i hope she’ll be a fool—that’s the best thing a girl can be in this world, a beautiful little fool.
— the great gatsby

— fille non-désirée d'un directeur d'industrie pharmaceutique et de sa (?) petite amie, qu'il mariera un peu après la naissance d'eugénie.
— ce n'est pas un mariage très heureux. eugénie elle, est une petite fille heureuse. à quatre ans elle ne comprend pas bien ce qui l'entoure et prend les tensions à la maison comme acquises, entre deux êtres qui n'étaient finalement pas faits pour vivre ensemble.
— papa et maman ne se frappent pas, ne s'hurlent pas dessus non plus, mais ne s'aiment définitivement pas. eugénie ne le sait pas mais l'activité de son père parmi les dragons y est pour beaucoup (sa mère n'étant alors pas au courant).
— maman a une saine obsession : faire qu'eugénie réussisse loin de son père. eugénie a juste envie de jouer aux polly pocket.
— à partir de ses six ans elle est mannequin enfant pour des marques de prêt à porter, ses photos sont sur les sites, quelques unes placardées dans la rue. maman est très fière ! papa n'y voit pas d'inconvénient. eugénie, elle, se trouve juste jolie.

— à la maison c'est toujours pas la joie. maman renverse une chaise en quittant la table puis la maison quand eugénie a dix ans.
— elle appelle eugénie, lui explique qu'elle reviendra prendre des affaires mais habitera dans une autre maison. est-ce qu'eugénie veut bien venir vivre avec elle ? eugénie n'est pas triste sur le coup, très confuse elle répond "je sais pas". elle suppose que c'est temporaire, elle n'a jamais vu ses parents séparés très longtemps.
— ce n'est pas temporaire. papa se plonge dans le travail et maman lui tend douloureusement les bras. iels divorcent quand elle a douze ans, eugénie, à qui on avait le nom de jeune fille de sa mère par pure volonté esthétique, va vivre avec elle et s'éloigne un peu de papa.

— milieu du collège, le pouvoir d'eugénie ne s'éveille toujours pas. pour faire face aux critiques, elle dit en rigolant que son pouvoir c'est d'être la plus belle du monde et qu'elle le maîtrise à fond.
— elle voit bien, quand même, que sa mère voit tout ça d'un mauvais œil.
— adolescente, elle fait des petites bêtises de son âge auxquelles sa mère, tiraillée par l'angoisse, réagit bien trop disproportionnellement. punie, grondée, elle réagit en faisant d'encore plus grosses bêtises. elle ne sait pas trop quoi faire d'autre.
— par esprit de contradiction et pour chercher des repères moins étouffants, elle se brouille de plus en plus avec sa mère et cherche à reprendre davantage contact avec son papa (qui lui envoie des chèques pour ses anniversaires c'est son love langage).
— du côté des études ça ne donne rien d'incroyable, elle ne vise rien d'autre que des nouveaux contrats de mannequinat. avec l'accord de ses deux parents elle arrête les études après le lycée pour s'y consacrer entièrement.

— des années plus tard elle a continué sa carrière et ses petites bêtises. la vie d'eugénie est alors affreusement banale. même son opulence est ennuyeuse, les bas-fonds qu'elle frôle parfois, pour l'adrénaline, ne l'entraînent pas entièrement. elle reste cristallisée dans cet entre-deux et cette image de poupée.
— défile et pose pour des grandes marques.

— présente dans la foule de la danse des azalées, encore en tant que civile, elle sort de l'attaque avec une entorse et les yeux aveugles.
— l'entorse guérit, les yeux pas trop. c'est suite à cet évènement que son pouvoir se déclenche enfin.
— eugénie se dit que s'il a mis autant de temps à se déclencher, c'est peut-être que sa vie était jusqu'alors bien trop plate par rapport à ce qu'elle devrait être. se jette corps et âme dans les rattrapages de maîtrise de pouvoir, autant que possible, elle rit beaucoup de la situation en disant autour d'elle, "bon, au moins, j'ai gagné quelque chose dans tout ça !".
— se présente aux dragons au mois d'avril, aidée par son papa.
— en phase d'observation, on conclut que son air béat et franchement idiot paraît adéquate au travail d'espionne - elle vient de commencer, vous l'excuserez !