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Stelian, sans une once de respect. Navrée d’interrompre votre conversation mais j’ai quelques questions.
ton pouvoir s’active, par un coup de chance sûrement
(ou les cieux ont décidé de m’accorder un parfait adieu, demain, je ne serais plus jamais Medea Van der Bilt, cette apparence-là, je la laisse au passé) ; tu vieillis à vue d’œil et tes cheveux reprennent leur teinte brune, ondulent sur tes épaules et jusqu’en bas du dos. tu retires alors ton masque, dans la même mimique hautaine que Stelian sur la scène – et le sourire qui orne tes lèvres, c’est en réalité la peur, qui fige ton visage

(dis-moi la vérité
la raison pour laquelle les Dragons, mon père
Felis
m’ont été enlevés)

Cela fait longtemps, je t’ai manqué ? Quoique tu n’as peut-être pas le temps de te soucier des fantômes du passé, maintenant que tu as l’air bien à l’aise dans les chaussures de mon père.
inspiration sèche – (ça fait mal, si mal dans la trachée, j’ai la gorge nouée)
Je viens suivre ton conseil de repartir sur « des bases saines ».
un coup d’œil vers la femme qui l’accompagne, n’attendant pas qu’elle parte pour continuer (et elle, saura-t-il l’aimer ?)
Dis-moi la vérité, Stelian. Sur la mort de mon père.. le moment qui se joue encore, si fort, derrière tes paupières (« je protègerai Felis, Medea, je te le promets »)

Et la mort de mon fils.

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tu ne remarques pas sa compagne qui s’éclipse de la scène sans bruit, trop prise par ton rôle ; rester concentrée obtenir enfin la vérité ne pas
s'
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ce n’est qu’une intuition une crainte que tu n’arrives pas à chasser depuis ce maudit mois de juillet – une question, toute simple, au-delà de ce qui s’est passé, de la vérité
une question
Pourquoi n’es-tu jamais venu me chercher ?
qui en a soulevé des milliers d’autres –
(parce qu’il ne m’aime pas parce qu’il est coupable parce que j’étais un obstacle parce que je n’étais r i e n) en boucle jour comme nuit dans tes pensées dans tes insomnies, tu as joué tous les scénarios possibles Medea et dans aucun

Stelian ne t’a aimé.

Il n’y avait plus rien de votre couple de lui de toi
dans son regard froid. il n’existe nulle part votre ancienne idylle dans la brise du soir qui vous enlace, l’espace entre vous et la scène qui s’y joue – pas d’amour, plus du tout, et tu n’es pas étonnée ;
peut-être que la colère et la tristesse et la fatigue t’engourdissent, peut-être aussi que tu l’as su au fond, lorsqu’un mois, six mois, un an se sont écoulés sans qu’il ne tente de te retrouver (je t’aurais attendu une éternité)
tu as espéré, ardemment, qu’en le revoyant, il aurait une excuse parfaite – bancale, même, tu aurais accepté – et que tout recommencerait
qu’il aurait comblé le vide qui s’agrandit chaque année

mais il y a entre vous cette distance nouvelle, invisible (ou a-t-elle toujours été là, dissimulée derrière tes lèvres empoisonnées,
délivrant des mots d’amour comme des lettres apocryphes

des mensonges calomnies ta fausseté)
Raclure.
(je te hais)
l’unique mot que tu parviens à articuler, gorge nouée de toutes les insultes et accusations qui crèvent de s’exprimer, se bousculent et échouent à se départager – tu es

dévastée.

cet inconnu qui te parle comme s’il te connaissait, fume sa clope comme Stelian oserait, il y a
sur son crâne une couronne carmin du sang de ton fils et ton père, de votre passé, de l’amour que tu lui as voué
de ta naïveté ; et il la porte en toute majesté, pas une once de culpabilité ni de regrets – et c’est sûrement ce que Henry aurait voulu pour toi, Medea, l’allure et le flegme des Rois.
mais s’il t’avait demandé, ne serait-ce qu’une fois, ce que tu désirais
un monde où ton fils n’aurait pas eu à payer pour la vanité de ceux qui visent le sommet –

Et Felis ? C’était une erreur aussi ?
tu retrouves ta voix, tremblante, et seul son souvenir t’aide à ignorer le cœur traître qui aimerait pardonner le brun devant toi ; t’accroches à ta colère comme bouclier dresses ta rancœur comme une épée – la vérité.
Tu as raison, elle était parfaitement taillée pour toi. Je me suis trompée sur toute la ligne. paupières closes tu revis le 10 juillet, ton rêve de paix naïf, brisé. Je n’ai pas la perfidie ni le manque d’amour-propre nécessaires pour me tenir à la tête des Dragons. Ce n’est pas un aveu de mauvaise perdante, vraiment, je te félicite, en tant qu’ex… Supérieure. Tout ce que je veux savoir, Stelian, c’est..
la vérité.
Felis, devait-il mourir pour ça ?
(ce trône, cette vie

je ne les voulais que pour protéger mon fils des chefs comme toi)