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comme soeurs

Fin 2019 • Assise derrière son bureau, dans les confins de la Fourmilière, Magdalene s'attelait à trier ses papiers. Entreprise fastidieuse et, la plus part du temps, ennuyante, elle avait réservée cette soirée à cela - dans l'espoir de se mettre à jour sur factures, lettres de rappel et toutes ces choses captivantes bourrées de chiffres qu'elle n'arrivait plus à lire.

Elle savait ses filles occupées, pour la majorité, ce soir. Pour les autres, elles avaient pris leur soirée ; grand bien leur fasse. La Maison avait été plutôt calme, ces derniers temps - elle ne savait pas si c'était le climat général de la ville ces derniers temps ou un relâchement général. Le climat de ces derniers mois avait été particulièrement éprouvant, après tout ; surtout chez eux.

Elle se leva pour se servir un verre - une bière ambrée qu'elle appréciait tout particulièrement. Si elle n'avait pas prévu de sortir, elle comptait au moins faire de sa soirée quelque chose d'agréable.

C'était sans compté sur le voyant orangé au dessus de sa porte. Il s'agissait d'un système qu'elle avait installé récemment, permettant à ses filles de l'appeler si quelque chose se passait mal. Elle examinait elle-même les clients avant d'accepter les rendez-vous mais elles n'étaient jamais à l'abri d'un cafouillage.

Elle souffla et s'empressa de quitter la pièce, accrochant sa dague fétiche à l'arrière d'un jean qu'elle avait nonchalamment réservé à ce soir ; elle qui n'en mettait jamais. Dévalant les escaliers jusqu'au couloir qui faisait le lien entre la boutique et ce qu'elle cachait, d'où elle entendait les voix.

— Elise, intima-t-elle à l'intention de son employée. Un problème avec ce monsieur ? ajouta-t-elle froidement à l'intention de l'homme qui semblait être son client.

Ses yeux dévièrent cependant vers celle qui se tenait à côté de lui, qu'elle connaissait, mais ni de sa maison, ni de ses clientes. Elle écarquilla les yeux, un peu désarçonnée de la voir au milieu de la scène.

— Nevada ? balbutia-t-elle.

Il n'était plus question d'explications.

— Lâchez-la si vous ne voulez pas de problèmes.

ft. nevada

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nevada & magdalene

Des sourires dans la nuit -mots poésie en réponse aux exigences de la demande et Nevada scintille dans les rues tandis qu'ils s'avancent tranquillement. À son bras ce garçon bien plus vieux, avide de compagnie disait-il, seul sans sa femme décédée pour l'écouter.
Nevada avait sourit en réponse mais en réalité ne désirait pas savoir cette vie dont rien ne la concernait. Pour autant, tant qu'il payait, il pouvait bien raconter ce qu'il voulait.
Toujours répondra-t-elle le sourire aux lèvres et l'attention entièrement portée sur lui.

Après le repas l'homme a besoin d'air et toujours de compagnie, alors les dollars pleuvent et Nevada accepte. Marcher toute la nuit contre un peu d'argent lui convient, et dans ce rire qui suit l'humour fin de son client, elle le suit.
Tranquillement les pas tracent leur chemin, Nevada ne prête pas attention à la destination -l'extérieur est encore animé alors peu lui importe bien tant que le lieu est public.
Chez lui elle refusera toujours.
Des avances d'ailleurs il tente bien mais elle n'est pas idiote.
Courtoise au refus, il ne semble pas lui tenir rigueur de cette petite contrariété.

C'est bien ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent devant un fleuriste.
Ouvert à cette heure ? Encore ?
Elle songe mais ne dit rien, Nevada.
Rien avant de comprendre après quelques instants où ils se trouvaient.
Des lieux familiers dans la pénombre, un visage croisé quelques fois et sans avoir même vu la patronne -le pas de recul est instantané.
(la main qui retient son poignet aussi visiblement)

— Sérieusement ? J'ai refusé vos avances, je ne fais pas ça.

Calme malgré tout ça serre fort.
Un peu trop fort parce qu'elle a mal, et l'homme indigné s'exclame tout aussi fort.

— Tu as été payée !
— Pour dîner et vous promener seulement !
— Tu as cru que je te donnais autant pour une simple ballade ? Allons, cesse tes jérémiades et laisse toi aller un peu. Les filles d'ici sauront te détendre, elles sont vraiment douées !
— Lâchez-moi.

Non.
Évidemment.
Elle a beau rester calme, elle commence à s'agacer et lui aussi.
Alors il la tire, elle force un recul et le coup manque de l'atteindre avant que l'homme ne s'arrête soudain.

Nevada surprise observe la scène sans oser un mouvement et puis,
Lorsqu'elle te reconnaît s'autorise un léger relâchement (soulagée).
Le visage semble bien ennuyé face à ton étonnement.

— Salut.

Si elle avait pu t'éviter tous ces ennuis elle l'aurait fait.

Lâchez la.
Tu ordonnes pourtant lui ne fait rien -au contraire même l'homme s'insurge et ne comprend pas. Il a payé tu sais ? Pas pour ça mais il a payé, alors en preuve de sa domination il tire un peu plus fort sur le bras pour l'attirer contre lui et cette fois
C'est Nevada qui en a marre.
Elle profite de l'élan pour se tourner un peu vers lui et lui asséner un coup de talon dans la jambe.
Peu importe où pourvu qu'il la lâche enfin !
Ce qu'il fait pour placer ses mains sur sa jambe -s'abaisser un genoux au sol en criant et l'insultant.
Nevada elle, en profite pour s'écarter rapidement, une main sur son poignet qu'elle malaxe doucement et le regard franchement agacé.

Elle ne sait que dire ni que faire,
Te laisse le soin de gérer cette affaire car c'est ici chez toi et elle ne saurait mettre plus le désordre que ça n'est déjà le cas.

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Fin 2019 • Et l'homme s'obstina - ce qu'elle détestait par dessus tout. Elle souffla lourdement, presque agacée d'avoir à le mettre dehors, plus qu'effrayée. Elle intima quelques mots à Elise, silencieusement, dans sa tête. Va dans ta chambre, je m'en occupe et la regarda s'exécuter. Elle retroussa ses manches, bien contente finalement d'avoir sorti de sa garde robe quelque chose de confortable.

Un mouvement rapide et un coup du talon, l'homme s'affala. Elle s'empressa de l'attraper par le col et le traîner à travers la boutique - la façade - jusqu'à le jeter dehors.

— Vous trouverez une autre maison pour vos prochaines aventures, Philip. Ne vous avisez pas de remettre les pieds ici.

Elle claqua la porte, verrouilla et baissa le store. Fermé. Elle épousseta son chemisier puis revint auprès de Nevada, à qui elle sourit. Elle tend le doigt en direction des escaliers desquels elle était descendue.

— Suis moi.

Elle pris les devants, confiante en l'idée que Nevada ne voudrait pas ressortir, l'homme se lamentant encore derrière la porte. Elle l'accueillit donc dans son bureau. Elle lui tendit une couverture, qu'elle se couvre et l'invite à s'asseoir sur le fauteuil en face du sien. Elle reprit son verre.

— Un verre ? lui demanda-t-elle avant de prendre place.

Elle s'enfonça dans son siège.

— Tu veux en parler ? fit-elle enfin, comme pour tâter le terrain de celle qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps.

ft. nevada

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nevada & magdalene

Nevada renfrognée t'observe jeter Philip à la porte avec fermeté. Elle en aurait sourit si elle n'était pas si fatiguée, te l'aurait rendu pour sûr, toi si belle quand tu t'avances -la dépasse et puis demande.
La réponse n'est pas si difficile à choisir; entre te suivre et remettre les pieds dehors avec cet idiot dans les parages..
(il faudrait être fou pour ressortir, pas vrai ?)

Alors après un dernier regard pour la porte d'entrée derrière laquelle l'homme s'agite toujours, les escaliers se grimpent pour vous mener à ton bureau. Décoration charmante qu'elle observe tranquillement en attrapant la couverture que tu lui offres gentiment.

— Merci.

Un sourire et puis Nevada se roule dedans, se laisse envahir par la douceur du tissu avant de s'asseoir dans l'un des fauteuils face au bureau.

— S'il te plaît.

Peu importe ce que tu mettras dedans, ça lui fera du bien.
Tu sais, ce n'est pas qu'elle a eu peur c'est simplement l'adrénaline qui redescend -la colère qui s'échappe et que personne ne remarque jamais vraiment (elle non plus) parce qu'il est bien connu que si Nevada est discrète, elle ne s'énerve pas.
(c'est sans intérêt
ça fait mal au coeur à la tête partout
pour rien
alors.)

Esquisse polie, elle récupère le verre entre ses doigts -ne boit pas tout de suite mais sait au moins quoi faire de ses mains maintenant; posées contre ses cuisses, accrochées au récipient.
Elle t'adresse un regard, un peu surprise par la question.
En parler ?
De quoi, exactement ?

— Il n'y a pas grand chose à dire tu sais. Je ne suis pas tombée sur le bon client... Il disait vouloir se promener en ville, pas m'emmener ici. J'avais déjà refusé ses avances, j'aurais dû faire plus attention.

Finalement lorgne son verre un instant avant d'en prendre une gorgée -lève ensuite les yeux vers toi, encore.

— Merci d'avoir été là, tu m'as évité de gros ennuis.

Elle t'en doit une maintenant.

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Fin 2019 • Magdalene tiqua à sa remarque. J'aurais dû faire plus attention. Elle s'en mordit les lèvres puis teinta son visage de la douceur d'un sourire - presque maternelle.

— Ce n'est pas ta faute, Nevada, lui intima-t-elle.

Elle prit une gorgée à son tour, laissant le liquide couler dans son gosier avec une maigre satisfaction ; un toast pour des retrouvailles qui ne l'enchantaient qu'à demi de par les conditions dans lesquelles elles se font.

— De rien, Nevada, fit-elle d'abord. Puis, Tu fais tout ça... toute seule ?

Elle s'inquiétait de la savoir livrée à elle même dans ce genre de petits boulots qui ne pardonnent pas ; elle le savait mieux que quiconque. Maintenant qu'elle avait connaissance d'une partie de sa situation, elle ne pourrait la laisser partir sans tenter de l'aider. Elle ne dormirait pas sur ses deux oreilles, sinon.

— Je veux dire, tu n'as pas de compagnie de rattachement ? Une personne qui gère les rendez-vous ? Tu gères tout par toi même, c'est ça ?

Elle posa le verre sur la table avant de croiser les bras. Elle fit taper son index rythmiquement contre sa peau, cherchant rapidement une solution à cette situation. Elle pencha la tête.

— Et si je te prenais sous mon aile ? demanda-t-elle tout haut. Tu ne travaillerais pas réellement pour moi mais... Ces gens, ces gars, je les connais bien, tu sais. Je pourrai te protéger d'eux.

ft. nevada

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Ce n'est pas de sa faute, mais tu as beau dire ça elle n'est pas d'accord avec toi. Si elle avait stoppé le rendez-vous dès les premiers signes cette situation n'aurait jamais eu lieu, tu sais ? Ou peut-être que si. Peut-être qu'il se serait produite bien pire, qui sait. Ce n'est pas si grave, c'est déjà oublié. Elle en a retenu les leçons qu'il faut, Nevada.
Boit à nouveau quelques gorgées avant de te répondre.

— Oui.. La première fois j'ai dépanné un ami qui avait besoin d'une partenaire à une soirée. Il m'a gracieusement payé et m'a présenté certains de ses contacts, c'est partit de là.

Ça ne fait pas bien longtemps alors elle n'a pas eu le temps d'en voir passer énormément, mais c'est de l'argent tellement facile pour elle qui n'a qu'à accompagner et profiter qu'elle ne saurait le refuser. Les factures ne se paieront pas toutes seules, l'hôpital non plus.

— C'est temporaire, tu sais ? Le temps de me remettre sur les rails.

Un petit coup de pouce pour lui permettre de se relever.
L'argent ne fera jamais son bonheur, mais au moins il contribuera à sa survie. C'est déjà ça. Nouvelle gorgée, elle t'observe taper de l'index sur le bureau, se demande si tu es fâchée ou quelque chose comme ça même si elle ne comprendrait pas pourquoi.

— Et si je te prenais sous mon aile ?
— Hein ?

Les yeux grands ouverts, sourcils haussé, elle te regarde, étonnée, continuer sur la ta lancée ; et si la proposition est tentante, ce n'est malheureusement pas quelque chose qu'elle puisse accepter.

— Je te dois déjà un service pour ce soir, Magdalene. Je refuse de te devoir plus.

Un non poli mais catégorique.
Les dettes ne sont qu'un nid à emmerdes, quel quelles soient.

Termine alors son verre en silence avant de le garder dans ses mains.

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Fin 2019 • Elle lui laissa un temps, pendant lequel elle prit une gorgée avec un souffle. La tête légèrement basculée en arrière, elle sourit une nouvelle fois à la belle Nevada.

— Tu ne me devras pas plus, en réalité.

Elle se mit à réfléchir ; des façons de la garder à l'oeil. Elle ne voulait pas faire la police mais lui offrir une sécurité, un endroit pour elle où recharger ses batteries, à l'abri de regards hideux et non-demandés.

— Tu pourrais... faire le ménage. Elle hocha la tête. Oui, en fait, tu tombes parfaitement. Ma précédente dame de chambre nous a quitté la semaine dernière.

Elle se leva, fit quelques pas dans la pièce jusqu'à dépasser l'assise de Nevada, qu'elle dépassa. Derrière un rideau de velour, derrière son bureau, elle découvrit la fenêtre et regarda tristement l'allée sombre derrière son établissement ; personne ne passait jamais là à part quelques chats de gouttière.

— Tu seras payé, évidemment. Elle se tourna. Mais comprends bien que je m'inquiète pour toi et que je ne peux pas te laisser partir sans au moins te proposer des solutions, que tu les acceptes ou non.

Elle s'accouda sur son bureau.

— Je suis sûre que tu t'entendrais à merveille avec les filles, aussi.

ft. nevada

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Elle lève les yeux sur toi qui semble si confiante, c'est qu'elle t'admire beaucoup pour ça, tu sais ? Magdalene tu ressembles un peu à un ange, ou à un prince sur son cheval blanc bien qu'elle ne sache pas vraiment qui tu es du prince ou du cheval, ça lui étire un sourire à peine malgré son refus précédant.

— Tu pourrais... faire le ménage.
Le ménage ?

Nevada se demande mais ne dit rien, te laisse continuer tandis qu'elle pose enfin son verre sur le bureau. En silence t'observe te déplacer, maîtresse des lieux -elle se tourne légèrement pour te regarder tout en prenant le temps de réfléchir. C'est une proposition alléchante en effet.

— Si c'est un travail que tu me proposes je n'ai pas de raison de refuser.

Un sourire quand même, encore, désolé cette fois tandis qu'elle lève la tête pour mieux capter ton regard.

— Navrée de te causer du soucis. Je ferai plus attention je t'assure, tu n'as pas à t'inquiéter autant.

Ou plutôt devrait-elle dire merci de t'inquiéter autant, mais les mots restent coincés dans sa gorge -il est toujours plus facile de s'excuser que de remercier après tout.

— N'oublie pas que je te dois un service, les trois premiers jours sont gratuits du coup, sourire malice, elle croise ses bras contre sa poitrine tranquillement. Sauf si tu as une autres idée ?

Se demande alors, finalement, si elle s'entendrait réellement si bien que tu le penses avec tes employées. Le contraire ne serait pas si désolant, en soit.