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c'est à dire que le mec arrivait avec un chéquier, avec sio

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Anonymous

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Lun 26 Avr - 10:18
tout va bien.

comme d'hab.

tout va bien.

c'est important de se le dire, surtout quand ça va (pas).
c'est pour ça que Clair se le répète un peu trop obstinément quand il rentre dans la supérette. il sort d'une leçon épuisante, et fixe le rayon de la nourriture pour animaux en repensant à l'heure qui vient enfin de se terminer, avec un grand sourire et un « bon courage et à jeudi ! » comme d'habitude, mais s'il n'avait pas agrippé le livret récapitulatif des heures de l'élève, il n'aurait pas pu calmer les tremblements qui menaçaient de trahir sa façade fragile.

là, face aux croquettes,
il a une heure entière à tuer avant la prochaine leçon, et malheureusement rien à tenir pour se distraire, car il n'a pas d'animaux.

pourtant ses yeux se posent sur chaque paquet de croquettes ou de pâté, et tiens, on fait même ce genre de goût maintenant pour nourrir les animaux ? est-ce que ça leur plait vraiment plus que des croquettes ? est-ce qu'ils sentent même la différence, à vrai dire ?
mais il y a trop de questions et pourtant pas assez pour penser à autre chose que cette ado qui a traversé brusquement la route hors du passage clouté,
et il a freiné,
bien sûr,
son pied s'est écrasé sur le frein,
son front a failli se cogner sur le tableau de bord avec la force du choc,
mais du coin de l'oeil, il n'a pas vu le pied de son élève s'enfoncer sur la pédale du milieu,

et ça, c'est inquiétant.
mais non, enfin, c'est n'importe quoi, ils font même de la terrine maintenant ?
oui c'est inquiétant quand même, pourquoi il n'a pas eu le réflexe, il conduit depuis 20 heures, non 21 heures ?
des croquettes pour chats sensibles, mais ça veut dire quoi, sensible, il pleure quand on part ?
il pleure quand on le chasse de chez lui et qu'on ne le revoit qu'en présence de son avocat ?

pour se rappeler que tout va bien, Clair finit par changer de rayon en espérant que les conserves fournissent moins d'armes à son imagination, et il réajuste un peu son t-shirt pourtant ajusté, mais on sait jamais, peut être que la ratatouille provençale va mal le regarder, peut être qu'elle n'aimera pas ce t-shirt blanc pourtant sans tâches, ou ce genre retroussé car un peu trop long,
et il n'a rien à acheter, n'a rien envie d'acheter, n'a pas envie de rentrer chez lui ce soir avec ses courses et la fatigue de la journée, mais il faut s'occuper les mains,

et elles glissent par instinct dans ses cheveux, séparent quelques mèches soyeuses qui cascadent le long de ses épaules jusqu'en dessous de ses reins, ses doigts s'activent et ça distrait si bien, de se demander si on fera une queue de cheval ou un chignon.

oh, et puis, ce sera une tresse, ça l'occupe bien une minute complète face aux surgelés, et ça va presque mieux maintenant que Clair sent la tresse se balancer dans son dos à chaque pas. quelques mèches vers son visage sont un peu trop courtes et douces pour se tordre à la discipline de la natte, et glissent doucement sur ses épaules, mais ça n'est rien.

ça va mieux. (non). si.

ça va mieux, alors Clair peut reprendre son plus beau sourire et attraper un nouveau paquet de chewing-gums car il est en train de mâcher le dernier du paquet qu'il garde toujours dans le vide poches de la portière droite. mais juste ça dans les mains, c'est peu, alors Clair remplit ses doigts avec un paquet de mouchoirs car il pense que la prochaine élève va finir son stock. ah, et puis, il n'a bientôt plus de dentifrice à la maison.

au final, il pose tout de même quelques articles sur le comptoir en affichant un visage si rayonnant qu'il fait concurrence au soleil, et annonce comme à son habitude :

bonjour !

quel sourire éclatant, on dirait une pub de dentifrice.
mais il rétrécit une seconde,
une simple seconde où Clair est étonné.

ah, c'est pas le gars de d'habitude, à cette heure... ? ah, mais p'tit gars, tu me dis quelque chose, non ?

cette fois, ce ne sont pas des bandelettes incapables d'afficher le moindre rictus ou sourire qui l'accueillent, mais une chevelure hirsute qui fait mal au cœur, et un visage un peu trop crispé pour affiche un sourire, même si cette fois ce n'est pas un problème de visibilité.

et pourtant, le hérisson tendu derrière la caisse lui dit bien quelque chose, et cette simple coïncidence le fait sourire à nouveau, toutes dents dehors,
sa seule défense face à tout ce que la vie met sur sa route.
Anonymous

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Mer 28 Avr - 11:29
Ce matin-là, Siobhan se réveille super énervé. Pour strictement, absolument, aucune raison. Il se réveille avec le diable au corps et un venin explosif dans les veines, il voit rouge dès qu'il ouvre les yeux, le goût du sang sur le bout de la langue, et quand il se lève, c'est avec une énergie qu'on ne lui trouve guère d'ordinaire. Ce matin-là, Siobhan est dans une colère telle qu'il pourrait aller tuer le voisin du quatrième sans sourciller, alors que d'habitude rien que d'apercevoir le type dans la cage d'escalier lui fout la nausée.

Le moindre mouvement, le moindre bruit étrange le fait bondir de façon presque comique, il feule de surprise quand son micro-onde le prévient d'un couinement pathétique que son repas du matin, du midi  et du soir est prêt, et l'appétit n'est pas là. Pas qu'il le soit forcément d'ordinaire.

Il se rend au travail en manquant de mourir neuf fois environ - et arrive alors que la pluie s'est abattue, cruelle et drue, sur Ellipse. Il est trempé et le remarque à peine, balance ses affaires dans le vestiaire et se balade entre les rayons un moment, avant de se foutre derrière son comptoir comme il le fait d'habitude, le vitriol qui l'anime rendant sa routine un peu plus fun.

Il phase. Le vrai black out, un malaise presque - voire un coma. Il ne se passe strictement rien dans sa tête jusqu'à ce qu'on l'interpelle soudain. Là, il revient à lui et constate que deux heures ont passé, deux heures pendant lesquelles il est resté complètement immobile, à fixer le vide comme s'il voyait un fantôme. Peut-être qu'il a rattrapé deux heures de sommeil, qui sait ? Certainement pas lui.

Il observe le mec en face de lui. Qui lui dit définitivement quelque chose, et Siobhan n'a pas à chercher bien loin pour retrouver sa trace dans ses souvenirs. Ce n'est pas un client régulier, c'est simplement le mec bavard et toujours souriant qui lui avait fait passer quelques leçons de conduite - avant que Siobhan ne tombe désespérément sur la paille et qu'il s'était résolu à arrêter là pour l'instant. Pour l'instant. De toutes façons, vu sa façon de conduire, il valait peut-être mieux qu'il arrête là.

Nan, il est pas là. Son ton est sec et il vibre presque. S'il fume une cigarette ou s'il boit une canette de boisson énergisante, il risque de passer dans un autre continuum espace-temps. Où est Lancelot, d'ailleurs ? Bonne question. Quand il ne travaille pas, il squatte. Quand il ne squatte pas, il travaille. L'auto-école, il répond simplement pour lui rafraîchir la mémoire, scannant les articles du client et les faisant passer de l'autre côté du tapis roulant. Ils se comptent sur les doigts de la main et il manque de faire un malaise en lisant les noms des produits. Ca fera 27.63.
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