les rumeurs
ont parlées de Conan,
il y a quelques jours auparavant ー
pas d’Elliot, et pourtant.

peut-être suis-je trop curieuse mais Agon n’a pas à savoir que je me suis déjà renseignée sur le sujet car il a éclaté un drame au sein des gangs ー un meurtre prémédité, déguisé, de Panthers par les Crows sauf que la vérité est tout autre. la vérité, c’est une vidéo que les Chouettes ont partagées, des meurtriers assassinés à leur tour par une personne que les caméras n’ont pas filmé, et cette personne, on s’en fiche, à dire vrai, non, le mystère est ‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎‎ ‎ailleurs
le mystère c’est l’employé de service qui a jugé bon d’effacer tous les enregistrements de cette journée et je sais, je sais, merci mon pouvoir d’avoir fouillé au bon endroit, ー
Elliot.
c’est toi.

l’air insouciant, comme Allary me l’a souvent décrit et comment
‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎  comment ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎
suis-je censée le sortir des ennuis, des yeux avides du serpent prêt à bondir sur lui ?
on n’a pas idée, Elliot, d’être un tel aimant à soucis ー et pourquoi avoir couvert Conan, dis-moi, quelle pensée t’a traversé l’esprit à ce moment-là, quel ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ sentiment ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ a animé ce choix ?
il faut que je comprenne, tu sais, par curiosité, mais aussi savoir si je peux faire du cobra un bouc-émissaire pour te sauver ー le vent se lève et se mettent à murmurer les feuilles de la forêt (dans quel bourbier me suis-je fourrée)

je t’accueille à l’entrée du manoir abandonné, sourire dépité
(ah, comment le sauver ?)
September, enchantée. Peut-être que ta sœur t’a déjà parlé de moi ? On a un souci, de type : Agon veut des infos sur toi.

c’est qui ー un cauchemar sur pattes, voilà qui il est, te stalkant jusqu’à l’autre bout de la planète si tu as attiré son attention et pire encore si tu es en travers de ses plans, ce que tu as l’air d’être, pas que je sache ce qui se passe dans sa tête.

et tu fonctionnes vite, Elliot, pas que ça dérange non je crois qu’on pourrait bien s’entendre (si Agon te laisse en paix et que je n’ai pas à enquêter) ; deux mains prises par le café, je louche sur la photo. Merci pour le café. et les mèches blondes ne trompent pas, ni l’air cinglé ;

Yeees, celui-là même. Tu sais qui c’est, ou Al’ t’en a jamais parlé ?
et je n’ai pas le temps pour le détour car qui sait combien de temps j’ai pour réfléchir à une solution.
Le chef des Cobras. Et il veut des infos sur toi. Sûrement par rapport à Conan. Donc va falloir me répondre honnêtement, est-ce que tu te rappelles avoir fait un truc, récemment, qui pourrait attirer son attention ?

j’attends patiemment la réponse et je ne sais pas si, comme moi, Agon sait pour les caméras effacées ou s’il s’enquiert simplement des camarades de Conan ー et à quelle fin.
Pas que je veuille faire ma drama queen mais ta vie en dépend.

yeux jusqu’au ciel et l’envie de ne pas y penser –
Pote de lycée.
et je retrousse les narines, bras en l’air, viens m’asseoir aussi mais sur la troisième marche pour avoir l’air moins petite. Enfin. Je dis « pote », c’est un grand mot. Il a adoré mon pouvoir et me stalke depuis, ce serait plus correct. deux gorgées de café quoique j’ai bien assez d’amertume dans ma vie depuis qu’il est revenu ; j’étais si paisible, avant. Et yes, il a débarqué dans mon appart à quatre heures du mat exactement.

il est riche de juger l’instinct de survie des autres lorsque je suis la première à ouvrir la porte à des cinglés.
Quand tu dis « incident de janvier », tu parles du truc qui a tourné sur Tattler ? La fusillade au ciné ? prétextant ne rien savoir pour mieux t’amadouer,

quoique. C’est toi qui a effacé les vidéos, c’est ça ? En vrai, si c’est ça qu’Agon veut savoir, ça va être facile de mentir, y a plus aucune trace de ce que t’as fait. et c'est pour ça que tu te retrouves dans les problèmes, aujourd'hui, à te mêler des affaires d'autrui – ça ne finit jamais bien pour les civils.
si cela concerne Allary, en revanche,

et plutôt que les sujets épineux, je bascule sur ce qui pique ma curiosité. D’ailleurs. Pourquoi t’as pas rejoint les Panthers ?  
comme je l'ai fait, pour m'assurer un semblant de sécurité.

Ouais, hein, cringe ! j’y suis tellement habituée que j’oublie parfois d’être outrée de son comportement – non, Sept, ce n’est pas normal qu’il débarque la nuit dans ton appartement.

j’avale de travers la gorgée de mon café. Suprématie des femmes ! éclatant de rire, on a qu’à oublier que je suis ici pour te sauver la peau et parlons des sujets plus légers, de toute façon
Allary saura te protéger.
Franchement, j’vois pas de meilleur argument mais non, ce n’était pas ça. essuyant mon visage du revers de manche, me levant pour secouer les gouttes restantes. C’est plutôt pour avoir la paix. En gros, déjà, il y a Agon. J’ai littéralement disparue de la circulation parce qu’il me stalkait, t’imagines ? J’ai même un nom de famille d’emprunt ! et ça me semble ahurissant, maintenant que je le dis à voix haute, l’impact que cet homme a eu sur ma vie. Puis vu mon boulot – informatrice si tu te poses la question – valait mieux être sous la protection d’un gang que mener mon business en solo. Non parce que si on me demande, les gangs, c’est de la connerie.

pas que j’ai connu une autre vie que celle où chaque jour, on se demande si on va mourir d’une balle perdue ou d’un coup de couteau en allant chercher ses courses – pas que j’ai souffert de leurs manigances non plus, pas même une égratignure, c’est juste
la quiétude d’une vie sans soucis qui me fait envie.
Leur concours de bite, là, je m’en passerais volontiers. Et qu’est-ce que j’vais dire à Agon putain… une main sur la tempe, contemplant les choix pour nous sortir de là.

et quel quotidien nous menons pour parler de la mort comme une banalité – qui sait, Conan est peut-être déjà mort sur le bas-côté, et demain Agon se fera tuer ; comme si c’était normal, après tout,
comme si tout cela n’avait rien de fou.  
Il ne sait rien, c’est pour ça qu’il m’a envoyé. Sauf que j’ai moyen envie de te jeter en pâture à lui. le chef des Cobras pense peut-être qu’il n’y a aucun cœur au creux de ma carcasse excessivement cupide, mais il est là – fidèle à Allary. Du coup j’vais lui dire que t’es excessivement doué pour effacer tes traces, et basta. Le premier échec de ma carrière, sois fière de toi. sourire amusé avant de le laisser tomber –

Oui. car j’ai réalisé en discutant avec elle que tu ne lui as rien dit, depuis, que chacun garde ses squelettes bien de son côté ; J’me doute que c’est délicat car ça concerne des meurtres de Panthers. Et que t’as effacé des traces. m’arrêtant net dans ma phrase, quelle est la définition du tact, déjà ? je fixe mon café, comme pour y trouver la réponse avant de reprendre. Elle fera tout pour te protéger et crois-moi, tu vas en avoir besoin. car Agon ne se décourage pas face à l’échec, non, je ne serais même surprise s’il me renvoyait enquêter ou qu’il avait déjà des gens sur tes – nos – traces

comme un oiseau de proie,
les yeux rivés sur toi.
T'as peur de sa réaction ? Je t’accompagnerai pour le faire, si tu veux. Ou je préparerai le terrain. Quoique la subtilité, c’est pas vraiment mon fort. le vent se lève,

il faudrait y aller.  

on aimerait bien croire que ça va toujours en s’arrangeant et qu’on s’habitude à ces histoires-là mais
Ouais, tranquille. pas           du           tout.
si j’avais au moins l’assurance qu’Agon ne me retrouverait jamais, je pourrais partir, l’esprit serein, mais il est doué lorsqu’il s’agit de me traquer — ce n’est pas grave car c’est mon choix et ma responsabilité, de préférer te couvrir que de lui livrer toutes les informations qu’il désire
et puis, quelque part, une revanche, aussi, que tout ne se joue pas parfaitement comme il l’aime ; qui sait, un jour peut-être il sera tant déçu qu’il finira par me lâcher

ou m’éliminer.

cette pensée, je la garde pour d’autres journées, des plus graves où j’ai caché plus gros secret qu’un simple garçon voulant protéger un ami des ennemis — Ca ira, t’inquiète pas pour moi. ma vie est bien assez mouvementée, qu’est-ce qu’un remus de plus ou de moins face aux bourbiers dans lesquels j’aime m’empêtrer ;
Honnêtement, j’te dirais bien que la faute revient plutôt à Conan mais pour avoir eu affaire à Agon, j’le plains. Si jamais tu le recroises, tu devrais lui dire de rejoindre un autre gang, limite, disparaître ne suffira peut-être pas. et —
il existe un monde où, lorsque Conan disparaîtra, Agon comptera sur moi pour retrouver ses traces
sauf que pour lui, je ne ferais pas de gestes comme je fais pour toi — pour Allary —
Puis en vrai, la faute revient aux Chouettes. C’est eux qui ont balancé une vidéo sur la fusillade, ça attire l’œil ce genre de conneries.

les rapaces de nuit
épiant chaque geste de nos vies — bah, quelle farce. On devrait rentrer, nos cafés sont froids.

ah
si
j’avais su
j’aurais évité de manger avant de venir — entre ça et le café, les tripes qui font des hauts, des bas, mais j’accepte, parce que je me dis que ça ne peut pas être pire que moi au volant
si
j’avais
su

main dans la tienne pour me relever et j’accepte, toute guillerette ; histoire de m’épargner le retour en bus et l’envie de retrouver mon canapé plus rapidement que prévu. Grave.

plus
jamais
ça commençait bien, pourtant, la musique à fond et le démarrage, nickel. puis, le premier virage, le deuxième, au premier feu rouge, je m’exprime pour retenir mon haut-le-cœur. En fait tu mérites peut-être que j’te vende à Agon, je vais vomir.

mais j’en rirai, plus tard,
quand tout ça sera derrière nous et qu’on pourra profiter d’un café sans être embourbé dans des merdiers — et ce jour-là
c'est moi qui conduirai.