Son cœur avait bondi dans sa poitrine lorsqu'il avait reçu son message, annonciateur de son réveil qu'il avait tant attendu. Il s'était précipité vers son lieu de travail, cette fois sans patients à s'occuper ou de séances de rééducation pour son poignet blessé ; se hâtant jusqu'à la chambre de sa supérieure.
S'arrêtant essoufflé devant la porte, il leva sa main encore valide et frappa trois légers coups avant d'entrer.

- Babylone.

Bien qu'incroyablement soulagé de la voir réveillée, l'infirmier ne pouvait s'empêcher de sentir un pincement coupable lui serrer le cœur en constatant l'état dans lequel elle se trouvait : c'était lui qui avait entraîné son amie au festival, et était persuadé que c'était uniquement de sa faute si elle s'était retrouvée alitée ainsi.

- Comment tu te sens ?

Submergé par une inquiétude honteuse, sa gorge se serrait en pensant à toutes les choses qu'il voulait lui demander - ça se bousculait pour sortir, entre excuses mortifiées et demandes d'explications sur ce qu'il s'était passé de son côté pour qu'elle se retrouve dans cet état.

Ce qui était arrivé à l'office du tourisme l'avait laissé assez secoué, et se doutait qu'il devait en être de même pour son amie. Pris par l'envie soudaine de tout lui raconter aujourd'hui, il décida néanmoins de passer la proposition des Dragons sous silence pour le moment ; son esprit était encore trop confus par les derniers événements et il n'avait pas vraiment pris la peine d'y réfléchir
- et repoussait l'échéance, tout simplement.

Liam se rapprocha de son lit, préférant écarter ces soucis de ses pensées, et vint saisir la main de son amie avec délicatesse, son regard triste s'attardant sur ses récentes balafres.

- Tu te souviens de ce qui s'est passé là-bas ?

---

Il vint doucement s'asseoir au bord du lit afin de lui laisser le plus d'espace possible, inquiet à l'idée de lui rendre sa place inconfortable alors qu'elle avait incontestablement besoin de repos.

Ses doigts serrèrent un peu plus ceux de son amie, comme s'il craignait que leurs deux mains liées ne soient à nouveau brutalement séparées comme ce jour-là. Il voulait profiter de cette douce accalmie après leur mésaventure pour lui faire oublier un peu ce qu'il s'était passé, avec toute la sympathie et la tendresse dont il pouvait faire preuve.

L'air contrit, il laissa son regard inspecter les quelques brûlures sur son bras qui échappaient à la protection des bandages, et laissa échapper un soupir triste.

- Je suis désolé que tu aies dû vivre ça, Babylone. Et que tu doives subir les conséquences de mon imprudence.

Liam avait été profondément affligé lorsqu'il avait appris la gravité de ses blessures, et son esprit était depuis constamment encombré par une lourde culpabilité.

- On m'a tordu le poignet, fit-il en haussant les épaules, s'efforçant d'afficher un air indifférent. Ce n'est rien de grave, et je suis presque remis.

Il préféra passer sous silence l'attaque d'Echo qui l'avait envoyé au tapis en une affaire de quelques instants, et la fulgurante douleur qui avait traversé son avant-bras lorsque l'ennemi les avait assaillis. Il n'était pas nécessaire de confier ses états d'âme - l'infirmier regrettait encore son impuissance ce jour-là et considérait qu'il n'avait tout simplement pas le droit de sa plaindre; après tout, il n'avait pas été d'une bien grande utilité pour son groupe. Ce qui l'embêtait toujours, c'était qu'il avait été dénoncé par leurs assaillants ce jour-là - devant certes, peu de personnes, mais c'était bien assez pour l'en inquiéter.

Son appartenance aux Cobras étant à présent connue, Liam songea avec amertume qu'il ferait mieux de profiter de chaque instant de repos tant qu'il en avait encore la possibilité.

---

Il esquissa un sourire peiné alors que Babylone tente de couper court à ses doutes - s'il lui était reconnaissant de penser ainsi, il restait tout de même persuadé d'avoir une part de responsabilité dans ce qui leur était arrivé à tous les deux.

Le cœur lourd, il détourna le regard de ses bandages et lâcha un soupir. Il avait pensé et repensé aux événements pendant son temps de repos, mais il restait tellement d'incertitudes dans sa mésaventure que se rappeler de tout cela en devenait presque frustrant.

- Apparemment, c'est le maire qui était derrière tout ça.

Sans doute était-ce une tentative désespérée de sa part pour reprendre le contrôle de la ville ; dans tous les cas, elle avait lamentablement échoué. Liam n'excluait pas totalement une possible participation des Chouettes dans cet accident, mais elles avaient elles-mêmes nié toute implication et mis en garde le Maire après que celui-ci ait déclaré que les gangs avaient été les responsables d'une telle débâcle.

- Juste après qu'on ait été séparés, je me suis retrouvé à l'office du tourisme avec des civils et des membres d'autres gangs. On a entendu deux voix voulant nous monter les uns contre les autres, puis on a découvert une bombe.

Liam hésita à lui faire part qu'il avait été visé à ce moment-là - qu'ils avaient voulu le voir mort, lui, la pauvre vipère esseulée du groupe ; et, inconfortable à l'idée de mentir à son amie, tenta de rester le plus vague possible.

- Ils savaient que je faisais partie des Cobras, et s'en sont servis pour qu'on s'entretue entre membres de différents gangs. Je crois qu'ils voulaient éviter de blesser les civils au départ, mais ils ont dû changer d'avis après coup, parce que l'un d'entre eux a été pris en otage par une ennemie.

Il lui était difficile de présenter l'affaire clairement, malgré le nombre de fois qu'il se l'était remémorée
- il s'était passé tellement de choses en si peu de temps qu'il s'embrouillait facilement dans son récit. Liam songea également au fait que Lagertha savait à présent qu'il faisait partie d'un gang ; mais il devinait bien que la blonde ne lui causerait aucun tort - après tout, elle s'était interposée pour le défendre lorsqu'il avait été menacé.

- Au final, la bombe était une illusion, et on a remarqué qu'ils nous observaient grâce aux caméras. Nos pouvoirs n'ont plus fonctionné pendant un moment, aussi.

Ses yeux vinrent lentement se fermer alors qu'il poussait un énième soupir, envisageant les futurs dangers qui les attendaient après ces évènements.

- C'était compliqué, mais on a tous réussi à s'en sortir plus ou moins indemnes.

---