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Dans les rues sombres (Apollonia)

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Ange Huynh

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Ange Huynh
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Lun 15 Fév - 21:51
Dans les rues sombres
(on bat l'en nuit)
février 2021 ft. @apollonia solovieva

Il y a entre les doigts les perles du carmin (du vin non consommé). Il y a dans les yeux, la lueur de ces douleurs qui transpercent le corps des milles éraflures, de milles blessures. Ange y est habitué.
Ange a sur le corps les cicatrices d'un passé et d'un avenir,
pas du sien
(car les échos tracent un chemin qu'il ne comprend pas très bien).

Elle lui a dit d'exécuter, il s'est fait main mortelle. Il a tranché la gorge aux paroles futiles, n'a écouté les derniers mots de l'homme au cadavre oublié. A quoi bon délibérer sur les bafouillements d'un homme déjà mort Ange n'a de pitié que de ceux qui dans leur sang s'étouffent, et lui était encore trop vivant.
Il a fait l'oreille sourde; il a laissé les paroles des enfants, de la femme glisser sur l'épiderme comme glaçon. C'est trop froid pour être agréable, ça répugne d'un frisson mouvementé.
Et ça laisse dans la nuque la sensation désagréable qui ne quitte qu'une fois chaleur retrouvée.

Mais voilà, Ange, il est tout recroquevillé. Il a les jambes repliées contre le torse, il a le visage baissé vers les bras ensanglantés. Et ne dirait-on cet enfant oublié, que l'on avait abandonné dans les barreaux dégoulinants de son propre sang (pour en faire offrande à quelques billets égarés car, oui, quelle beauté). Mais il n'est plus curiosité, Ange, non.
Il a passé cette étape de la vie où l'on sait se contrôler.
Et pourtant aujourd'hui, les plaies se referment mal. Peut-être parce qu'il a voulu se précipiter, parce qu'il a fait jaillir les ossements comme point final sans réfléchir, pour plus vite en finir. Et maintenant, le voilà tout dégoulinant, et maintenant les plaies béantes se font trous sur l'épiderme et, oh,
comme il aimerait voir Echo là devant le visage, aiguille à la main, mots doux au bout des lèvres.
"Tu as bien travaillé";
qu'elle lui dirait.
Et il acquiescerait, bien heureux, il la regarderait sans rien dire pour mieux enrouler les bras autour de ce corps tout chaud.


Mais il a le regard dans le vague et les mains tremblantes. Pleines de sang. Il a les lèvres serrées et les poings blanchis par une panique incontrôlée. De celles qui arrivent lorsqu'il a trop tardé, de celles qui se pointent quand il a trop écouté contre son gré, de celles qui forcent leur passage pour rappeler combien il devrait regretter
tuer.

Alors les chaussures s'arrêtent face à lui, et redresse la tête, petit, petit ange. Il a les ailes qui traînent par terre tout derrière lui, il fait peine à voir;
quand il croise le regard de la douce femme, quand il garde ses mains tout pour lui, les serre pour en calmer les tremblements.
Elle ne peut pas voir l'énième chute, non.
Il sera seul spectateur.



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Apollonia Solovieva

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Apollonia Solovieva
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Mer 17 Fév - 4:05
Dans les rues sombres
on trouve les plaies qu’on ne sait pa/enser
février 2021 ft. @Ange Huynh

On a sur les lèvres les besoins urgents, les courses qui doivent se faire au milieu de la nuit, les envies soudaines, on a dans la bouche tant de choses fausses, mais dans les yeux, cette fatigue. On est las‧se de te voir, alors on t’ordonne le congé pour des babioles.
Même si tu sais bien lire l’ennui entre les caprices assumés, tu sais encore mieux obéir, dodeliner de la tête avant de t’exécuter le plus vite possible.

Dans les rues de la ville, tu flottes sans trop le sentir, comme si tu avais laissé la matière même de ton être dans cet appartement,
avec Canopus,
Pour veiller sur ellui, toujours toutenuit.

Tu marches sans voir les regards qui te suivent, qui te transpercent sans que tu les sentes. C’est cette ignorance qui fait ta beauté hibernante, qu’on ne t’a jamais montré à faire éclore. On t’a appris que le désir n’est que l’annonce des violences. Aucun homme qui se brisera sur ta peau ne voudra de toi. Alors tu ignores les remarques sifflées, les cris dont les mots ne se forment même pas en ton esprit, car ce sont eux-mêmes qu’ils menacent sans savoir. Tu n’as pas le temps de t’attarder à l’ironie.

Il y a ce pourquoi tu oses parfois t’arrêter. Les pousses insolentes dans les craques du béton, les déchets tombés des poubelles et, parfois, les petites bêtes blessées. Tu fais deux pas devant une avant de reculer. Dans la lumière blême sur des mains serrées, ce n’est pas le sang que tu vois. C’est plutôt la courbe d’un dos qu’on sent déchiré, une spirale brisée dont les éclats accrochent ton cœur au passage, menacent de l’écorcher si tu repars.

Ta compassion se réserve pour ses très rares élu‧e‧s, l’idiote qui ne sait pas choisir a jeté son dévolu sur celleux qui pourtant s’haïssent. Tu te surprends qu’entre tes côtes, il reste assez d’espace pour s’émouvoir de formes brisées sur le trottoir.

C’est un visage qui tente pudiquement de se contenir et qui échoue avec la tristesse d’un comédien qui oublie son texte. Tu y vois une expression familière qu’il n’arrive à recréer. Alors tu t’accroupis devant lui. Tes mains se rendent aux siennes, avec une tendresse ferme, celle qui ne se refuse pas. Et tu restes un moment en silence, tes mains sur les siennes, avant d’immiscer tes doigts sous les siens pour les déplier. Sans considération pour ce que ces mains voudraient cacher. Tu sembles cligner des yeux pour la première fois lorsque les souvenirs vermeilles des paumes trahissent la petite bête blessée. Tu fronces les sourcils avant de refermer les mains tremblantes.

Tu te redresses alors, le fixant d’une expression à laquelle on n’a jamais donné de nom, la pâle imitation d’une autre, la germination d’un bulbe sous la neige.

« Reste ici. Si je reviens et que tu es parti, je te retrouverai. Je peux courir et toi non. »

Et tu repars à grandes enjambées, pressées sans être tendues, larges car elles le peuvent.
Tu reviens, quelques instants plus tard, le sac en plastique au bout d’une main comme seul témoin d’un quelconque changement. Pas de tressaillement sur tes traits qui cherchent encore à baptiser ce qu’ils dépeignent lorsque tu constates qu’il t’as obéi. Personne ne fait ce que tu leur demandes pourtant. Il y a cette douceur surprise dans ta voix lorsque tu réprimandes l’inconnu.

« Ce n’est pas un endroit pour traîner. Suis-moi si tu peux marcher. »






Dernière édition par Apollonia Solovieva le Sam 20 Fév - 17:34, édité 2 fois
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Ange Huynh

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Ange Huynh
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Mer 17 Fév - 11:56
Dans les rues sombres
(on bat l'en nuit)
février 2021 ft. @apollonia solovieva


Il y a son sang, sur l'opale d'une autre.
Il s'écoule au goutte à goutte, il s'étale comme tapisserie de ses méfaits.
Et entre les doigts liés, Ange ressent ses propres tremblements vibrer comme le ronronnement féroce du félin. Il laisse Apollonia glisser sa peau contre la sienne, contre les cicatrices blessées mal refermées. Et n'est-elle pas le véritable ange, là, dans ces ruelles sombres, où l'on laisserait un homme trembler de tout son soûl jusqu'à ce que l'inconscience face disparaître les peines? Ange sent son cœur tout dans un étau se resserrer, sent ses bras presque venir chercher la chaleur de cette femme qui l'abandonne déjà de nouveau.
Rien que pour quelques minutes.

Mais quelques minutes, c'est suffisant.
Suffisant pour reposer la tête contre le mur froid dans son dos. Suffisant pour souffler cette douleur qui parcourt tout le corps. Suffisant pour oublier un instant les blessures du corps (de l'âme) pour mieux se concentrer sur l'air d'entre ses poumons qui s'inspire et s'expire.
Il n'a pas songé à s'enfuir. Ce n'était pourtant pas la menace qui lui avait glacé le sang, car, sans doute que s'il l'avait voulu, il aurait planté les os dans le corps poupée. Jusqu'à l'en tuer, jusqu'à s'en tuer (si Echo l'avait voulu).
Il redresse un regard vers les mains pleines, il a la posture plus sereine, lorsqu'il s'adresse à elle du même ton, lorsqu'il a la même inflexibilité, enfin, dans cette gorge nouée.

« Alors pourquoi traînez vous ici? »

Redresse un regard terne. Il se relève, pourtant, vient presque se planter face à elle, la sui(vrai)t jusque chez elle (jusqu'au bout du monde certainement). Car elle a ce même cœur, celui un peu trop enfoui, celui trop bien caché. Il l'a vu, dans cette maternité un peu violente. Il l'a vu, quand elle a délié les doigts avec la douceur qu'une mère n'aurait pas.
Et elle a encore, sur le bout des doigts, sous les ongles courts, le sang séché.

Elle n'avait pas eu peur du carmin, n'avait pas demandé d'où il venait.

Alors il n'avait pas peur de la suivre. Parce qu'elle ne posait de questions, car elle se fichait de savoir ce qu'il s'était passé (pour l'instant). Et de ses vêtements tous tâchés, de sa posture pitoyable, Ange traînait des pieds (comme le font les enfants) pour suivre la posture imposante de cette gardienne encore jamais rencontrée.



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Apollonia Solovieva

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Apollonia Solovieva
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Ven 19 Fév - 3:44
Dans les rues sombres
on trouve les plaies qu’on ne sait pa/enser
février 2021 ft. @Ange Huynh

Il n’a pas couru, c’est bon, c’est sage. Car tu ne mentais pas, quand tu disais que tu le retrouverais. C’est parce qu’il a sur les yeux un voile si familier que tu ne le (re)connais que sur les autres, cette tristesse résignée dans laquelle tu t’es embaumée. Le linceul des belles âmes aux desseins de cendre.

Tu te surprends de sa réponse-question, de son ton déférent. On t’adresse rarement avec tant d’hommage. Cela ne va pas très bien toi
la traître      la chienne    l’éperdue         illuminée    la chair à                canon
Pas de ça, pas de vous, pas de manières, voudrais-tu lui dire. Tu lui diras sans doute, mais avant, il faut rentrer. Et pour rentrer, il faut parler.

« Parce que je dois. Suis-moi maintenant. »

L’homme se lève alors, sans doute peu satisfait de ta réponse, ou alors ne la cherchait-il pas vraiment? Ne cherchait-il en fait que les mains qui se font douces malgré la peur, qui ne bronchent pas devant le sang.
C’est surtout ton propre sang que tu as sur les mains, tous les jours, tous les mois depuis que le ciel t’as maudit, enfermée dans ce corps qui ne sait que souffrir et saigner,
qui ne sait rien faire d’autre.
Toucher le sang des autres est nouveau, intense.

Tu es contente qu’il te suive sans attendre. Il te fait grand hâte de rentrer. Ce n’est pas la gaze dans ton sac, ni les taches foncées et poisseuses dans le dos de l’inconnu. C’est que
Canopus
Iel est seul‧e (car iel n’en pouvait plus de toi).
Si tu rentres avec cet homme, ce petit être blessé, comme un chaton que tu aimerais garder, iel te laisserait bien rentrer
Canopus.
C’est une urgence, voilà, il faut soigner les âmes en peine abandonnées dans les ruelles. Si tu ne le fais pas, Polia, qui le fera?

Tu marches donc, ce caneton traînant à ta suite. Vous n’êtes pas loin, mais tu crains à chaque pas, la catastrophe
Te retourner et le voir parti (lui aussi)
Arriver trop tard.
Vous marchez en silence, car tu es occupée à compter tes pas à l’envers.

La tension dans tes épaules se dissipent lorsque tu t’arrêtes devant la porte de l’immeuble de chez
Canopus
Ce n’est pas chez toi, pas vraiment, tu y habites, mais rien ne t’appartient. C’est bien ainsi, car tu n’y es pas pour être confortable. Les gens confortables oublient d’être prudent‧e‧s. (Ne fais-tu pas entrer un inconnu chez ellui?)

Tu souris presque en le voyant toujours derrière toi. Ce n’est pas un sourire, mais une douceur dans les yeux que tu fixes sur lui un moment.

« Il fait trop froid dehors. Viens. »

Tu ne dis rien en entrant, encore moins lorsque tu vois la porte de la chambre fermée. Un message clair, la tension dans tes épaules qui revient. Tu attrapes une des mains sales de l’inconnu dans la tienne pour l’amener jusqu’à la salle de bain, là où tu pourras récurer les taches de sang sans difficulté. Tu le mènes jusqu’à la cuvette où tu le fais s’asseoir, posant ton sac de plastique à ses pieds.

Ta main encore sur la sienne, tu annonces sans permettre de réponse ou de refus, les yeux distraitement rivés sur le sac rempli de premiers soins dont tu aurais eu aussi bientôt besoin.

« Tu es en sécurité ici. Je m’appelle Apollonia et maintenant je vais nettoyer tes blessures. Ne gigote pas trop. »

Tu parles comme si tu répétais l’évidence même, comme si n’importe qui l’aurait recueilli, petit chat errant,
comme si tout le monde avait besoin d’excuse pour revenir en ses propres quartiers.



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Ange Huynh
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Mer 16 Juin - 15:33
Dans les rues sombres
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février 2021 ft. @apollonia solovieva


Elle a cette violence dans les mains douces qu'Echo n'a pas. Echo est faite de chaleur agréable, de corps tout blottit contre le sien, de paroles douces. Apollonia est regards longs, paroles courtes, brutalité réconfortante. Toutes deux sont si différentes, mais cette différence soulage (car ce soir il ne sera pitoyable devant sa sœur, ce soir elle ne le verra pas tout brisé par les os qui craquent sinistrement dans tout le corps).

Et l'habitat dans lequel ils entrent est tout froid. Comme si les âmes qui y vivent avaient laissé les fenêtres ouvertes de la nuit au matin, mais ce n'est pas ça. La porte de la pièce, là-bas, est fermée (mais il voit la lumière en dessous, ne pose pas de question suit, petit caneton, la grande dame qui l'assoit). Elle est là-bas, la raison.

Il n'a pas peur.
Peut-être que c'est parce qu'elle lui rappelle ce qu'il n'a jamais eu (ce dont il avait rêvé, enfant). Mais même le corps meurtri, même tout affaibli, il compte un peu trop sur elle
pour recoller les morceaux.
Ce devrait être interdit, de chercher à refermer les plaies comme l'on le ferait avec une peluche, comme l'on recoudrait un vieux jean tout déchiré.

Alors il accepte les mots, il imprime un instant le prénom sur le fond de son palais, le répète vaguement et lève les yeux vers le visage tout fermé. Il ne dit rien, pendant quelques secondes, et puis se présente lui-même.

« Moi, c'est Ange. »

Il n'ajoute pas grand chose, ne se fait pas bien bavard car il n'y a pas grand chose d'autre à dire. Il ne gigote pas, comme elle le lui dit (il a appris à obéir sans doute, est habitué au picotement du désinfectant et son odeur âcre qui remonte parfois jusqu'aux narines). Il écoute les quelques ordres donnés, il exécute.
Il exécute comme le ferait une machine,
il exécute comme quelqu'un trop habitué à le faire.

« Il y a quelqu'un d'autre, ici. »

Pas vraiment une question, plutôt une affirmation. Le regard ne se fait pas curieux, mais Ange, pourtant, aimerait savoir. Pourquoi Apollonia l'a amené ici s'il y a une autre âme vivant dans les parages.
Sans prévenir,
en infiltrant le sang,
la mort,
dans cet habitat tout froid
(peut-être pour réchauffer le parquet un peu carmin suite à ses pas).



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Apollonia Solovieva

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Apollonia Solovieva
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Lun 12 Juil - 21:33
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février 2021 ft. @Ange Huynh

« Ange? »

Tu répètes ce nom qui te paraît inhabituel en levant les yeux des mains ensanglantées. Ce n’est guère un nom que tu lui aurais donné en les regardant, mais maintenant que tu regardes son visage, ce nom lui va mieux. Les anges sont tristes, sans doute. Il a l’air d’un ange perdu dans une bien drôle de ville, dans de bien drôles de ruelles. Tu t’imagines qu’on ne veut plus qu’il revienne au ciel, comme ces oiseaux tombés du nid, car il pue de vos vices et vos envies.

Tu lâches ses mains finalement pour aller chercher quelques compresses dans ton sac en plastique. Tu ne les as pas achetées juste pour lui, après tout, de nombreuses fois as-tu dû te rafistoler, assise sur cette même cuvette sans personne pour te tenir compagnie. Tu aimes penser qu’Ange est chanceux, alors que tu passes une compresse mouillée sur ses mains. Tu les décrasses pour voir si elles sont blessées. Lorsque tu les vois intactes, tu te demandes un instant si c’est son sang à lui.
Si on a demandé à l’ange de faire des folies.

Tu imbibes alors de nouvelles compresses pour nettoyer les plaies évidentes sur ses bras. Tu ne l’entends ni se plaindre, ni tressauter, ni même siffler au contact de l’alcool sur les chairs découvertes. Cela rend ton travail plus facile, te donne l’impression qu’il n’est pas ange autant que bon soldat.

Lorsqu’il parle, tu avais presque oublié qu’il avait une voix, trop concentrée sur ta besogne. Bien que tu ne sois pas blessée, tu es celle dont la mâchoire se serre lorsqu’il te questionne à propos de la lumière sous le pas de la porte fermée.

« Oui, mais il ne faut pas lae déranger », tu souffles sans lever la tête cette fois, une ombre passante sur le visage.

Canopus t’as bien dit que tu lae dérangeais après tout. Iel t’as peut-être entendu rentrer, mais n’en a cure. Alors, tu préfères t’occuper d’Ange. Ange est bien plus gentil, il fait ce que tu lui demandes sans rechigner.

« C’est un beau nom, Ange. Ça te va bien. »

Tu reviens à son nom sans grande subtilité. Peu importe ce qu’il y a derrière cette porte, tu n’as pas envie d’en parler.

Une fois les blessures d’un bras nettoyées, tu les regardes de plus près sans comprendre ce qui aurait pu les causer. On aurait dit qu’Ange avait été poinçonné. Tu n’oses pas lui poser la question, pas encore. Après tout, à Ellipse, tout se peut, des malades qui font des trous dans les gens
des anges qui errent dans les rues.

Ce que tu veux savoir, tu lui demandes plutôt, en jettant les compresses ensanglantées et t’emparant des bandages.

« Pourquoi n’es-tu pas allé chercher de l’aide, Ange? »

Combien de temps aurait-il attendu ainsi, entre les pas froids des gens qui ne s’arrêteront pas, qui ont trop vu de ces malheureuxses qui baignent dans leur sang. Iels savent que le mieux, c’est de détourner le regard, on n’a rien vu, rien entendu, ne vous vengez pas, nous ne savons rien.

Tu connais les lois secrètes d’Ellipse, et pourtant tu as fait entrer Ange chez toi. Tu pourrais dire que tu lui fais confiance, mais tu n’en sais rien. Quelque part en toi, tu espères que c’est un piège, tu espères presque qu’il dérange Canopus, lui donner une raison d’être fâché‧e.



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Ange Huynh
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Mar 13 Juil - 19:33
Dans les rues sombres
(on bat l'en nuit)
février 2021 ft. @apollonia solovieva


Il hoche la tête lorsqu'elle demande son prénom, encore. Oui. Elle a bien entendu. Il est bien Ange, ange, peut-être finalement pas si angélique mais des beautés de ces derniers, il n'avait rien à envier.
De leur pureté, c'était une autre histoire.

Il regarde d'un œil presque absent (ce n'est pas le cas, il est simplement habitué à la vue) le rouge disparaître des mains, se demande un instant à quel moment Apollonia finira par le jeter dehors. Parce qu'elle va le faire, n'est-ce pas? Parce qu'elle va prendre peur et il ne lui en voudra pas (peut-être devra-t-il simplement la tuer pour faire comme si rien n'était jamais arrivé (mais elle était si douce et ses mains si chaudes que la pensée seule lui arrachait le cœur)).
Et il ne faut pas lae déranger. Mais le regard ne quitte étrangement pas le couloir, pendant quelques secondes. Il y avait cette lumière sur le pas de la porte, et personne n'était venu les accueillir. Personne, non personne. Comme si ce n'était pas grave, si elle était de retour. Pas grave, si elle n'était pas revenue du tout. Alors il ne réplique pas, acquiesce vaguement et ignore cet élément. Soit. Il n'irait déranger personne d'autre ce soir (aurait bien quelques réponses s'il fouinait).

« Il t'irait sans doute mieux qu'à moi. »

Le prénom.
Parce que c'était elle, qui s'apitoyait des âmes délaissées dans quelques rues humides et sans avenir. Ce ne serait certainement pas lui qui aurait fait ça. Peu importe le contexte. Et finalement, finalement, il lâche un long soupir. Comme si tout ce temps, il était resté coincé dans ses poumons. Comme si maintenant, alors que son crâne fit un bruit sourd contre le mur et que ses épaules le maintenaient vaguement contre la paroi, il avait le droit de ressentir à nouveau.
Apollonia se penche sur les bras, et voit-elle toutes les cicatrices blanches, là, sous les tatouages? Voit-elle comme l'encre permanente s'enfuit pourtant de la peau? Comprend-elle sur quelle abomination elle aurait pu tomber, dans ces rues, de nuit? Il sourit vaguement à la question, hausse les épaules. Et il a l'air d'une poupée désarticulée, le dos à moitié voûté et dans le vide. Il y a un espace vide dans le bas de son dos, et cela le fait frissonner. Parce qu'il ne sait pas ce qu'il devrait avouer, parce que cette position détachée trahit pourtant un certain malaise. Mais s'il a cessé de laisser les émotions de côté, si finalement il semble émerger d'une phase de vide, il décide de rester calme.
De choisir les bons mots pour ce bel ange.

« Parce qu'il n'y a que ma sœur pour me soigner. Elle est habituée à recoudre la peau. Ca arrive qu'elle ne se referme pas bien, parfois. Quand je ne fais pas assez attention. »

Quand il ne songe qu'à faire disparaître le surplus blanc.
Quand il ne se veut plus monstre,
tout simplement.

« Mais ça n'arrive pas très souvent. Et je suis capable de le faire seul, aussi. »

Mais comme il aime les mains douces qui caressent la peau. Comme il aime l'attention et comme il aime les baisers sur le front. Et il regarde Apollonia comme si elle était Echo. Il la regarde comme si elle allait le serrer contre sa poitrine et lui susurrer quelques mots d'amour avant de le coucher,
car il avait si bien travaillé.



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Apollonia Solovieva

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Jeu 5 Aoû - 16:05
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février 2021 ft. @Ange Huynh

Tu souris timidement, car tu es trop polie pour dire non aux compliments que tu ne penses pas mériter. Tu n’es pas un ange, enfin, tu ne crois pas. Tu te sais obsessive, têtue, éperdue comme les anges ne pourraient jamais l’être. S’il existe des anges, iels ne sont pas dans les gangs ou bien
iels perdent leurs ailes et attendent qu’on les ramasse dans les ruelles.

Les cicatrices à divers degrés de blancheurs, certaines oubliées, d’autres probablement encore douloureuses, ne t’échappent pas alors que tu t’affaires sur les plaies. Tu les sens sous tes doigts, tu les devines sous les dessins d’encre, un camouflage qui marche seulement quand on se tient loin. Peu importe ce qui l’a ainsi blessé, ce n’est pas la première fois. Cela expliquerait son calme exemplaire sous les brûlures de l’alcool sur les chairs à découvert.

Toute trace de sourire s’évapore de ton visage malgré toi lorsqu’Ange mentionne sa sœur. Tu aurais aimé que cela ne paraisse pas, après tout, ce qui t’attriste ne le concerne pas. Tu ne saurais même lui dire ce qui te peine à ce moment, jamais vous n’aviez réussi à mettre des mot dans ces espaces entre vous, toujours de plus en plus grands, de plus en plus creux.
Alors tu baisses les yeux sur les blessures, tes longs cheveux noirs tombant devant ton expression à la fois maussade et nostalgique.

Si c’est toi qui doit recoudre les bras d’Ange, où est donc cette sœur dont il parle avec tant de douceur dans la voix? Cela te fait craindre le pire, tu t’imagines toustes les frères et sœurs de la ville se perdre. Comme si quelque chose dans l’air empêchait de bien aimer.

Tu inspectes toutes les plaies de plus près, pour n’y laisser aucune saleté, mais c’est surtout pour demander sans avoir à le regarder dans les yeux: « Tu fais attention à ta sœur, n’est-ce pas Ange? Tu t’en occupes bien? »

Ce sotn des inconnu.e.s, pourtant quelque chose dans ta voix laisse deviner le vide, l’envie et l’inquiétude. Qu’est-ce que cela peut bien changer, qu’Ange ait des douceurs pour sa sœur. Cela ne te redonnera rien, rien d’autre que des souvenirs dans un appartement silencieux aux portes fermées. Pourtant, tu veux savoir.

Tu lâches son bras un moment et tu te redresses. Tu ne le feras sans doute pas aussi bien que sa sœur, mais il faut bien recoudre les plaies. Tu as l’habitude, mais tu n’as sans doute pas son adresse. Lorsque tu te rasseois devant lui, tu lui demandes, peut-être pour le distraire, mais surtout pour satisfaire ta curiosité (ou ta solitude):

« Comment s’appelle-t-elle? Parle-moi d’elle. »

C’est aussi un avertissement, car l’aiguille attachée au fil de suture entre dans la peau avant que tu finisses ta phrase. Sans doute tes mains ne sont pas les plus douces, mais elles n’ont pas hésité.



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Ange Huynh
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Sam 7 Aoû - 16:06
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février 2021 ft. @apollonia solovieva


Il ne sait que lire dans ses yeux, à Apollonia. Il ne sait si c'est de la tristesse, du regret. De la colère. Peut-être de tout, peut-être de rien. Peut-être une envie d'oublier, il ne lui en veut pas. A-t-elle, elle aussi, une sœur à chérir, à embrasser le soir, à baiser du bout des lèvres couché sur le front? Ou est-ce l'inverse? Est-ce elle qui vient la border et lui humer quelques berceuses pour apaiser son cœur?
N'a-t-elle rien de cela? Oh, oh. Il s'en veut presque de parler d'Echo, quand dans les lèvres pincées il devine quelques douleurs qui ne s'effacent aussi bien que cicatrices sur la peau.
Il a le sourire aux lèvres, quand il répond :

« Oui. »

Oh, oui, qu'il s'en occupe bien de sa sœur. Tu ne devinerais jamais quels sacrifices il ferait pour elle, Apollonia.
Il pourrait en mourir pour qu'elle vive, Ange.
Chaque caprice est accepté, chaque demande est exécutée. Tout ce qu'elle veut, il commet. Tout ce qu'elle réclame, il offre. C'est entre ses ongles longs que sa nuque est déposée
(pour toujours et à jamais).

« Elle n'a jamais à se plaindre. »

Parce qu'il est le meilleur grand frère qu'elle n'aurait jamais pu réclamer. Tout obéissant, dis, Ange.
Et il réfléchit à ce qu'il devrait dire à Apollonia à propos d'elle. Sûrement rien. Sûrement tout. Car n'est-elle celle qui ramasse les anges dans les rues? Celle qui nettoie les ailes pour qu'elles brillent de nouveau, quand Echo n'est pas là? Il a le regard sombre qui coule sur les bras de la jeune femme, il a le visage qui grimace un peu en sentant la pointe se glisser dans sa chair.
La voix a un semblant de trémolo, lorsqu'il prononce le prénom, lorsqu'il discute de ses magnificences (la douleur et peut-être l'émotion mêlés).

« Echo. Sûrement qu'elle m'attendra pour dîner, ce soir. Elle me félicitera, elle glissera ses mains contre mes joues et embrassera mon front comme le font les petites sœurs, n'est-ce pas? » Pas vraiment, Ange; continues. « Elle n'est douce que si l'on regarde bien. Elle n'aime pas trop mon chien, enfin. Je crois qu'elle fait semblant, parce que Gummy l'aime bien. Et quand elle s'énerve contre la vie, elle se tourne vers moi. Peut-être que je suis son pilier. »

L'inverse serait plus vrai.

« Toi aussi, tu as une sœur? »

Une de celles qui tourmentent à vie, une de celles qui aimeront toujours.




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