queen of broken hearts ft. ezra

Used to be a shooting star
When did I become so dark?
ft. ezra

voguant à travers la foule sans amarres, pas d’ancre dans l’ébriété – ça devient une constante dernièrement, tu devrais t’en inquiéter – et les visages défilent plus vite que tu ne saurais les discerner c’est
flou
et ça tangue
chaloupe qui vient s’échouer contre l’épaule d’une femme, brune, assez grande et assez bien foutue – Salut beauté. sans même t’excuser de l’avoir bousculé et
(ah
la lumière des phares m’a aveuglée)
Fuuuuck. Ezra ??
narines retroussées, le mal de mer qui t’assaille soudainement à la vue de ton ex-rival (et est-ce que tu te souviens, Valentine, m’avoir pris la femme que je convoitais durant nos douces années de lycée
est-ce que tu te souviens m’avoir humilié, dans mon monde que je croyais si parfait

toi, qui est à présent en bas de l’échelle pendant que je côtoie les sommets)
Oh le cauchemar, qu’est-ce que tu fous là ? et tu aimerais bien te réveiller, là, mais tu souris comme un ahuri – comme quelqu’un qui a pris trop de rhum en une fois – et passes ton bras autour de son épaule. Laisse-moi deviner, tu chasses la meuf. ou pas
et qu’importe

il est étonnant de voir à quel point tu la détestes mais elle est une ancre, solide, dans ta vie (trop) mouvementée.

QUEEN OF BROKEN HEARTS.

ft Thea

Les rires en écho à la musique, démarche chaloupée comme chaque samedi de fête, Ezra déambulait, reine, là, avec sa lumière, cette chaleur inaccessible qui faisait pourtant se sentir si privilégié. Ezra aimait un soir, une heure, une minute, pas même une seconde parfois mais elle vous baignait dans ses rayons, laissait les bracelets tilter quand elle secouait la tête en rythme, adressait un sourire ou un simple regard – à en faire défaillir, toujours, elle connaissait le rôle par coeur – avant de descendre un énième shooter, rire encore et encore jusqu’à ce que le corps enivré ne soit bousculé, presque jeté au sol.
Pas un mot, la tête se tournait, le sourire et le regard perçant – qui osait se glisser dans son ombre ? Les mots jaillissaient des lèvres de l’homme, la vision était si floue, la musique si forte mais elle entendit “... beauté”. Oui c’était elle, c’était ce qu’elle était, si savamment étudiée, cette beauté, si savamment perfectionnée jusqu’à la chemise faussement négligée, la mèche de cheveux folle calculée… Tout était parfait jusqu’à l’imperfection du khôl sur les paupières. Alors Ezra sourit, de ce sourire que seules les déesses cruelles avaient quand elles gardaient le commun des mortels éloigné.

– Oui, je suis une sacrée beauté, mais… La voix fut coupée, saisie par celle d’une némésis détestée, là sous son nez. Théa ????

Oh, le dégoût ! Ce dégoût si fort qui se peignit sur le visage ! Avec Théa, les airs de déesse disparaissaient, laissant place à la franchise de sentiments distordus par leurs égos surdimensionnés. Comme deux côtés d’une seule même pièce, tous deux se fixaient avec répulsion, le nez froncé, les yeux plissés, absolument courroucés.

– C’est plutôt MOI qui va en faire des cauchemars, EW!

Regard désagréable, les lèvres rouges pincées, Ezra puait toujours le dégoût. Mais tout comme le soleil réapparaissait à chaque éclipse, elle avait eu cet éclat rieur dans le regard, la malice qui pointait à nouveau aux coins des lèvres.. Jusqu’à ce qu’elle ne se mette à rire, glissant le bras à son tour sur l’épaule du vieux rival, l’esprit tant embrumé que les rancœurs devenaient de simples farces.

– Non mais TOI, qu’est ce que tu fous là gros débile ! Les ricanements venaient couper ses phrases, hilare après s’être noyée dans tant de bouteilles. C’est plutôt à toi que je devrais poser cette question, le toutou de Stelian est pas censé être au garde-à-vous au pied du lit comme un bon chien-chien ?

Oh, toujours ce même raté, Théa n’était qu’une ombre ridicule quand Ezra se baignait dans l’or, un bras droit qui aurait pu avoir de la superbe mais n’en aurait aucune pour Ezra puisqu’il était Théa et Théa ne méritait que la boue sous ses semelles.
Pourtant, Ezra ne le repoussait pas. Elle avait ce regard incisif, la langue de vipère prête à attaquer mais le visage souriait dans la malice quand elle berçait la pièce du regard. (Où es-tu September ?)

– Ouais, vite fait. Mais aucune marionnette n’arrivait à la cheville de September. Mais y’a que des laiderons ce soir (pas un dixième de ce qu’était September)

Elle le berçait de son regard vif, divertie par cette haine partagée – pourquoi le haïssait-elle déjà ? Ezra ne s’en souvenait plus vraiment – quand elle n’avait fait que briller, sourire et rire faussement quand le désespoir prenait la gorge (où es-tu September tu m’obsèdes) car aucune compagnie ne comblait la plaie découpée à nouveau dans le coeur par Sep-tem-ber. Alors Ezra s’oubliait dans les piques futures – ou était-ce les cendres de leur amitié ? – pour retrouver sa splendeur ne plus songer au coeur éveillé. Car après tout, Théa était la constante qui la laissait toujours être ce beau monstre à ces côtés, amis ou némésis, elle brillerait toujours plus que lui.

Et ce soir-là, peut-être qu’Ezra ne penserait plus à sa chevelure rose.

Used to be a shooting star
When did I become so dark?
ft. ezra

et à vous voir, on pourrait croire que vous êtes les meilleurs amis du monde, qu’il n’y a aucune rancœur entre vous, aucun passif
bras dessus, bras dessous, sourire aux lèvres et le reste on s’en fout — tu te demandes même, un bref instant, pourquoi ce n’est pas le cas tout le temps
pourquoi vous vous haïssez autant

puis, dans vos regards, il y a des lueurs qui ne sont pas que de l’amusement et l’alcool virulent, il y a des rancœurs et du mépris, des colères sourdes que tu n’as jamais digéré ; crispes ton bras sur son épaule mais tu restes là

suis le regard d’Ezra

Tu cherches quoi ? — imbibé mais pas aveugle aux yeux de jais qui parcourent la foule, plus à l’affût que t’as l’habitude d’observer ; et il y a un je-ne-sais-quoi que tu ne nommes pas — si tu ne la connaissais pas, tu croirais presque à du désarroi

mais pas avec elle
ce monstre d’orgueil et ce n’est pas une insulte, venant de toi ! c’est admettre que vous êtes fait du même bois, quoique tu es bien au dessus, mais elle est une ennemie que tu savoures d’écraser, une rivale qui te pousse à te surpasser pour ne plus jamais connaître la défaite (je n’oublierai j a m a i s au lycée, cette femme dont le visage et le nom m’échappent mais le goût amer
qui reste dans la trachée)
et elle peut bien baigner dans l’or, si elle veut, se pavaner avec ses conquêtes aux bras,
tu vaux mieux que ça.

sourcils arqués. Comment ça, que des mochetés ? en un coup d’oeil, tu repères au moins trois femmes qui feraient l’affaire en temps normal, tu l’as appris à tes dépends : vos goûts sont les mêmes, ah.
T’es malade ? T’as de la fièvre ? main sur son front, rire moqueur, tu chavires un peu sur la droite. Toi, la grande dalleuse, Ezra, tu vas me faire croire que tu trouves personne ce soir ? Naaan, pas à moi. Allez, raconte tout à Tonton Théa.

demain, on aura oublié.

QUEEN OF BROKEN HEARTS.

ft Thea

Oh, qu’il était ironique, ce monde, qu’est-ce qu’ils y étaient affreusement absurdes ! La haine pouvait border chaque geste, ils brillaient ensemble, se couvraient d’une complicité qui refusait de mourir. Et sous les lumières tamisées, il n’y avait qu’eux qui pouvaient autant briller – peut-être était-ce la raison de leur incapacité à s’éloigner ? – comme des astres au milieu du vide quand bien même leur coeurs étaient les pires de tous les trous noirs.

Cruelles bêtes, ces êtres solitaires qui prenaient pourtant plaisir à jouer ensemble pour oublier, oublier tout. Oublier les peines, oublier les fêlures sur ces cœurs de pierre pour mieux se dévouer à la haine malicieuse qu’ils se portaient. Les langues seraient venimeuses entre deux mots, les regards seraient brûlants de reproches, de non-dits et de rancœurs insensées, ils joueraient les jeux des vipères, se feraient vautours amusés quand ils s’arrachaient des bouts de chair du bout des lèvres, rieurs car ils ne pouvaient pas nier à leur propre raison le plaisir ravagé qu’ils prenaient à se détester si élégamment. Ezra si volubile par le passé avait pourtant à ses questions esquivée la flèche. Comment Théa pourrait-il imaginer
Ezra

folle d’amour

Ezra le coeur qui débordait

à en dédier sa monstruosité seulement

à September.

Pour peu que sa haine la retienne.

Un sourire à Théa, encore ce sourire – celui qui brûlait, celui qui donnait toute l’attention rêvée – tu le connais bien Théa, ce sourire, n’est-ce pas ? Et sur l’épaule la main se crispa à son tord, asséna une claque amicale dans les ricanements. Rictus nonchalant, les pupilles brûlaient pourtant d’une obsession que Théa ne connaissait pas. Et. elle. ne. lui. dirait. pas.

– Une meuf potable mais j’t’ai dit ça pue le thon ce soir. Ou que des nunuches là, y’a une go qui m’a tenu la grappe en parlant de son poisson mort parce qu’elle lui a donné des chips. Noie donc le poisson, Ezra, accorde lui ce regard méprisant, ce rictus hautain, celui de toute ta cruauté quand tu ne fais que le piquer discrètement. Laisse tomber t’as juste des goûts de chiotte, j’suis sûre que ça a pas changé depuis le lycée. Ricanement quand elle buvait un nouveau verre, soupirait quand elle fronçait les sourcils. Tonton de quoi ?! T’as qu’un an de plus que moi. Et c’est moi la plus riche, la plus bonne de nous deux et la plus mature, “tonton”. Mais eh, tu vas trop rire j'suis sûre tu vas même pas y CROIRE. Y’a une go là, cette connasse, elle m’a GHOSTEE. TROIS ANS.

Et le lendemain tout serait oublié.

Used to be a shooting star
When did I become so dark?
ft. ezra

deux phrases sur trois, c’est ta meilleure capacité de compréhension ce soir – un histoire de poisson et de chips, de go
de
trois
ans

et t’éclates de rire, du fond de l’estomac, ça résonne sur chaque paroi du club – trois ans, Rien que ça ?! – plis aux coins des yeux, sincèrement amusé car
qui aurait cru que quelqu’un pouvait ainsi malmener ta rivale préférée ? et la curiosité, évidemment, s’invite à cette soirée imbibée, se faufile entre les effluves d’alcool pour t’arracher quelques mots : Nan, tu déconnes, impossible. Une meuf t’a ghost ? Naaaan. sincèrement surpris, t’en poses même ton verre sur la table la plus proche et t’appuies contre le mur, toute ton attention sur la brune. Ezra, tu dois me raconter ça, y a une nana à Ellipse qui t’a ghosté pendant trois ans ? C’était qui, un plan cul ?

ignorant les remarques sur sa pseudo-supériorité ; il est plus drôle à l’heure actuelle que de se chamailler sur ton évidente prépotence – l’alcool en rajoute à ton égo déjà bien gonflé –, de l’écouter conter cette histoire. une femme qui aurait eu le culot de se défaire des griffes d’Ezra ? et pendant trois ans, rien que ça ?

on
croirait
entendre
Zephyr, avec toi.
car tout comme tu ignores l’identité de son bourreau, elle ignore celle de celui qui te piétine le cœur depuis tant d’années – Zéphyr, et tes pensées s’emballent vers lui, calques l’histoire de la brune sur la tienne
(nos amours qui sont partis, parce qu’on est moches, à l’intérieur, nos cœurs nauséabonds qui ne savent pas chérir convenablement
et si je ne te connaissais pas, Ezra, je pourrais croire
que t’es amoureuse de cette nana)

QUEEN OF BROKEN HEARTS.

ft Thea

Désagréable sentiment quand Théa rit, Ezra fronçait le nez, plissait les yeux de contrariété, hochant la tête, reine agacée. Et la reine s’agitait, laissa son verre vide claquer sur la table om Théa avait abandonné son verre, lui jetant un regard déplu en s’époumonnant.

– On est d’accord, ça se fait pas, ON GHOSTE PAS EZRA VALENTINE BORDEL !

Ivresse qui la faisait tanguer, assez pour la faire appuyer les coudes contre la table et déverser l’égo piqué au rival mal-aimé – pourtant toujours si cher au coeur, Ezra, vile et mauvaise menteuse, tu ne trompes personne.

– Je te jure Théa, cette meuf me rend zinzin. D’abord elle se plie en quatre pour moi, c’est comme avoir un teckel au bout d’une laisse, un adorable teckel ! Ok, j’ai pas été la meilleure copine du monde, mais elle savait ce qui l’attendait quand elle m’a rencontrée quoi ! J’ai jamais eu la réputation d’une meuf sérieuse bordel !

Frustration sur les traits, oh, Ezra aurait voulu une autre bouteille et c’est ce qu’elle réclama au serveur passant proche de l’étrange duo avant de continuer sa tirade si dramatique.

– Je te jure, Théa, c’est une putain de.. AH ! On sortait ensemble et c’était fun, j’aimais bien traîner avec elle, des fois, elle était jalouse c’était mignon, sauf quand elle faisait des scènes mais bref – ELLE EST PARTIE COMME CA ??? Les yeux qui s’écarquillaient, la scène qui se rejouait. Au début j’ai cru qu’elle boudait mais en fait NON ? Bref. Je l’ai croisée y’a pas longtemps et jvais la récupérer. Sourire de prédatrice, Ezra haussa un sourcil, le regard félin plongé dans celui de l’ancien ami. Tu sais que personne peut résister bien longtemps à mes superbes charmes. En plus, vu le caractère qu’elle a développé, jdois être la seule capable de la supporter.

Mais le pourrait-elle ? Sûrement que non. Ezra aurait sûrement toujours autant envie de lui arracher la tête mais c’était dans cet amour empoisonné qu’elle aimait September et comme une magie obscure, le lien se renforçait un peu plus à chaque pensée vers les mèches roses. Foutue September.

La bouteille arriva, les mains pleines de bagues l'agrippèrent et bientôt la bouche apaisait une soif immense à même le goulot. Décadence quand le champagne coulait dans la gorge, tellement de décadence quand Ezra souriait à nouveau à Théa, curieuse jusqu’au bout des ongles.

– Mais assez parlé de moi, Théa, joli coeur, moi aussi je suis curieuse. Je veux savoir ce que devient le petit corbeau de Stelian.

Menton entre les mains, la bouteille posée pour donner toute l’attention ivre qu’elle pouvait donner à cette poussière qu’était Théa, une poussière un peu trop précieuse au fil des années passées à se détester sans se détacher l’un de l’autre.

Used to be a shooting star
When did I become so dark?
ft. ezra

et t’as quand même le culot de penser qu’Ezra devrait se regarder dans un miroir avant de mal parler de cette nana ;
t’as le culot de te croire différent d’elle sauf qu’en s’épanchant sur son histoire, c’est ton portrait qu’elle dépeint — vous êtes
des
pourritures

et le mot est léger car Ezra au moins a la franchise d’assumer l’image de connasse qu’elle renvoie, infidèle, volage, la reine des cœurs brisés
alors que toi
malhonnête roi et rares sont ceux qui savent ce qui se cache derrière l’apparat parfait du charmeur que tu es, les défauts qui y moisissent, l’être abject que tu dissimules avec des sourires faussement maladroits — quel culot, de te prétendre au-dessus de tout ça alors que t’es du même bois.

Eeeeh ça a l’air d’être des emmerdes, ta bourgeoise. T’es certaine de vouloir t’embarquer là-dedans ?
mais
l’ego souillé
ça vous connaît
et t’aurais chassé Zéphyr jusqu’au bout de la terre s’il t’avait fait un coup pareil, alors non, Ezra n’est pas amoureuse,
tout ça, c’est qu’un jeu, t’en es persuadé
(ça fera mal, hein, toi qui te voit en regardant Ezra,
que l’amour soit responsable de ça)

Bah écoute, on s’plait bien chez les Crows. et tu ne feras pas une erreur comme elle, tu ne parleras pas
de
Zephyr, j’t’en ai parlé ? l’alcool qui s’invite et prend la place de ta vigilance, tu frappes à ton tour le poing contre la table. J’sais pas si tu te souviens, au lycée, mon p’tit chihuahua qui me suivait un peu partout ! Ce type a eu le culot d’être vexé parce que j’l’ai ghost en allant à l’université. J’suis scandalisé, Valentine. Scan-da-li-sé. ah, ça
dérive

Ok, c’était pas ouf de ma part mais c’est bon, qu’il s’en remette un jour non ? C’quoi leur souci, à être susceptible comme ça ? A croire qu’on est les fautifs ! Ils se remettent jamais en question putain...

une vaste blague.

QUEEN OF BROKEN HEARTS.

ft Thea

Oh, Ezra faisait partie de ceux qui n’avaient point cédé à l’image immaculée de Théa. C’était une évidence : les pourritures savaient se reconnaître à cette odeur enivrante, celle de ceux qui jouent avec tout ce qui les entoure comme de simples marionnettes.
Alors un sourire folâtre avait peint les lèvres et ils n’avaient plus qu’étaient les faces d’une seule même pièce. Les griffes d’Ezra, cruelles, se plantaient en plein jour, s’apaisaient de paroles hypnotiques quand Théa endormait de sa lumière pour mieux briser dans l’ombre d’un sourire. Ils auraient pu jouer bien longtemps à ces vilains jeux mais l’égo avait décidé d’équilibrer le monde en les séparant.
Ils devaient être bien trop brillants, des dieux magnifiquement cruels. Ainsi ils se retrouvaient condamnés à se fixer avec ce mépris amusé, déguisé dans l’ivresse et les manipulations – ils n’allaient jamais faire tomber le masque dans la foule, non. Et le sourire sur le visage était celui d’une reine souillée par une déesse mauvaise ; celle qui était sa création, sa perte.

– Qu’est-ce que tu veux que j’te dise Théa, elle est détestablement désirable ok ?

Car elle a contré le monstre, elle a gravi les sommets pour tuer la reine et voler son coeur sans lui laisser seulement le choix. September, trois syllabes, un seul mot qui consumait l’âme quand le regard brûlant parcourait la foule si fade (car elle ne s’y trouvait pas).
L’amour, ce sentiment proscrit qui avait saisi Ezra. L’amour, plus néfaste qu’un poison en son sein. Elle l’aimait, c’était bien là de l’amour, n’est-ce pas ? Mais c’était là un amour hideux, l’amour des bêtes affamées, des divinités qui refusaient qu’on leur tourne ainsi le dos. Et September l’avait fait alors elle aurait l’amour courroucé d’une monstruosité, une Héra enragée prête à tuer pour récupérer ce qui était sien. Encore ce regard quand elle posa les yeux dans ceux du vieil ami, le sourire éreinté quand elle savait ce qu’il pensait.

– Même la voir me détester c’est mieux que la perdre, j'suis sûre que ça doit t’amuser de me voir l’aimer, hein !

Le coeur s’épancha dans le verre, alors que Théa se faisait bavard, jusqu’à dire le nom – avait-il seulement révélé un nom à Ezra depuis cette fille ? Rictus amusé, la pupille s’anima, satisfaite d’observer la langueur d’un coeur aussi déglingué que le sien. Ils étaient si moches, leurs coeurs de monstres.

– Non, sérieusement ? Non Pearson tu blagues, lui ? Vraiment ? Il faisait tout juste un bon tapis. Le poing tapait à son tour. Il n’y avait que les dieux qui pouvaient cracher l’un sur l’autre et Ezra n’accepterait jamais que la plèbe insulte Théa. Car c’était comme cracher sur sa propre grandeur. Vraiment, c’est MINABLE ? Il a cru qu’il aurait la chance de toujours fréquenter l’élite de l’élite ?

La tête se secoua, fit voler les mèches folles quand la langue claquait contre le palais. Le monde tournait à l’envers depuis quelque temps et ça ne pouvait que déplaire à celle qui était au sommet. Allait-elle chuter ? Elle n’y pensait déjà plus, avait l’ivresse qui altérait la logique quand elle approuvait du menton, éhontée dans sa blancheur immaculée, sainte Ezra, saint Théa, des dieux irréprochables, n’est-ce pas ?

– Jte jure ils sont terribles ! Attends on leur donne notre temps et c’est comme ça qu’ils nous remercient ? A croire qu’on devrait s’excuser là. Ils peuvent s’en prendre qu’à leur propre connerie.

Déraisonnables divinités jamais ne verraient leurs tords.