problem child ✦ (zadig)

» problem childft. zadig (mars 2021)

« Hunter repose ça ! »

La bouille de l’enfant se froissa de dépit alors qu’interrompu dans son élan, Thomas lui intima de ranger la douzaine de paquets de bonbons qu’il venait de sortir du rayon. Dans une tentative de tester les limites paternelles, il ne bougea pas d’un pouce, les sourcils froncés et les joues rouges de retenir son souffle aussi longtemps pour protester –rien n’y faisait. Thomas avait été un enfant turbulent bien avant lui et savait comment mater ces bêtes là.

« Pose j’ai dit. Et toi aussi, si tu crois que je t’ai pas vu ! il ajouta, non à l’intention du petit frère mais bien au clone du premier. »

Car évidemment, le don d’Hunter s’était enfin réveillé. Thomas s’était cru à l’abri des ennuis quand, sur ses deux fils, seul le second semblait avoir développé un don dans sa toute petite enfance –un don parfois traitre car il lui suffisait de détourner le regard un instant pour que le petit dernier s’envole jusqu’au plafond, mais globalement facile à superviser.
Avec le premier en revanche, c’était une autre paire de manche ; Thomas n’avait plus seulement deux enfants à gérer mais parfois une dizaine quand le nouveau don de son fils faisait des siennes, et les courses en famille étaient devenues un genre de sport de haut niveau très particulier désormais.
D’autant qu’Hunter découvrait les joies de mettre son père en difficulté depuis peu et qu’il en abusait sans remords aucun.

Avant que Thomas n’ait le temps de faire quoique ce soit, l’enfant détala, toujours avec un paquet de bonbons en main, pour aller s’enfoncer dans les rayons ; Thomas poussa un juron que Milo, attaché dans le caddie répéta sans en comprendre le sens, avant de partir à la chasse au sale gosse. Et Thomas avait beau être un ex-dragon aux réflexes aguerris, il se sentait complètement dépassé par la capacité d’un enfant de six à se cacher et le faire tourner en bourrique dans les allées du supermarché. Désabusé –et un peu impressionné– ce fut au bout d’une bonne quinzaine de minutes qu’il parvint enfin à coincer son fils dans un rayon mais celui-ci menaça aussitôt de lui filer une nouvelle fois entre les pattes. Dans un réflexe ridicule, Thomas interpella alors le client le plus proche –un jeune homme qui semblait être étudiant– en le pointant du doigt et en criant presque dans l’allée.

« Eh toi ! Attrape-le p’tit, vite ! »

À situation désespérée, mesures désespérées.

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Problem child
Zadig · Thomas

Il est commun (à vingt-deux ans) d'ignorer les effets du manque de sommeil sur le corps et la tête.
Après tout à vingt-deux ans c'est facile de trouver le temps ; qu'ils disent les jaloux (ceux qui ne l'ont plus ceux qui l'ont perdu)

Mais quand il est temps de rentrer
que le frigo est vide et qu'on s'est surestimé la veille en pensant arriver à temps pour éviter l'affluence dans les fast-food aux lendemain des éternelles soirées étudiantes ;
Zadig soupire, le regard vide devant les vitrines pâles de la supérette
main sur la tempe pour tenter de chasser la migraine et réprimer l'envie de vomir.
Il s'agace devant la multitude de choix (ne cherche qu'à remplir son ventre qui hurle à la mort) et rien ni les cris entre les rayons ni les regards compatissants qui le traversent pour observer le jeune père de famille dans la galère ne le préparent au petit garçon qui lui arrive dans les jambes.

❝ Qu'est-ce que-

Dans un réflexe inespéré (le corps qui agit sans l'esprit) il fléchit les jambes et intercepte le gamin. Il tombe à la renverse et réalise avec stupeur, quand la collision lui coupe le souffle,
que jamais le garçon ne se serait arrêté dans sa course.
Il regarde l'enfant d'un air surpris, tandis que lui-même lui renvoie la même image. Et dans un seul geste, ils lèvent les yeux vers l'ombre du père qui arrive au-dessus d'eux.

Hunter se met à rire.
Et Zadig étouffe un cri de stupeur.

❝ Monsieur Ph...

Un couinement qui reste coincé dans sa gorge.
Il regarde autour de lui, h o r r i f i é
de trouver
ici, en personne
monsieur Phoenix

❝ Je- euh- hmm... qu'est ce que vous faites ici ?

Il entend un grognement et lâche le bras frêle de l'enfant
auquel il s'était raccroché comme s'il allait le sauver.

❝ C'est... c'est votre gamin, monsieur ?

» problem childft. zadig (mars 2021)

Un soupir de soulagement –un vrai, qui venait du cœur et des tripes– lui échappa quand enfin l’enfant terrible fut intercepté dans sa course. Thomas poussa le caddie dans l’allée comme s’il venait de courir un marathon et songea brièvement, alors que Milo babillait joyeusement dans son siège enfant, absolument pas dérangé du bazar causé par son frère, qu’aucun entrainement drastique ni vie de gangster ne l’avait préparé à l’épreuve qu’était la paternité.
Un début de céphalée semblait s’être installé au milieu de son front tant il avait froncé les sourcils et la fatigue soudaine lui fit manquer des détails essentiels dans la réaction du jeune homme qui venait de lui sauver la mise.
Thomas haussa un sourcil devant sa réaction, le trouva étrange un instant sans repenser à deux fois à ce qui semblait pour évident pour quiconque avait tous les éléments –et était assez éveillé pour les mettre bout à bout.

« C’est mon fils ouais, mais j'crois que je vais le vendre au cirque, il y sera sûrement plus à sa place, fit-il en posant sur l’enfant un regard lourd de reproche, non sans quelques railleries dans la voix. Merci de l’avoir rattrapé hein. »

D’une main ferme, Thomas attrapa l’enfant par le dos de son blouson et le souleva comme un soulève un pack de bouteilles d’eau avant de le mettre debout sur ses pieds et lui asséner une gentille tape sur l’arrière du crâne pour tout châtiment.

« Allez excuse-toi, maintenant.
— Pardon Monsieur j’ai foncé dedans ! »

Un sourire un peu dépité se dessina sur les lèvres du jeune père –Hunter était un enfant caractériel et bien trop énergique pour son bien, mais c’était un bon garçon, et adoucit comme il l’était par ses propres enfants, Thomas ne pouvait jamais lui en vouloir, peut importe les difficultés qu’il pouvait lui faire endurer.
Il tendit une main au jeune homme pour l’aider à se relever, et fronça un peu plus les sourcils devant l’expression décidément étrange qu’il arborait.

« Tout va bien ? »

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Problem child
Zadig · Thomas

Il n'a jamais été doué pour cacher sa surprise, Zadig. Et monsieur Phoenix l'a averti (pas la peine de me mentir, Zadig)
Il déglutit - qu'est ce que ça pouvait dire, pas la peine de me mentir ?

❝ Pas grave, mon pote.

Il adresse un geste de la tête au garçon qui lui adresse le sourire vainqueur de celui qui a gagné un allié. Zadig le connaît bien, lui qui petit toujours avait envie de jouer avec les grands - recevoir un peu de leur reconnaissance, celle que ne lui accordaient pas ses aînés.

La main que lui tend le père le fait froncer les sourcils - comme s'il ne s'imaginait pas un instant que Mr Phoenix puisse être capable d'un geste aussi…. normal.
Il hésite et se rend compte qu'il hésite ; se demande si ce n'est pas une sorte de test.
(jusqu'où irais-tu pour les dragons, Zadig ?)

❝ Ouais ouais, ça va ! Et vous ?

Il ne peut s'empêcher de se mordre l'intérieur de la joue.
C'est quoi comme sorte de bêtise, et vous ?
Zadig détourne son regard de celui de monsieur Phoenix et observe tour à tour les deux enfants qui l'entourent, le contenu du caddie.

❝ Je veux dire, ça va, vous galérez pas trop ? Jusqu'où iras-tu, Zadig, se demande-t-il. Je peux vous filer un coup de main pour vos gosses ou vos courses, si vous voulez.

Un petit sourire, pour la route.
Je peux passer le test, monsieur.

» problem childft. zadig (mars 2021)

Et une fois de plus, Thomas fronça les sourcils devant l’attitude du jeune homme ; étrange, il y discernait une sorte de familiarité guindée, comme s’il ne savait pas vraiment s’il devait s’adresser à lui sur un ton soutenu ou plus décontracté –et il y avait ces pauses, ces hésitations dans son regard en réaction aux faits et gestes du père épuisé qui ne faisaient pas tout à fait sens non plus mais
Thomas ne fit rien de ces observations.
Peut-être était-ce la fatigue, ou ses vieilles habitudes méfiantes un peu rouillées ; ou l’envie lasse et un peu naïve peut-être, de croire qu’il n’y avait pas que de sombres augures sous chaque comportement un tant soit peu anormal dans le nid de serpents qu’était cette foutue ville. Préférant laisser le bénéfice du doute à ce qui n’était qu’un gamin à ses yeux déjà vieux –n’avait-il pas déjà fait coulé le sang à cet âge là pourtant ?– Thomas laissa échapper un ricanement un poil moqueur, mais pas méchant, devant l’aplomb étrange du jeune homme et ses drôles de propositions.

« Nan, c’est gentil mais ça va t’inquiète, je gè— »

Ironie que Milo sembla choisir ce moment précis pour se mettre à flotter dans les airs sans même le réaliser ; poursuivant ses babillages, l’enfant quitta délicatement le siège enfant intégré au caddie et seul le filin –la laisse en vérité, mais le mot sonne mal lorsque c’est d’un enfant que l’on parle– dont les extrémités reliaient d’un côté le caddie et de l’autre la cheville du bambin empêcha ce dernier d’aller se coincer entre les néons blafards du plafond.

« Ah. »

Soupir fatigué.
Où pouvait-il bien signer pour renvoyer ces suppôts de Satan là d’où ils venaient ?

« Et bien… si ça t’embête pas de me garder un œil sur celui là… , fit Thomas en désignant Hunter, juste le temps que je finisse… »

Il se passa une main dans le cou, embarrassé de dépendre ainsi de la bienveillance d’autrui –si jeune qui plus est !

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