(END) (fb) IN THE DARK, WHERE I LIKE TO KEEP MY HEART - ft September

IN THE DARK, WHERE I LIKE TO KEEP MY HEART

ft September

Dans la léthargie du dimanche soir, abandonnée dans un rare moment de paix, elle regardait le soleil se faire dévorer par la nuit encore parée du costume griffé qui l’avait suivie dans sa décadence. La débauche comme parfum après une nuit de réjouissances et l’esprit n’était plus qu’atonie dans la pénombre.

Les doigts caressaient les derniers rayons de l’astre mourant, les yeux suivant les reflets délicats sur les rideaux pâles. Maison vide, maison creuse au bord des vagues, maison qui ne vivait que par les présences qui l’emplissaient la nuit. Sur les réseaux, vidéos et arrêts sur image des bacchanales du week-end. Point de September car sur le portable, c’était des appels manqués et des messages laissés en “vu” pendant qu’on riait dans les bras d’autres femmes, ivre et sans culpabilité, toujours.

Pourtant, September au réveil aurait vu les déboires dans les journaux des autres fêtards, elle aurait vu l’attention des autres, les cheveux en bataille et l’amusement. Sans elle.

Mais parée de sa langueur éméchée, Ezra n’y pensait même pas lorsqu’elle étirait sa carcasse jusqu’à la porte. Elle verrait l’adorable September quand elle le désirerait, la rattraperait toujours au vol au moindre de doutes car jamais Ezra ne perdait ce qui était à elle.

Elle était celle qui lâchait les jouets éreintés.

Derrière la porte torturée de coups, September. Et Ezra savait qu’elle devrait jouer pour la garder au creux de sa paume.

Sourire délicat, sourire solaire, brûlant quand elle passait une main dans la chevelure rousse, déposait un baiser sur la mèche d’ocre.

– Mon trésor, ici ? Quelle belle surprise. Bonjour September.

Il y avait cette malice dans la pupille.

(FB) In the dark where i like to keep my heart ft. ezra

Ezra.
froide
du bout des doigts jusqu'à mes mots pour toi –
froide
après avoir attendu que tu répondes, que tu daignes appeler – un sms, à peine – et je sais,

je sais que ta fidélité ne m'est pas exclusive qu'il n'est pas d'amour sain qu'il n'est pas de coeur, là, derrière le torse bombé de fierté lorsque tu oses m'ouvrir la porte comme si de rien n'était – tout ton être exsudant la débauche à laquelle tu t'es livré.
et l'alcool parle, l'alcool coulant dans mes veines me dessine, fin d'après-midi, blessée. j'ouvre la bouche, écoeurée :
Laisse-moi deviner, t'as passé une merveilleuse soirée ?
un coup d'oeil par dessus ton épaule, à la recherche des vêtements – arme du crime – oubliés, mes épaules s'affaissent.
encore. parce que je le veux bien, Ezra, parce que j'ai besoin de ton affection et que je pourrais fermer les yeux si tu exécutais tes infidélités un peu mieux ; toi, tu préfères les étaler comme des trophées, ta petite fierté (regarde, Sept, regarde comme je me suis amusée) et
je finirais par partir, un jour, lorsque la tendance se sera inversée.
Pourquoi tu me fais ça ? avec la voix des condamnés, la tristesse qui en déborde et je m'accroche à ta veste

(aime-moi, s'il-te-plaît)

Je ne te suffis pas ?
je répète mot pour mot ce que maman disait à papa, dégoûtée d'en arriver là mais – j'ai encore besoin de nous,

j'ai encore besoin de toi.

IN THE DARK, WHERE I LIKE TO KEEP MY HEART

ft September

Le regard caressait les épaules frêles et tendues, ces épaules qu’elle rendait plus tremblantes à chaque méchanceté. Une caresse du regard, une caresse du bout des doigts sur la joue pâle de la mal-aimée. Ezra ne faisait que prendre sans jamais ciller, souriait d’un air amusé quand les doigts traçaient l’inquiétude sur le visage blessé de September.

– Qu’est-ce que tu racontes September ? J’ai simplement fait la fête, je dois bien m’amuser après tout le travail que je fais. Regard rieur même quand le visage se voulait acteur d’une inquiétude. Tu es si pâle, pourquoi te tourmenter avec ça, trésor ?

Ezra n’en avait que faire. Ezra tenait le coeur de September au bout de ses doigts, jouait avec quand son coeur à elle restait enfermé à double tour. Oh, fabuleux jeu quand elle empoisonnait les gestes tendres de ses viles mots ! Ezra manipulait l’amante jusqu’à la faire douter de son juste droit d’être attristée quand elle tirait doucement la jeune femme dans ses filets, enroulait ses bras à sa taille pour mieux remonter une main venimeuse jusqu’à son menton, déposait son poison du bout des lèvres sur celles rongées de September avec ce sourire qui refusait de s’enfuir.

– Arrêtes de me faire des crises, tu sais que je déteste ça September, et tu n’aimerais pas que je me lasse de toi, non ? Tu es tellement parano.. Regard froid, avertissement quand les doigts se pressaient doucement au menton. Ça peut être mignon mais c’est surtout extrêmement agaçant.

D’un coup de talon sec, la porte fut fermée et Ezra relâcha September, s’éloigna d’elle d’un pas serein, si nonchalant, trop nonchalant pour quelqu’un qui se préoccupait du bien-être de l’aimée. Elle lui criait de l’aimer et Ezra ne pouvait que regarder September se débattre avec une joie malsaine sans jamais réussir à lui donner ce qu’elle désirait.

Elle ne l’aimait pas, non, elle aimait voir September se noyer en tentant en vain d’avoir son amour certain. Ce à quoi Ezra répondait en lui offrant des miettes.

Regard sur la mer, Ezra sortit une cigarette, observa la flamme dévorer le papier avant d’inhaler les effluves de thé sans en regard pour September.

Non.

Non elle ne lui suffirait

jamais

car rien ne suffisait à Ezra.

Mais Ezra, elle s’étira, se glissa jusqu’à September pour mieux glisser un étau à sa taille.

– September, September… Tu crois vraiment que c’est la même chose ? La main qui se perdait sur la joue à nouveau, le regard qui berçait September dans sa lumière. Je m’amuse juste, trésor.

Elle était son trésor mal chéri, un joli trophée, une chasse gardée. Ezra souriait comme si September avait vraiment une importance.

– Alors ne me déçois pas September et arrête les caprices ridicules.

Poison enroulé à son cou, Ezra la tenait entre ses crocs, se rapprochait pour mieux la brûler de son indolence. Car Ezra pensait ne jamais perdre September.

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c’est la même rengaine la même peine j’y saute les deux pieds devant, yeux fermés – me laisses porter, vas-y Ezra, piétine mon cœur je n’en veux pas – regarde Ezra, en apparence, il est tout à toi ;

et je te laisse m’embobiner en quelques mots joliment prononcés tu illégitimes tout ce que je ressens, la facilité navrante de ta cruauté, ça me blesse et je reste figée pendant que tu sembles redécouvrir mon visage de ton air amusé – si belle, dans ta méchanceté (quel cauchemar d’essayer de t’aimer)
Alors quoi, je dois juste accepter que tu te tapes toutes les nanas d’Ellipse ?! et ta main qui brûle sur la peau je me sens si sale si ridicule de réagir comme ça – je croyais en avoir le droit jusqu’à tomber dans tes bras. Tu me fais si mal, Ezra. tu existes si fort, en moi. Je te pardonne à chaque fois, je fais de mon mieux. je me rappelle rire de ceux qui aiment avec désespoir ceux qui donnent la réplique aux navets romantiques à la télé le soir ceux comme papa et maman qui ne savent pas aimer mesurément
et pourtant je me retrouve là dans tes schémas sournois à subir tes violences – je pourrais partir loin je le sais la brutalité sentimentale ça me connait quand on vient d’un couple divorcé et d’histoires éphémères, je pourrais partir sans me retourner mais
je me suis
habituée
à tes espiègleries – enfant capricieuse – et la douleur qui s’ensuit
je me sens moins vide, depuis que tu es ici.

alors je poursuis la mascarade et libère mes larmes – Ne me jette pas, Ezra. C’est juste… Je comprends pas. Pourquoi ? ne vois-tu pas qu’un jour, je l’espère

c’est toi qui t’en mordras les doigts.

IN THE DARK, WHERE I LIKE TO KEEP MY HEART

ft September

La lassitude étirait les traits, rendait les yeux sombres quand les billes dorées cessaient de briller d’amusement. September finissait toujours par pleurer. Et Ezra n’aimait pas les larmes. Ezra l’aimait brillante de désespoir, brillante d’amour quand elle gardait les yeux fermés sur ses actes et se contentait d’être la parfaite parure à son bras. Belle, douce et délicate quand elle s’abandonnait à ses bras, laissait Ezra la souiller dans sa démesure, la détruire dans son envie de tout avoir sans jamais se donner.

Alors la main avait négligemment repoussé une larme, l’air déçu, agacé.

– September. Arrêtes de chouiner.

Ezra, elle ne disait jamais les mots. Jamais les “je t’aime”, jamais les douceurs que September attendait. Elle se contentait de chasser les doutes et les maux du dos de sa main, jetait la cigarette dans sa main libre pour venir capturer le visage de September, l’observait un instant, l’air sévère, si sévère quand la belle se permettait d’accuser.

Qu’importe la justesse de sa tristesse. Ezra n’en avait que faire. Froide si froide dans sa lumière ! Ezra prenait, arrachait pour mieux s’échapper avec le cœur ensanglanté de sa victime.

Point d’attention pour September malgré le regard plongé dans le sien, Ezra la laissait faire son caprice, la laissait souffrir jusqu’à ce qu’elle s’épuise et veuille bien se laisser bercer par les bras d’Ezra, dans son désir d’elle et les quelques moments de douceur dans la tiédeur des draps. Les rares moments où Ezra l’aimait presque, assez pour la garder dans ses bras et ne point se lasser des mèches roses sur sa peau.

Mais à ce moment précis, Ezra sentait chaque parole, chaque geste de September l’agacer, torturer sa tête avec les pleurs quand elle se pinçait l’arête du nez.

– Pitié tais-toi September, je travaille demain. Tu veux vraiment jouer à ce jeu-là ? Qu’est ce que tu veux que je fasse putain ?! Que jte dise que je suis désolée juste pour te faire plaisir ?

Les pas la portaient dans la villa, jusqu’à la chambre de l’hôtesse aux draps froissés par la débauche. Sans pudeur, qu’importe que September choisisse de la suivre ou de s’abandonner à ses larmes sur la froideur du marbre de l’entrée, Ezra laissait tomber les vêtements salis par la débauche, se glissait sous la douche sans se soucier de son cher trésor dévasté.

Elle savait que September ne partirait pas, non, September était sienne.

Sourire satisfait dans la contrariété, elle repensait au visage délicat, repensait à l’amour qu’elles partageraient encore jusqu’à l’épuisement d’Ezra, la lassitude qui n’arrivait pourtant pas.

Enfilant des vêtements propres, se glissant dans ce costume qu’elle aimait tant, celui qui sentait le parfum qu’elle ne partageait pas avec d’autres femmes. Ce parfum qui la rendait pourtant encore plus lointaine quand elle prenait son portable et laissait les déboires au majordome en se dirigeant vers la porte d’entrée, vers la plage ou Ellipse et les bras de September quand elle arrêterait d’être si pénible. Car September suivrait chacun de ses pas.

Jusqu’à ce qu’elle mutile trop son coeur.

Elle aurait dû se douter,

oh oui, elle aurait dû.

Ce coeur était tout autant épris, mal épris, si mal épris et pourtant.

Ezra se piquerait avec ses propres épines.

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l’éclat dans tes yeux qui se terne les lèvres qui se tirent laisse-moi jouer la comédie encore un peu, tu veux ? verser quelques larmes pour te pourrir le moral comme tu as pourri le mien, parce que tu détestes ça, Ezra, lorsque je « chouine » devant tes actes d’infidélités répétés, comme si c’était normal que je les accepte comme si je devais ne rien ressentir face à ta cruauté – jouer le parfait trophée.
et peut-être qu’on se complète bien car je te trouve si belle dans ton égoïsme, mes penchants malsains – allez, Ezra, piétine-moi, encore, encore,
enivre-toi
de ce jeu –

C’est juste… je t’aime, ok.
(ah) la belle ironie, même moi je n’y crois pas – mais j’ai envie d’essayer au moins une fois réussir à aimer et c’est sur toi que c’est tombé alors que tu es l’incarnation même de la toxicité ; tant pis, Ezra, prends moi dans tes bras, retiens-moi encore quelques jours que je te brise le cœur dont tu te penses exempt – laisse-moi te faire tomber (amoureuse) que tu t’en mordes les doigts
justice
pour toutes les femmes que tu as abandonné, pour mon cœur que tu aurais pu briser.
Et j’ai besoin d’être rassurée, que tu me dises que ces meufs, là, tu me n’abandonneras pas pour elles. Ezra… s’en va pour la douche et je te regarde, silencieuse.

je vais attendre, comme tu le veux, sur la plage où j’ai cru t’aimer un peu ; le sable sous mes pieds et quelques grains s’envolent – je me souviens, c’est ici que nous avons partagé notre premier baiser, scène romantique avec coucher de soleil mais
combien
de femmes de fois de baisers as-tu partagé, là, prétendant chérir tes trophées – ah, Ezra, te voilà enfin

Pardonne-moi, s’il-te-plaît. J’ai fait un caprice, je n'aurais pas dû.. Je suis désolée.

les vagues viennent et s’en vont,
bientôt,
ah
tu vas goûter à l’abandon.

IN THE DARK, WHERE I LIKE TO KEEP MY HEART

ft September

Aux mots d’amour dans les larmes, elle ne donnait point de réponse. Le regard fier, le sourire absent quand l’agacement avait pris le dessus sur l’amusement. C’était que, September, parfois, tu ne l’amusais plus, tu lui montrais juste à quelle point elle était mauvaise. Et Ezra n’aimait pas ce sentiment.

Alors la main avait caressé la courbe de l’épaule, l’avait piqué en la quittant sans un mot pour son amour. Un regard en arrière quand elle voulait se savoir rassurée, un regard en arrière et un soupir.

– Tu es ridicule September, avant de disparaître.

Et sur le sable, les pieds se réchauffaient, les cheveux humides gouttaient sur la chemise blanche quand elle avançait vers September. Oh, la si belle, si douce September quand ses yeux étaient encore rouges de larmes. Elle s’excusait encore et encore et Ezra ne put que sourire, sourire et voir l’agacement fondre car l’attachement était bien là quand la main venait courir sur la joue, caresse antidote face à la méchanceté de sa personne.

– Tu n’aurais pas dû mais on en parle plus. Ok ?

Le regard un instant fut sévère, s’adoucit quand elle caressa la chevelure de September, déposa un baiser sur son front inquiet avant de relever sa tête du bout des doigts. Un sourire satisfait et le regard pétillant malgré la fatigue quand la main libre venait capturer la taille de la douce. Les lèvres caressaient les siennes, se déposaient tendrement pour mieux la couvrir d’une douceur rare chez Ezra. Une douceur que September arrivait à faire naître chez elle parfois sincèrement. Les lèvres s’emparaient d’elle, lui rappelaient qu’elle était sienne quand elles la couvraient de baisers jusqu’à pouvoir murmurer à son oreille. “September, mon trésor, n’oublies pas que tu restes ma préférée.” Le seul trésor qu’elle aimait, même sans le réaliser, le seul trésor qu’elle autorisait à siéger si longtemps à ses côtés.

September, sans même le savoir, tu avais déjà son coeur enroulé autour du doigt, aussi vile soit-elle.

Et Ezra la garderait sienne tant qu’elle le désirerait.

Elle le croyait.

Elle pensait qu’elle serait celle qui briserait September en l’abandonnant.

Stupide Ezra, égocentrique Ezra, la marionnettiste bientôt connaîtrait la peine de cet amour empoisonné.

Et elle ne pourrait qu'être damnée à la convoiter.