Que reste-t-il, des gens brisés, esseulés, qui ont (tout perdu) vu leur futur éclater (en sanglots)? Axelle observe les étoiles comme l'on observerait un futur réduit en éclats (c'est la triste réalité). Que reste-t-il, des âmes blessées?

Axelle n'est pas sûr d'avoir la réponse. Iel la cherche comme l'on gratterait pour trouver l'or dans les mines de charbon (ça salit, n'aboutit jamais). Ca tâche les joues, ça tâche les mains, mais l'on fouille avec cet infime espoir (celui de la richesse, au bout du couloir). Iel est l'ange aux ailes brisées, qui cherche encore à s'élever.

Axelle vit comme si chaque jour était le dernier. Iel aime l'adrénaline comme le café, ne s'en passerait pour rien au monde (non). Iel aime la sensation des poings échauffés, des bleus sur le corps, du sang qui pulse dans les veines dans un rythme effréné (celui de la vie). Iel aime courir à en faire souffrir les poumons, crier à en perdre la voix, pleurer à en perdre espoir.

Axelle aime les souffles erratiques contre la peau malmenée. Iel aime les matins emplis de baisers, les nuits emplies de folies. Iel aime aimer, être aimé, aussi. Mais iel n'est pas dupe, c'est qu'on l'oublie si facilement, c'est qu'on ne le comprend pas vraiment. Alors on fuit le lit une fois le jour levé (bonjour soleil, tu ne m'abandonnes jamais). (Et dans les draps, les larmes d'abandon, les pleurs des solitudes, les souffles du désespoir).

Axelle n'aime pas celleux qui regardent de haut. Iel a en hantise les puissants, celleux qui s'asseoient sur les trônes pleins de sang (de leurs ennemis). Et iel se sait ennemi, mais à quoi bon fuir, n'est-ce pas? Iel ne sera biche poursuivie par les armes braquées sur sa pauvre peau. Lorsque l'on est chassé, il faut se faire chasseur.

Axelle agit sur des coups de tête. Iel n'aime la stratégie que dans les jeux vidéos. Car dans la réalité des jours, iel n'écoute pas vraiment ce qu'on lui dit, iel a des objectifs plein les yeux. Iel sait se faire docile, pourtant, lorsqu'iel reconnaît meilleur intellect (doux petit agneau renferme le tigre aux dents aiguisées). Iel est la bombe qui ne retarde jamais.

Axelle a une resting bitch face. C'est ce qu'on lui a dit, iel n'oserait contredire. Iel a l'air un peu hautain, iel prendrait presque de haut. C'est qu'iel ignore simplement très bien, est un peu silencieux, observe toujours son environnement. Mais iel a des sourires soleil qui illuminent les sombres brouillards (pour celleux qui les cherchent à ses côtés).

TW : transphobie

Axelle est né pour devenir digne héritière, pour devenir être parfaite comme papa le voulait. Il avait les mots doux mais les gestes déplacés (de ces gifles grisantes lorsque l'on tient tête), les regards acerbes et les attentes en montagne. Axelle n'était jamais assez (pour être Van der Bilt).

Axelle n'a jamais véritablement aimé papa. Iel préférait maman, qui ne lui demandait jamais rien, qui lui promettait quelques histoires le soir pour faire fuir les monstres, et caressait ses longs cheveux noirs avec tendresse. Papa n'était bon qu'à lui rappeler ses échecs, qu'à lui énumérer les raisons pour lesquelles iel n'était pas correct, iel devait faire mieux (toujours plus).

Axelle était doué à l'école. Iel avait de bonnes notes, iel était attentif, iel ne faisait jamais rien de travers. Mais iel était différent, papa savait, papa criait, papa hurlait. Il ne voulait d'une petite fille ainsi faite, il ne comprenait pas ses raisonnements et ses amertumes, ses envies de changements et d'existence (qui ne vont que dans les euphories rêvées de ceux qui ne savent choisir leur véritable place dans la société), non. Il demandait à Axelle de se taire, lorsqu'iel en parlait (trop). Alors Axelle détestait papa, trop puissant, toujours puissant (de ces hommes qui observent et asservissent les femmes, de ces hommes qui jouissent de leur pouvoir).

Axelle a perdu plus encore, ce jour là, dans les bacs à sable. C'est qu'elle avait les doigts graciles et la beauté écarlate. Iel voulait voir de plus près, iel voulait s'en brûler les doigts. Et Irene a glissé (non, en a fait exprès), a allumé les flammes sous ses yeux ébahis, a fait vivre le feu dans la chevelure corbeau (cicatrice à vie, c'est la brûlure des yeux).

Axelle était défiguré, c'était disgracieux. Iel avait perdu le peu d'espoir que papa avait encore en iel. Alors est apparu un petit frère (un homme, un vrai, beau, fort, arrogant). Axelle ne l'a jamais aimé. Il lae prenait de haut, il souriait vilainement (oh sourires requin, croquait les jambes pour en goûter le sang). Il prenait la place dans le cœur de maman, et iel était le seul, seul (à jamais seul) qui voyait ainsi le sang couler des babines déchirées, des babines avides (des violences à en fleurir sur les peaux).

Iel a pourtant réussi ses études de physique avec brio (dans les rangs argentés de ceux qui brillent de milles feux). Iel a intégré les dragons sans arrière pensée (c'était après tout l'attente de toutes ces années). Iel avait le charme des ailes sur l'omoplate, les paroles douces de celleux qui en attendaient tant dans le creux du cou (tout contre l'oreille). Mais iel observait avec les arrières pensées en flamme, car iel ne savait véritablement (que faire dans les bras du cracheur de feu) ce que l'on attendait d'iel.

Le jour de l'attentat, Axelle ne s'attendait à être lae dernier survivant (papa a été assassiné, c'est malheureux, dans la maison familiale il était (penché sur le bureau lame planté dans la nuque) inerte et Axelle regrettait (presque) de n'avoir été cellui qui avait planté la lame dans le corps paternel). Mais le carnage n'était terminé, non; maman est morte sous les yeux écarquillés, Valentin, sur le sol, éparpillé (déjà avait rendu l'âme). Famille décimée c'est qu'iel s'est fait fuyard (comment a-t-iel survécu, le compte à rebours a débuté).

Iel n'avait personne à appeler, Axelle. Iel était seul, dans les rues inondées (de gens en folie qui criaient des nouvelles qui tournaient en boucle (boucle, bou(rdonnement)cle), tout à trembler, tout à flancher. Iel a appelé Orphée. C'était le seul qui ne savait sa véritable identité, alors. Iel a pris asile chez lui, dort sur le canapé (attend la délivrance pour faire tomber les têtes de ceux qui ont craqué la nuque de maman) avec l'apaisement (des angelots qui ont tout des félins aux gueules ouvertes) au creux de la poitrine.