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Sleeping Magma - feat Ares Carlyle

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Anonymous

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Dim 7 Mar - 18:42
Sleeping Magmaft. Ares Carlyle

Il parle sans s’arrêter une seule seconde. Son flot de voix s’écoule dans mes oreilles passives, jusqu’au fond de mon crâne lourd. Son corps élancé et droit se tient juste à côté du mien dans un contraste total, ses lèvres et sa langue trop humides s’activant sans prendre une seule pause. Ses mots criards et prétentieux, sa voix traînante me fatiguent alors. Et le vent souffle et ne les étouffe encore que trop peu.

“... c'est des amis que je connais qui sont allé là bas, tu vas voir c’est pas trop mal, je pense qu’en vrai, si je devais ouvrir un petit commerce comme ça, je retravaillerais peut être la façade, tu vois, la déco, l'intérieur, tout le reste qui a autour, en fait mais bon je suppose que tout le monde n’a pas toujours les moyens. Après tu vois, quand même c’est dommage, quoi, je sens qu’il y aurait pu avoir un tout petit plus de…”

Toute sa bouche s'agite. Mes pas me portent lentement sur le bitume d’un trottoir trop étroit, je suis collé à lui, éclairé d’un soleil mort d'hiver. C’est quoi son nom déjà? Victor? Virgil? Je crois que je m’en fous.

Tu as déjà appris tout ce qui pouvait sembler exploitable chez lui. Tu as profité des attentions premières, tu as écouté des débuts vaguement prometteurs et observé un entrain qui ne semblait pas si envahissant au départ.

...le gars, après tu vas voir, ses tatouages sont quand même un minimum travaillés, c’est SÛR que ça ira pour ce que je demande. Mais bon... En fait, soyons honnête deux secondes, c’est sûr que si je demandais ce que je voulais vraiment à la base, je doute franchement qu’il ait l’expérience, la technique de faire quoi que ce soit de passable quoi. Mais bon. Là avec ce que j'amène, j’y vais, je demande pas la Lune, je demande un truc tout simple. J’ai limité un peu ma vision, à la limite, pas grave, tu vois, à la limite c’est pas non plus...

Tu as même bien profité des draps et de quelques contacts agréables. Et puis… Les douces saveurs ont pris un goût un peu amer. Un petit goût déjà gâté. Un swipe un peu trop vif, et des impatiences proches du caprice. Tu te lasses si vite. Tu n’es jamais plus retombé sur quelqu’un qui en valait la peine depuis… un peu trop longtemps, maintenant.

Je me laisse mollement emporter par un inconnu, ses choix, ses discours et ses remarques creuses, sourdes, comme on s'enfoncerait dans un fauteuil mou au cuir sale, une soirée interminable qui s'épuise dans la sueur. Un labeur si profondément long au bout duquel l’attendra sûrement un simple ghost. Bloqué sur les réseaux pour passer au date suivant.

… il a du potentiel  c’est sûr, je ne dis pas le contraire, qu’on soit d’accord, je dis  juste que mes potes ne devaient pas non plus avoir une idée si extraordinaire, vu la simplicité du truc que ces gens ont sur le bras ou la nuque… Ou alors, c’est que le gars est peut être limité à faire des trucs franchement basiques, mais bon après, vraiment, y a pas de soucis quoi, la simplicité c’est bien aussi, hein je dis pas… Mais bon ! Après quand tu penses un minimum le truc, je sais pas moi, tu te lances dans le tatouage tu te respectes un peu…

Le feu vient de passer au rouge devant la route avant que nous puissions traverser. On y est, là. Plus que quelques mètres ridicules à parcourir. Et c'est là, tout de suite, que me vient l’envie terrible de traverser le goudron sans regarder le reste, de m’enfuir au loin, d’arriver à grands pas jusqu’à ce foutu salon, afin qu’on en finisse là-bas et maintenant, qu’il se fasse peinturlurer toute sa vilaine peau, et que je rentre jusque chez moi pour oublier toute cette magique après-midi. Les secondes sont interminables. Par pitié, passe au vert, passe au vert, passe au vert, passe au vert ou ma tête craque et implose. Le bonhomme rouge ne cedera jamais la place à son putain de frère vert ou…?!

T’en penses quoi, toi?

J’en penses que je voudrais
- te pousser sur la route
- t’envoyer dans la vitrine de ce merveilleux magasin
- te planter là et me casser sans un mot
- te dire à voix haute toute cette liste de chose que j’ai envie de te faire et de t’envoyer mon poing dans la tronche
- Mais certainement pas répondre à ta stupide question

Heu.. ouais, c’est clair. Franchement j’avoue que...

Ouais bon, attends, juste, c'est vert, là, on peut...

Le chemin est libre. Il me dépasse, sans m’attendre. Je suis pris de court et le laisse atteindre le trottoir d’en face avant moi. La tête qui tourne. Je laisse un mètre, deux mètres… se dérouler entre nos deux corps qui n'ont rien en commun.

Tenté par l’envie de m’enfuir, je sais au fond que je ne le ferai pas, que je n’en ai ni le courage ni l’énergie. Cette envie gratte l’intérieur de mon crâne, alors que je m’efforce de tenir la cadence péniblement.

Enfin, après quelques pas de plus, la façade, noire, classieuse, presque agréable au regard. Lentement, ma colère se décante. Quelque chose qui m’apaise quelque peu, autour de ce vieux bois sombre, de cette police d’écriture gothique peinte en blanc, de cette vitrine exposant quelques dessins élaborés.

Le Siren’s Call

Je sens au fond de moi la lave qui monte. Une accalmie s'approche peut être. Mais au fond, tout s'agite et se heurte.

Qu'on en finisse. Je le suis, et entre en entendant la petite sonnette.

Anonymous

Invité
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Dim 7 Mar - 21:25

Remembering the times they won't remember me

Elium Glass

Sleeping Magma - feat Ares Carlyle 0962a472c1b736ba5fe4b3979cb0e824

             Pour être parfaitement honnête, la journée n’avait pas très bien commencé. Il avait eu du mal à se lever après une nuit agitée, une de ses plantes chéries était définitivement morte, le temps, sans être pourri, était légèrement déprimant, et aucune réponse ne venait à ses quelques sms. En clair, il avait eu hâte à son premier client, histoire d’avoir autre chose en tête que cette envie de sortir dehors et de se mettre dans la merde tout seul pour qu’il se passe quelque chose, recevoir un peu d’adrénaline.
Et tout s'était très bien passé. Trois heures et quelques photos plus tard, un au revoir, et Arès se retrouvait à grignoter un cookie maison pas trop dégueu, noyé dans sa musique. Le “silence” était reposant après le léger vrombissement de la machine. Et puis fort heureusement, il n’avait pas d’autres rendez-vous dans la journée alors...
Chillax time hehehehe !
Toujours pas de réponse à ses sms.
Peut-être qu’il devrait s’attaquer à la demande la plus récente, avant de prendre du retard… Une fois les mimines propres, Arès allait partir à la recherche de son bordel à dessin, quand la petite sonnette de l’entrée l’alerta, le faisant automatiquement revêtir son poti sourire aimable spécial client.

Bonjour, bienvenue !

Non mais vraiment. Le tatoueur était à présent catégorique. C’était une bonne journée de merde. Et pas parce que son coeur venait de faire 12 loopings avant de se suicider, ni qu’il avait senti un frisson le parcourir, un relent de colère remonter, et l’envie soudaine de fermer la porte sur le nez des deux arrivants avant d’aller casser des trucs et pleurer dans son canapé. Ou peut-être que si, un peu.
Sa présence était tellement, tellement là, que la personne qui l’accompagnait semblait aussi intense qu’un grain de poussière. Jamais Arès ne l’avait imaginé pointer le bout de son petit nez dans son shop. Il n’aurait pas imaginé qu’il aurait gardé ses cheveux violets en pagaille. Avec ses yeux fatigués, son air renfrogné, son gros pull et sa main dont il connaissait l’histoire par coeur.
Elium se tenait sur le pas de sa porte, comme ça. Après toutes ces années. C’était si anodin, si aléatoir, si stupide qu’Arès eut envie de crier. De rire peut-être même. Putain il avait vraiment un karma claqué.
Putain.
Son sourire soudainement un peu plus crispé, il s’approcha des clients (il se rappela soudain la présence de l’autre- qui était-ce, pour Elium ?) en gardant son professionnalisme. Son CALME. Il essaya d’ignorer l’alerte qui résonnait dans son cerveau pour se concentrer sur Jean Random.

Qu’est-ce que j’peux pour vous ?

Il avait vraiment envie de jeter l’inconnu par la fenêtre pour discuter avec Elium. Ou l’inverse. L’inverse plus probablement. Il n’était vraiment pas prêt. Oui, jeter Elium par la fenêtre et repartir sur une relation cordiale et censée avec l’autre type.
Avec un peu de chance, ils voulaient juste des renseignements ?

         

   
Anonymous

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Lun 8 Mar - 22:56
Sleeping Magmaft. Ares Carlyle


Des riffs de guitare nerveux m’enchantent, assez puissants pour couvrir un peu ses paroles, mes pensées, tout le reste. Un visage s’approche, souriant, et nous accueille dans son antre. Le temps ralentit et je reprends mon souffle.

“Qu’est-ce que j’peux pour vous ?”

Je reste en retrait, observant les lieux avec lenteur. Du cadre et de la verdure partout, une ambiance sombre plutôt agréable qui décrispe un peu mon cerveau, qui soulève par vague de chaleur un réconfort étrange. Un sentiment qui me surprend.

Ah, oui, c’est vous, bonjour. On m’a un peu parlé de vous.

L'irritante voix de Virgor se faisant tout d’un coup plus mielleuse se perd dans le refrain d'une chanson de Muse. Pas sûr que son interlocuteur l’ait bien entendu. Un sourire étire très légèrement mes lèvres.

Je dévisage très rapidement le tatoueur. Un look assez soigné, de belles lunettes toutes rondes, et des cheveux sombres impeccables. Un physique intéressant. Pas mal. Je le note dans ma cervelle avec amusement, et me détourne pour aller m’asseoir sur un espace d'attente à deux pas de là avant de glisser à mon horrible date :

J'imagine que je te laisse te dé…


... En fait j’ai regardé, un petit peu les petits dessins mignons que vous proposez et j’ai un ou deux amis qui m’ont parlé vite fait de vous, je voulais juste savoir un petit peu ce que vous avez, je sais pas trop si j’ai beaucoup de temps devant moi, là tout de suite mais…

Je n’existe plus aux yeux de ce crétin. Tant mieux, un poids de moins, je n'aurais aucun remord à le larguer dans l'heure.

Alors quoi bon? Tu pourrais tout à fait sortir du salon. Rien ne t’empêche de rentrer chez toi.

Oui, sauf que j’ai presque du traverser toute la ville pour arriver ici, alors autant soulager un peu ses jambes et sa tête avant de tracer, j’imagine. J’inspire un grand coup et m’apaise. Ce lieu dégage décidément quelque chose de profondément agréable, je le ressens de plus en plus. C’est indéfinissable, un sentiment qui aurait en lui quelque chose de plus dense, dont je ne pourrais pas encore définir précisément l'origine. Ca m’intrigue. Mais pas assez pour m'empêcher de dégainer de ma poche un petit flacon d'huile de coco. Je dé-bouchonne rapidement la petite bouteille évasée et y plonge mon petit doigt en expirant longuement, me concentrant sur l'énergie évanescente qui me traverse

Une sensation mêlée de confort et d'engouement, une douce envie de dodeliner la tête le sourire aux lèvres. Un concert d'adolescence nostalgique dans un salon douillet.

L'humeur se diffuse lentement, dans la solution oléagineuse tendis que mes yeux se perdent dans le mur. Mes deux orbites sont lourds. Certain·es diraient vides, complètement morts. Mais croyez-moi.

C'est toujours le bordel un peu plus loin derrière.





Dernière édition par Elium Glass le Mar 9 Mar - 14:07, édité 1 fois
Anonymous

Invité
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Mar 9 Mar - 0:25

Remembering the times they won't remember me

Elium Glass

Sleeping Magma - feat Ares Carlyle 0962a472c1b736ba5fe4b3979cb0e824

            Arès inspire. Elium s’éloigne de la conversation pour attendre sur le canapé. Arès tente de rester concentré sur le type qui lui parle, jette un regard au garçon installé sur son canapé. Elium trempe son doigt dans une petite bouteille. Son expression change. Arès sait immédiatement ce qu’il fout. Ça l’énerve. Il n’est pas surpris. La voix de celui qui semble être son client crisse comme une craie sur un tableau à ses oreilles, désagréable, irritante. Il enfonce un ongle dans la peau de sa main pour se concentrer. Ça ne fonctionne que peu, une partie de son esprit divague encore, comme aspiré par la présence du garçon aux cheveux violets. Si semblable à ses souvenirs. Différent pourtant. Il déteste avoir autant conscience de sa présence quand lui ne semble pas l’avoir reconnu un seul instant.
C’est probablement mieux comme ça.
De toute façon, il va rester à moitié assoupi sur le canapé pendant un moment non ? Aucune chance qu’il sache alors. Oui, c’est mieux comme ça.
Arès se calme. Mais le client ne l’aide pas. Qu’il aimerait qu’il aille droit au but.

Ouais, ouais, pas de soucis, si tu veux j’ai les flash qui sont encore là, hésite pas à regarder si y’a un truc qui te plait, si c’est dans tes moyens. A moins que tu viennes pour un truc bien précis ?

Pourquoi certaines personnes se sentent tant obligées de parler pour ne rien dire ? C’était l’un des trucs bien chez Elium. Il parlait pas sans cesse dans le vent pour combler le vide du monde entier. En fait, c’était presque l’inverse. La communication, ça n’avait pas vraiment été leur fort hein ? Maintenant il était dans son salon. L’esprit ailleurs alors que celui d’Arès ne cessait de revenir à lui.
Il le détestait.
Si fort.

...vous voyez, et donc vos flashs ils sont très bien hein, mais j’avais en tête quelque chose de plus, enfin, c’est une vision savez, je peux vous expliquer ça plus en détails, vous sentez pas offensé hein, donc vous voyez ça là, alors j’imaginais quelque chose comme…

Quelque chose chez ce type lui hérisse le poil. Il est, il est… Hautain, voilà, c’est ça le mot. Casse-couilles, pour être sincère. Arès n’a soudainement qu’une envie, lui faire manger ses phalanges.
Il ne peux pas, pas dans son shop. Urgh…
Il garde son sourire professionnel.
Rien de sincère cette fois.

Ah oui, c’est un peu cher quand même, enfin dans le dernier salon que j’ai visité c’était bien moins coûteux vous voyez, alors on peut peut-être s’arranger la dessus-

-Ecoutez, avec tout ce que tu veux, je t’ai donné un prix juste. Maintenant, si tu veux on peut adapter le tatouage, surtout que tu me disais ne pas avoir beaucoup de temps ? Je veux pas que tu sois pris par surprise, ça durera à peu près…

Il répond presque mécaniquement. Essaye de se concentrer sur autre chose, contenir la chaleur qui naît dans sa poitrine et s’étend vicieusement dans chaque fibre de son corps, son envie de hausser la voix, de lui faire bouffer son portefeuille. Il s’écoute à peine. Elium n’a presque pas bougé. A quoi il peut bien réfléchir ce con ?

C’est parti alors !

Mais visiblement l’autre ferme pas sa gueule. Arès enfile ses gants, installe son bordel. Retrace le flash. vérifie si la taille convient. Si le motif est ok. Le retrace. Une troisième fois, avant que ce soit la bonne. Au moins, le moulin à parole sait ce qu’il veut. Il pose le bras sur l'accoudoir, rase, nettoie, place une dernière fois le guide.
Et l’autre parle.
Et parle.
Comment peut-on être aussi ennuyant ?

C’est sympa tous vos cadres, enfin ça vaut pas ce que j’ai vu de Roman & Williams mais c’est sympa, c’est un bon début, on voit bien l’idée quoi. Vous connaissez ? Non probablement pas, enfin, vous devriez chercher sur internet, ça peut pas faire de mal un peu d’inspiration ahah, vous savez l’autre jour j’ai…

Quelle horreur. Peut-être qu’augmenter le son l’aiderait un peu à la boucler. Non, peut-être que ça l’encouragerait juste à se plaindre un peu plus. 50mn. C’est juste 50mn. Tu peux le faire Arès. Pense à ta paye. Pense à tes plantes. Pense à… Elium n’était plus dans son champ de vision. Est-ce qu’il était sortit de son état léthargique ? Est-ce qu’il regardait les murs ? Scrutait sa déco ? Son dos ? Où est-ce qu’il attendait le meilleur moment pour jeter ce type chiant à mourir et courir au plus loin ?
Qu’est-ce qu’ils foutaient ensemble ? C’est vraiment ça, son copain actuel ? Enfin c’est vrai qu’Arès était loin d’être un cadeau lui-même mais ce sac à merde qui recevait un de ses jolis tattoos, il ne le souhaitait même pas à son pire ennemi.
Visiblement, pas besoin de jeter Elium par la fenêtre. Il se débrouillait très bien pour se ruiner tout seul.

...ami, ils m’ont montré ça et j’ai dû me retenir de leur expliquer que c’était vraiment pour les pouilleux, y’a que les clochards qui accepteraient ça et je me demande si je devrai leur expliquer on a la chance d’être éduqués c’est pas pour…

Est-ce que ce type s’était vraiment levé se matin en se disant putain, quelle bonne journée pour être un parfait connard, je vais aller emmerder ce superbe tatoueur avec ma gueule de rat et le vomi de mot qui sort de ma bouche ? 30 minutes. Juste une petite demi heure. Au moins il ne s’était pas plaint de la douleur.

Aïe ! Vous êtes pas le tatoueur le plus délicat que j’ai rencontré hein. On peut faire une petite pause ?

Arès hoche la tête. Bien sûr. Il pose sa machine. La musique change, il apporte un verre d’eau. Pas empoisonné, malheureusement. Se rassied. L’autre se tait enfin, vraiment de quoi vous filer la migraine. La musique… Arès se revoit chez les parents d’Elium alors qu’ils sont absents pour le week-end. Les cheveux trempés de sortir tout juste de la douche sans les avoir essorés. Un caleçon, un t-shirt trop grand. dans le salon, son téléphone à la main, la musique à fond. Danser comme un débile, mettre des gouttes d’eau partout sur le sol. L’embrasser lui.
Putain vraiment quelle vie de merde.
Le type se réinstalle, Arès reprend son travail.

...j’ai dit. Parce que bon, soyons honnête un instant j’aurais voulu ne pas le froisser c’est un ami, mais soyons honnêtes oui, les transexuelles c’est pas des hommes et moi ça me choque qu’ils essaient de-

Le bzzzt cesse. Arès pose sa machine avec tout le self contrôle qu’il lui reste. C’est pas possible, il va l’embrocher avec son tabouret. Exaspéré, à bout, il se retourne vers Elium.

Vraiment ? Vraiment Elium ? C’est avec des déchets comme ça que tu baises ?

Professionnalisme hein ? Disons que chacun a ses limites.
Et celles d’Arès ont été dépassées depuis bien trop longtemps.
       

 


Dernière édition par Arès Carlyle le Sam 13 Mar - 0:53, édité 1 fois
Anonymous

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Ven 12 Mar - 23:26
Sleeping Magmaft. Ares Carlyle


Écarquiller les yeux. Sortir lentement le doigt du flacon. Tourner la tête vers cette voix l'appelant au-dessus de ses mélodies lancinantes. Qu’est ce que…?

Je… quoi?

Un ghost? Un plan oublié? Quelqu’un laissé lâchement sur le bas-côté de ma route sentimentale? Un ex-pote vénère pour une quelconque raison? Un ex-frère, un ex-rival. Ou un ex… Un ex-x-x-x… Merde.

Ares.

J’ai à peine murmuré son nom, remué au fond de mes lèvres pâles. Je n’avais pas besoin de plus pour que d’un coup, tout me rentre dans la figure, jusqu’au fond des parois de mon crâne épais.

Des dessins colorés de partout, tapissant l’horizon · Des caresses, et des élans de rage · Des griffures dans le dos · Des zappings incessants · Des paroles deliées jusqu’à épuisement · De bons repas devant le balcon · 4 étages au dessus du monde · Des plumes de charbon bleu disséminées dans l’appart · Des objets brisés. Un haussement d’épaules pour feindre l’indifférence

Puis une déchirure si forte, que je criai pour une première fois.

Je ne veux pas. Ni me rappeler. Ni le reconnaitre. Il avait trop changé. Est-ce que c'est seulement bien lui? Sortez-moi de là tout de suite. Mon coeur pompe tout le sang de mon corps gelé. Je le vois maintenant, tout est lui, ses yeux piégés dans l'ambre, ses mèches d'ombres, des tâches rousses disséminées comme une poussière d'or. Et surtout toute une colère si brulante flottante comme un halo autour de ce visage désormais si anguleux.

Ma facade à moi ne laisse toujours rien paraître, c'est certain. Mon visage est figé, passif, légèrement blême. La peau vidée de son sang. Mais tout veut monter pour sortir en moi. L'agréable impression familière du lieu s'est muée en fièvre rance. C'était un traquenard, dans lequel je me vient de me fourrer tout seul, comme un grand.

Plusieurs secondes s'écoulent dans une éternité. Mon date raté regarde la scène d'un air à la fois outré et incrédule.

Non mais ça va pas? Vous vous prenez pour qui? Vous avez appris à travailler où espèce de stagiaire? Ca vous ennuierait d'au moins finir, le "tatouage" que vous avez commencé, avant de régler vos petites affaires? On est où là? Dites moi que je rêve, Eli, tu connais ce...?

Victor, s'il te plaît.

Je m'appelle Vincent !

Et je m'en tape. Je m'appelle pas Eli non plus.

Visage outré. Nouveau silence. Je plante mon regard dans celui d'Ares. Je lis la sourde envie de m'étrangler derrière ces lunettes, au fond de ces prunelles dorées. Mes yeux glissent sur l'autre déchet. Encore abasourdi, mais s'apprêtant à répliquer et cracher de nouveau un venin épuisant. Je le coupe avant, et glisse au terrible dieu de la guerre tout en esquissant un geste dédaigneux à son client :

Bon courage avec ça. Si tu veux parler, je serai dehors.

Mes mains s'enfoncent dans les poches profondes de mon épais hoodie prune. Je m'approche de la sortie, prêt à faire retentir la sonnette. Une profonde tristesse me donne envie de plonger dans le trottoir une fois dehors. Je m’affaisserait dedans comme dans une guimauve moisie.

Anonymous

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Sam 13 Mar - 0:31

Remembering the times they won't remember me

Elium Glass

Sleeping Magma - feat Ares Carlyle 0962a472c1b736ba5fe4b3979cb0e824

           Il l’avait reconnu. Arès ne saurait trop comment expliquer cette sensation. Est-ce que ça l’enrageait encore plus ? Est-ce qu’il était satisfait au fond, d’avoir assez changé pour être méconnaissable au premier coup d'œil ? Un semi-silence. Sans trop savoir que dire, ses yeux rivés avec tant d’intensité sur Elium qu’il se demanda un instant pourquoi son don n’était pas de faire brûler les choses avec ses yeux. Malheureusement non. Il ne peut pas pauser le temps non plus, le temps de calmer le bouillon qui commençait à brûler au fond de son estomac. Un peu piégé par ses responsabilités.
Quelque chose à laquelle il n’avait jamais pensé avant, avec Elium.
Responsabilités.
Il serra les dents pour expirer, ignorant l’espace d’un instant la colère de son client qui lui semblait toujours plus idiot. Il le haïssait lui aussi. Lui et sa connerie. Il avait envie de lui faire bouffer le bitume crade de la rue. Savoir qu’il avait raison, qu’Arès n’était pas censé parler comme ça face à lui, en le tatouant, ça le frustrait. Autant que la présence d’Elium. Autant que toute cette situation.
Une grande inspiration, pour se maitriser encore un peu. Il regarde Elium sortir. Elium. Il hésite.

J’en ai pour 15 minutes, à peu près.

Juste comme ça, la cloche tinte. La porte se referme. Il voit encore le garçon au travers la vitre, entre les dessins, les affiches.

Bon, écoute Vincent. T’es venu de ton plein gré dans mon shop. T’as choisis ton tatouage. Un truc qui restera dans ton bras à vie. Essaye pas de m’insulter parce que ça revient à dire que t’as des gouts de merde, tu comprends ? J’aurais bien aimé te foutre dehors parce que j’ai rarement eu un client aussi irrespectueux que toi,” Vincent tenta de lui couper la parole pour le contredire, tout aussi énervé, et Arès continua sur le même ton. “mais j’ai presque fini et je vais pas te partir avec un tattoo à moitié fait. J’suis pas un connard tu vois, mais j’ai mes limites. Maintenant tu vas fermer ta gueule, arrêter d’insulter des gens dans des situations dont t’as aucune idée, et je vais faire mon taff.

Sans même prêter attention à quelconque réponse qu’il aurait pu apporter, Arès se rassit, se concentrant sur ce qu’il avait à faire, ce qu’il avait presque fini. Voir un de ses bébés sur un tas de merde comme ça, ça lui brisait le cœur.
Une fois son œuvre terminée, il passa une crème sur le bras de Vincent, ajouta un pansement, et lui expliqua sèchement comment en prendre soin. Il tenta de partir sans payer. Arès menaça d’appeler les flics. Le type passa sa carte bleue, avant de partir.
La clochette annonça sa sortie à lui aussi.
Arès ne bougea pas, tendu comme un arc. Il se forçait à respirer calmement, pour ne pas exploser. Ce serait con de casser quelque chose ici. Ce serait vraiment con et il ne pouvait pas se le permettre. Au bout de quelques très longues secondes, plusieurs minutes peut-être, il finit par éteindre la musique, attraper sa veste et rejoindre Elium dehors.
Un étrange sentiment de soulagement tenta de se faire une place dans toute la colère quand il sentit l’air frais sur son visage.
Et Elium. Juste là. Juste là.
Il ne dit rien, au début.
Et puis il sortit une petite boîte de la poche intérieure de sa veste. Des feuilles. Un petit bout de carton. Se mit à rouler avec application.

Et donc. Vincent hein ?

Franchement. Comment commencer une conversation après ça ? Non, comment commencer une conversation tout court. C’était bizarre.
Rien ne faisait vraiment sens aujourd’hui visiblement.
Il lécha la feuille pour sceller sa création, sans avoir osé jeter un regard au garçon à ses côtés.
       

 
Anonymous

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Sam 13 Mar - 1:00
Sleeping Magmaft. Ares Carlyle


Vincent sort et me dépasse, d'abord sans un mot. Il se retourne et me fusille du regard.

T'es vraiment une merde.

Je pose des yeux las sur son tatouage à l'avant bras. Une sorte de grand champignon élégant entrelacé de fleurs. Un très bel ouvrage comme d'hab, c'est vrai. Mais ça ne lui va pas du tout. Trop subtil.

Ah?

Mes yeux se relèvent. J'ai du mal à le reconsidérer sérieusement. A faire le moindre effort. Ma colère s'est essoufflée. Beaucoup plus vite que celles d'Ares. Je laisse Vincent filer au loin, et vociférant des insultes, à haute voix, devant des silhouettes perplexes qui nous dévisagent. Je le laisse s'éloigner sans un mot, sans un geste. Je le laisse s'éloigner peu à peu de mon esprit.

Le temps passe et tout se décante. Qu'est ce que je vais. Lui dire, au juste? Peut être rien. Peut être que c'est lui qui parlera, comme à son habitude. Qu'il déversera tout et que j'écouterai sans savoir quoi répondre. Et après? Devra-t-on se battre? S'enlacer? Se poignarder, s'enfuir? Le bitume sur lequel je me tiens semble se creuser... Je plongerai bientôt dans les profondeurs terrestres.

J'entends la porte se fermer sur une sonnette.

Il est là et enroule méthodiquement une feuille si fine, s'adosse à la vitre. Il fume. Toujours le même mélange. J'esquisse intérieurement un sourire fugace. Il y a un petit vent qui devient gros. Difficile d'allumer une clope.

Et donc. Vincent hein ?

Vincent? Une perte de temps. J'ai l'habitude en ce moment.

Je l'observe tranquillement. Il me donne presque l'envie de tirer doucement une latte, d'inspirer et faire entrer une douceur paisible dans mes poumons. Comme autrefois. J'avais presque oublié comment tout s'était effondré. Je ne suis plus très sûr de rien. Je frissonne. Mon pull ne suffit pas. La fraicheur de l'hiver est toujours trop mordante. Ca ne l'avait jamais dérangé, lui.

Je tiens encore ce petit flacon, de l'instant d'avant. Infusé d'un moment si court. Une parenthèse dont je n'arrive même plus à me souvenir. Je le soulève un instant, laissant passivement passer à travers, quelques rais timides d'un soleil enveloppé de grisaille. Je soupire.

Désolé. Je ne comptais pas venir là. Juste un coup du sort.

Anonymous

Invité
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Sam 13 Mar - 1:39

Remembering the times they won't remember me

Elium Glass

Sleeping Magma - feat Ares Carlyle 0962a472c1b736ba5fe4b3979cb0e824

Le vent qui se lève l’emmerde, rend son joint difficile à allumer. Il retient un juron, s’acharne sur le briquet. Finit par réussir à quelque chose et ferme les yeux un instant, laissant la sensation le prendre, son corps s’alourdir légèrement.
Comment la voix d’Elium peut lui avoir manqué alors qu’elle lui fout tant les nerfs ? C’est dégueulasse, les émotions. C’est injuste et pourri.
Une deuxième taffe et une troisième. Arès daigne enfin poser les yeux sur lui. Maintenant, dans la lumière blanche de l'après-midi, il lui semble légèrement différent. Son air fatigué semble s’être légèrement accentué. Ses cheveux lui semblent légèrement plus longs. Sa peu légèrement plus pâle. Des souvenirs qu’il se déteste de chérir reviennent derrière les yeux d’Arès. Elium a… Si peu changé. Comme si le temps s’était arrêté pour lui. Comme si tout se passait au ralenti dans sa tête à lui. Est-ce qu’il vit toujours au même endroit ? Est-ce qu’il a gardé le même téléphone, l’écran barré d’une fissure par sa faute, un matin où il se réveillait chez lui ? Qu’est-ce qu’il fait de ses journées ?
Elium s’excuse. Comme ça. Il a l’air d’avoir froid, mais reste toujours impassible. C’est peut-être lui qui avait raison tout du long, à rien exprimer, rien laisser filtrer. C’est bien ce qu’Arès tente d’atteindre après tout.
Parce que tout lui semble plus simple pourvu que le feu qui le bouffe à chaque petit imprévu se calme.
Il hausse les épaules, Arès.
Vocaliser sa colère lui semble idiot.

C’est pas grave. Tu savais pas.

Il reprend une taffe. Hésite. A lui proposer de monter chez lui, à lui tendre son joint, à lui foutre un coup de boule.

Ça m’a rappelé à quel point j’avais envie de frapper.

C’est con. A quoi ça t’avance ça, Arès ? C’est tout ce que tu veux lui dire ? Alors quoi, tu le provoque, tu cherches une réaction, quelque chose ? Et puis vous vous foutez enfin sur la gueule ? Ça sert à rien tu le sais. Et puis le moment serait mal choisi, c’est trop bizarre, pas comme ça.

C’est pas ce que je voulais dire. Je crois.” Il avise le flacon dans les mains de l’autre garçon. Capitule, parce que ça le saoule de le voir s’attacher à ça encore. “Tiens. Si tu veux, plutôt que… Tu sais.

Il lui tend son joint. Parce que pourquoi pas après tout ? Pourquoi pas. Il croise les bras, les yeux à présent fixés sur le visage immuable d’Elium. Peut-être que ce serait le moment d’être honnête après tout. Ça le mettrait presque mal à l’aise ce silence.

J’suis désolé d’avoir été à ce point un con tu sais, avant. Tu… Tu méritais pas un tel merdier dans ta vie. Enfin pas tout le temps, je suppose...

Voilà. Ça fait tout drôle. Admettre à voix haute qu’il a eu tort à un moment. Il baisse les yeux Arès. Gêné presque, énervé toujours. Contre lui-même. Contre l’univers entier qui a décidé de lui foutre ça dans les pattes aujourd’hui, comme ça, sans prévenir. Il aurait pu dire milles autres choses. Qu’il n’était plus à la rue maintenant, qu’il avait fait son trou quelque part, qu’il avait plus besoin de quelqu’un comme avant, lui. Qu’il avait avancé, lui. Être méchant tout simplement, lui demander sèchement de plus essuyer les merdes dans lesquelles il marchait sur son paillasson.
Mais non.
Le voilà à s’excuser à mi mots. Platement.

Anonymous

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Mer 17 Mar - 23:06
Sleeping Magmaft. Ares Carlyle



Je ne sais très honnêtement pas quoi dire. Ça arrive souvent, il me semble. Ça m'arrivait plus souvent encore face à lui. Tu fais des aller-retour, l'envie de me taper, de t'excuser... De quoi, je ne sais pas trop. Je ne sais pas ce que tu veux. Ni ce que je veux non plus. A part plonger dans l'état de tout à l'heure, tout de suite. Faire un rewind. M'anesthésier un petit coup.

Je ne l'avais plus jamais refait depuis le post-lycée. Pourquoi cette envie soudaine revenait depuis quelques jours? De plonger dans mes propres substances? Non ce n'est vraiment pas ce qu'il me faut, et je le sais très bien. Je sais ce que je vend. Je sais ce que les gens viennent chercher et achètent. L'envie de revenir, rester dans cette joie factice, qui ne dure que quelques temps, qui aboutit toujours à une rechute plus ou moins brutale vers la réalité.

Une taffe m'est tendue alors.

Tiens. Si tu veux, plutôt que… Tu sais.

Ses yeux se sont posés sur le flacon. Il a tout de suite compris. Je range lentement la fiole dans ma poche et attrape le joint entre mes doigts frais. Je fais un signe imperceptible de la tête en guise de remerciement, baisse les yeux. Je me sens tout à coup honteux, en colère de m'être fait rattrapé dans mes pensées aussi vite. Je n'aime pas quand il fait ça. Je ne le dit pas ni ne laisse transparaitre. Mais je n'aime pas.

J'inspire longuement. La chaleur emplit mes poumons et chasse un peu une impression de commencer à geler sur place.

J’suis désolé d’avoir été à ce point un con tu sais, avant. Tu… Tu méritais pas un tel merdier dans ta vie. Enfin pas tout le temps, je suppose...

Je tourne la tête lentement vers lui, vers son visage, ses yeux dans le vide. Il me revient un doute. Et si ce n'étais pas Ares? Un double? Serait-ce seulement possible? Un pouvoir de transformation, assez hasardeux pour lui ressembler vaguement? Ces paroles résonnent d'une façon trop étrange pour... pour lui. Je me décale légèrement vers lui, le scrute de mes yeux légèrement plus entrouverte, gardant la même impression.

Heu...

Un léger silence s'installe. Je sais, je ne sais souvent pas quoi dire en général. Mais là.

Cette personne en face de moi vient en quelques mots de faire s'effondrer une majeure partie de mes compétences sociales. Ce qui n'était déjà pas grand chose. Je doute. Ares n'est pas comme ça. Pourtant cette lueur dans le regard me semblait bien réelle il y a un instant. Mais si... ?

Tu es... je... Tu... es quoi?

Je ne sais pas quoi dire d'autre. Je ne sais pas à quelle réponse m'attendre. Un cauchemar? Une hallucination? Un piège? Une beigne qui va peut être m'envoyer en pleine poire? Navré, qui que tu sois, mais je ne suis plus sûr de rien. C'est beaucoup trop louche. Recroiser Ares... Entendre des excuses de sa bouche?

I don't buy it

Anonymous

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Jeu 18 Mar - 1:27

Remembering the times they won't remember me

Elium Glass

Sleeping Magma - feat Ares Carlyle 0962a472c1b736ba5fe4b3979cb0e824

Un silence resta un instant, planant sur les deux garçons, avant qu’Arès ne laisse échapper un rire discret et pouvant sembler presque moqueur. Ses doigts bougeant jusque-là nerveusement pour s’occuper, se distraire de cette gêne et de cette vulnérabilité désagréable que lui offraient ces excuses partirent se perdre dans ses cheveux noirs. Elium semblait si confus ! Et ce n’était pas si surprenant au final. A l'époque, Arès aurait préféré se mettre la main dans une friteuse - eh - plutôt que d’avouer ses torts. Au fond, ça lui procurait un certain plaisir qu’il ne saurait nier.
Il avait avancé.
Ce n’était pas parfait, mais il s’était amélioré, il le savait.
Mais il ne fallait pas pousser tout de même. Laissant une main trainer un peu plus longtemps dans sa nuque, il risqua à nouveau un regard vers le garçon tout de violet à ses côtés.

Eh… Vu ta tronche tu m’as très bien comprit. Me fait pas répéter ok, faut pas déconner.

Il finit par laisser glisser sa main, la tendre vers Elium et récupérer son joint.

Si ça te rassure j’ai quand même envie de te casser les genoux.

Mais au delà de ça, au delà de l’animosité certaine et de cette frustration toujours présente, il y avait un certain confort, une sentiment de familiarité à se trouver près d’Elium. Des bons souvenirs, pas forcément, mais à cette période Elium c’était la meilleur chose dans sa vie. Parce qu’au milieu de toute cette merde il y avait les bisous d’adolescents sous les draps, il y avait la patience du garçon pour tenter de lui faire comprendre comment repérer les figures de style, construire une dissertation, savoir placer la croatie sur une carte. Il y avait des secrets partagés dans le noir, des chaï maisons offerts dans les moments de calme.
Arès trouvait parfois difficile de se rappeler tous ces détails au travers du brouillard de cris, de violence et d’indifférence qu’ils avaient saupoudré dessus.
Un beau merdier cette histoire.
Ça devrait lui être interdit de resurgir comme ça dans sa vie.
Il tira une latte, comme si c’était la seule solution à ce chaos.

Ouais, changeons de sujet avant que tu fasses un avc ok ?” Et ce n’était certainement pas un prétexte pour ne pas avoir à s’expliquer plus en détail sur ses piètres excuses. “Tu fou quoi de ta vie en ce moment ? Parce que t’as toujours le même air épuisé, les mêmes cheveux violets, les mêmes…

Il réfléchit un instant. Loin de lui l’envie d’envenimer la situation. Alors peut-être devrait-il choisir ses mots avec un peu plus de tact. Malheureusement, Arès avait toujours été plutôt direct, et puis… C’était Elium.
Il ne le savait que trop bien.

Addictions. Enfin j’sais pas t’as l’air figé dans le temps quoi, à part tes choix encore plus terribles en terme de mecs, j’serais pas surpris que tu me dise que tu vis encore chez tes parents avec le vase que j’avais éclaté et caché dans ton tiroir à chaussettes.

Il haussa les épaules, réajusta ses lunettes avec lenteur, avant d’aspirer à nouveau un peu de fumée à plein poumons.
C’est vrai qu’il ne faisait pas si chaud quand même.

Anonymous

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Lun 12 Avr - 20:04
Sleeping Magmaft. Ares Carlyle


Je perds pied de nouveau. Je commence à comprendre que si. C'est bien lui.

LUI.

La même instabilité, la même impulsion, les mêmes pics de violence. Je suis presque soulagé. Je le regarde pendant un moment, perdu dans les vapes et les vapeurs qui me montent à la tête. Un voile se pose et l'enveloppe. Il apparait si loin. Plus loin que dans mes souvenirs si seulement je pouvais... Découper ce voile. Et pour faire quoi ensuite? Pour faire quoi avec? Pour trouver quoi derrière? Quelle idée stupide. Je me fatigue et expire. Il me reprends le joint bien entamé.

"Tu fous quoi de ta vie en ce moment ? Parce que t’as toujours le même air épuisé, les mêmes cheveux violets, les mêmes... addictions."

Bien joué Sherlock. Tu cernes très bien la personne que je reste. Coincé dans le même corps, les mêmes cernes, la même fatigue. Une fatigue qui s'accentue en discutant avec toi.

"Enfin j’sais pas t’as l’air figé dans le temps quoi, à part tes choix encore plus terribles en terme de mecs, j’serais pas surpris que tu me dise que tu vis encore chez tes parents avec le vase que j’avais éclaté et caché dans ton tiroir à chaussettes."

J’étouffe un léger rire, à peine audible. J'enfonce un peu ma tête entre mes épaules osseuses.

"Mes parents m'ont virés. Ou c'est moi qui me suis cassé sans un mot, je sais plus. "

Je suppose que t'étais pas au courant. Tu n'as jamais vraiment été au courant de grand chose, de toute façon. Cette merde inaudible, cette tension accumulée avec mes vieux, cet assourdissant silence, constant. A quoi bon? Tu avais ta propre merde à sortir, à me montrer, à me faire sentir. C'est vrai que ça schlinguait toute cette violence que tu te prenais dans la tronche. Même si je ne comprenais pas tout, n'importe quel asocial comme moi pouvait se rendre compte que ça puait.

Petit silence qui me poursuit, qui s'installe en ce moment entre Ares et moi. Je le chasse d'un ton un peu sec.

"Bref. Aujourd'hui je rencontre des... gens, j'essaie de sympathiser. Avec... avec des connards c'est vrai. Mais... non il n'y a pas de mais, en fait, j'ai effectivement toujours aussi peu d'instinct de survie"

Nouveau silence. C'est chiant. Mais je suis quand même satisfait de la première pique lancée. Je soupire encore légèrement.

"Et puis je... me sert de ce que j'ai."

Sur ces quelques mots glissés entre mes lèvres, je ressors ma petite fiole d'essence éphémère. Je la fais glisser entre mes doigts frigorifiés.

"Les gens continuent d'acheter ces machins alors... C'est pas comme si je savais faire grand chose d'autre de toute façon."

C'est faux. Tu ne sais pas faire que ça. Tu sais te battre, t'entrainer chaque jour, t'entortiller un peu plus dans les nœuds de ton clan en te tenant prêt chaque jour à réagir vigoureusement. Dans une constante tension, qui bat aux fonds des eaux. Ça tu sais le faire. Pourquoi? Tu ne sais pas. Ou plutôt, si tu le sais. Tu sais ça parce que tu sais survivre. Tu veux survivre, te tenir prêt face aux feux, aux griffes, aux serres... et au venin.

Je fuis le regard de mon crétin d'ex.

Bien sûr que je ne vais rien de dire de toute cette crasse, pourquoi faire? Pourtant il y a des jours ou j'aimerai évacuer toute cette angoisse, cette crispation accumulée dans un immense conteneur, cette envie d'imploser, de m'enterrer très loin sous terre... Mais je réserve ça à mes douces potions. Même si au fond, ça reste et je le sais, comme accroché au fond de la casserole. J'en fais mes poisons, mais je sais que ça ne s'en va pas, non.

Bref, non. Ne lui dis rien. Pourquoi?

Pourquoi? On sait très bien pourquoi !

Ah bon? Et pourquoi?

Et ben par ce que si ça se trouve, il est toujours avec...

Mon sang ne fait qu'un tour. Voir un demi.

Les...

Les Corbeaux.
Ça me revient en pleine tronche.

Non, peut être que c'était du flan, finalement, peut être une phase, peut être un mytho. Tu n'a entendu ça qu'à mis-mot. Non-non-non-non... Mes souvenirs s'embrouillent, ne sont plus très sûrs de rien. Ma mémoire en putréfaction est vraiment à jeter. Mon pouls s'accélère. Je garde mon calme, et inspire profondément, discrètement, lentement.

Il est encore avec ces maudits corbacs? Peut être que non? Reste sur tes gardes. Tu ne le connais plus. Tu ne le connais. Plus. Il n'y a qu'à faire comme si ce n'étais plus Ares. Plus Ares. Plus...

Ares...

Une larme monte et fait demi-tour dans mon oeil. Rien ne sort. Rien ne sort. Rien ne...

Mon oeil s'humidifie l'espace d'un moment. Je tourne la tête, rapidement, et passe un doigt sur cet organe défectueux. Je ramène mon visage, rapidement, la même expression morne. M’éclaircit la gorge. Je lève la tête vers l’enseigne, cherche une distraction.

Vraiment pas mal ton... Ton salon là. Tu... Ca fait longtemps?


Tu n'as pas l'habitude de faire craquer le vernis. Tu ne le fais pas.

Même devant lui?



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