le numéro s'affiche sur l'écran alors que le téléphone se met à vibrer et manque de tomber de la table basse du salon. il sursaute, à moitié parti pour une sieste, et se frotte les yeux pour regarder qui l'appelle.

stan foster.

il décroche. affaires, dragon's teeth. il note mentalement l'information, lui répond qu'il arrive. il court se préparer, quitte son petit appartement proche de la daily street et se met en route vers l'arrêt de bus au bout de sa rue. il plante ses écouteurs au fond de ses oreilles et regarde la ville passer par la fenêtre. le paysage change, petit à petit, jusqu'à ce qu'il descende à l'entrée de bridgestone hill, où il continue la route à pied.

vêtu d'un pantalon noir et d'une veste dans les tons jaunes, il ne passe pas vraiment inaperçu - mais ce n'est pas vraiment son intention aujourd'hui. il arrive dans la rue où s'étalent les restaurants, cherche du regard celui dont l'autre lui a parlé au téléphone puis y entre dès qu'il l'a trouvé.

il était là, stan foster.

beau, du visage à la tenue, bien assis les jambes croisées non loin. il marche jusqu'à lui et s'assoit en face, maugréant un bonjour qui était plus par politesse que par conviction.

— t'as commandé déjà? commence-t-il par demander. Puis, de quelles affaires tu veux parler?

conan se gratte la tête avec un léger sourire, ne sachant pas s'il devait rire, pleurer ou simplement disparaître. il fait tomber son cou.

— ah on se vouvoie? euh, ok, bonjour monsieur... foster. je vais bien aussi. et merci, je vais commander.

il lève la main lorsqu'un serveur passa, lui offre un "excusez-moi" et prend une planche de sushis et makis. en attendant qu'ils arrivent, il demande une carafe d'eau, dont il se sert immédiatement. un bourdonnement vient cependant troubler sa boissons - une sorte de fourmillement qui prend racine au plus profond de son cerveau.

il relève les yeux et fixe stan ; captivant, presque hypnotisant. il sent quelque chose mais ne sait pas quoi. il se contente de hocher la tête.

— on devait parler échange de renseignements, non ? ou j'ai mal compris au téléphone?

il avait l'impression d'oublier un mot, quelque chose, comme si leur discussion téléphonique n'était plus aussi claire qu'avant, ou différente, mais ne savait pas mettre le doigt dessus.

stan foster. renseignements, dragon's teeth. pourtant, il s'en souvenait.

la nourriture arrive. il avale un sushi.

— vous voulez quoi comme renseignements ? et j'ai quoi en échange ? demande-t-il d'abord. il ajout rapidement: je donne pas ma pointure de chaussures. apparemment y a des dingos de ça et j'ai pas envie d'y être mêlé.

probablement rien à voir ; ça trottait dans un coin de sa tête depuis un moment, depuis qu'il s'était perdu en pleine insomnie dans les méandres du net.