Il t’agace.
Sans pouvoir mettre un visage sur tes insultes, des traits sur les sms envoyés. Tu maudis tes habitudes légères, celles d’oublier et répandre tes affaires. Tu te retrouves écartelée dans cette situation alambiquée à te rendre dans un appartement dont tu connais seulement l’adresse.
Ce type d’histoires qui commencent mal.
De celles où se dit que la concernée était volage, un brin naïve.
Si tu sais à quoi t’attendre, que tu mesures la bêtise, tu es habitée, motivé à récupérer ce qui t’appartiens.
Bref. Ce sera bref.
C’est ce que tu répètes à l’aller, l’adresse imprimée dans la paume de la main.
Humeur électrique, le pas éclectique.
En bas du building, tes sourcils froncés tricotent sur ton front un agacement prolongé. Comme une migraine pointant le bout de son nez.
Le quartier est huppé, les buildings lustrés. Derrière tes lunettes fumées, tu juges d’un œil averti. Les contours se dessinent dans ton esprit.
Tu te serais davantage imaginée quelqu’un dans le besoin. Que ce chantage irrévérencieux ait au moins un but monétaire, une raison quelque peu terre à terre.
Tu rentres le code donné, croise ton reflet dans l’entrée spacieuse. Tournant sur toi-même, tu cherches dans quelle direction aller, de quoi te repérer, tes incisives grignotant tes lèvres gercées.
Qu’il est facile de t’enquiquiner.
Pénétrant dans l’ascenseur, tu défais la ceinture de ton trench adoré, fermant les yeux en attendant que les étages soient passés.
La dernière fois que tu en avais emprunté un, celui-ci s’était arrêté. Le karma avait a priori quelque chose contre toi.
Ding.
Le tout s’ouvre sur un appartement spacieux et tu plisses tes yeux.
Un instant de silence avant que tu oses t’aventurer, t’avancer.
« Y a quelqu’un ? »
Tu continues de t’avancer, regardant autour de toi, la méfiance aux aguets. On a pas connu plus bête comme guet-apens.
« Je viens récupérer ce qui m’appartient. »
Ta voix se fait ferme et tandis que tu abaisses tes lunettes pour regarder une étagère, tu aperçois enfin du mouvement.
Un soupir, tu lèves les yeux au ciel avant de te retourner brutalement, le venin au bout de la langue.

« C’est pas trop tôt. C’est quoi t- »

Tu te coupes au milieu de ta phrase, dévisage l’heureux élu. Un moment de latence mange le reste de ta phrase. Tu clignes des yeux, le regard dur et le torse gonflé, coupée dans ton inspiration.
Il n’y a rien de menaçant.
C’est même tout à fait décontenançant.
C’était ça le visage du chantage ?
Pas très concluant.

« Le téléphone. »

Tu ne perds pas pieds.