Le monarque contait et Renard souriait. Il y avait dans ce récit une douce violence des plus agréables, une théâtralité qui satisfaisait la seconde tout en faisant courir un frisson le long de son dos. Oh, ce petit roi, si surprenant dès son premier jour de règne, déjà si imprévisible si cette mort était bien celle qu’il avait offerte à Agon. Et Renard se dit avec toute la rationalité dont on pouvait la penser dépourvue que Tempérance Bland était une créature ravissante dont il fallait se méfier plus que toute autre eau paisible à partir de ce jour.

Un reniflement bruyant vint montrer un désaccord avec Tempérance quant aux Chouettes en revanche. Si Renard savait se faire prudente, elle n’en restait pas moins elle-même et ne se priva pas d’être cette voix à l’épaule du souverain.

– Ces nouveaux oiseaux ont peut-être des ennemis en commun avec nous, mais jusqu’ici, ils n’ont fait que blesser nos troupes, ou peut-être l’as-tu oublié derrière ton bureau, Tempérance ? Un rictus au visage, la jeune femme se pencha à l’oreille du chef sans pour autant chuchoter, simplement théâtrale. Une enquête à leur sujet se révèle de plus en plus pressante si on ne veut pas être pris au dépourvu quand ils viendront nous mordre la main, petit roi.


Car ils possédaient déjà trop d’avance, tiraient les ficelles à leur poignets quand eux, avançaient dans le noir. Et Renard ne le supportait pas. Elle tapota familièrement l’épaule de Tempérance et s’éloigna à nouveau, téléphone en main pour organiser le transport désiré. Doigts pianotant à l’écran, sourire fugace au visage, aucun transport ne put pourtant aboutir tant les égouts se jouaient d’eux.
Un gloussement ne put que s’échapper des lèvres, une étincelle amusée brillant dans la pupille quand trois corbeaux se joignirent à leur masquerade. Dans les mains glissèrent deux lames affûtées et l’esprit aussi vite s’aiguisa de son don. Renard s’élança vers les deux oiseaux bientôt disparus, fuyant dans la fange quand Babylone faisait barrière de son corps. La main se joint à la sienne, l’entraînant à sa suite alors que le coup de feu était déjà parti, quand les illusions capturent toute âme proche dans une pièce imaginaire sans l’ombre d’une personne pour mieux traverser en paix la ridicule bataille de boue entre l’homme invisible et les cobras. Non, Renard ne jouerait pas avec la déchetterie à leurs pieds contrairement à Tempérance, c’était hors de question.
Un mot à Babylone qu’elle tirait toujours délicatement alors qu’elle dissipait l’illusion, hors du champ de vue des autres.

– Je pouvais pas jouer de mes illusions en plein milieu de nos camarades quand la cible était invisible, je ne maîtrise pas mon pouvoir au point de sélectionner sa cible invisible chérie. Une des lames fut rangée pour mieux saisir la main de Babylone alors qu’elle avançait aux aguets. Mais une fois qu’on aura mis la main sur ses deux fuyards, je pourrais en faire mon affaire. On en tue un seul si on les retrouve, le deuxième pourrait nous être utile.