(end) time after time ft. thomas

time after time

les doigts qui pianotent sur le téléphone et tu chantonnes - un air qui joue dans le restaurant, d'antan, une mélodie comme on oublie trop souvent et elle te distrait momentanément des aiguilles qui défilent ;
19h17.

il reste dix minutes.
le serveur arrive avec deux tacos, te zieute et repart sans un mot ; c'est que tu n'aurais pas dû être seule ce soir mais Midas a peut-être trouvé mieux à faire - et tu t'adaptes, vite, lorsque tu menaces Thomas Law de venir te tenir compagnie.
dos à la porte d'entrée, tu as la décence de ne pas la fixer en comptant les secondes depuis le dernier sms envoyé.
(la mine d'or insoupçonnée
lorsque ton pouvoir a capté la ligne du frère Phoenix)

c'était de la curiosité bénine, au début, vraiment - un physique charmant et une vie toute tranquille, pour le jumeau de la tête des Dragons ; il y a eu les historiques drôles, à ses dépends, puis un message de l'héritière déchue - de fil en aiguille, tu as tracé un profil comme tu aimes observer à tes heures perdues, pupilles indiscrètes sur les discussions censées être secrètes.

tu tapotes du doigt, 19h27.
tu soupires face aux captures d'écran, rien de méchant mais -
J'ai presque cru que ce ne serait pas suffisant. Bonsoir Thomas !
sourire narquois.

» time after timeft. september (mars 2021)

C’était comme si une décharge électrique avait parcouru l’échine de Thomas lorsque la capture d’écran s’était affiché sur l’écran de son téléphone –celle d’une de ses conversations privées avec Stelian. Il ne connaissait personne de son entourage capable de blaguer sur un sujet aussi sérieux que celui-ci, et personne d’autre que son jumeau et lui n’était censé avoir accès à leur ligne privée et sécurisée. Alors malgré la nonchalance de sa réponse, Thomas prit le problème avec beaucoup de sérieux, et ce fut avec un léger tremblement d’anticipation qu’il chargea son revolver et le glissa dans sa ceinture avant d’attraper une veste et filer sur le lieu de rendez-vous qu’on lui avait imposé.
C’était un de ces moments qu’il redoutait tant depuis qu’il avait quitté le monde de la pègre –que son passé ne le rattrape pour le mettre à terre. Alors il se tiendrait prêt.

Parce qu’il avait roulé bien trop vite pour se rendre au restaurant indiqué, Thomas arriva en avance et en profita pour faire un tour rapide de la bâtisse –sait-on jamais, peut-être son maître-chanteur avait des complices. Rien de louche à l’extérieur mais il ne fallait pas omettre la possibilité que d’autres se dissimulent parmi les clients à l’intérieur, alors il n’était pas moins méfiant.
À l’intérieur régnait une odeur appétissante d’épices et de viande cuite mais Thomas avait l’estomac trop noué pour en apprécier les effluves. Son regard balaya la pièce avec insistance, s’arrêtant sur chaque silhouette pour y discerner la moindre attitude suspecte. Il s’avança entre les tables, incertain à laquelle il devait se rendre, et ce fut un timbre de voix auquel il ne s’attendait pas qui attira son attention à sa droite.
Assise seule en face de deux plats, une jeune femme, sûrement plus jeune que lui ; il ne se dérida pas une seule seconde et laissa peser sur elle un regard lourd.

Sans décrocher un mot, il prit place en face d’elle et ignora tout à fait la deuxième assiette qui avait peut-être été commandée pour lui car il n’était pas naïf –se faire empoisonner ou droguer à son insu n’était pas dans ses plans pour la soirée.

« Qu’est-ce que tu veux ? »

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time after time

tu le vois pour la première fois, l’air bien plus renfermé que lorsqu’il figure sur les photos avec ses enfants et tu espères, un jour, avoir droit à son sourire ー d’ici quelques années peut-être, c’est que vous n’êtes pas partis du bon pied ー la
faute
à
qui

tes mauvaises manies avec ton pouvoir de fouiller dans la vie d’autrui ; devenue addict à cette pratique depuis que tu as commencé à réellement le maîtriser (maman l’a répété, ce n’est pas respectable, ce que tu fais) la curiosité en seule boussole morale, pauvre Thomas qui n’a rien demandé ー et tous ceux avant que tu connais alors qu’eux ne t’ont jamais croisés ー tu te sens presque mal de le faire chanter.
September, enchantée. Histoire que tu en saches un peu sur moi aussi. tu as eu la décence de ne pas creuser au-delà de sa relation avec Stelian, et quelques menus détails. Juste quelqu’un avec qui manger. Sois pas sur la défensive comme ça, tiens. tu avances vers lui l’assiette avec un tacos. T’as vu ma carrure ? Si tu voulais me tuer, là, tu pourrais. Personne ne sait que je suis ici.

mais tu gardes le téléphone à côté de ta main, écran déverrouillé sur la conversation que le brun pensait secrète ー une menace, en quelque sorte, jeu de rapidité à qui ira le plus vite entre toi pour envoyer les captures d’écrans et lui t’assassiner.

objectivement
pour le draguer (c’était la première idée)
tu t’y es pris de la pire façon et vois mal comme te rattraper ー la deuxième, maintenant, c’est lui extirper le plus d’informations possibles notamment concernant les coulisses des Dragons, qu’il en sache quelque chose ou pas, au pire, tu feras chanter Stelian avec l’existence de Thomas.
(maman l’a répété, arrête, September,
arrête de te mêler de ce qui ne te regarde pas.)

» time after timeft. september (mars 2021)

Il y avait quelque chose dans son apparente légèreté qui troublait profondément Thomas –dans le sens négatif du terme. Tout ce qu’il avait réussi à construire de sa vie en quittant les dragons semblait désormais sur la sellette, dépendant de la simple volonté d’une inconnue armée d’un téléphone portable, et l’idée même suffisait à souffler au fond de lui un vent de colère sourde sur les braises pas tout à fait éteintes de sa violence refoulée.
Il ne baissa pas une fois les yeux sur l’assiette qu’elle avait fait glisser vers lui –il n’y toucherai pas. Préféra la fixer dans les yeux et imprimer son visage et son nom dans son esprit pour décider plus tard de ce qu’il en ferait.

Un ricanement sombre lui échappa quand elle tenta de se rendre moins dangereuse avec ses arguments bancals. Être frêle n’avait pas empêché bien des femmes d’assassiner des hommes de sa carrure, et il ne comptait certainement pas croire sur parole qu’elle était seule et sans complice –elle lui avait déjà prouvé qu’elle n’était pas digne de confiance et Thomas ne jouait pas sa chance sur de pareilles augures.
Si tu voulais me tuer, là, tu pourrais.
Thomas crispa son poing en songeant que
oui
il pourrait très bien le faire
et assassiner au passage celui qu’il était devenu.

« Épargne-moi tes conneries. »

Son ton était froid, sec, tranchant –à certains égards, on pourrait presque entendre Stelian à sa place, mais la brutalité qui grondait, endormie mais menaçante, sous chaque syllabe prononcée trahissait la différence.
Thomas avait toujours été la bête fauve des deux.

« Je me répèterais pas deux fois… Qu’est-ce que tu veux ? »

Sous la table sa main agrippa le revolver à sa ceinture et le pointa en direction de la jeune femme avant de faire sauter la sécurité –le son caractéristique était audible si elle y avait pris gare.
On avait toujours dit à Thomas de ne pas pointer de revolver sur quelqu’un s’il n’avait pas la détermination de tirer ; aujourd’hui il se sentait presque novice à nouveau alors que sous son corps de marbre tremblaient toutes ses résolutions.

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time after time

le souci de ne pas réfléchir tes actes au-delà de tes envies du moment
c’est que tu te retrouves avec un flingue braqué sur les jambes.
et tu sais, d’expérience, qu’une balle logée dans la chair n’est pas qu’une douleur passagère, que tu vas être partie pour plusieurs jours à douiller à l’hôpital ー
ça ne te donne sincèrement pas ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ envie de - te connaître.
tu lèves les bras en reddition, soupir exaspéré. J’avais juste envie de te connaître.
pas débile, dans l’univers de Thomas, il est plus d’ennemis que d’amis et surtout venant d’inconnus observant ses conversations à son insu mais il n’y pas d’arrière-pensées mauvaises de ton côté ー une simple curiosité, qui, comme toujours, t’amène dans de terribles guêpiers ; pas débile mais ça ne te coûterait rien de réfléchir un peu plus tes actions ー tu éloignes l’assiette de tacos, poses les coudes sur la table et le regardes. Et aussi car il y a un mystère que je veux élucider, et il se trouve que, par hasard, j’suis tombée sur ta conversation avec Stelian. ton pouvoir aussi aléatoire et imprévisible que toi, ah. Le message que t’as laissé Medea Van der Bilt. Tu sais ce qui est arrivé à cette femme ?

jaugeant
sa réaction
tu retiens ton souffle ー un an que cette histoire te trottine dans le crâne, la voix cassée de l’héritière sur le répondeur du brun ー et ce n’était pas un hasard mais il n’a pas besoin de le savoir ー elle te hante, de temps en temps, assez pour que tu en connaisses le contenu par cœur,
ce besoin viscéral de connaître l’envers des coulisses ー à tout prix

(même celui de ma vie.)
C’était juste ça. Et aussi pour ne pas manger un tacos toute seule, mon pote m’a posé un lapin. ー tu souris, encore,
comme si de rien n’était.

» time after timeft. september (mars 2021)

J’avais juste envie de te connaître.

Sur le visage fermé de Thomas, la dureté s’effaça un peu pour laisser place à l’incompréhension. Était-elle sérieuse ? Ou était-ce une forme nouvelle de manipulation ? Il semblait y avoir si peu de logique entre ses actions et ses raisons que Thomas ne parvenait tout simplement pas à y voir de la sincérité –qui menace ainsi les autres par envie de les connaître ? à part les détraqués, il ne voyait pas de réponse innocente.
Et parce qu’elle enchaîna sans prévenir sur l’un des pires sujets à aborder avec Thomas en ce moment, il eu encore moins envie de lui accorder le bénéfice du doute.
Medea était morte ; Stelian le lui avait annoncé et depuis Thomas n’avait pas passé une bonne nuit de sommeil sans penser à elle. Le deuil avait été plus lourd à supporter qu’il ne l’aurait jamais cru, et la culpabilité était sans pareil –qu’aurait-il pu faire pour éviter cette tragédie ? Y-aurait-il eu une seule issue possible entre l’héritière et son jumeau qui n’impliquait pas tant de chagrin si seulement Thomas s’en était un tant soit peu mêlé ? Il n’avait pas de réponse et n’avait pu que maudire les gangs, la ville, son frère, les Van der Bilt, sa propre lâcheté, et puis le monde entier depuis des semaines.
Alors qu’elle vienne lui en parler après de telles menaces à peine voilées,
c’était trop —
assez !

« Parle-pas de Medea. »

Thomas parlait d’une voix basse mais elle vibrait d’une colère sourde et glacée plus terrible encore qu’au début de la soirée.

« C’est quoi ton problème en fait ? Tu violes ma vie privée, menaces ma famille avec tes conneries et me fais du chantage pour quoi…? me connaître ? Et tu t’attendais à ce que ça se passe comment au juste ? »

Hallucinant. C’était un piège, forcément.

« Soit tu mens, soit t’es sacrément conne. »

Et à ce stade, c’était à se demander quelle option était la pire.

« Alors écoute-moi bien September, je vais te prévenir d’une seule chose : s’il arrive quoique ce soit aux miens par ta faute et que j’ai plus rien à perdre, sache que j’aurais aucun problème à te retrouver et t’en coller une entre les deux yeux. »

Il l’avait déjà fait, avait tout laissé derrière lui pour devenir quelqu’un d’un peu meilleur à défaut d’avoir fait suffisamment amende honorable pour devenir quelqu’un de bien, et si elle lui retirait les seules choses qui l’ancraient à cette vie rangée ce serait aussi dangereux que d’entrer couvert de sang dans la cage d’un tigre affamé.

« Si vraiment c’est "me connaître" qui t’intéresse, alors tu vas effacer les preuves et commencer à te comporter comme une personne décente. Sinon je t’assure que ce que je vais te donner à connaître, tu vas pas apprécier. »

Thomas n’était intéressant à connaître que lorsqu’on le laissait en paix –une fois menacé, il n’était plus qu’instincts en tout genres, colère brute et violence à peine contrôlée, et elle n’avait vraiment pas envie de le rencontrer, ce Thomas là.

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time after time

« parle pas de Medea. »

(ah

elle était ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ importante
pour toi)

et tu écoutes, silencieuse, la colère qui se dévoile à mesure qu’il parle – tu acceptes, silencieuse encore, les injures car il est vrai que face à ta curiosité, tu fais des choix absolument insensés. tu souris, lorsqu’il prononce ton
prénom‎ – ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ September ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ ‎ – la manière n’était pas la bonne mais il aura au moins retenu ça de votre conversation.

tu ne l’interromps pas. pas même une seule fois.
(et ceux qui me connaissent savent que c’est une preuve d’extrême bonne foi mais tu ne sais rien,
alors que j’en sais trop)

Ok.
simplement. et tu glisses ton portable jusqu’à lui, écran déverrouillé, dossier de tes fichiers intitulé « Thomas » grand ouvert – tu n’as pas menti, lorsque tu disais vouloir le connaître – tu hésites encore sur le comportement décent à avoir car avoir un pouvoir te permettant de stalker la vie des gens, qu’ils soient ou non consentants, ça fausse un peu la perception de la bienséance. Supprime tout, si tu veux, tu as le droit de fouiller aussi.
tu ne sais pas si ça peut suffire à apaiser, ne serait-ce qu’un peu, son courroux–

quelque chose
ne va pas.

il n’a pas tort de te croire menteuse ou conne. habituellement, tu fais plus attention – pour des raisons évidentes tel que les clients comme Agon – tout ce truc, là, avec Thomas, ne te ressemble pas.
absolument pas.
et tu pourrais prétendre qu’il s’agit de sa belle gueule, que le désir rend aveugle – tu pourrais aussi te dire qu’il y a un souvenir (relent de sentiments) similaire à une autre personne, lorsque tu la rencontrais pour la première fois (hein, Ezra)

tu es partagée.
alors quand tu dis vouloir connaître Thomas, c’est légèrement un mensonge – tu veux surtout t’assurer que cette curiosité ne va pas muer en quelque chose plus proche du cœur ; qu’il ne reste qu’une simple distraction dans un monde où tu t’ennuies en permanence.
C’est dingue d’être aussi méfiant ! logique, mais c’est plus fort que toi. Ca doit être fatiguant d’être constamment tendu comme ça. quand bien même, il l’est uniquement parce que tu es là.

» time after timeft. september (mars 2021)

Et c’était presque trop facile.
Sans opposer de résistance aucune, September abdiqua, sourire aux lèvres et fit glisser vers lui le téléphone qui avait presque des airs de bombe à retardement aux yeux de Thomas au vu des informations compromettantes qu’il contenait. Presque trop facile ; ça ne l’aidait pas à savoir s’il pouvait abaisser sa garde un minimum ou non –dans sa méfiance anxieuse, il ne savait sur quel pied danser.

Thomas resta interdit un instant, le regard fixé sur elle sans le poser sur le téléphone à portée de main. Il n’avait jamais été le plus fin des observateurs, mais jouissait d’un plutôt bon instinct ; en temps normal il devrait pouvoir déchiffrer un minimum la vérité dans les yeux de la fouineuse mais il n’en fut rien –trop troublé pour ire quoique ce soit, ou bien elle était trop douée pour dissimuler ses véritables intentions.
Ou bien tout simplement
elle disait vrai.
L’idée qu’il avait refusé d’admettre s’insinuait dans son esprit, y creusant son trou comme un ver dans un fruit, et une émotion confuse et désagréable vint s’agiter brièvement au creux de son estomac –que toute cette angoisse soudaine ne soit que les fruits d’un caprice avait pour lui un goût
assez
amer.

Il posa enfin les yeux sur le téléphone et le récupéra avant qu’il ne se verrouille tout seul ; et loin d’avoir honte de s’abaisser au niveau de la demoiselle, il ne se fit pas prier pour fouiller chaque fichier sur lequel il pouvait tomber, triant les informations, n’enregistrant presque pas dans sa mémoire ce qui ne le concernait pas. Une fois assuré de s’être totalement effacé du cellulaire, seulement, rendit-il l’objet à sa propriétaire, et il se senti respirer un peu plus librement.
Sous la table, le revolver alla retrouver sa place à sa ceinture –quoique la main restait non loin, peu désireux d’être surpris après s’être détendu un minima.

Un ricanement railleur lui vint à la remarque de la jeune femme et il songea
si elle avait jamais eu quelque chose de pur et de précieux à protéger dans ce monde trop prompt à étouffer l’innocence et corrompre les cœurs à grand coup de terreur, de colère et de cruauté
si c’était le cas, peut-être qu’elle comprendrait pourquoi
Thomas ne se détendait pas.

« Ça l’est, il avoua tout simplement en levant les yeux vers elle –dans son regard la colère s’était assourdie pour passer au second plan ; toujours présente mais bâillonnée– alors j’ai pas besoin que t’en rajoutes une couche. »

D’un mouvement bref du menton, il désigna le portable sur la table.

« Qu’est-ce qui me prouve que toutes tes preuves étaient là ? Y’as des copies ? D’autres gens au courant ? »

Ne se détendait pas —jamais.

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time after time

coudes sur la table, menton dans les mains, sourire inconscient aux lèvres –

Non, et non. tu te défais de ta mine réjouie, cependant.
Enfin. Si ce n’est ma mémoire. observes sa réaction avant de poursuivre – il a été si difficile d’ôter la colère de ses yeux, tu aimerais bien – beaucoup – qu’elle dorme encore un peu. Ce n’est pas une copie à proprement parler mais ce n’est pas facile d’oublier ce que j’ai pu lire ou voir. non pas que ta mémoire soit particulièrement grandiose mais il est des détails difficiles à oublier lorsque tu passes tes journées à les feuilleter, histoire de t’occuper.

Peut-être qu’elles ne sont pas toutes là, effectivement. Mais je préfère attendre le troisième rendez-vous avant d’inviter les gens chez moi, kyaaa. c’est –
plus fort que toi, l’air exagérément gênée, bien trop amusée pour une situation où tu es visiblement la seule à en profiter – même le serveur passant à côté pour récupérer vos tacos froids semble dépité par ton comportement, lance à la volée un regard de compassion vers Thomas.

(ah
insupportable cette superficialité
je sais)

J’irai les supprimer en rentrant, quoique ma parole ne vaut rien donc si tu veux m’accompagner jusqu’à mon appartement… ♪ tu récupères ton téléphone, regard à mi-chemin entre l’amusement et la lascivité, lorsque ce dernier sonne.
Ou pas ce soir, tout bien réfléchi.
sourcils froncés pendant que tu fixes l’écran et tu te lèves de ta chaise pour aller régler. Promis, je te recontacte vite beau gosse.

(plus vite que tu ne l’aimerais)

» time after timeft. september (mars 2021)

En silence, prostré dans sa méfiance, Thomas écouta la jeune femme qui semblait s’amuser à tester sa patience, répondant un coup oui, un coup non, un coup peut-être ; toujours un peu perdu entre croire à la sincérité de son inconscience désinvolte ou y déceler là un jeu d’acteur fort bien mené pour lui faire perdre ses moyens. Thomas leva à peine un sourcil quand la jeune femme haussa le ton pour émettre un gloussement digne de collégienne de série B ; peut-être était-il trop abasourdi par l’absurdité qu’elle représentait pour avoir une quelconque réaction plus poussée –au serveur il rendit son regard dépité et le coin de ses lèvres se mua brièvement en un rictus désemparé.

« Ça va pas la tête, hein, il soupira dans un souffle presque inaudible au milieu du bruit environnant. »

De nouvelles provocations frivoles qui n’éveillèrent rien d’autre en lui qu’un agacement bien léger comparé à la montagne russe d’émotions qu’il venait de ressentir, et September pris congé de lui aussi aisément qu’elle l’avait convaincu de venir à sa table.

Je te recontacte vite—
Promesse empoisonnée.

Ça n’en resterait pas là, Thomas le sentait –qu’il le veuille ou non, pour s’assurer de sa sûreté, il se savait désormais lié à elle pour les semaines à venir, et il ne lui restait plus qu’à se débrouiller pour jouer finement la partie qu’elle venait de lui imposer.

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