c’était encore de ces soirs
où les brises d’alcool montent
aux narines au crâne ont des illusions qui la font boire
dans une odyssée de sentiments ((s’y perdre comme si c’étaient bien les siens))

pour regarder l’apocalypse tomber sur ellipse.

et c’étaient encore de ces soirs
où les étoiles appellent les âmes belliqueuses
le cœur si vide de son halo glacial ;
y jeter un goût d’hiver rouge carmin sur
ses arcades sur sa lèvre sur
les poings qu’elle porte aux racailles qui parcourent son chemin.

car irene ;
n’a que l’alcool
et l’odeur de tabac froid pour la suivre ce soir

ce n’est qu’un mécanisme comme un autre
de son corps si craquelé en pantin désarticulé ;
de se rendre à l’hôpital.

il y aura toujours cette odeur d’aseptisant
cette odeur de désinfectant
pour couvrir l’odeur de sang
l’odeur de la bile qui la retourne
si sombre si vague si loin dans ses yeux-là
creux de leurs brasiers qui ne brûlent qu’aux feux qui dévorent les chairs
creux de leurs flammes qui ne brûlent qu’aux soupirs qui sombrent les âmes.

❝ liam… liam liam liam !!! t’es où bon dieu,
t’es
où ;

et c’était toujours irene dans un état bien loin
de sa prestance habituelle ;
où sa stature longiligne venait hurler scandale dans les couloirs
si pleins si vides de l’hôpital hallmark,

n’avait-elle pas peur de se jeter dans le nid des vipères
dans le nid des cobras
dans le venin doux des mains de liam qui encore,

il y a des tentatives de lui proposer d’autres
d’autres d’autres encore d’autres
noms
qu’elle ne connaît pas ;

ce n’est pas pour elle,
qui ponctuent les points de suture qu’elle arbore sur ses poings
comme un gant de victoire.

❝ appelez l’infirmier rowland.

dans les onyx gris pâle gris froid d’irene
brilleront toujours les stalactites de cruauté ;

c'était un ordre elle le voulait seulement lui
liam rowland car
il sait
déjà tout ;

elle le sait malgré tout
elle ne pouvait dévoiler son dragon, y crachait-elle déjà son feu

mais ce soir c’est simplement lui qu’elle voulait pour la soigner
((les rouages de son esprit décomposé ou
les taillades vermeilles qui suintent sur sa peau diaphane)) ;

peu importe,
c’était de ses mains qu’elle ressortirait pour une autre nuit de déboires.

liam aura toujours
les braises qui viennent illuminer de flammèches
ses rétines un peu froides un peu lasses
d'un gris un peu trop fade ;

et voilà qui la réprimande comme une mauvaise enfant ((car avait-elle été un jour si ce n'était assez bien ??))

pffrt ; un rire étouffé un peu espiègle
bien loin de la grande et froide irene que rien ne venait troubler ;

non car irene n'était pas que dragonne quand elle venait faire ses scènes
elle voulait simplement venir voir liam
retrouver le goût des jeux de charme des jeux de force d'influence
car iels avaient un pouvoir l'un.e sur l'autre ((ou juste liam sur elle ?)) qui l'amusait un peu trop

alors non,

❝ avoue tu t'ennuierais entre ces murs qui puent le désinfectant sans moi.

oui elle venait s'imposer comme une tempête
occasionnelle
même dans les fonds des hôpitaux qu'elle détestait pourtant ;

mais celui-là
a quelque chose qui manquait à son vide-de-sens ; et elle y viendrait ajouter ses orages
pour mieux ressentir les dangers qu'elle prenait
retrouver sa (dés)approbation ; c'était comme un jeu de rebelle auquel elle y prenait un peu trop goût

❝ boh rien tu sais, la routine.

et parlaient les lèvres éclatées ; dommage,
elle s'était pourtant maquillée aujourd'hui

elle ne serait pas la plus belle pour lui et finir dans son lit.

❝ je voulais juste en profiter pour te voir, vu que de toutes façons...

les quelques entailles qui parcouraient la surface de sa peau
n'avaient plus rien de vraiment étonnant ;
ses feux s'apaisaient doucement
comme l'eau mouvementée qui venait caresser la braise incandescente
liam avait dans ses paroles un petit quelque chose qui la rendait que trop espiègle,
agaçante

elle n'avait rien d'autre que quelques étincelles égoïstes à entretenir dans son âme née des banquises du nord.

il croise les bras ;
alors irene vient les décroiser, ses mains agiles sur sa blouse blanche
qu'elle vient teinter d'un peu de rouge
mieux aller avec ses cheveux qui venaient embraser les couleurs inintéressantes de ce nid de serpents.

❝ allez maintenant que je suis là, fais pas la gueule.

elle se rejette en arrière, irene
lâche les bras de liam
tête à l'envers la gorge aussi déployée qu'il pourrait l'égorger s'il en avait envie à cet instant même ;

mais elle lui faisait confiance ((dangereux lui soufflait la dragonne)), alors elle l'anesthésie dans les pupilles qui fixent
ce plafond dallé
les néons criards qui agressent son regard
les mains posées sur ce lit d'hôpital
les jambes croisées pour laisser découvert
autant les couteaux teintés de rouge carmin qui viennent en jarretière, orner sa peau délicate ;