ça a mis du temps ça a été excessivement lent mais j’ai
‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎oublié
son sourire ses méchancetés nos étés et ces balades lorsqu’elle daignait me sortir (me parader, joli trophée), ils étaient loin derrière moi et Ellipse assez grande pour ne plus avoir à les déterrer — c’était simple sur le papier,

il suffisait d’éviter Ezra.

excepté que rien ne se passe jamais comme dans les contes de fée et trop vite, je l’ai revue, trop vite, elle a remué toute la pestilence qu’elle m’a laissé, cadeau empoisonné,
trop vite,
elle obnubile mes pensées.
il faudra alors m’excuser, Thomas, d’avoir jeté mon dévolu sur toi pour y échapper — faire de toi ma bouée lorsque je t’envoie un sms, exigeant, comme les précédentes fois, t’indiquant que j'ai un service à te demander et prête à te menacer si tu ne t’exécutes pas ; il faut absolument que tu te rendes à l’adresse indiquée. c’est odieux, je sais, et tu ne mérites pas d’être mêlé à ce bourbier mais —
‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎et ce n’est pas une excuse, je t’assure,
je suis ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ désespérée.
                               

  “rdv en bas” comme dernier sms.

devant mon appartement, j’accueille la brise du printemps sur mes épaules dénudées, simple nuisette, collants et chaussons, guettant la rue à la recherche de ta silhouette. il est tard, tes enfants dorment certainement, et tu arriveras mécontent, je n’en doute pas.
il faudra m’excuser, les mauvaises idées, ma spécialité;
‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎enfin ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎ ‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎‎je te vois arriver.
Merci d’être venu si vite ! Ce sera bref, tu veux monter boire un café ?

et sûrement que le cœur est décousu ce soir car j’ai cru entendre à travers la rudesse une infime pointe d’inquiétude mais
il est impensable que tu ressentes ce type d’égard pour quelqu’un qui te fait chanter selon ses humeurs
            je sais.

Ok, niquel. et je glisse mes doigts dans les tiens, réalisant seulement à cet instant que je meurs de froid car tes mains sont
une source de chaleur et nul doute qu’il en va de même pour ton cœur – j’ai gelé le mien, autrefois, il y a trois ans, car je voulais le préserver ; et tu trouverais ça ridicule de savoir que la seule douleur que je connais, c’est celle d’un cœur brisé, tu en rirais même, toi qui vit dans un monde où l’amour est relégué au plan de trivialité tant il est de problèmes et de dangers dont tu dois t’occuper
mais c’est tout mon être qu’elle a ruiné et

je pensais rester à jamais figée dans cette période maudite, vieille de trois années.

toutefois, c’est la glace qui commence à fondre depuis mes retrouvailles avec Ezra et –
au contact de       tes        doigts

(j'ignore pourquoi toi)

je t’entraine à ma suite, nous sommes dans l’ascenseur et j’appuie sur le bouton du 9ème, les portes se ferment – Thomas. volte-face, je plante mes bras de part et d’autre de ton corps – scène ridicule car je suis minuscule – te fixant, pour une fois, sans moquerie. Sors avec moi.

peut-être ai-je espéré, un bref instant, ne pas devoir recourir au chantage pour que tu acceptes — peut-être ai-je espéré, sincèrement, que tu accepterais yeux fermés car tu m’intéresses et la réciproque aurait été appréciée
mais
je savais qu’il en faudrait plus qu’un simple “s’il-te-plaît”         pour accepter une demande qui implique de me supporter.
Woaw, tu me laisses deux secondes le temps de ramasser mon égo ? et je te libère de mes bras — surprise, déjà, que tu aies eu la décence de ne pas m’envoyer valser contre le mur — avant de m’accroupir, tête contre mes paumes.
Vraiment, Thomas, ça m’arrangerait beaucoup que tu acceptes. Si j’te dis que c’est parce que tu me plais, tu me croirais ?
ce n’est
objectivement
pas la raison la plus saugrenue que je t’ai donné depuis que nous nous sommes rencontrés, admets-le.
la vraie raison est un peu plus complexe                un peu plus secrète             c’est le souvenir d’une femme que je n’arrive pas à chasser et j’ai peur d’y retomber, tête la première, si je n’ai aucune bouée à laquelle me raccrocher — je pourrais déranger Hyppolite, et même Midas, mais —
mais

(pourquoi toi je ne sais pas)

ils ont bien assez de leurs problèmes de cœur pour s’occuper des miens, voilà comment je rationalise l’impulsion folle qui me pousse à te demander, à toi, un presqu’inconnu, plutôt que mes proches. je ne sais pas ce qui me prend depuis que je t’ai trouvé, par hasard, un soir où mes pouvoirs faisait encore des misères — je ne sais pas quel est ce sentiment,

et je préfère me mettre des œillères
plutôt que de l’explorer.

Accepte, s'il-te-plaît, un, je suis désespérée, deux, je ne veux pas faire ça sous la menace.

je me braque un peu.
Oui, bah, j’ai pas l’habitude d’être honnête, ok, c’est pas — naturel, chez moi, d’expliquer les raisons de mes choix ce qui se passe dans mon crâne j’ai            arrêté            perdu ma sincérité, quelque part après le lycée, et si pour toi, je joue, c’est en réalité ma nature d’être évasive et      indécise.
Non, t’as raison. C’est juste... Je me fais harceler.
et c’est une demie-vérité, bien plus que ce que j’ai l’habitude de livrer lorsqu’on m’accule, tu devras t’en contenter — je ne sais pas être honnête, vraiment

ça ne m’a jamais rien apporté.
Par une ex, et un client. Et avoir un petit ami les dissuaderait, au moins elle, sûr. Je savais pas à qui demander.
je savais très bien à qui demander mais                 je n’avais pas envie. et c’est enfantin, un caprice, comme tu as l’air de les détester — tu as bien assez de deux enfants pour devoir en materner un troisième, j’en ai conscience, parfois — mais —

Puis c’est pas grand-chose ? Genre t’auras pas à coucher avec moi ou même m’embrasser, juste un selfie de temps en temps, un date peut-être si t’es dispo ? sourire assuré. Quoique je dirais pas non pour qu’on se pecho mais— fixant ton visage, sûre et certaine que cette dernière phrase va te braquer ;

C’était une blague. La dernière partie, j’veux dire. Et t’y perds pas ! Promis, dès qu’ils me foutront la paix, j’te laisse tranquille et pour de bon cette fois. Plus d’espionnage, de sms à pas d’heure, je disparaitrais sans une trace.
car c’est la seule chose que je sais faire à la perfection,

alors accepte, s’il-te-plaît,
même si mon cœur coule à l’idée de te laisser.

si je savais
ce qu’on pouvait gagner à me côtoyer plutôt qu’à me fuir ou tenter de me tuer, je répondrai ;

Une jolie petite amie… ? la voix qui part dans les aigues, incertaine – certaine que ça ne marchera pas pour te convaincre, surtout, et je saisis tes doigts dans un geste nerveux comme j’aurais fait avec Hyppolite ou Midas – baisses les yeux.

Ce que tu y gagnes, eh bien…

absolument                                                           rien.

et le monde ne se porterait que mieux sans moi si j’écoutais les menaces que je reçois parfois, et je sais que je ne mérite pas ce petit bonheur-là mais
parmi tous les défauts que j’ai l’habitude de feindre,
l’égoïsme n’en est malheureusement pas un. alors je te convoite, sans gêne, et j’utiliserai de tous les stratagèmes pour t’avoir – faisant d’une pierre, deux coups : le client que je mentionne, Agon, est une anecdote ; persuadé que je lui appartiens, mes amours sont le cadet de ses soucis – en revanche

ce n’est pas un mensonge quand je dis vouloir m’éloigner Ezra

je l’ai tant aimé (pitié)
et je suis fatiguée de, quelque part encore, la désirer – je veux                 être libre.
Je vous protégerai, toi et ta famille. j’écarquille les yeux. Bon, euh, pas physiquement, évidemment, mais je peux m’assurer qu’aucune info tournera sur vous et si je vois quelqu’un qui essaye de se renseigner à ton sujet, je peux les éloigner, les induire en erreur, bref, euh, j’trouverai. plutôt fière de mon improvisation, je relâche enfin tes mains et poses les miennes sur mes hanches, ravie. C’est un bon deal, non ?

(troquer ma tranquillité pour autrui
aurait dû me mettre la puce à l’oreille

Thomas est bien plus qu’une lubie.)

M’ok.
à regrets, je sors seule de l’ascenseur et me dirige vers mon appartement. j’ouvre la porte, balance mes chaussures, s’ensuit mon téléphone une fois le sms envoyé indiquant à Thomas le code d’entrée et le numéro,
et
je me laisse
tomber

sur le canapé, tête la première, étouffant un grognement – ça n’a Aucun sens. Absolument aucun putain de sens. Midas et même Hyppolite auraient été le choix sensé ; ce n’est pas les selfies avec eux qui manquent, sur Instagram et sur mon portable – sur mes murs, dans de jolis cadres en bois, ça aurait été des preuves par dizaine que je n’ai plus besoin de toi, Ezra, que j’appartiens dorénavant à d’autres bras – alors
‎ ‎ ‎pourquoi ?

lui, frère de Stelian Phoenix, papa de deux fils, clairement pas intéressé ni même un ami – et je pourrais dire : pour l’amusement, c’est une réponse convenable habituellement ;
excepté que le ratio emmerdes et distractions n’est clairement pas équilibré, que je ne suis pas le genre à me lancer dans un pari bancal, c’est   ‎ ‎ ‎ ‎  ‎‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎‎ ‎ ‎ ‎ ‎ insensé.

car il est beau, assurément – coup de foudre physique, mais est-ce assez pour sauter, aveugle, dans un pareil bourbier ? Tu dérailles complètement.
mais
ce n’est pas grave                  je pourrais toujours blâmer Ezra – encore et encore – je n’arrête pas, jamais – prétendre qu’elle a chamboulé mon jugement, en revenant dans ma vie aussi soudainement ;
prétendre que Thomas est un joli trophée que je crève de posséder, un grand caprice, tout bêtement – et je
tairai le reste
que je ne comprends pas, pour l’instant, un quelque chose bizarre au fond du cœur, sommeillant tranquillement –
‎ ‎pour l’instant

la porte s’ouvre et je me redresse, trottinant jusqu’à lui.
ce n’est rien qu’un jeu, une lubie

‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎pour l’instant.

Alors ?
(dis-moi
                         

oui)

c’est d’ a c c o r d
et ça ne devrait pas me faire cet effet, vraiment
ça ne devrait pas me soulager autant qu’il accepte ce caprice d’enfant et qu’il s’embarque dans bien des emmerdes

mais

je souris, malgré moi, malgré ça, attrapant sa main et la secouant dans une poignée un peu maladroite comme des collègues le feraient.
Avec plaisir. et je le lâche aussitôt pour aller préparer du thé, sifflotant jusqu’au comptoir de la cuisine.
Je peux commencer ? Est-ce que j’ai le droit de te prendre un sweat ? Un seul ! C’est juste pour être plus crédible quand je prendrais des photos avec ! sans mentionner la collection qui sommeille déjà dans tes placards, les vêtements de tes ex (oubliés) et tu enchaînes, comme s’il allait changer son avis à tout instant — tu meubles les silences — Ca, et trois dates par moi. Je paierai tout, évidemment.
persuadée qu’il essayera d’en marchander moins ou qu’elles seront très brèves mais ce n’est pas grave ;
ce n’est rien
pourvu qu’il joue le jeu quelques temps et que cela m’en laisse assez pour déchiffrer cette obsession naissante qu’est le brun.

C’est tout, je crois ?
et j'aurais pu lui demander de m'être fidèle, ne serait-ce qu'en apparence,
mais c'est déjà assez d'ennuis que je lui promets pour l'empêcher également de se faire plaisir à côté ;
et ce n'est pas comme si je prêchais la fidélité en tout point, que mes ex en soient les tristes témoins
ils l'ont appris à leurs dépends.

hochant la tête à toutes les présentations et le sourire vainqueur en négociant un tee-shirt et trois rendez-vous – à quoi bon
bah
pourquoi pas – me faut-il vraiment plus que ça ?

voilà, cesser d’y réfléchir en terme d’émotions et de prises de tête, tant pis si le cœur toque à la porte des sentiments, il attendra
encore quelques jours, encore quelques mois
que je décide ce que j’éprouve pour Thomas ;
il attendra encore quelques rendez-vous,
encore quelques ratés et intrusion de vie privée – car toutes les promesses du monde ne protégeront pas le brun de mes maladroites indiscrétions – et seulement, alors

je me pencherais sur la question de (l’a m   o       u        r) ce qui m’a poussé à lui proposer ce marché
j’accepte, sourire léger,
regard enivré
Deal !
on se sent              cha
                                         vi
                                          rer