(end) Same shit you said before | Marko + Cattleya

« same shit you said before »Cattleya & Marko

Les nuits se confondaient avec les jours, le soleil froid derrière un ciel de coton pour seule mesure. Un million de visages, de passants anonymes emmitouflés dans des manteaux longs, défilaient autour comme au ralenti, Cattleya en épicentre d'une farandole informe, en proie à sa propre inaction. Un sursaut lui saisit la poitrine lorsqu'un bruit de klaxon la réveilla de sa torpeur, au carrefour en face de son trottoir, et elle passa main sur son visage.

Reprenait ses esprits alors que le cœur torpillait la poitrine pour remettre en marche un système qui semblait s'être endormi sur place.

Elle attrapa dans la poche de son trench-coat beige son téléphone qui vibrait, et fit défiler les notifications devant son regard désintéressé. En relevant les yeux, après avoir parcouru quelques mètres, elle put lire le nom de la rue qui donnait à sa droite et elle papillonna des yeux une poignée de secondes. S'y engouffrant sans plus de cérémonie, son pas claquait d'un bruit sourd contre les dalles du trottoir, chaussées de bottines noires aux talons hauts mais larges. Elle ne flâna devant aucune des boutiques de la rue, sa destination était claire.

Elle passa la porte de Aaron's.
N'était pas plus décidée que ça à acheter une arme, à vrai dire.

« Bon-jour ! »

Parlait d'une voix enjouée et agaçante, apparemment inoffensive ou bienveillante, qui détonnait en échos dans la petite boutique.

« J'étais dans le quartier par hasard, j'ai pensé à venir égayer ta journée ! »

Il n'y avait aucun hasard avec Cattleya. Tout était toujours sous contrôle ; et ce qui avait l'air du hasard n'était que le fruit de son hypocrisie.
Elle n'aurait laissé aucune coïncidence décider de quoi allait être faite sa vie.

Ainsi, dès que Marko s'invita à portée de son regard, elle ne l'avait plus lâché. N'aurait, pour rien au monde, perdu de vue son objectif.
Aujourd'hui, elle avait choisi que son objectif ce serait lui.

Un de ceux-là qui rechignaient à lui témoigner quoi que ce soit - et elle ignorait encore pourquoi. Et Cattleya ne saurait tolérer sa propre ignorance plus longtemps.

« Ce n'est pas comme si c'était très animé, hm ? »

Elle balaya la boutique d'un regard.
Ce n'était pas tant que les citoyens ne se sentaient pas en danger ; ou que les gens manquaient de prétextes pour s'armer ; mais c'était l'heure du déjeuner, et rares étaient ceux qui préféraient acheter un flingue que de manger.

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Un sandwich à moitié entamé négligemment déposé sur un coin du comptoir, Marko tournait avec lassitude les pages du magazine qu'il feuilletait plus par habitude que par véritable envie.
Les journées pouvaient être longues dans cette boutique et il ne roulait pas suffisamment sur l'or pour se permettre de négliger les quelques ventes qu'il pouvait effectuer à la journée.
Contraint donc de demeurer ouvert en toute circonstance - hors intervention des Dragons - malgré la faible fréquentation journalière, il avait adopté pour lubie de s'abonner à des magazines.
Tellement de magazines qu'il en empilait des colonnes entière dans son arrière boutique, jusqu'à se demander s'il ne faisait pas vivre plus de 40 pourcent de la presse écrite d'Ellipse.
C'est finalement le bruit d'une clochette accrochée à l'encadrement de la porte qui vint perturber sa lecture, ô combien importante.
Levait à peine les yeux pour objecter contre toute infraction au règlement avant même qu'elle soit commise.

« Touchez à r-... »

Mais c'est une voix familière - suffisamment pour être reconnaissable - qui se fit entendre en échos dans l'armurerie.
Marko écrasait donc rapidement le magazine à plat sur le comptoir pour fixer celle qu'il avait déjà identifié comme n'étant pas une cliente.
Pourquoi la protégée du dirigeant des Dragons aurait-elle besoin de se munir d'une arme ?
Il lui suffisait d'en faire la demande au Phoenix pour recevoir une protection à la mesure de n'importe quelle menace.
Cattleya.

Elle était de ces personnes qui n'évoquait pas grand chose au chef de la milice.
Son importance en tant que membre de l'équipe médicale était indéniable, mais de par son don Marko n'avait jamais eu l'utilité de ses capacités et n'avait de ce fait jamais cherché à en savoir plus sur elle.
La connaissait simplement de nom, de réputation.
A vrai dire, même la capacité dont elle avait été dotée lui était inconnue.
Dubitatif quant aux raisons de son intervention, il demeurait derrière le comptoir en verre sous lequel était disposées différentes armes de poing.
Accoudé, il croisait l'une de ses jambes et répondit froidement.

« En effet, c'est une journée marquée sous le signe de la paix et de l'amour. »

Merci pour ton expertise sur le domaine du marché des armes, d'ailleurs. pensait-il sans pour autant le prononcer.
Un sourcil arqué, il reprit.

« Qu'est-ce que tu dis être venu faire ici, déjà ? »

« same shit you said before »Cattleya & Marko

Le sourire était devenu amer, un rictus étiré par politesse ou par automatisme - c'était que Cattleya n'accordait pas tant d'intérêt au respect qu'elle pouvait lui témoigner. Elle leva les yeux au ciel et s'approcha d'un des murs de la boutique, tournant le dos à son gérant pour observer les quelques pistolets derrière les vitres. Elle pencha la tête et passa ses mains dans son dos, y croisa ses doigts entre eux pour les rattacher.

« Hm ? Je n'ai rien dit de particulier. »

Elle tourna la tête pour lui accorder un regard par-dessus son épaule. Le désintérêt certain qu'il avait pour sa personne aurait pu être vexant, si elle n'avait pas conscience que n'importe qui subissait, de sa part, le même traitement. Mais Cattleya préférait être vexée que de comprendre car cela donnait un sens à son anxiété.

Un sens dont elle n'aurait pas la responsabilité.
C'était plus facile de dire que c'était la faute de ceux qui ne la regardaient pas assez.
Le regarda de sous ses longs cils noirs, les paupières mi-closes.
Son don s'était activé ; légèrement d'abord ; juste de quoi le réveiller de son apathie.

« Je passais par là, voilà tout. »

Examinait la moindre réaction, le moindre tic qui prendrait son sourcil ou ses doigts.

« Puis étant donné que tu ne te présentes jamais à l'équipe médicale, j'étais un petit peu curieuse. »

Mais surtout avide.

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Cattleya était une créature incompréhensible pour quelqu'un d'aussi simple que Marko.
Il ne comprenait pas l'intérêt d'une visite surprise, pas plus que sa manière de jouer avec les mots.
La psyché de quelqu'un comme elle le dépassait complètement et de fait, c'est l'une des raisons qui poussait l' homme à ne pas s'intéresser à elle.
Elle observait les armes, lui tournait le dos.
Restait vigilant, peut-être un peu trop.
Instinctif.
Pourtant Cattleya n'avait visiblement pas d'ambition conflictuelle, ou bien elle dissimulait ses envies avec une habileté qui faisait défaut au Dragon.
Malheureusement pour lui, Marko était incapable d'imiter un sentiment de cordialité quand il n'en ressentait finalement aucun pour son interlocutrice.
Mais une alchimie soudaine se produisit, éveillant sa conscience et son intérêt avec un peu plus de vivacité.
Sans qu'il ne s'en aperçoive, il relâchait un instant sa garde.
Et c'est un soupire qui s'échappait d'entre ses lèvres alors qu'il tournait machinalement l'une des pages du magazine.

« N'y vois aucun manque de respect. Votre équipe est importante pour mes hommes. Mais je n'ai pas besoin de vous à titre personnel, voilà tout. C'est mieux ainsi. »

Il se redressait, s'adossait contre le mur derrière lui.
Les bras croisés, il reprit son observation de l'unique personne présente dans la boutique.
Ne saurait l'expliquer mais lorsqu'il l'observait, il se sentait un peu moins distant.
Plus empathique et prompt à réagir.
Différent.
Et cette sensation était désagréable.

« Curieuse à quel sujet ? »

Bien qu'il eut désiré se débarrasser d'elle le plus rapidement possible, il ne pouvait s'empêcher de continuer ce simulacre de conversation.
Inquiet.

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Elle s'était retournée pour lui faire face, le menton relevé et le regard détaillant chacun de ses mouvements. Tout à coup il lui sembla plus enclin à la discussion, plus intéressé. Mieux encore : il avait acté par son déplacement son changement d'attitude. Cattleya réfréna un sourire satisfait, mais n'en avait pas l'air moins joyeuse pour autant - ne montrait que la joie qui était fausse et évitait d'avoir l'air trop victorieuse.

« Oh, je vois. On n'a pas tous la chance de savoir esquiver les balles, j'imagine. »

Elle détourna le regard, fit mine de s'intéresser à une autre vitrine, mais en vérité aucune de ces armes ne l'intéressait vraiment. Cattleya abattait d'autres cartes dans cette guerre et aurait été moins efficace avec la menace d'un revolver entre les mains.

C'était justement car on la croyait inoffensive qu'elle était dangereuse.

« Les loups solitaires m'ont toujours intriguée. Cette propension à l'isolement et à l'exil me fascine. J'ignore si vous le faites par crainte ou par dépit. »

Elle regarda à nouveau dans sa direction, le visage neutre, dépeint de son sourire. Elle s'en arma de nouveau quelques secondes après, se voulant plus douce, certainement. Elle avança de deux pas vers lui, et pencha la tête sur le côté, légèrement.

« Aucun des deux ? »

Ne laissait pas le temps de répondre.
Maintenait son emprise, sans l'amplifier cependant.

« Serais-tu allergique à la compagnie ? »

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Savoir esquiver les balles ?
Si seulement.
S'il était véritablement capable d'esquiver les balles, il ne s'embêterait pas à enfiler une armure en kevlar et encore moins à recoudre ses vêtements en permanence.
Par ailleurs, il n'était visiblement pas capable d'esquiver toutes les balles, à en juger par la présence de Cattleya dans sa boutique.
Peste intérieurement, enfouie ses sentiments, comme à son habitude.
C'est la raison pour laquelle il faisait en sorte de ne connaître de manière intime aucun autre être humain.
Ils avaient cette manie à se croire en droit d'analyser son comportement, juger ses occupations, décrypter ses codes.
Cette manière de s'imposer sans la moindre pudeur était ce qui le rebutait au plus haut point.
Il déteste les joueurs.
S'il aurait eut pour simplement réaction un haussement de sourcil et un silence pesant en temps normal, Cattleya savait visiblement comment appuyer sur les bons boutons pour provoquer la réaction du garçon.
Un peu moins en contrôle de lui-même, sous influence.

Et la manière dont elle s'approchait de lui provoqua un mouvement de recul, non par crainte mais par habitude.
N'irait pas jusqu'à qualifier ce qu'il ressentait de dégoût.
Mais il n'était visiblement pas insensible à la présence devant lui.

« Désolé, tu vas devoir trouver un autre sujet d'étude. Je n'ai pas l'intention de participer à ce petit jeu avec toi. Si tu n'as pas l'envie d'effectuer un achat, je t'invite à reprendre le cours de ta journée. Hors de mon magasin. »

Etrangement bavard, comme avec Alistair.
Mais là où il suffisait de planter un couteau dans la jambe d'Alistair pour évacuer ses pulsions, il devait faire preuve de plus de finesse avec elle.
Frustré, il fit un signe de main pour l'inciter à quitter la boutique.

« Vous avez cette manie de vous croire plus intelligent que tout le monde, je me demande bien comment des gens sur cette planète peuvent vous supporter. »

Dit-il en faisant référence à son frère.
Machinalement, il se mettait à la recherche de son paquet de cigarettes pour en porter une à ses lèvres.

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Stoppée net dans son élan, elle papillonna des yeux, pantoise pendant une seconde à peine avant de s'armer d'un rire - dans un souffle, presque un ricanement.

« ... "Vous" ? »

Supposait non pas que les sentiments lui faisaient perdre patience mais seulement qu'elle avait du relâcher son attention - n'écartait pas la possibilité que sa maîtrise pouvait lui faire défaut.

« De quel petit jeu on parle ? De celui qui consiste à venir faire connaissance avec un des membres de ma famille car il semble constamment m'éviter, ou de celui qui consiste à me remballer comme une merde à cause d'un jugement hâtif qui vise à me rendre coupable de dédain et de condescendance ? Car en effet, ce "petit jeu" là ne m'intéresse pas non plus, si tu veux tout savoir. »

Et sous l'effet d'une fausse colère - prise par son propre théâtre, Cattleya usa de son don un peu plus fort, dans l'espoir de ne pas perdre son contrôle cette fois - sans savoir qu'elle ne l'avait jamais perdu, et qu'elle accentuait plus encore l'imminence de son échec.

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Plus encore, la sensation s'amplifiait.
Un amas d'émotions incontrollables, tant il avait perdu l'habitude de ressentir.
De ressentir autant.
D'un colère connue uniquement par ses frères et feu son paternel, Marko se redressait brusquement pour faire face à Cattleya.
Empoignait avec fermeter le poignet de son interlocutrice, l'agitait sans douceur aucune.
Rancoeur dans la voix, s'opposait à ce monde bien trop injuste pour être le sien.

« Un membre de ta famille ? Par pitié, pas de ça avec moi. On est un gang criminel, je suis le chef d'une milice. On me pointe quelqu'un du doigt et tu sais ce que je fais ? Je le descends. Je le descends et y'a personne dans cette foutue ville pour y redire quoi que ce soit parce que celui qui a pointé le type du doigt, c'est celui qui tient bien fermement les couilles de cette ville. On a rien d'une famille. J'ai assez donné. »

Relâche son poignet et s'écarte d'elle, le souffle rageur.
Enfermé en lui-même.
Il n'avait pas de problème avec la manière dont fonctionnait cette ville : c'est une vie qu'il avait choisi.
N'était pas du genre à s'en plaindre.
Même pas après avoir tué un gosse innocent.
Pas une once de regret.
Mais qu'on ne fasse pas passer les Dragons et leurs activités pour une affaire de famille.
L'hypocrisie qu'il reprochait à son père.

Il lui tournait le dos mais lui lançait malgré tout un regard par-dessus l'épaule.
Pour ajouter.

« J'ai déjà une famille. Et t'es pas dedans. »

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A la froideur mordante de ses mots, au regard qui brûlait d'un rejet profond, Cattleya était restée hypnotisée par la colère qui grondait en lui, et l'étincelle, par le biais de sa main refermée sur son poignet, attisa cette même colère en elle. Réveilla des sensations qu'elle avait assassinées ; incapable de rester fausse devant tant de vérité.

Elle perdit tout sourire, perdit tout sarcasme. Ses lèvres se refermèrent, son visage relevé vers lui.

Elle avait suscité bien des réactions, et la violence en avait toujours fait partie - mais jamais de la sorte ; jamais on ne lui avait demandé de partir si directement. Cattleya essuyait mal le rejet ; essuyait mal l'abandon et tout le reste après lequel elle se retrouvait seule et sale.

Mais Cattleya n'était ni sourde ni aveugle et dans l'amplitude de la rage qui grognait dans la voix de Marko, elle pouvait reconnaître un peu d'elle.
Un peu d'une Cattleya qui refusait ces sentiments-là.
Comment aurait-elle réagi, si elle avait été soumise à sa propre emprise ?
Sûrement quelque chose dans ce goût-là ;
Sûrement quelque chose qui crachait, amer, qu'elle ne voulait plus rien de ça.
Aurait tourné le dos, aurait levé le menton, serait restée fière.

C'était ainsi qu'elle réglait ses propres angoisses. Dans la fuite et la colère, le rejet acide de tout ce qui faisait trembler l'intérieur ; les sentiments assassinés du fond du cœur.

« Je vois. »

Cattleya ne voulait pas faire face.
Ne voulait pas regarder le miroir.
Annula toute emprise de son pouvoir.

« Pense ce que tu veux, Marko. »

Ne voulait pas se battre.
Un sourire amer sur le faciès.

« Mais si tu n'en fais pas partie, cette famille t'écrasera. Alors sois gentil, donne la patte, et ne t'avise plus jamais de poser la main sur moi. »

Entourée d'une centaine d'armes et pas un tremblement dans la voix.

« Sinon ma famille s'occupera de ça. Vu ? »

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Lentement, le tourbillon d'émotions s'atténuait.
Comme si l'emprise exercée sur lui s'estompait, non sans laisser quelques traces dans son esprit.
Déposait une main sur son front, pour témoigner du vertige qui le prenait tant l'ascenseur émotionnel était brutal.
Toujours incapable d'expliquer la situation et la colère dans laquelle il venait de se mettre, c'est à cet instant que Marko réalisait la dureté de ses mots.
Une violence verbale qu'il avait déjà infligé à son propre père avant son décès, le dernier moment privilégié d'un fils perdu dans l'immensité d'Ellipse et d'un père déçu.
S'il pensait tous les mots qu'il venait de prononcer, ce n'est pas pour autant qu'il se serait permis d'évacuer ces ressentiments devant la première venue.
Une seule certitude l'habitait : la présence de Cattleya n'était pas bénéfique à son objectif.
Faisait d'elle une indésirable, c'est à une forme de méchanceté gratuite qu'il s'abandonnerait en sa présence.
A sa menace non dissimulée, il répondait par le sarcasme.
Car c'était encore trop difficile d'admettre qu'elle avait éveillé en lui des sentiments contraires.

« Terrifiant. Tu as vraiment l'impression qu'ils sont ta famille. »

Mais il connaissait les horreurs des Dragons, il en était l'un des acteurs.
N'avait pas oublié les explosions, les morts.
Le renversement.
Cattleya était elle aussi l'un des rouages de cette gigantesque tromperie, mais elle ne semblait pas s'en rendre compte.
Non pas qu'il s'imagine meilleur qu'elle, bien au contraire.
Il avait simplement cessé de lutter contre ce fait.
Retournait derrière le comptoir, un peu plus apaisé et pourtant toujours perturbé.
Tournait de nouveau les pages de son magazine.

« Si tu penses que qui que ce soit viendra me tuer pour tes petits caprices, tu t'exposes à une violente déception. Il existe des choses dans ce milieu qui valent bien plus que tes beaux yeux. »

Et ce qu'il avait fait le 9 juillet en faisait parti.

« same shit you said before »Cattleya & Marko

Elle haussa les sourcils et son visage s'était éteint. Ne voyait même plus d'intérêt à faire semblant ; on ne parlait pas avec des cadavres ambulants. Et de toutes évidences, lorsqu'elle ne réveillait aucun sentiments en lui, Marko était mort.
Sans intérêt. Un robot.

Songeait qu'elle cherchait à avoir le contrôle sur lui ; mais l'avait déjà, par l'intermédiaire de son emprise sur Stelian - il dirigeait les Dragons et les Dragons dirigeait l'automate.

Alors elle haussa les épaules.

« Si tu le dis. »

Avait perdu toute fausseté dans le voix : il ne restait plus qu'une profonde lassitude, de l'ennui - des sonorités qu'elle ne se serait jamais permise avec d'autres, car c'était contre-productif pour ses ambitions.
Mais d'ambitions pour Marko il n'y en avait plus la moindre.
Ne lui avait plus adressé un regard.

« Bonne journée, Marko. »

Était partie dans l'écho sourd de ses talons contre le sol et la porte qui se referme derrière elle.