il est indéniable que les méthodes d’ashley étaient toutes aussi médiocres que sa personne en elle-même. faire suivre quelqu’un, une femme qui plus est… la question qui se pose est : qu’aurait-elle dû faire à la place ? lui parler directement, ? elle se serait sans doute braquée. décider de ne plus jamais chercher la vérité ? impossible. demander à la clinique ? ils n’auraient jamais reçus n'importe quelle question du patient sloane sur un de leurs professionnels de santé.

au fond, c’est pas comme si elle avait eu des centaines d’options.

alors elle l’avait engagé. elle avait engagé un homme pour suivre et faire des recherches sur cattleya flores. c’était médiocre, mais c’était le plan d’ashley.

quant à lui, il n’est jamais revenu — et ce n’est pas important, qu’importe tout ce qu’il aurait pu trouver, ash n’avait pas besoin de plus que la meilleure information qu’elle avait déjà. la confirmation d’un ressenti.

et la confirmation de ce ressenti, valait toutes les informations du monde pour elle.

cattleya flores,
ashley sloane,
filles du même père.

il n’est jamais revenu, mais on a frappé à sa porte. ashley avait eu un air étonné en voyant cette cattleya débarquer, mais s’est contentée de simplement refermer la porte derrière elle.

ce n’est qu’une fois les multiples questions posées, qu’ash propose

je t’en fais un ? de thé.

avant de se mouvoir jusqu’à la cuisine et d’allumer sa bouilloire, dos à cattleya.

ashley ne s'énerverait pas, ashley ne se déroberait pas, ashley ne dira que les mots qu'elle connait, ashley n'énoncera que les faits qu'elle connait, sans détour ni retour.

c’est dommage, c’était un bon type. enfin je crois.

qu'elle ajoutera avant de se retourner pour lui faire face, et de lâcher sa bombe finale.

je pense que nous nous y sommes mal prises. je me présente, ashley sloane, fille de sergio flores et de natalia sloane.

si ashley doit mourir un jour,
ce ne sera que de sa propre main,
et celle de personne d'autre.

c’était pas gagné, ashley l’avait compris très rapidement. si elle avait du mal à accepter les vérités qui la concernent, elle n’était visiblement pas la seule.

parfait, je devrais avoir du thé à la menthe ici aussi.

fouille rapidement dans un placard en hauteur, avant de descendre une boite de sachets et de sortir deux tasses qu’elle vient poser sur une petite table dans le salon.

tu n’as demandé que mon nom à mon informateur ? tu n’as pas cherché à savoir ce qu’il m’avait dit ? c’est très embêtant qu’il puisse plus témoigner en ma faveur. c’est très embêtant parce que je ne mens pas.

se retourne une dernière fois pour prendre la bouilloire, et venir remplir les tasses.

si t’as besoin de casser un truc, casse la tasse. c’est pas mes préférées celles-là. et je sais que y’a des vérités qui sont dures à avaler. j’suis passée par là aussi.

elle prend la sienne dans les mains, comme si ça pouvait suffir à réchauffer son coeur tout entier.

ou peut-être que c’est toi, qui ne saisis pas la situation. tu sais, je pourrais cramer tout l’appartement et toi en un claquement de doigt.

elle en rêverait, de pouvoir claquer ça d’un ton méprisant et cassant comme celui qu’elle subissait. elle en rêverait, mais ça n’aurait été qu’un mensonge.

et comme d’habitude,
encore plus en cet instant,
mentir n’est pas une option.

je te propose que nous nous posions trois secondes pour évaluer la situation.

elle s'installe dans le canapé se trouvant devant la table basse.

qu'aurais-tu répondu, si je t'avais dit que mon père était un flores, le jour où nous nous sommes rencontrées ?

il faut se rendre à l'évidence.
elle aurait pu répondre mille et une choses,
sauf la vérité.

t'aurais dit quoi ? changé de sujet ? répondu des banalités ? tu ne m'aurais pas aidé. alors j'ai décidé de m'aider moi-même. l'informateur était mon coup de pouce.

aussi chiant que ce soit à admettre.

balle au centre. mes raisons sont valables, et je comprends parfaitement les tiennes. je suis juste ignorante et n’avais pas pensé à un quart des choses auxquelles tu penses.

ça avait le mérite d’être clair.
ashley ne s’en voulait pas, d’avoir fait ce qu’elle a fait. comme on l’a dit, c’était son plan, aussi médiocre avait-il été. elle ne peut rien faire d’autre que l’assumer jusqu’au bout.

c’est à son tour, de prendre quelques instants de réflexions pour intégrer tout ce dont cattleya vient de parler. elle porte la tasse à ses lèvres et boit une gorgée.

alors, comment je te prouve que j’ai raison ? parce que je me fous complètement de la valeur de ton nom et je n'ai rien avoir de près ou de loin avec tous vos secrets, si on peut mourir à cause d'eux, alors ils ne m'intéressent pas.

non pas qu'elle serait prête à donner sa vie pour prouver sa bonne foi (ce serait un mensonge plus gros que tout l'univers), mais ash ne sait rien de ce dont ces gens sont capables.

(se protéger, avant tout le reste.)

je m'excuse, quand même. parce que j'avoue après tout ça que ma façon de faire n'a sans doute pas été la meilleure.

effrayer n'a jamais été son but,
ashley était simplement en quête de vérité.

ça lui semble improbable et incroyable, qu’on décide de la croire sur parole, sans preuve, comme ça. ça lui semblait d’autant plus improbable vu la méfiance dont cattleya faisait preuve quelques instants auparavant.

mais putain, que c’est bon,
qu’on nous fasse confiance.

au pire si je mens, t’auras qu’à me tuer.

c’est son ultime carte, qu’elle jette en haussant les épaules.

manquerait plus qu’un jour quelqu’un apprenne cette vérité et essaie de s'immiscer entre elles deux pour causer du tort à ash.

je voulais juste savoir qui je suis vraiment, qui sont, enfin étaient, les miens. je n’attends rien de toi, ni une super relation entre soeurs shopping thé potins, ni une relation où on s’amuserait à se détester et essayer de s’entretuer.

parce que ouais, elle avait pas penser à “l’après”, ashley.
il n’y a jamais eu d’après pour elle.
elle était juste censée découvrir qui était son père, et ça s’arrêtait ici, elle avait prévu de ne rien changer d’autre et de continuer sa vie comme si de rien n’était.

tu attends quelque chose en particulier ? que je t'ignore en ville quand on se croisera ? que je te salue ?

parce que c'est pas parce qu'ashley ne prévoit rien,
que cattleya est comme ashley.
être sa demi-soeur n'est pas suffisant pour tout savoir.

ça avait été efficace comme improvisation, bien plus que tout ce qu’ash aurait pu imaginer. voir cattleya flores débarquer, la laisser s’énerver, dire ce qu’on sait simplement et laisser la place aux réflexions de se faire.

pour toutes les fois où elle avait simplement énoncé les choses comme elles étaient, c’est la première fois qu’on l’écoutait aussi bien.

ça ne veut pas dire que tout était devenu simple, ça ne veut pas dire qu’elles s’entendront à merveille, ça ne veut pas dire que ce sera toujours évident, ça veut juste dire qu’en cet instant présent, les choses sont claires. on travaille toujours mieux lorsque les attentes sont posées et que la situation est claire.

elle se gratte légèrement l’arrière du crâne, passant la main sur sa première brûlure cicatrisée.

tu sais, j’ai eu tort dès que je suis née. j’ai toujours eu tort du plus loin que je me souvienne. je pense qu’on s’habitue, à ne pas être célébré ou le bienvenu.

forcément qu’au début, on essaye de se faire aimer, de décrocher les sourires et les je t’aime, évidemment que gosse, on part à leur conquête. mais un jour, on se rend à l’évidence.

et à partir de ce jour, t’as deux choix qui se proposent à toi,
s'adapter ou se laisser crever.

ash s’est adaptée;  si elle ne pouvait être aimée par sa famille, alors elle en trouverait une nouvelle — et jusqu’à preuve du contraire, ça a plutôt bien fonctionné.

aujourd’hui, tout est devenu différent.

j'ai jamais eu de soeur non plus.

le ton doux et bienveillant.
peut-être que cattleya sera la première personne avec qui ash fera des efforts.

j'ai aucune idée de ce qui nous attend.