du surmenage du personnel hospitalier. En tant que médecin urgentiste elle avait eu son mot à dire, on lui avait gentiment demander ce qu’elle pensait de tout ça, de la situation et de la surcharge de travail à son service, du grands nombres d’heure supplémentaires à son compte et à tout ceux y travaillant : le bordel. C’était le premier mot à sortir d’entre ses lèvres. « Un énorme bordel. » Des cris à longueurs de journées, des parents à la recherche de leurs enfants, refusant de croire qu’il faisait parti d’un gang et qu’il avait perdu la vie à cause de ça. Des enfants devenus orphelins. Des personnes décédés dans l’ignorance la plus totale. Des mains serrées à leurs blouses blanche, murmurant un « ne me laissez pas mourir seul » avant de fermer les yeux pour toujours. Absinthe n’avait rien d’autre à répondre qu’il fallait agir vite, toujours plus rapidement.

Et à la fin de son service, les yeux cernés et le regard épuisé, elle s’en allait à une autre réunion d’une tout autre importance. Allary l’attendait patiemment au QG des Panthers pour discuter des décisions à prendre, de la route à suivre, et d’éventuels recrutement, ou pire : licenciement. Tout allait désormais se passer extrêmement rapidement, tout allait se suivre selon un plan qu’elles avaient montées en secret, et ce depuis quelques temps. Rien que d’y penser, Absinthe avait un sourire carnassier sur les lèvres, remettant correctement la hanse de son sac sur son épaule.

Un bruit de flaque qui éclabousse sous le talon de sa chaussure, une porte qui s’ouvre et un soupire qui en dit long. La voilà en sécurité, chez elle, chez eux. L’ambiance était relativement calme, peu d’entre eux étaient encore entre les murs du QG des Panthers à une heure si tardive. Là ou certains travaillaient pour le groupe, d’autres tentaient comme ils pouvaient de gagner leur vie avec des petits jobs par ci et là. Absinthe avance vers son bureau, juste à côté de celui d’Allary. Toque une, deux puis trois fois avant d’entrer lorsque la boss le lui permet. Enlève son sac à main pour le mettre sur le porte manteau, y laisse également son long manteau ébène, secoue ses cheveux pour les remettre en place et viens rapidement s’asseoir sur le fauteuil face au bureau de sa patronne. « Bonsoir, j’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre. »

Ne sourcille pas lorsque la patronne dit avoir attendue quelques instants, un léger regard sur la montre et voilà qu’elle affiche l’heure du dit rendez-vous. Le regard au bon moment, et le visage toujours aussi sérieux   lorsqu’elle regarde Allary en finir avec son rubbiks cube. Chacune avec son passe-temps, compter les battements électrique sur les petites loupiottes au dessus de sa tête, était celui d’Absinthe, peu commun en effet. Les jambes croisées, elle ne sourcille pas lorsqu’elle mentionne ses cernes : en effet soigner les civils en journée, et réveiller en pleine nuit pour soigner les collègues n’était pas de tout repos. Mais elle écoute, boit même les paroles de la jeune femme face à elle, n’en perd aucune miette. Elle se devait d’être au summum de la concentration pour ce genre d’entretien, surtout lorsqu’on en savait le dénouement.

Rattrape le jouet et le contemple un instant avant de relever les yeux vers Allary, le visage sérieux. « Les craintes sont les même qu’à chacune des rencontres de ce type. Ils possèdent de bons éléments risquant de nuire à nos actions. » Repositionne correctement son dos sur le dossier de la chaise, et se mord l’intérieur de la joue. « Copieur de don, hypnose et autre don tout aussi problématique. Nous devons absolument faire attention à ce que cela ne se retourne pas contre les nôtres. » Bien qu’ils soient entraînés pour la plupart, certains Panthers ne possédaient aucun don offensif et étaient alors en proie à être visés plus facilement.

Souffle du nez avant de reprendre, tout en continuant à penser à d’éventuelles questions. « J’aimerai également revoir les plans du lieu de rendez-vous, connaître chacune des sorties, les fenêtres également. » Observe une dernière fois le rubbiks cube en entier. « Je veux pouvoir mener notre projet à bien, revoir les rôles de chacun et pouvoir les guider au mieux, à tes côtés, lors de la soirée. » Avant de le lui relancer, ses mains nouées sur son genoux.

Acquisse alors qu’Allary continue de parler. Hoche la tête sans broncher, en adéquation avec les propos de sa supérieure. La regarde attentivement attraper la tablette et observe à nouveau les plans d’architecture du bâtiment à envahir, ainsi que l’emplacement des sorties, les fenêtres, les ascenseurs également. Tout ce qui se montrera utile à leur entrée, mais également à leur sortie. Sans oublier de vérifier une fois de plus le rôle de ses coéquipiers, des têtes qui l’accompagneront Allary et elle à la soirée. Fronce légèrement les sourcils lorsqu’elle ne remarque à aucun endroit son nom. S’apprête à réagir, mais Allary lui coupe l’herbe sous les pieds et reprends de plus belle. Attentive.

Et alors qu’elle redoute ce qu’elle s’apprête à lui annoncer, Absinthe ferme les yeux quelques minutes et souffle longuement. Rouvre les yeux et transpercent ceux d’Allary. « C’est une très mauvaise idée. » Reste droite sur sa chaise, mais secoue frénétiquement sa jambe gauche. Parce qu’elle se sait utile et nécessaire à cette mission. « Je ne doute en aucun cas de nos éléments, et encore moins de toi. Cependant, je pense que ma présence est nécessaire. Nous connaissons l’ennemi et ses points forts, je suis persuadée que je serais capable d’éviter une catastrophe si le vent venait à tourner. »

Lève les yeux au ciel un instant, claque sa langue contre son palais et redirige son attention sur Allary. « Mais, pour quelle raison devrais-je rester en retrait ? Il a des nouveaux arrivants qu’il est nécessaire d’encadrer en direct, certains anciens également en réalité. »