(fb) my way or the high way ft. tobias

Never feels the right way
But I'll shut down around it
ft. tobias

la première grande mission depuis le début du règne de Stelian
c’est la fin de l’année 2019, je suis bras droit
et il m’envoie chez les Corbeaux –

et je suis fier, vraiment, peut-être un peu déçu d’être une main de l’Ombre ; peut-être, également, encore un peu rancunier de la cicatrice qui repose maintenant à l’intérieur de ma cuisse gauche, mon tatouage – ma fierté – effacé pour l’occasion.

peut-être encore que j’aimerais mieux être partout ailleurs que dans ces catacombes de misère lorsqu’on me présente cellui qui doit m’apprendre les « ficelles du métier », comme l’imbécile heureux qui m’a recruté aime m’expliquer ; en levant mes yeux sur des pupilles tout aussi bleues, tignasse grise
je
perds
la
tête – Oh, Tobias.
quitte mes lèvres et le recruteur semble ravi, marmonne quelque chose, une tape dans mon dos et nous laisse tous deux dans le silence gênant des retrouvailles. et je devrais parler, assurément, dire quelque chose ou
éviter la droite qu’il serait certainement tenté de me décoller dans la mâchoire ; je devrais bouger, mais est-ce les souvenirs de notre passé qui me clouent au sol d’une presque culpabilité
depuis combien de temps, déjà, ai-je disparu de sa vie suite à l’appel des Dragons dorés ? et je pourrais rire de sa taille qui semble inchangée depuis les années – je pourrais Wow, c’est moi ou t’as encore rapetissé ?
prétendre que cette ellipse dans notre amitié n’a pas existé et –
faire comme si on ne s’était jamais quittés.

@Théa Pearson

✷

musique

La voix résonne, pétarade dans tes tympans.
Et c’est une claque sèche dans ta nuque, un instant à oublier de s’oxygéner. Admirer devant soi l’incarnation biblique, le retour du martyr. Celui qui, auréolé d’un sourire, brise l’amnésie qui l’avait frappé.
Toi tu sais que dévisager, juger dans un silence meurtrier. Mais ses mots ont l’art d’étirer tes commissures crispées, de les relever en grimace édulcorée. Il y a un rire léger qui s’échappe, qui s’éternise.
« Oh. Toi ici. »
Les yeux sont plissés, forcés par ce sourire factice qui refuse de s’effacer. Les apparences sont laides, n’ont pas lieu d’être trompeuses. Un jour, il était là, à tes côtés.
Prêts à cadencer vos rires dans les taquineries mutilées, mutines de par les jours trop nombreux partagés.
Le second, il est parti.
Semblable à un trompe-l’œil confondu dans ta réalité, il s’est effacé. Théa, maître trompeur qui réapparait dans toute sa candeur défiante sous tes yeux injectés.
« Compense pas ton malaise avec des blagues sur ma taille. » Si la voix déraille, qu’elle trahit ta confiance, s’arrache à ta carcasse rigide, tu restes inchangé.
Prendre le temps d’imprimer dans ta rétine cette face qui pourrait te faire dégobiller, passer ton bras faussement amical autour de sa nuque. Tu souhaiterais que ça soit un nœud coulant, c’est seulement ta chaire estropiée.
Le coude se renferme, appât convaincant. Histoire de vous rapprocher, de retrouver un pied d’égalité dans les centimètres égarés. De se faire familier.
Et tu profites de cet instant de fausses camaraderie, de tes zygomatiques crispés pour serrer.
« Je te pensais crevé vu ton silence ! Presque déçu de revoir ton vilain faciès. »

HRP — ...

Never feels the right way
But I'll shut down around it
ft. tobias

la voix, également, reste inchangée, comme fixée dans des souvenirs lointains que seuls tes gestes familiers me rappellent – avec difficulté.
il était un temps où nous n’étions que deux garnements, à la conquête du monde, ton bras autour de mon cou comme tu le fais là
et j’ai conscience, sincèrement, Tobias, que c’est moi qui ait rompu ces rêves en m’éclipsant loin de toi –
et je pourrais croire que tu m’as pardonné, que ton engouement est sincère, mais nous sommes tous deux vipères aux aguets des moindres faux pas, depuis le lycée, alors je me crispe à peine et renchéris de plus belle. Bah ! Moi, crevé, jamais. Tu me connais, pire qu’une moule sur son rocher !

une part infime en mon creux, est heureuse de te voir ici.
le reste, en revanche, beaucoup moins, car retrouver des visages connus dans ce foyer factice ne présage rien de bon – pas que ce soit ma faute, si vous n’étiez que des boulets dans ma course vers les sommets

il faut savoir lâcher du lest.

J’savais pas que t’avais rejoint les Corbeaux ! J’t’aurais vu dans un truc plus pernicieux genre… les Cobras, tu vois. reptiles
au sang
froid
et mon sourire, Tobias, ressemble-t-il à celui d’autrefois ? lorsque je souriais, solaire, pour que personne ne réalise qu’un cœur glacial se cache en-deçà. C’nouveau ton tatouage ? J’aime bien !

@Théa Pearson

✷

musique

Trop désinvolte.
C’est rance, ça te prends les tripes et creuse tes amygdales. L’œsophage est contracté et tu contiens les mots que tu aimerais vomir à ses pieds. D’un mouvement, tu te défais, repousse du bout des doigts comme on envoie balader par taquinerie interposée.
La vérité c’est que t’as pas envie de le toucher.
« Sacré rocher oué, j’imagine que t’avais pas la 4G. »
Mots suspicieux pour sourcils arqués, tu essuies la médisance de tes commissures étirées.
Il est là, en chair et en os à déblatérer.
Il y a une once, juste une onde au fond de tes organes retournés qui se sent rassurée. Qui faiblit, s’adoucit.
Au moins il a le sourire.
« Vraiment ? Les Cobras ? Tu me connais si mal. »
C’est ce que fait l’absence. Elle aquarelle, déteint les souvenirs. Et si t’as pas la force d’être vexé c’est qu’il réside dans les mots un fond de vérité, une amère véracité.
Il te connaît bien, le con.
Mais toi t’as décidé que c’était du charabia. Qu’il parle sans savoir, que ses verbes sont faussés par sa carence de présentéisme.
Théa, c’est un courant d’air.
« À ton avis ? »
Si tu as tendance à oublier l’existence des stigmates que tu t’ai infligé, tu ne te surprends plus à les redécouvrir. Guerre de chaque instants, le sujet ne sera pas discuté.
Comme à ton habitude, c’est plus habile d’ignorer, de lorgner sur le déni éviscéré.
Et tu le jauges. Sans filtres ni sourires étirés. Juste tes pupilles cernées qui sont déjà épuisées d’avoir cette vision du styx. C’est le sentiment de patauger dans les flaques atrophiées des égouts, de contenir la rancœur acidulée.
« Qu’est-ce que tu branles ici ? Oublie pas de ravaler ton sourire avant de me répondre. »
Vous êtes capables tous les deux de jouer longuement. De prétendre sans honte que vos railleries sont seulement bonnes enfants, que votre égoïsme n’est pas le problème.
Pas un pour rattraper l’autre.

HRP — ...