Milan est une vague dans l'océan. Elle tente de renverser, n'y parvient jamais (car elle n'est pas née en tempête). Tout ce qu'elle fait,
c'est créer de l'écume sur le bord des sables.
Dernières traces de vie sur les souliers blanchis.
Peut-être parce qu'il parle trop fort, peut-être parce qu'il est ordinaire, peut-être parce qu'il rit bizarrement, peut-être parce qu'il n'est pas fait pour ça, Milo. Pour être aimé. Comme cela doit être dur, de le supporter, ne s'en rend-il pas compte? Comme c'est insupportable, de rester à côté d'une grande perche qui se la raconte, comme cela doit énerver, de détourner le regard lorsqu'une blague ne fait pas rire, comme cela doit répugner, de devoir le regarder dans les yeux plus d'une seconde.
La confiance en soi n'a pas été déposée sous le sapin, cette année encore (alors autant la mimer).

Mais l'écume détruit des châteaux de sable trop avancés (quelques postes oubliés par des enfants, abandonnés). Car de ce grand corps, Milan ne sait trop quoi en faire. Maladroit, fait glisser quelques mots de trop (trop aisément, peut-être fait exprès). Il mime les excuses comme un bon acteur de cinéma (ça sonne un peu faux si l'on y regarde bien). Il consolera comme une épaule solide après avoir détruit les espoirs des autres.
Il est égoïste, Milan.
Car ses yeux voient la moindre amitié se profiler, ses yeux voient les amours se dérober. Et parfois, même les relations les plus prometteuses volent en éclat. Parce qu'il en aura décidé ainsi.

Parce qu'il a les paroles en aigreurs et les jalousies en splendeurs. Parce qu'il rira du malheur des autres et écrasera la joue, là, du bout du pied (le regard froid mais le sourire chaleureux). Parce qu'il ferait presque peur, dit, Milan, quand il tourne le dos quand il ignore superbement,
diva Mila.
Jamais content à parler du malheur des autres (est certainement celui qui entretient les potins sur ton joli visage placardé de faussetés).

Mais comme la vague, il est éphémère. Dans la vie des gens. Pour les gens. Il n'est qu'un naïf adolescent qui jamais ne grandira, n'est-ce pas? A croire à chaque caresse que l'on tourne contre son visage, à laisser quelques douces paroles le berner. Il est si facile à aimer (à détester) qu'il en est presque aisé de ne laisser que quelques gouttes d'eau de la vague sauvage.
Appareil photo jetable, il gardera tous les souvenirs pour se faire oublier quelques jours (semaines, mois, années) plus tard.

Si facilement remplaçable (pour une meilleure qualité).

Alors peut-être qu'en riant plus fort, on le gardera plus longtemps. Peut-être qu'en racontant (trop), on voudra l'écouter. Peut-être qu'en faisant quelques farces, on ne se lassera pas de lui. Peut-être qu'en l'embrassant, on voudra goûter de nouveau à sa peau. Peut-être, peut-être, peut-être. Milan jamais sûr de rien, Milan toujours second plan, Milan, Milo, Mila.

Ne m'oublies pas.

Tiens,
tiens,
tiens.

Paroles venin.
Ca ricoche et ça s'embroche comme roucoulent les chouettes du matin. Les rires s'emmêlent de quelques chansons douces, les paroles velours parées de satin. Sourire là, il se penche, murmure, ah, désolé, ça va être compliqué.
Tu vois bien qu'il n'a d'yeux que pour Samantha, tiens, regarde comme elle est belle et,
et,
et,
regarde comme il s'amuse bien à ses côtés.
Milo serpent sur l'épaule d'Eve, il embrasserait bien cette peau du cou pour faire quelques avances contraste du poison qui coule de ses babines,
sur les habits d'une pauvre proie
innocente.
Oh, il ne va pas s'intéresser à toi.

(et toi jamais tu ne t'intéresseras à moi)