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girls like you — iris

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Elio Cavendish

Sometimes it’s better not to know
Elio Cavendish
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Mar 6 Avr - 17:11





C’est toujours délicat.
D’aborder sans avoir l’air d’un prédateur, de s’approcher sans instincts. Montrer patte blanche avant même de parler, s’exposer. C’est dans ce genre de moments où ta timidité fait curieusement surface que tu lui as adressé la parole.
Un modèle pour une peinture, une heure de son temps seulement. Les mots sont rodés à force d’être répétés. Et si tu as l’habitude de regarder autour de toi, de demander aux connaissances, tu avais aujourd’hui envie de nouveauté.
Ça sonne.
Tu fais ouvrir la porte à distance, crie depuis l’étage afin de la guider. « Par ici ! » Tu fermes d’un mouvement calme l’ordinateur se trouvant devant toi, café à la main lorsque tu l’aperçois sortir des escaliers étriqués.
Elle a quelque chose d’intriguant. Si l’esthétique, le physique sont des notions que tu ne peux ignorer, ton choix s’est finalement fait par instinct. Sans pouvoir mettre le doigt dessus, tu t’es dit que la conversation n’en serait que plus plaisante.
Tu l’invites à s’installer, déposer ses affaires là où elle le souhaite.
« On va faire ça petit à petit, n’hésite pas à t’installer, prendre tes aises. » Tu fais glisser sur la table basse une petit bouteille d’eau tandis que tu tends ton autre main pour réceptionner ses biens.
Ton regard la dévisage un instant.
Il y a de l’interrogation dans ton regard.
Et dans l’un de tes sourires innocents, de tes remarques sans introductions, tu la questionnes.
« Tu as toujours été blonde ? »
Le contraste entre ses sourcils et la blondeur, sans pour autant t’interpeller, t’as démangé. Ce genre de petits détails qui ne t’échappent pas, qui t’amusent.
Qui ont finalement leur importance.
Et puis tu passes à autre chose car il y a beaucoup à faire, que ta concentration n’excède pas la mili-seconde.
« Oublie. Je peux déposer tes affaires là-bas ? Si tu es fumeuse, tu peux fumer en intérieur, on ouvrira les fenêtres. »
Ce n’est pas comme si cet appartement était ton cendrier personnel.
Tu te veux rassurant. Pourtant, dans tes questions, ta manière de décrypter du bout des yeux, tu ignores le poids que tu imposes.
Ce regard si particulier que tu possèdes quand tu analyses ce qui existera bientôt sur le papier, qui ne demande qu’à exister.

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Lun 12 Avr - 4:28
Girl like the moon
Only shine through the sunlight
L'art, l'art, Iris n'avait pas ce qu'on pourrait appeler "l'amour de l'art".
Elle appréciait beaucoup de choses, mais peu étaient assez hautes dans sa liste pour dire qu'elle les aimait.
Elle aimait les casse-têtes, elle aimait apprendre, elle aimait quand tout avait un sens.
Quand après plusieurs minutes de réflexion elle finissait par comprendre un chapitre complexe de ses cours.
Cependant, tout ce qui était abstrait lui échappait. Elle ne remettait pas en cause la beauté des créations rentrant dans cette case, mais elle n'arrivait juste jamais à les comprendre.
Parce que l'art est toujours libre à interprétation, qu'il n'y a pas de fiche explicative pour trois coups de pinceaux bleus sur une toile blanche, et s'il y en avait une quelqu'un la contesterait dans la seconde.
Ce qui la perturbait surtout, c'était que l'art ne se définissait pas.

Alors qu'on puisse lui demander de poser pour une toile était une surprise.
Jamais ne s'était-elle considéré comme un modèle digne de ce nom, à vrai dire, elle avait un avis assez neutre sur son physique, alors imaginer son visage apparaître sur une œuvre d'art ? C'était une première.

Elle fut d'abord paniquée d'entendre quelqu'un lui adresser la parole alors que la rue qu'elle traversait n'était remplie que d'inconnus. Puis ce fut la confusion qui prit le dessus alors que son visage restait impassible face à cet homme aux allures de dandy débraillé.
Il fallut un discours plus ou moins convainquant, deux-trois omissions et l'allusion d'une paye pour qu'Iris se laisse tenter.

C'était surtout sa curiosité qui l'avait faite tomber dans ce tourbillon qu'était la vie d'Elio, ses yeux avaient brillé de curiosité lorsqu'il avait mentionné son atelier. Un univers inconnu à explorer, et peut-être beaucoup de réponses à ses questions à la clé.

Le seul problème restant était son apparence. Ça, elle n'y pensa que devant son miroir, attachant sa perruque d'une dizaine de petites épingles.
Elle ne savait pas si la peinture resterait un projet strictement personnel ou si elle allait servir à autre chose, si elle serait exposée face à beaucoup de monde.
Iris fixa son reflet en réflechissant, ses doigts retraçaient la forme de son visage machinalement.
Elio ne savait rien d'elle, ni son adresse, ni son numéro, ni même son identité, si on venait à l'interroger il ne pourrait rien révéler.

Oui, tout allait bien se passer.

Sac sur le dos, vêtements légèrement moins abîmés que la moyenne sur son corps, Iris, transformée en Kylie, venait d'arriver à l'adresse indiquée.

Son doigt pressa le bouton ressortant de l'entrée et une voix la guida. Cette même voix qui lui parlait d'art il y a si peu de temps.
Une marche après l'autre, sans se presser, la blonde retira ses écouteurs en découvrant les lieux.

L'excitation cachée au fond d'elle ne lui fit pas oublier la politesse.
Un bonjour doux résonna dans la pièce alors que le bruit des frottements de sac et de manteaux étaient de mises.
Elio était tout aussi souriant que la seule fois où la jeune femme l'avait vu, elle ne le connaissait pas encore bien mais il avait l'air assez solaire.
Ses humeurs semblaient à l'instar de celles d'Iris : taquin et rieur, tout ce qu'il fallait pour détendre son entourage.

Une bouteille d'eau qui lui fut offerte à la main, Kylie passa ses longues mèches derrière ses oreilles avant d'en boire quelques gorgées.

« Tu as toujours été blonde ? »

Envie de s'étouffer. Si ce n'était pas déjà fait.
Ses toussotements ne passèrent pas inaperçues car l'artiste décida de changer de sujet immédiatement après. Ce qui le sauva de quelques embarrassements face aux explications sensées mais bizarrement louche de Kylie.

« Oublie. Je peux déposer tes affaires là-bas ? Si tu es fumeuse, tu peux fumer en intérieur, on ouvrira les fenêtres. »

Une bonne nouvelle si elle n'essayait pas d'arrêter de fumer.
Mais après tout, proposé si gentiment, elle ne pouvait qu'en profiter.
C'est ce qu'elle se disait pour ne pas culpabiliser.

« Bien sûr. Je vais juste garder mon sac pas loin si ça ne te dérange pas. »

Les tutoiements s'étaient installés naturellement, alors Kylie suivit le mouvement.
Ça ne la dérangeait pas.
Ce qui la dérangeait cependant c'était cette façon qu'avait Elio d'analyser sa personne. Ça n'avait rien de vicieux, mais c'était curieux de le voir perdu dans ses pensées de cette manière.
Il devait déjà imaginer sa création, ou peut-être pas. Pleine de doutes sur ce terrain inconnu, l'étudiante, elle, détaillait l'espace, cherchant à déceler cette énergie créative qui se dégageait des entres des créateurs.
Mais pour l'instant, son esprit n'avait pas encore prit en compte toutes les données nécessaire à son analyse.

« J'ai jamais posé pour qui que ce soit avant, il va falloir m'expliquer pas mal de choses. »

Déjà prise d'une envie lacérante de cigarette en sentant son odeur familière dans l'air, Kylie glissa son paquet hors de la poche de son pantalon.

« J'aimerais faire ça bien, donc n'hésites pas à me donner des ordres si besoin, je suis pas susceptible. »

hrp:


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Lun 12 Avr - 19:05





Cette légère appréhension qui palpite dans l’air oppressé.
À des années lumières de saisir la nature de celle-ci, tu t’y prélasses cependant. Le chaos, ton propre jumeau est de bonne compagnie. Perché sur ton épaule, il ne cesse d’émerveiller ta vision, de bousculer les éléments organisés, rigidifiés.
Et tu la vois dans la dépréciation la plus totale de la situation. Matériel en main, tu te poses à proximité, déposant carnet et crayons taillés.
« Imagine cet exercice comme une conversation. »
Tu portes ta tasse à tes lèvres, sourcils haussés. Tu n’es pas ce genre de type véreux qui après quelques lignes pré-écrites, demandera à voir un épaule dénudée.
Tu es un pragmatique.
Obtenir des références graphiques, capturer une essence qui t’es étrangère, un sentiment que tu ne peux créer à partir d’un être de chaire existant, bataillant. C’est ce qu’elle est.
« N’hésite pas à fuir si je te donne des ordres. T’es mon modèle, c’est toi qui décide. En aucun cas je suis censé dominer quoique ce soit. » Et à la vue de sa propre cigarette, tu décides d’attraper ton paquet malmené. Quitte à remplir de bitumes tes poumons calcinés, autant que cela serve à créer du lien.
Mimer pour appréhender.
Kylie tu l’as choisis parce qu’elle a quelque chose de fébrile. Sans être à la merci de rien ni personne, elle se meut avec une détermination secrète. Malgré une vulnérabilité, boulet à ses pieds.
Large inspiration, tu souffles quelques ronds de fumés.
Un large rictus aux lèvres, tes yeux suivent le parcours de tes protégés qui déjà commencent à disparaître dans le plafond enfumé.
« Qu’est-ce qui passe par la tête d’une jeune femme pour accepter de suivre un homme plus âgé chez lui les yeux fermés ? »
Et tu secoues négativement la tête dans un soupir décharné. D’où elle vient cette confiance en l’humanité ? Tu n’oses imaginer les horreurs qui pourraient te traverser l’esprit si tu étais à sa place.
Ta concentration revient parmi les vivants, dans cet espace temps. Et tu pouffes un rire léger entre tes lèvres sèches, atterré par tes propres propos. On dirait le début d’un film d’horreur, d’une mauvaise blague. Rien de pire pour effrayer quelqu’un.
« Je fais là aucun sous-entendu sur la suite des événements. C’est juste que… Pourquoi avoir accepté ? Je connais mes propres motivations : j’ai besoin de croquis de références. Mais toi, quand t’es payée une misère, qu’est-ce qui te motives ? »
Les doigts sous le menton, le dos voûté, tu l’observes calmement. Tu as tout ton temps. Peut-être que ce n’est pas son cas.

HRP — grvds aucun souci pour le pavé, j'adore ça c'est mon goûté. j'espère que la réponse est ok pour toi, du love !


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Jeu 6 Mai - 6:09
Girl like the moon
Only shine through the sunlight
De ses doigts de porcelaine, Iris protégeait cette petite flamme sortant de son briquet tout comme elle protégeait jour après jour ses quelques espoirs de survie. Ellipse n'était pas une ville facile : ni belle, ni généreuse, il fallait supplier pour avoir ses grâces et les miséreux comme elle ne récoltaient que le poids de ses morts sur leurs bras.
Et dès la première bouffée de tabac, le cadre sombre de la vie de la fausse blonde passa au second plan. La chaleur qu'elle sentait sous sa poitrine était bien plus importante.

Alors elle s'adossa contre un mur de la pièce, ne lâchant pas son attention d'Elio, mais fixant du regard les ondulations de la fumée grisâtre s'échappant de la cigarette.

Elle n'était pas sur de comprendre tout ce qu'il lui disait, le sens de "conversation" dans cette situation lui échappait. Est-ce que c'était comme dans ces films, où un photographe demandait à son modèle de se positionner de tel façon ?
Pour le coup, elle n'avait que peu de références sur le sujet, mais c'était bien pour ça qu'elle était venue. Pour comprendre un peu mieux ce domaine plein de mystères et de questions en suspend.

Kylie n'était étonnamment pas stressée, pourtant entendre le peintre la rassurer dégagea un certains poids de ses épaules. Lui avoir fait confiance avait l'air d'avoir été une bonne idée, enfin ça elle l'avait sentie dès leur première rencontre.
Il avait la même flamme dans le regard, la même ambition que sa mère.

Soufflant ce qui la tuait à petit feu hors de son corps, l'étudiante pu observer Elio l'imiter dans son autodestruction. Elle l'avait littéralement sentie qu'il serait l'un de ses compères fumeurs.
Peut-être que lui aussi se réveillait tous les matins en se disant qu'aujourd'hui sera un jour nouveau sans addiction, un nuage de mensonges.

Ses yeux se scellèrent dans ceux de son interlocuteur quand celui-ci aborda la question de sa venue dans ce studio.

Ce changement de sujet l'avait laissée perplexe, après tout s'il voulait lui faire de mal, il l'aurait déjà fait, non ?
Visiblement ce n'était pas son but, pour ça Iris avait légèrement confiance en son instinct qui s'était habitué depuis le temps à déceler les personnes lui voulait du mal.
Mais après tout, il est vrai qu'elle n'était pas à l'abris de se retrouver dans la même pièce qu'un tueur en série, qu'un dérangé voulant la peindre les entrailles ouverte. Tout était possible à Ellipse.
La blonde toussa grassement, peut-être qu'elle n'aurait pas dû avoir cette vision.

Cependant Elio la rassura, sa question n'avait pas était posée pour l'effrayer, mais par pure curiosité.

Dommage pour lui, Iris ne connaissait elle même pas clairement ses motivations.

Une main glissa dans sa poche alors qu'elle réfléchissait à la réponse qu'elle allait donner, espérant qu'elle fasse sens autant au brun qu'à elle.

« Je suis curieuse. »

Honnête, mais pas très précis comme réponse.

« J'y connais pas grand chose en art. C'est même un univers totalement inconnu pour moi. J'ai toujours été plus du côté scientifique que littéraire. Donc quand j'ai eu l'occasion d'en savoir plus, carrément d'inspecter cet univers, j'ai saisie l'opportunité. »

Une inspiration de plus pour noircir ses poumons, et Kylie poursuivit.

« Honnêtement, je doute que tu sois du genre à faire du mal à une innocente, enfin, pas physiquement. Et si cela devait arriver, j'ai de quoi me défendre. Je vais garder mes techniques secrète, mais tu dois bien te douter de ce dont je parle. »

Son pouvoir, bien entendu.
Et les sous-entendus que celui-ci pourrait être létal.
Il valait mieux pour sa vie qu'elle n'en révèle pas plus.
Il valait mieux qu'elle ne révèle pas non plus au plus âgé qu'elle s'était laissée faire pour ses beaux yeux, dont il partageait l'éclat avec sa mère.

« Bien. J'apprécie la discussion. » Cela faisait si longtemps. « Mais j'imagine qu'il va falloir commencer ? »

HRP:


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Elio Cavendish
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Dim 9 Mai - 20:10





Le matériel étalé devant toi, tu essuies tes doigts grisés contre le torchon pendu à ta ceinture. Aujourd’hui fait parti de ses journées où tu as délaissé les habits taillés, ceux qui te donnent de la prestance pour être plus décontracté.
Pendant qu’elle s’adresse à toi, tu traces déjà quelques traits. Des formes avortées, des détails qui gratifient tes pupilles dorlotées par l’innocence d’une pose naturelle, abandonnée.
« Ça a déjà commencé. »
Tes yeux rieurs derrière le chevalet bancal, tu hausses tes épaules. Comme si cela n’était qu’une formalité. Il n’y a ni début, ni fin à cet exercice. Seulement une continuité intangible.
La mine taillée sur le papier griffonne, les mesures sont prises d’une phalange à une autre.
« Je pense que n’importe qui dans cette ville a la possibilité de me faire du mal. L’inverse n’est pas vrai. »
Tu ne saurais jouer de tes poings serrés, maladroitement balancés. Ni de ton don, ce pouvoir universitaire, suranné dont tu ne sais faire un usage rigoureux. Car c’est dans ta nature de te laisser aller.
Flegmatique aux yeux pétillants.
« Scientifique hein ? Tu es étudiante à l’université ? Je me permet de demander car je suis professeur là-bas. Tu devineras aisément la matière. »
Et entre tes dents, tu siphonnes la cigarette. Celle dont les cendres se répandent à tes pieds, viennent laisser une traînée sur tes habits tâchés. Quel drôle d’homme tu fais. Sans te déconcentrer, ton index vient silencieusement lui signifier d’abaisser légèrement le menton.
Une demande tacite que tu mimiques. Car tu n’as pas honte d’imiter les manières féminines, d’embrasser la femme que tu n’es pas, celle que tu seras peut-être dans une autre vie.
Éteinte. Ta cigarette est éteinte.
Entre deux traits grossiers, tu lui fais signe.
« Je t’emprunte ton briquet. »
Il n’y a à ton geste rien de prémédité. À force de vivre avec ce toucher particulier, tu en viens à l’oublier. L’intimité des autres n’a plus de sens dans ton esprit encanaillé.
Trônant sur le sac à mac, tu le saisis maladroitement. Les affaires glissent à tes pieds Il te faut moins d’une seconde pour articuler une excuse, t’accroupir pour réparer tes bêtises.
Tes mains viennent repousser les affaires étalées que tu effleures.
« Je suis navré. »
Un moment d’absence te frappe.
Durant lequel tu entrevois milles et uns fracas. Des bouts, des poussières imagées qui s’entrechoquent. Ni sens ni chronologie, seulement un film absurde, chaotique.
Tu restes ainsi près du sol, stoppé dans tes mouvements. Un sourire fin s’étire sur tes commissures, vide.
« Ah. J’avais raison de penser que tu es quelqu’un de bien triste. C’est dommage. »

HRP — ...


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Mar 24 Aoû - 16:39
Girl like the moon
Only shine through the sunlight
C'était la première fois qu'on la scrutait avec autant d'attention (ou peut-être était-ce déjà arrivé sans qu'elle ne s'en rende compte ?). Voir une personne dédier toute son attention à elle, pauvre fille solitaire qu'elle était. C'était étrange. Inhabituel. Pourtant Elio avait l'art et la manière de dérouler la conversation pour que jamais elle ne devienne lassante, et ça détendait la brune (et fausse blonde). À moins que ce ne soit la cigarette.
Tant de divertissement pour quelqu'un qui ne débitait pas moins d'une dizaine de phrases par semaine, qui disait à peine bonjour ou au revoir aux inconnus. Ce n'était plus naturel.
Son habitude était maintenant de se méfier, d'observer et d'agir au plus vite, pas de se laisser aller à des conversations simple dans cette alcôve chaude et rassurante.
Elle en était d'ailleurs tous le contraire, la tâche d'encre sur le papier jaunit.
Mais c'était peut-être ça qui avait plu à l'artiste, cette dualité entre lui, solaire, et elle, lunaire.
Iris, ou plutôt Kylie actuellement, se replaça doucement, de peur d'embêter le dessinateur. Mais son attention ne se détourna pas de ses paroles, et elle avait du mal à le croire.
N'ayant pourtant pas l'air agressif, Elio dégageait tout de même une certaine nonchalance, confiance implacable, qu'y attisait la méfiance.
Sans pour autant le craindre, la blonde savait que ses mots n'étaient pas tout à fait vrai, sans pouvoir mettre le doigt sur ce qui clochait.

Sa main gauche vînt soutenir son dos, souffrant de la droiture du mur après plusieurs minutes à s'y coller. Un léger mouvement circulaire contre la colonne vertébrale et elle était déjà prête à poser de nouveau.

Professeur de dessin ? D'art plastique ?
Ses doigts pales viennent écarter une mèche tout aussi plastique de son visage, cherchant à voir plus clairement son interlocuteur.

« J'imagine que ça doit tourner autour de l'art, ou alors mes talents de déduction sont vraiment rouillés. »

Ce serait drôle que ce ne soit absolument pas le cas et qu'Elio se révèle être un professeur d'économie.
N'empêche, le petit costume accompagné des lunettes rondes lui iraient plutôt bien.

Un sourire indéchiffrable s'étant sur le visage de l'étudiante, le cachant aussitôt.

« Oui, en médecine. Étudiante en médecine. Depuis un petit bout de temps déjà. »

Un peu trop longtemps, mais on tient encore, sans trop savoir comment.
Parfois grâce à ce genre de jobs à la maigre paye, mais de toute manière Iris n'était pas là pour ça, aujourd'hui.

Elle était là par curiosité. Par envie d'obéir aux incitations silencieuse, de poser correctement pour cet artiste.
Alors elle se replaça, cherchant une quelconque satisfaction dans le regard d'Elio. Une approbation à ses mouvements débutants. Mais son regard se détourna à la recherche de quelque chose.

« Je t’emprunte ton briquet. »

La mine presque déçue, elle se décontracta, ne chercha plus à poser mais suivit les gestes de l'artiste, ceux-ci étant très maladroit et faisant tomber son sac à dos.

Un vent de panique tordit son ventre alors que ses affaires s'étalaient au sol, révélant tous son contenu, tous les objets important de sa vie. Jamais elle n'était certaine de pouvoir rentrer chez elle en sécurité, elle avait donc toujours de quoi survivre sur elle. Découverts sur le sol étaient donc une tenue de rechange, de la nourriture en vrac, une vingtaine d'épingles pour cheveux, un vieux téléphone et son rubik's cube. C'était peu, mais c'était tout ce dont elle avait besoin, sa vie mise à nue mais il n'y avait pas grand chose à voir.

Pourtant, Elio avait l'air d'en avoir vu, des choses. Des pans de son histoire bien tristes, sans liens, sans chaînes comme Iris les avait vécue. L'histoire d'un objet qui l'accompagne depuis qu'elle a fuit, passé par dessus le portail de sa famille adoptive, porté lors de course-poursuite dans Ellipse, utilisé comme coussin à la recherche de sommeil sous un pont, contre ses pieds devant un couché de soleil, face à une Kylie brune, sale et désespérée, pour finir dans un appartement vide. D'un objet qui était même déjà là dans cet appartement d'enfance sans qu'elle ne s'en rappelle, dans un coin de la pièce ce soir où les corbeaux étaient de sortit; du sang, de la peinture, un volatile.

Mais ça, l'étudiante ne s'en doutait pas, trop occupée à enfouir ses affaires dans son sac comme si sa vie en dépendait. A genoux sur le parquet, empoignant ses misères comme si elles avaient de la valeur.

« C'est… C'est pas grave, rien ne s'est cassé, y'a pas de soucis. »

Une angoisse mal dissimulée entre ses mots débités à la vitesse de la lumière, et un silence s'installant dès que cette phrase fut prononcée.

« Ah. J’avais raison de penser que tu es quelqu’un de bien triste. C’est dommage.. »

Iris dirigea son regard curieux vers son interlocuteur, les mains tremblantes et le corps stoppé par une crainte inconnue.
Elle se demanda d'abord si c'était bien un sourire qu'elle apercevait sur son visage, puis ses paroles prirent sens dans son esprit.

« Pardon ? »

Elle savait ne pas pouvoir rétorquer quoi que ce soit, car il n'avait pas tort, mais cette phrase sortie de nulle part la faisait désagréablement frissonner. Comme si pour la première fois de sa vie, le jugement de quelqu'un lui importait. Et ça ne lui plaisait pas.

HRP:



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