voicemails ft. liam

j'aurais dû obéir et
sans contester
baisser la tête, m'exécuter, un meurtre sur la conscience je connais la rengaine maintenant, lorsque je ferme les yeux mes mains sont rougies par le sang - sauf qu'habituellement, il y a Zéphyr pour me rattraper, Zéphyr pour me rassurer, Zéphyr pour m'aimer me respecter me rendre entier

mais pas aujourd'hui. aujourd'hui c'est un autre alcool que j'ai ingurgité, une autre porte à laquelle je vais toquer - je n'ai pas le droit à son absolution ce soir alors je vais quérir celle d'un autre nom.
Liam. C'est Théa. Ouvre, s'teup.
syllabes chevauchées, l'ivresse fait son effet ; je toque une fois, deux fois, peut-être cinq et ma tête vient rencontrer le bois.
J'sais qu'il est tard, désolé.
les excuses plus creuses encore que la tête ce soir, parce que tout est mien et Liam le sait bien ; cette nuit où j'ai pris son corps, et peut-être un bout de son coeur, avant de lui rendre dans un tissu de mensonges (je tiens trop à toi pour faire ça Liam, pardonne-moi)
((ah))
le coeur trop grand pour un Cobra, Liam, je te l'ai dit quinze fois, à t'imprégner trop fort trop vite tu es
parfait pour les jours où ça ne va pas -
J'suis juste... J'ai besoin de toi, ok ?
(ta naïveté ta bonté
l'envie de te blesser)

voicemails

C'est pile au moment où l'esprit commence à s'échapper que retentissent les coups - les ébauches de ses rêves s'estompent alors et Liam ouvre péniblement les yeux. Se redresse dans un soupir pour regarder l'heure : bien trop tard pour espérer être en forme s'il choisissait de se rendormir maintenant.

S'attendant à tomber une énième fois sur Conan, et se tenant prêt à le réprimander dès qu'il l'aurait fait entrer, il se lève péniblement ; mais la voix qui s'élève dans l'entrée le fait s'immobiliser un bref instant. On se demande si on est bien réveillé, et c'est pour le vérifier qu'on entrouvre la porte, avec une appréhension mêlée d'une hâte presque coupable - ce n'était pas dans ses habitudes de venir aussi tard.

Théa qu'on aimerait garder tout près du cœur, en son creux, que le temps se fige un instant, qu'il nous laisse l'étreindre comme s'il reconnaissait enfin l'affection qu'on lui donnait.

C'est entre l'inquiétude et un certain soulagement que le rouquin se trouve lorsqu'il pose ses yeux sur lui - car bien qu'il se sente légèrement honteux de penser de la sorte, Liam est comblé de voir qu'il s'était dirigé ici
- qu'il compte sur lui.

La porte s'ouvre en grand et l'infirmier aux cheveux ébouriffés s'avance vers son ami ; l'odeur d'alcool le frappe alors qu'il arrive à son niveau.

- Qu'est-ce qui t'arrive, Théa ?

Être en mesure de le comprendre était similaire à courir après une ombre ; et bien que son côté insaisissable ait agacé Liam à une époque, il s'était aujourd'hui fait une raison - il n'était qu'un lamentable être désireux de son attention.

Peu importe les pensées qui occupaient son esprit
si seulement il pouvait mêler son âme à la sienne, que ses réminiscences cessent de l'emplir de langueur et qu'on arrache ses attentes désespérées loin du cœur.

- Tu as trop bu ? Comment tu as fait pour arriver jusqu'ici ?

@Théa Pearson

(c) sky

ce qui m’arrive c’est J’sais pas. un cauchemar. comment (en) suis-je arrivé là ? J’sais pas.
ce que je fous ici ce que l’alcool va me faire dire – pourquoi j’ai pas été foutu d’exécuter un ordre (un meurtre) et pourquoi j’en suis rendu à me bourrer la gueule pour pas y penser ; J’peux rentrer ? je
suis
fatigué

parce que le poids de ma conscience est plus lourd que je le craignais et ça spirale vers le bas à l’infini, j’arrive pas à relever la tête ; ça m’donne la nausée de réaliser qu’il existe des gens que je refuse de sacrifier – je n’ai pas besoin d’eux (de vous) au sommet.
puis, mes mains viennent chercher tes bras pour garder l’équilibre – ça tangue jusqu’en haut du crâne et je crois que j’ai le vertige. j’éclate de rire.
Tu comprendrais pas, Liam.
il y a des jours où
mes faiblesses ne me dérangent pas. parce que personne n’est parfait et ce n’est pas après la perfection que je cours aussi désespéré.
il y a des jours où
je me sens dégueulasse d’être aussi fragile – à la moindre faille, j’éclate en morceaux et si Zéphyr n’est pas là, je vais de bras en bras pour les coller à nouveau – ce soir, c’est toi,
demain, je prétendrais que cette soirée n’existe pas ; et, comme toujours,

tu me pardonneras.
Et vaut mieux pas qu’tu saches, ça te mettrait en danger. J’tiens trop à toi pour ça. – en quête d’absolution et alors, pour l’obtenir, tous les mensonges sont bons – même ceux aux airs de confession, comme si je tenais à toi, Liam, comme si je pouvais faire des sacrifices pour toi ; tu ne fais pas partie de ces gens pour qui je pourrais tout sacrifier.

(ah,
tu es si bon réceptacle des mauvaises pensées)

voicemails

- Je... Bien sûr que tu peux rentrer.

La porte se referme alors sur deux âmes en peine et Liam se décide enfin à allumer la lumière, éclairant alors mieux les traits de son ami qui s'appuie sur lui en titubant. L'éclairage à la teinte blafarde vient souligner la langueur du brun et le désarroi de l'infirmier épuisé.

Il voudrait qu'il lui partage sa douleur
- si seulement il pouvait la soulager un peu ainsi. Il lui était insupportable que dans son être se déploie un tel chagrin ; Théa qui se laissait aller de la sorte était aussi inhabituel qu'inquiétant.

C'est un accablement pareil à celui de son ami qui le transperce
un gris morose et sans fin qui petit à petit se plonge en lui
le cœur meurtri par une douleur qui n'est pas la sienne.

La nuit se mêle encore à de vagues pâleurs, et c'est les ténèbres qui viennent colorer le regard sombre de Théa - c'est son cœur qui se noie.

- Dis pas ça... Qu'est-ce que je peux bien risquer, après tout ?

Il croise les bras, contrarié par son refus de lui dire quoi que ce soit - l'état dans lequel Théa se trouve à présent l'inquiète bien plus que les difficultés dont il peut bien lui parler.

- Et si ça me met en danger, ça veut dire que tu es encore plus à risque... constate-t-il, davantage préoccupé par son ébriété et les menaces qui pèsent sur lui plutôt que par sa sécurité. Il avait peu à faire de sa propre personne
- et peu à perdre.

- Tu sais que tu peux tout me dire, souffle-t-il alors qu'il pose ses mains sur ses épaules. À se rapprocher ainsi, l'odeur d'alcool devient plus forte (ça tourne ça s'embrouille) et ses yeux tristes viennent croiser les siens, l'implorant de se confier.

- S'il te plaît. Garde pas ce genre de choses pour toi.

C'est l'esprit ravagé et le regard troublé par l'égarement qu'il avait déambulé dans son appartement, à priori hanté par des tourments qu'il refusait d'exprimer. Et ça le tuait Liam, de savoir qu'il s'était saoulé en y pensant - c'était assez important pour que Théa ait voulu distraire son esprit en le noyant dans l'alcool, tout en restant prisonnier d'une souffrance que personne ne pouvait soupçonner.

@Théa Pearson

(c) sky

je
veux
  détruire
quelque chose n’importe quoi n’importe qui et ça pourrait bien tomber sur toi, Liam, si gentil et si doux dans tes paroles, comme s’il ne fallait pas me blesser, prendre soin que chacun de tes mots glisse délicatement sur ma peau
je ne suis pas
Pathétique.
tu es               pathétique (l’ego froissé) et la migraine revient en grosses vagues, du nez jusqu’au sommet de mon crâne — quel enfer que ta voix inquiète au milieu de mes tempêtes, je n’ai pas besoin de gentillesse

(je veux qu’on me blesse)
Je peux pas tout te dire, Liam, t’as pas les épaules pour ça. T’es pas fait pour ces conneries, t’es juste ce... cet espèce d’idiot trop bon, trop con, pour le monde des gangs.
trop bon,
   trop bon, Liam, pour nous qui tuons et mes mains — ensanglantées — je les retire et te pousse, loin, c’est étouffant ta tendresse, quand je suis cet être dégueulasse, m e u r t r i e r

(je veux que tu me blesses)
et je bascule en arrière, fesses à terre, écœuré ; surtout, pardonne-moi, Liam, si les mots sont acérés, c’est vraiment moi que j’essaye de heurter.
être dans cet état alors que je n’ai pas réussi à tuer — parce que je n’ai pas réussi à le tuer — tout ça n’aurait dû être qu’une mission, parmi d’autres,
et si Stelian apprenait

Regarde, rien que la fois où on a couché ensemble. mes lèvres s’étirent en sourire mauvais. Laisse-moi deviner, ça t’a fait mal que j’te dise d’oublier ? Tu t’es demandé, Liam, pourquoi j’ai dit ça ? Est-ce que tu t’es dit que le problème venait peut-être de toi ? trop gentil pour douter de moi,
j’aimerais ça, Liam
que tu te crois le problème alors que j’ai juste profité de ta gentillesse, comme toujours
comme je vais continuer de faire.
Tu crois pouvoir sauver tout le monde, peut-être ? Vas-y, Liam, aide-moi. Je sais pas ce qui va pas. je m’effrite, à chaque instant,
et Zéphyr n’est pas là pour me reconstruire. Je t’écoute, soigne-moi, le rare domaine où t’excelles.

voicemails

Il n'avait aucun mal à s'enticher jusqu'aux imperfections Liam,
adoucir la violence, calmer les tempêtes
les laisser passer
et ignorer les propos déplaisants
ça glisse sur son cœur car il y est tristement habitué, aux mots faits pour

blesser

Et bien qu'on puisse (presque) tout lui pardonner à Théa, on ne pouvait pas se montrer si miséricordieux
au point d'empêcher la colère de jaillir du fond des entrailles.

Mais c'était plus une frustration sourde qui grondait en lui que de la colère, témoin de son impuissance face à la détresse du brun - et un profond sentiment d'injustice qui lui nouait l'estomac.

Il retint ses larmes au prix d'un violent effort - pourquoi fallait-il qu'elles lui viennent si brutalement aux yeux
et devant lui par-dessus tout
qui s'était dirigé ici avec des ennuis plus importants - trop importants pour le roux, apparemment.

- C'est quoi ton problème, Théa ?

Vipère ratée ou humain imparfait,
sa place n'était nulle part
et l'humiliation était d'autant plus intense si c'était Théa qui nous le rappelait ainsi.

Qu'est-ce qu'il pouvait bien être à ses yeux ou pour qui il le prenait, à vouloir le ménager ainsi
que d'interrogations futiles et puériles qui lui occupaient l'esprit
il ne pouvait se résoudre à le questionner, car la honte l'en empêchait.

Un regard offensé jeté à son ami qui s'effondrait sur le sol, il croisa les bras, déchiré entre l'envie de le garder près de lui pour le réconforter comme il en avait décidé quelques minutes plus tôt, ou de le jeter dehors suite à ces propos.

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Tu ne sais même pas ce que tu veux. Tu débarques ici en pleine nuit dans un état pareil, et tu refuses de me dire quoi que ce soit. Je peux pas faire disparaître tes soucis en claquant des doigts, Théa.

La voix amère alors qu'il se rappelle du soir qu'il évoque ; Théa lui avait demandé d'oublier, et Liam avait accepté avec réticence, le cœur serré - ce n'était pas comme s'il avait vraiment eu le choix, de toute façon (il s'était plié aux désirs du brun, encore une fois)

- Si c'était vraiment moi le problème, cette fois-là... il chuchotait presque, la voix à peine audible, embarrassé malgré lui. Tu m'en vois désolé.

Il vient furtivement essuyer une larme du doigt, se hait d'être aussi fragile
aussi sensible à ces mots qu'il lui lance pour le blesser
((il savait si bien le heurter))

- Qu'est-ce que t'es venu faire ici?

Si c'était pour lui lâcher tout ce qu'il avait sur le cœur, Liam accepterait de subir ses paroles en silence - même celles qui heurtent, s'il savait que Théa irait mieux après. Mais il refusait obstinément de se confier, et le roux mettait en doute ses explications, étant lui-même persuadé qu'il n'était pas aussi faible que le brun voulait lui faire penser.

Peu importe la profondeur de sa détresse, Liam pouvait consentir aux humeur de son ami - mais l'amertume qui lui serrait le cœur depuis ses accusations l'en empêchait ce soir
(peut-être n'était-il
qu'une question de temps
avant de capituler
et de tout lui pardonner)

@Théa Pearson

(c) sky

les oreilles qui bourdonnent, ah
toujours,
toujours,
Liam
tu pardonnes — t’excuses presque même et j’en rigole

pardon

Désolé. parce qu’on entame la deuxième partie de la soirée (tes yeux au bord des larmes je ne m’en lasse jamais) me relève en tanguant jusqu’à toi, mains à nouveau sur tes bras et je cherche ton regard — ne me fuis pas.
J’avais besoin d’un ami.
d’un pion d’un jouet c’est que j’hésite souvent, comment vous appeler, vous qui n’êtes rien dans mon coeur méprisant si ce n’est des récipients de mes humeurs passagères
et je t’apprécie, n’en doute pas
avoir le pouvoir de te mettre dans ce genre d’état, un peu comme l’affection qu’on porte à nos boulets ; si beau, dans ta naïveté.
J’peux pas t’en parler parce que c’est une mission donnée par mon chef. à demie-vérité sauras-tu me pardonner
sauras-tu gober ce grotesque mensonge car je pourrais bien me confier, tu garderais avec toi ce secret j’en suis persuadé

mais
j’ai d’autres choses en tête et d’autres envies, que l’alcool dicte, ma main qui glisse lentement jusqu’à ton épaule et à la naissance de ta nuque — je murmure. Pardon, d’accord ? Et c’est ok, Liam, tu sais bien que je dis ça pour toi, quand je dis que c’était de ta faute. C’est pour ton bien, que tu ne refasses pas d’erreur.
sourire pincé, comme si j’étais peiné,
comme si je ne voulais pas te blesser — Pleure pas, hein.
car j’aurais tout sauf envie de sécher tes larmes
je veux les
(te)
voir
couler.

voicemails

C'est que sa peine s'évanouirait presque quand sa main vient glisser jusqu'au creux de sa nuque
le mal dont il a souffert a manqué de s'enfuir comme un mirage - si seulement il ne pouvait en conserver qu'un lointain souvenir, comme toutes les fois où il l'avait heurté

cette peine sibylline les séparait
un mal qu'on tente d'ignorer mais qu'on continue à pleurer
encore et encore chaque fois que Théa se faisait désobligeant
il était le seul à s'abîmer.

Un profond regret l'envahit malgré sa frustration lorsqu'il lui révéla quelque peu la raison de son état
si Théa avait besoin qu'on lui tende la main, il était évidemment près à le faire
mille fois s'il le fallait
mais sa colère ne faiblissait pas - ces douces paroles au sens si dur semblaient au contraire l'attiser.

- D'erreur ? la voix s'arme d'une ironie douloureuse. Mais tu l'as faite avec moi, l'erreur.

Il vient saisir ses mains pour les retirer, comme il l'avait lui-même fait un peu plus tôt, et recule presque inconsciemment - il faut creuser la distance ne plus se laisser aspirer
((éviter de se faire dévorer))

- Pourquoi est-ce que t'as accepté ce jour-là? Parce que je te faisais pitié ?

Un rire amer s'échappe alors que son dédain l'accable
c'est comme un péché qu'on lui pardonne, et Théa se fait juge de ses imperfections - cruelle bénédiction perpétuant sa souffrance.

- Je... Je te l'aurais jamais demandé si j'avais su que tu me demanderais d'oublier.

Liam refusait obstinément de croire en ses excuses - plus par fierté que par réelle envie de s'opposer à lui
car il était bien douloureux de l'entendre prononcer ces mots
lorsque lui avait seulement désiré
se fondre dans son affection, fusionner leurs deux âmes le temps d'une nuit
à cet âge innocent où le cœur est sans défense
il cherchait désespérément à avoir quelqu'un à qui s'accrocher
pour ne plus jamais le lâcher.

@Théa Pearson

(c) sky