(fb) sixty seconds ft. hyppolite

Rather have you over, I don't want you on my screen
ft. hyppolite

ROGER !

avant toute chose
il est bon de préciser que tu ne connais aucun Roger.

pas que tu sélectionnes ton entourage au prénom, juste que tu n’as jamais eu l’opportunité d’en croiser un à Ellipse ; alors ce blond, là, vêtu avec un goût certain, regard océan, l’air un peu paumé, ne s’appelle probablement pas Roger — tu poses sa main sur son épaule, sourire jusqu’aux oreilles.
Bah alors, tu m’as fait attendre toute la soirée !
y glisses le bras et jette un regard derrière toi ;
bingo elle est toujours là.

pour en arriver à ce retournement de situation, il faut remettre en contexte ; quelques verres de trop, penché sur le bar, tu tapes la discute. jusque là, tout va, et cette dame à côté de toi va encore mieux — sourire sulfureux, rouge à lèvres cramoisi qui hypnotise — passe les minutes et la discussion est charmante, assurément,

à l’exception près que le feeling ne passe pas et tu sors ta meilleure disquette pour te faufiler de là ; manque de bol (karma), ça ne décourage pas la jolie dame qui s’élance à ta suite et

désespéré
tu appelles

Roger.

Arrivée surprise ! te voilà dépouillé de ton identité et l’inconnu appelle alors, Roger papillonnement te sentant étrangement concerné, oui ? les touchés se font alors soudain, coupant le rythme effréné de la soirée ;
en ces instants, tu te nommes Roger (quel mauvais goût tu penses alors, qu’on blâme les prénoms de l’ancien temps, non-ironiquement). Observant d’un peu plus près la silhouette qui t’interpelle sans réellement comprendre tu balbuties quelques débuts de phrases, tu n’as jamais fais attendre personne toute la soirée tu réponds toujours au nom de Roger.

Tu suis le regard de ton homologue croisant alors, quelques lucidités se déposant en éclat sur tes pupilles, tu saisis la main de l’inconnu et mime la désolation, mon téléphone a plus de batterie, j’ai pas pu te joindre, excuse-moi ! faisant quelques pas t’éloignant, allez je te paie un verre pour que tu me pardonnes, le ton semble si faux mais l’intention est là.

La main toujours dans la sienne tu effectues quelques pas t’éloignant suffisamment vers un coin isolé de la boîte. Et je crois tu es tranquille là, merci Roger!
Tu penses si bien dire.

Rather have you over, I don't want you on my screen
ft. hyppolite

et ce n’est pas dans tes habitudes mégalo mais
ton regard se voile de reconnaissance jusqu’à t’arracher un sourire de soulagement – tu ne sais pas qui est ce Roger mais que le Cristal le bénisse

quoique tout bien réfléchi, plutôt que de remettre ça aux mains d’une entité supérieure, tu décides, à l’instant où il t’éloigne de la femme maudite, de le récompenser à la hauteur de sa bonté. Mec, tu n’as pas idée comme tu viens de me sauver. fixant vos doigts entrelacés que tu ne défais pas – tant qu’il le permet. Je peux t’offrir un verre, en remerciement, mon cher Roger ? Désolé pour le nom pourrave, j’ai pas trouvé mieux sur le moment.
pour un Apollon comme lui il est certainement des prénoms plus charmants mais ce n’est pas l’imagination ton fort, depuis toujours
incapable de prévoir les conséquences de tes actes, incapable d’imaginer ce qui existe en dehors de ton auguste personne – Moi, c’est Théa, d’ailleurs.
(moi moi m o i
qui pour ce soir, a trouvé une proie)

T’es tout seul ?
dans une soirée aussi peuplée – est-il tout seul
a-t-il un cœur une faille un creux que tu pourrais combler ?

en ces nuits complexes, tu te fais salvateur Hyppolite ;
Enfant énigmatique, les joues déjà rougies par les passions de minuit. Grand sourire à ton interlocuteur, comme si tu pensais déjà le connaître par cœur ; les révélations tombent comme des pétales de fleurs ;
Théa, déité dissimulée, le nom vient s’introduire dans un coin des pensées.

Le temps défilent au même rythme que les sonorités, quelques cris lointains ravivant l’existence te sortant des méditations inexprimées,
un autre verre pour la soirée, un nouveau partenaire pour une nouvelle fois tout oublier ;
la réjouissance est ensuivie d’une familière culpabilité.
(c’est toujours la même chose)
je crois ? j’ai perdu mes potes et c’est pas pour me déplaire, tu t’exaltes avec amusement, Hyppolite tu déclares alors, une main sur le cœur, plongeant un peu plus dans son regard crépuscule, (encore un jour à t’abreuver de magnificences ! a imiter des amours que tu ne saurais t’approprier ! un jour à commettre des erreurs faignant l’atrocité des solitudes que tu as pu enduré) encore un jour à ne pas avancer.

Si tu me paie un verre, je vais devoir faire de même. tu te saisis de nouveau de sa main, la faisant tienne, on ne boit jamais assez de toute façon. En revient la malice au creux des lèvres.