take it or leave it ❀ (stelian)

TAKE IT OR LEAVE IT» GARANCE & STELIAN (2019)

L’insolence se faisait discrète, invisible, presque intangible tandis que Garance appréciait avec une nonchalance certaine le confort du fauteuil de cuir luxueux ainsi que la vue depuis le dernier étage de la tour Diamantine.
Les lieux semblaient vides ; son don activé ainsi que son aisance naturelle pour le silence effaçaient quasi totalement sa présence et elle attendait, calme, mais tout en s’octroyant le droit à une certaine jubilation intérieure à la simple idée d’avoir réussi à arriver jusqu’ici.
Garance pouvait bien s’auto-congratuler un peu ; trouver le quartier général des Dragons n’avait pas été chose aisée. Ce petit moment savouré dans l’ignorance de tous était le résultat de plusieurs semaines d’investigation, des jours entiers à éplucher forums et rumeurs sur le net, à prendre toutes sortes d’individus en filature dans la rue et laisser traîner ses oreilles partout où elle le pouvait sans jamais se montrer pour finalement réussir à attraper un petit dragon moins précautionneux que les autres dans ses filets –du reste, la menace de la torture l’avait vite poussé à parler, et la précieuse information était enfin à portée de main.
Plus qu’à se montrer à la hauteur de son objectif désormais.

Garance n’avait pas de temps à perdre à monter les échelons comme n’importe quel membre –elle avait grandit dans ce milieu et le connaissait mieux que nombre d’entre eux, et qu’importe si elle n’était arrivée que récemment à Ellipse ; elle apprenait vite.
Le culot et la confiance en soi étaient ses meilleurs atouts en plus de son professionnalisme, et elle n’avait qu’une personne à impressionner pour avoir ce qu’elle désirait, et cette personne n’allait plus tarder à entrer dans son bureau.
Elle patienta encore un peu, avec la même sérénité que si elle s’était trouvée dans son propre canapé.
Et puis le son de la porte qui s’ouvrit enfin
—il était là, et il était seul.

Garance ne se montra pas tout de suite ; préféra attendre un peu pour voir si le nouveau leader des Dragons saurait remarquer sa présence malgré son don activé –elle comptait bien s’assurer de proposer ses services à quelqu’un de vif d’esprit et non un pantin qu’on aurait placé là par commodité.
Dans un son lent, presque étouffé, elle tapota brièvement la surface vernis du bureau du bout des ongles.
Je suis là.

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take it or leave
Garance & Stelian

flashback ••• 2019

La journée avait été éreintante - Stelian avait demeuré plus longtemps dans son bureau de PDG d'une entreprise - banale quoique florissante - de m&a, à relire soi-même les contrats préparés pour une ultime décision. La signature finale avant de briser des dizaines de vies, de salariés innocents père de famille mère célibataire peu important : pour les bénéfices, les sacrifices étaient ridicules ; aucune once d'humanisme ne trompait son libre-arbitre, et il avait été la première victime du système, il y a quelques temps de cela.

Stelian n'oublierait pas.
Mais Stelian, Roi Dragon couronné sans l'aide de qui que ce soit - pas même Medea - ne considérait ses privilèges comme la résultante d'un travail laborieux et acharné, à la seule force de ses convictions - et de son arrogance, sans doute.

La nuit tombée depuis plusieurs heures, l'horloge n'avait pas tout à fait sonné neuf heures du soir lorsqu'il poussa la porte du quartier général des Dragons, saluant quelques-uns des têtes connues toujours présentes - il ne manquerait jamais de le remarquer, et le noter dans un coin de sa tête.

Mais sans formalités, c'était d'un pas décidé qu'il entra dans son propre bureau - non plus comme businessman véreux et féroce, mais comme leader du plus ancien gang à sévir sur Ellipse. Il jeta sa veste sur l'un des canapés à l'entrée de la pièce, et un frisson agita sa nuque, d'un malaise perceptible et inexplicable. Il arrêta tout mouvement.

Entendit un son sec et bref trouvant son origine sur la surface de la table basse, et n'y jeta aucun regard. Alors sans prêter plus d'attention affichée au bruit, il tira machinalement l'un des tiroirs de l'immense vaisselier derrière les canapés, y tira un revolver semi-automatique et prit quelques secondes, à s'assurer que l'arme était bien chargée - Stelian laissait le soin à Irene la gestion de ses armes personnelles laissées dans son bureau, mais tout maniaque qu'il était, malgré la confiance, il n'échappait jamais à la règle des double-vérifications.

Il n'avait aucune idée du don de l'intrus vraisemblablement installé confortablement dans son propre bureau - il n'était pas devin. Mais le bruit des ongles qui claquaient contre une surface de verre lui était bien trop familier : comme l'une de ses manies dont on ne se départit jamais, depuis l'enfance.

Alors il pointa l'arme à feu dans la direction supposée du mystérieux inconnu, à l'endroit qu'il devinait comme étant son dos - ou la nuque, encore mieux.

— J'ai particulièrement horreur des surprises.

Faisant cliqueter le bruit de son propre doigt contre la crosse de l'arme, Stelian avait le regard fixe - mais incertain.

— Et c'est encore pire lorsqu'elles viennent de connards qui dissimulent leur présence.

Il faisait beaucoup de suppositions, sans savoir s'il frappait juste - mais parait du principe que s'il se trompait, cela n'aurait pas énormément d'impact, puisqu'il était déterminé à tirer, quoi qu'il arrive.

— Je te conseille de le désactiver rapidement.

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TAKE IT OR LEAVE IT» GARANCE & STELIAN (2019)

Stelian Phoenix n’avait pas jeté un seul regard en direction du bureau ; avait fait comme s’il n’avait rien entendu pour se diriger calmement vers un meuble imposant dont il ouvrit un tiroir, et ce qu’il en sorti suffit à étirer un sourire satisfait sur les lèvres de Garance. À première vue, c’était un homme alerte, capable de garder son calme même quand les dés ne jouaient pas tout à fait en sa faveur, et elle n’en attendait pas moins.
Peut-être pensait-il avoir affaire à un homme un peu plus grand qu’elle ne l’était ; au lieu de se retrouver avec le canon du revolver pointé sur la poitrine, c’était son visage qui était visé, et quand bien même elle ne paniquait pas, elle ne connaissait pas la réactivité de l’homme chez qui elle s’était invitée et ne voulait pas risquer son plus bel atout. Calmement, elle changea de position sur le siège et s’y affala de sorte à se trouver sous la ligne de mire du supposé leader, les jambes croisées sur le bureau comme s’il lui appartenait.

« Certaines surprises valent le coup pourtant, vous gagneriez à vous montrer un peu plus ouvert d’esprit Mr. Phoenix, résonna la voix désincarnée de la lecture vocale de son téléphone. »

L’habitude lui avait appris à taper sur son téléphone plus vite encore qu’un adolescent.

« Bien que je comprenne votre suspicion, je ne suis pas venue ici pour vous nuire d’aucune façon ; ceci étant dit je ne me dévoilerai pas tout de suite, je préfère attendre que nous soyons plus… intimes. Même les connards ont raison de protéger leurs arrières, non ? »

Ricanement silencieux –il n’y avait que lors de ce genre d’échange que Garance voulait bien se montrer plus loquace et éloquente qu’elle ne l’était naturellement ; difficile d’appâter les gros bonnets de ce monde avec des phrases expédiées en trois ou quatre mots.

« Seriez-vous d’accord pour écouter ma proposition sans m’abattre comme un chien ni appeler des renforts si je me révèle à vous ? »

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Garance & Stelian

flashback ••• 2019

Stelian avait toujours manqué de patience - encore plus d'ouverture d'esprit.
Il en était pleinement conscient et n'avait jamais fait grand effort pour y remédier, considérant aujourd'hui que sa position l'autorisait à tous les défauts sans jamais risquer de représailles : les quelques mois à la tête des Dragons l'avait muré dans un carcan de mégalomanie abîmée et féroce, un rien de lucidité lui faisait craindre la chute vertigineuse qui l'attendait.
Mais la chute ne se produirait pas ce soir, aussi tristement que dans son bureau, seul - si l'on oubliait la présence dissimulée de l'intrus.

Le haussement de sourcils qu'il avait affiché à l'écoute de la voix trafiquée par le son du téléphone laissa place à un ricanement bref et suffisant.

— Je n'ai pas besoin de renforts pour te descendre comme un chien.

Pourtant, Stelian baissa l'arme pointée sur la silhouette qu'il devinait par instinct - et puisque son invité semblait doté de neurones, il paria sur le fait qu'il - ou elle - ait changé de position aussitôt le revolver braqué tout droit sur son corps.

— Je te laisse deux minutes.

Pas une de plus.
Pas une de moins.

— Je te conseille de le désactiver rapidement.

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TAKE IT OR LEAVE IT» GARANCE & STELIAN (2019)

L’évidente suffisance de Stelian Phoenix tira un sourire tout aussi empreint d’ego à Garance qui voyait en lui le genre d’homme qu’elle avait côtoyé toute sa vie –confiants, si certains d’avoir le contrôle sur tout ce qui les touchaient qu’elle n’avait qu’à se glisser en silence dans les angles morts dont ils niaient l’existence pour s’emparer de ce qu’elle désirait. Mais Stelian semblait posséder quelque chose qui n’était pas pour lui déplaire, et c’était l’instinct ; une certaine intuition qui dépassait le monde des machinations et des fourberies, c’était viscéral et à son humble avis, c’était ce qui faisait toute la différence une fois que tous les masques étaient tombés et les manches vidées de chaque tour de passe-passe.
À nouveau elle fixa le canon du revolver avec un sourire léger ; elle se pinça même les lèvres pour ne pas rétorquer une nouvelle insolence à la hauteur de l’orgueil de son interlocuteur.

« J’ai l’impression que vous me sous-estimez Mr. Phoenix, vous allez me vexer. »

Tâchons de faire bon usage de ces deux minutes.
Toujours sans désactiver son don, Garance prit appui du bout du pied sur le bord verni du meuble pour reculer le fauteuil et avoir ainsi tout l’espace libre de se lever et se mouvoir à sa guise –sans un bruit, car elle se déplaçait toujours en silence à la manière d’un chat.
Du reste, l’entraînement spartiate qu’Andre l’avait forcée à suivre toute sa vie se révéla fort utile durant les quelques secondes qui suivirent.

Pour attirer son attention autre part que sur elle, elle se débarrassa nonchalamment de son couteau de poche en le jetant bruyamment d’un côté de la pièce. Profitant ensuite de la brève ouverture que la distraction lui offrit, elle s’approcha rapidement de Stelian et donna un coup de pied adroit dans la main qui tenait le revolver –ce dernier manqua d’aller rejoindre sa lame gisante au sol mais elle rattrapa l’arme au vol pour la tourner finalement contre son propriétaire.
Dans un geste théâtral qui, elle devait l’avouer, avait une saveur plutôt agréable –elle méprisait pourtant le fait de constamment tourner autour du pot pour se donner en spectacle– Garance se dévoila enfin à son interlocuteur, revolver toujours pointé en direction de son front à lui.
Un sourire aux airs inoffensifs se dessina sur ses lèvres et après un instant de pause, elle fit tourner l’arme dans sa main pour la rendre à Stelian, crosse en avant.

« Personnellement je n’aurais même pas besoin d’un flingue pour vous descendre comme un chien. »

Elle connaissait l’écran de son téléphone par cœur et avait appris à taper vite, et sans regarder –pas une seule fois avait-elle baissé les yeux face à Stelian.

« C’est pourquoi je pense que vous devriez m’engager. »

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Garance & Stelian

flashback ••• 2019

entre l'instant où le bruit du fracas parvint à son oreille et la douleur preste ressenti sur le côté de sa main, Stelian ne sut pas bien se positionner dans l'enchaînement des évènements : au contraire, sur les quelques secondes qui avaient suffi à retourner l'ascendant de la situation - qu'il croyait - il avait manqué de réaction, constaté avec horreur la faiblesse de ses réflexes depuis l"irrégularité de ses entraînements
pourtant, il souriait
narquois et flegmatique, les mains à peine levés en signe de reddition réflexe

— whaouh.

un souffle un rien, à peine audible et l'essoufflement entre ses lèvres éreinté tout entier par une situation qu'il n'aurait pas prévu : Stelian se sentait au-dessus du monde, et rarement, il en subissait les odieuses conséquences.

— des menaces, puis une demande d'embauche ?

Il arqua un sourcil, sans se départir de sa mine réjouie par une proie indocile - il était le chasseur autoproclamé de cette ville et le monde autour de lui n'était que ramassis à conquérir

— quel genre de suicidaire êtes-vous ?

il ne reprit pas l'arme des mains de Garance, malgré l'air suffisant et intouchable qui habillait ses traits impassibles : et c'était bien la surprise de voir une silhouette gracile - apparemment inoffensive qui trompait la situation : tout ça et la beauté du visage de son assaillante qui lui provoquait une satisfaction malsaine
Stelian était sur son terrain - c'était bien là, dans cet environnement, cet univers prédateur qu'elle avançait
et il était convaincu d'avoir les crocs les plus aiguisés

— qu'est-ce qui me dit que je ne ferai pas mieux de vous abattre sur le champ ?

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TAKE IT OR LEAVE IT» GARANCE & STELIAN (2019)

Si les traits de Stelian semblaient s’être détendus un peu, sa suffisance elle n’avait pas bougé ; Garance cherchait encore un peu à déterminer si cette arrogance arrangeait ou non ses affaires. Une cible trop arrogante est une cible aux failles plus faciles à trouver mais s’il venait à devenir son allié, elle craignait que cet égo surdimensionné empiète sur la rigueur qu’elle attendait des siens.
Ceci étant dit, ça n’était peut-être qu’une ruse pour la déstabiliser. Constatant qu’il ne s’emparait pas du revolver tendu, elle le fit de nouveau tourner dans sa main pour le tenir comme il se doit et laissa retomber son bras avec nonchalance avant de reculer de quelques pas pour venir s’appuyer contre le bureau. Si c’était un concours de qui saurait feindre au mieux le repos qui se jouait entre eux, Garance n’était pas en reste.
Elle n’avait jamais vraiment eu de chez-soi.
Alors elle était chez elle partout.

« Quel genre de suicidaire êtes-vous ? À laisser votre arme dans les mains de celle qui vous menace ? »

Garance avait été confrontée à des situations similaires plus d’une fois depuis qu’Andre l’avait poussée dans le monde de la pègre. Elle était plus que confiante en sa capacité de survie, plus encore maintenant qu’Ellipse lui avait donné la chance de pouvoir s’effacer du regard des autres. Il fallait bien plus que des menaces en l’air pour la faire sourciller.

« Je ne mourrais pas aujourd’hui Mr. Phoenix, que ma proposition vous intéresse ou non. En revanche en cherchant à m’abattre vous vous mettriez à dos quelqu’un qui a su remonter votre piste, s’infiltrer dans vos locaux, vous désarmer avec facilité et qui pourrait très bien recommencer. Quelqu’un dont vous ignorez tout, et qui sait disparaître à volonté. »

Elle regrettait parfois l’absence de nuance dans la voix robotique du lecteur de messages ; l’intonation de ses mots prenait parfois malgré elle des tournures comiques ou, à l’inverse, bien plus sombres que prévu.

« Voyez-y une liste non exhaustive de mes capacités plutôt que des menaces. Je vous serais bien plus utile vivante que morte, et vous ne voudriez pas que j’aille offrir mes services à l’un de vos rivaux en sortant d’ici, pas vrai ? »

Et puis le sourire fana, révélant un tant soit peu le sérieux qui se cachait derrière les jeux de théâtre qu’impliquaient le fait de devoir se vendre.
Garance avait une patience limitée pour la comédie.

« Ma loyauté coûte cher mais nous savons tous les deux que ça n’est pas un problème pour vous. Vous êtes un homme intelligent, je sait que vous prendrez la bonne décision… »

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Garance & Stelian

flashback ••• 2019

Je ne mourrai pas aujourd'hui

— et moi non plus.

un sourire narquois - toujours comme s'il était incapable de se défaire d'une expression gravée sur son visage trop connu d'Ellipse
un rien dans lequel il s'enlisait, Stelian écoutait patiemment l'offre faite et bien entendu - son invitée impromptue marquait point par dessus le précédent ; il se reconnaissait quelque peu, fallait-il le dire, dans son argumentaire tout prêt
imparable
lequel lui procurait une satisfaction malsaine

— très bien : c'est impressionnant et convaincant.

il joignit ses mains religieusement les bras ballants pourtant
fermant ses yeux un instant avant de prendre place sur son siège comme si la situation eut été la plus normale, habituelle possible dans ses journées à la tête d'un empire colossal - Stelian se faisait tacitement la promesse de reprendre ses entraînements lorsque le temps le lui permettrait, afin d'éviter que ce genre de désagrément ne se reproduise à nouveau

la satisfaction, elle, demeurait encore

— puisque vous présentez tant de motivation, je vous engage

pour l'instant - et ce serait superflu de le rajouter entre eux, deux inconnus à se toiser silencieusement - l'immonde voix robotique pour seul dérangement.
un poste d'ombre qui lui était tout droit destiné, au vu des qualités et de la liste non exhaustive des compétences ainsi présentée
c'était bien l'orgueil qui ferait perdre pied à Stelian : pas de crédulité il n'en avait aucune, mais la suffisance de croire qu'il ne craindrait jamais personne du haut de sa tour d'ivoire - et que le premier faux pas d'autrui serait si facile à gommer dans le tableau de sa vie
comme il l'avait fait auparavant
il n'y a pas si longtemps

— et ne me décevez pas.

de menace il n'y en avait aucune
Stelian satisfait de voir frapper à sa porte une si belle alliée - et d'avoir été sûrement le premier à l'accueillir dans son monde
puisqu'elle l'avait décidé.

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TAKE IT OR LEAVE IT» GARANCE & STELIAN (2019)

Un sourire satisfait se dessina sur les lèvres de Garance qui observait Stelian rejoindre son bureau et s’installer au fauteuil –presque trône– qui lui revenait. Son argumentaire semblait avoir fait mouche, elle avait vu dans les yeux de l’empereur une satisfaction presque vicieuse qui faisait écho à la sienne.
Et enfin tomba le jugement ; je vous engage.
Garance accueillit la nouvelle avec la sobriété qui lui était habituelle. Sans s’éloigner du bureau auquel elle s’était appuyée, elle se hissa au contraire dessus pour s’y asseoir à moitié dans une nonchalance insolente ; s’ensuivit un hochement de tête silencieux, presque humble –c’était la première fois qu’elle baissait les yeux devant lui malgré le fait qu’assise sur le bureau et lui sur son siège, c’était de plus haut qu’elle le regardait.

« Vous m’en voyez ravie. »

Garance acceptait la soumission à qui savait la mériter ; un faux pas de Stelian à son égard et rien ni personne ne pourrait l’empêcher d’y mettre un terme et vaquer à de nouvelles occupations plus dignes de son temps.
Sans gêne aucune, elle piqua un stylo et un bout de papier sur le bureau trop bien organisé de son désormais nouvel employeur et y nota rapidement un numéro qu’elle tendit à Stelian avant de remettre le stylo exactement là où elle l’avait trouvé.

« Je ne vous retiendrai pas plus longtemps pour aujourd’hui. Je vous laisse me recontacter à ce numéro quand votre emploi du temps vous le permettra. Nous pourrons discuter plus en détails de ce que vous attendez de moi… et moi de vous. »

Avec souplesse, Garance sauta du bureau pour se tenir debout et droite devant lui, comme un soldat devant son supérieur.

« Passez une bonne soirée Mr. Phoenix. »

Et après un nouveau signe de la tête ;
Garance s’effaça de nouveau dans l’air.

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