les apparences camouflent tous les mensonges, que l'on fait aux autres, mais particulièrement, ceux qu'on fait à soi - et ezéchiel bon menteur, dans l'art de taire ce qu'il pense et surenchérir l'inverse. par esprit de contradiction ou tout simplement parce qu'il ne s'assume pas vraiment.

un comportement qui a de quoi agacer - car ezéchiel n'est pas quelqu'un qui cherche à se faire apprécier ou aimer, à croire qu'il cherche d'autant plus à se faire haïr, à vous donner une bonne raison de le détester.

la vérité est, qu'en effet, votre appréciation, il s'en carre le cul. pire : tout cela est pour lui, sans intérêt. par flemme, mais aussi pour se protéger lui-même. parce qu'il n'est pas doué pour entretenir convenablement ses relations et parce qu'il a vécu assez de désillusion.

des années à passer aux peignes fins l'esprit humain - et ce qui en sort n'a rien de bien glorieux. ezéchiel-misanthrope, dégouté de l'espèce dont il fait lui-même parti : car les tares qu'il reproche aux autres, sont les mêmes que celles qu'il porte lui-même en secret. mais pour sa défense, sa lecture fut parfois assez traumatisante pour le rendre frileux du contact humain.

aucune barrière entre la pensée et la parole - de quoi rendre l'attitude d'ezéchiel-qui-a-tout-entendu assez justifiable. c'est pourquoi il se rend consciemment antipathique, parce qu'il sait qu'il sera au mieux déçu, au pire blessé.

et puis, également parce qu'il a peur.

peur de s'ouvrir aux autres, de donner aux autres, de se laisser aller à une certaine forme de faiblesse et de sensiblerie - l'homme qui cache un garçon angoissé, stressé pour des futilités, mal à l'aise entouré, parfois trop tendre, parfois trop délicat pour un monde comme le sien.

la peur de s'attacher et la peur de l'abandon, la peur de lire, littéralement, la lassitude, l'agacement - parce qu'il est difficile de faire la part des choses et parce qu'ezéchiel n'a pas connu les meilleurs exemples au début de sa vie pour véritablement faire confiance aux autres, mais aussi à soi.

ezéchiel, pourtant, sait aimer avec une facilité déconcertante. ezéchiel est vivant et celui-ci le ressent avec une intensité assez folle. et il est avide d'aimer, d'apprendre, de lier. il veut abaisser ses paupières et se laisser paisiblement bercer par la vie, sans se soucier de l'hypocrisie, des mensonges et de tout ce qui fait que, justement, il ne peut pas cesser d'écouter. d'être à l'affut, sur ses gardes et réticent.

franc ♡ direct ♡ antipathique ♡ rancunier ♡ têtu ♡ opportuniste ♡ ambitieux ♡ chaotique ♡ asocial ♡ honnête ♡ acharné ♡ borné ♡ perspicace ♡ cynique ♡ angoissé ♡ débrouillard ♡ successible ♡ drastique ♡ abrupte ♡ sentimental ♡ hargneux

tw : scarification, prostitution

❥ à la naissance déjà ça n'allait pas : bébé a des voix dans la tête, le tout qui se bouscule et qui dérègle tous les prémices des pensées concrètes.

❥ ridicule la vitesse à laquelle bébé apprend à parler et le tout bien articulé : maman déjà inquiète apprend très vite que son enfant entend tout ce qui ne se dit pas.

❥ maman elle, c'est l'inverse : elle peut parler sans délier les lèvres, pendant qu'ezéchiel peut écouter même en se bouchant les oreilles.

❥ c'est toute seule que maman a fait l'éducation : car papa n'était qu'un lâche incapable de faire face à ses responsabilités - on ne le connaît pas et la vie se déroule très bien sans lui.

❥ très bien, trop bien, même : tatoueuse des panthers, c'est tout petit qu'ezéchiel baigne dans les affaires de gangs. on comprends très vite que les activités de maman n'ont rien de normales et que les tatouages paient trop bien, pour ce qu'ils devraient.

❥ mais ezéchiel encore jeune, se plonge maladroitement dans les études : échec cuisant, car on se rend facilement compte qu'on est bien trop différent de nos paires pour pouvoir même imaginer tisser la moindre amitié - comment faire, quand la moindre bride de pensée est perçue aussi clairement que la lame affûtée du rasoir ?

❥ et la vie en elle-même devient elle aussi un désastre ingérable : parce qu'on sait tout ce que pense maman et particulièrement ce qu'elle ne devrait pas penser. parce qu'on entend le voisin, la caissière, le professeur, l'ami, aussi clairement que s'ils nous chuchotaient à l'oreille : des choses les plus affreuses aux plus douloureuses, des vérités biaisées par le jugement jusqu'aux secrets qui ne devraient jamais être dévoilés.

❥ l'apprentissage devient rude, le manque de concentration fait chuter les notes, l'instabilité de la mémoire fait pâlir les bulletins, malgré l'éloquence surprenante et les connaissances aussi diverses que variés que démontre le garçon - intelligent, mais un incapable dans le milieu scolaire, le don offert à la naissance semble être un cadeau empoisonné, aux bienfaits trop rares pour être réellement cités.

❥ la tête maudite, c'est le corps aussi : les enfants différents ne plaisent pas aux enfants méchants - et quand le menton est trop fin, les cils trop longs, les épaules trop frêles et que les courbes sont trop rondes, ça semble justifier l'idée qu'il faut rire, moquer, frapper, martyriser, celui qui serait moins qu'un « garçon ».

❥ et comme si la vie ne s'était pas assez acharnée, c'est l'échappatoire de la souffrance par la souffrance elle-même, l'ultime paradoxe : parce que se faire mal nous même, semble alléger la douleur interne, celle qui ne se voit pas, mais qui marque pourtant plus encore que les zébrures sur nos cuisses. parce que même ça, on en a honte, parce que même ça, on le cache. alors finalement, on finit par tout taire : arrivée au lycée, plus personne ne sait qu'on a la capacité de fouiller dans l'esprit de celui d'à côté ; il se dit qu'il est toujours inactif.

❥ on s'enferme dans le silence, on fuit comme la peste l'espèce humaine, on s'engage d'autant plus dans l'affaire familiale : dans le gang. on y trouve une nouvelle échappatoire, on se démène, on se porte même volontaire, combien même l'encre ne s'est pas encore incrustée sur notre peau.

❥ et malheureusement, la vie a continué à faire des siennes : à peine un pas en dehors du lycée, qu'on apprend le décès de maman. ezéchiel a 18 ans. maman tuée dans une rixe entre les bleus, les violets, on ne sait pas et qu'importe : la haine est toujours là.

❥  et inévitablement, on reprend les affaires de maman : on l'avait toujours voulu, mais pas aussi tôt. le gang permet de vivre aisément, on abandonne les études en espérant échapper à la dépression.

❥ année de calvaire, qui s'intensifie : si le commerce fonctionne, le cœur un peu moins malgré la présence de la famille de remplacement que son les félins. ezéchiel qui se noie dans l'alcool, a trouvé une autre façon de se détériorer : entre alcool, malnutrition, poumons encrassés, ça s'est fait vomir, ça a consommé ce qu'il ne fallait pas à des soirées de gens qu'on ne connaissait pas. ça s'est perdu dans des draps à la sueur nauséabonde et puis, un jour, ça s'est réveillé, persuadé qu'on allait y passer.

❥ on se demande même comment : on s'est peut être laissé aller aux bras des hommes plus fortunés pour tenter, pour essayer, parce que le physique le permettait, parce qu'il était recherché, parce que l'argent était miroité, peut-être pour s'oublier... puis la réalité de la vie nous as repris et on a juste fuit.

❥ incompréhensible, le corps qui criait qu'il allait mourir une fois arrivé chez soi : des jours cloîtrés a tenter de se calmer. subitement on a 23 ans, les années sont passées comme si on nous les avaient volés. et on ne sait plus très bien pourquoi on est là. on sait plus très bien qui on est non plus, comme si on avait disparus.

❥ il a fallut deux ans pour retrouver un semblant de vie à la stabilité encore douteuse. deux ans pour se réveiller d'un cauchemar qui n'en était pas un, le sien, le propre, et non infligé par la vie mais simplement mal géré par un garçon qui a trop vite grandit.