Il n'avait pas pu te quitter des yeux, à travers l'objectif de son appareil tu étais si belle qu'il s'en demandait à chaque fois qu'il t'apercevait à cette barre si tu en étais réelle. Gracieuse danseuse dont il ne connaît que la sensualité des courbes et la langueur des gestes. Tu as ce regard brûlant, éteint, affamé, passionné tu as ce regard de tout et de rien à la fois à mesure que ton corps s'abaisse, se relève et appelle -as-tu seulement conscience que l'assemblée n'a d'yeux plus que pour toi désormais ?

Tu es magnifique.

Magnifique dans ces failles qu'il croit percevoir au rythme lent des notes qui s'enchaînent. Magnifique tellement qu'il ne peut s'empêcher de te regarder, d'immortaliser. Ton corps en photo, la profondeur de tes iris à sa mémoire. La première fois il est venu au hasard mais la fois d'après il n'était plus là que pour toi. Pour te voir danser encore, encore -pour pouvoir t'approcher encore encore encore, aimerait ne t'avoir que pour lui (le désir en devient brûlant).

S'arrêtent alors les secondes figée dans le temps et il lâche un souffle léger, amusé de ses propres réactions tandis que s'abaisse l'appareil sur ses genoux. Il en fait défiler tous ces clichés de toi, un à un, en observe chaque détail, chaque expression, chaque défaut et à chaque nouvelle image la même pensée en refrain. Tu es magnifique.

La caresse de tes bras autour de son cou lui arrache à peine un sursaut de surprise, presque comme s'il s'y attendait (sans doute l'avait-il bien cherché, exprès, en attente de voir quand tu craquerais
ou plutôt qui craquerait en premier) -étire un demi sourire aux mots soufflés tandis qu'il se demande réellement. Que va t-il en faire ? Lui qui n'a toujours pas quitté l'écran de son appareil des yeux, il semble hésiter.

— Hm... Que penses-tu que je doive en faire ?

Il consent, lorsque tu le délivres de ton étreinte, à détourner ses prunelles pour suivre le mouvement de ta silhouette se poser près de lui. Hausse les sourcils, l'étonnement est feint mais semble si sincère pourtant.

— Mes excuses, mon intention n'est pas de créer des ennuis, bien qu'il s'en fiche, en réalité. Un sourire désolé néanmoins quand il glisse une main dans ses cheveux légèrement gêné. Je n'ai pas pu m'en empêcher. C'est ton regard, tu sais.

Tes gestes aussi, l'ambiance.
C'est toi.

— Je ferai attention. Ou peut-être que tu pourrais me présenter à ton patron, qui sait, il pourrait trouver mes clichés intéressants.

Sans aucun doute. Ceux qui te concernent et les autres aussi, car si elles ne sont pas aussi hypnotisantes que toi elles n'en sont pas moins jolies (et il n'a pas décidé encore de s'il s'agit là d'une excuse, d'un alibi ou de la vérité). Tranquillement il s'enfonce de façon plus confortable dans le sofa, esquisse malice quand tu demandes son nom.

— William.

Ne s'attend pas spécialement à ce que tu lui répondes en retour, il devine de toute façon que c'est une information dont il aura connaissance bien assez tôt, lorsqu'il l'aura décidé alors ça n'a pas vraiment d'importance.

— À quel moment tu m'as remarqué ?

La malice aux lèvres et un peu de fierté dans les yeux. Tout ça l'amuse vraiment beaucoup.