Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
Voir le deal

FB/ Like a ghost - ft Adélaïde

Aller en bas
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde Tumblr_ods52bRviO1rzbj5mo7_250
Messages : 302
Âge : 31 ans
Autre(s) compte(s) : Ezra Valentine - Loïs Johnson - Renard Bellay
Lagertha A. Nielsen

Make our own justice
Lagertha A. Nielsen
Make our own justice
Sam 17 Juil - 15:17

Domicile d'Adélaïde
ft. Adélaïde
. Like a ghost.



L’air était tranchant, les mains brûlantes du souvenir de ce corps qui résistait à la mort. Lagertha sentait son corps peser si lourd. La mort avait-elle toujours autant de poids ? Dans la veste trop large, les cheveux blonds en bataille, la pommette marquée rouge de crime, rouge coupable, elle peinait à avancer, se repassait cette scène derrière les rétines, encore tremblante quand les paumes nues sentaient encore l’odeur de la morte.

Lagertha avait marché, désincarnée, dans les rues pâles d’Ellipse. Qu’était-elle ? Qu’avait-elle fait ? Ce soir-là, elle avait signé sa paix. Ou peut-être aussi bien avait-elle signé sa déchéance.
Oh, Lagertha, enfant tant blessée ! Trouverait-elle la libération ou une peine de plus après ce choc ? Alors le corps avait cherché à réparer le coeur, dirigeant les pas vers l’aimée matrone, la sainte qui pourrait offrir ce dont elle avait tant besoin. La rédemption, le réconfort.  

Mais c’est se mentir à soi-même, Lagertha, croire au baiser magique quand l’âme souffre déjà  tant de la faute. Dans les silences de sa joie. (absente)

Au pas de la porte, pleine de disgrâce et pourtant pleine de la mort tant souhaitée,  Lagertha se réconfortait dans une liberté qu’elle ne trouvait pourtant pas si heureuse au creux des mains.

Il n’y avait que la mort ravageuse, un corps immobile dans un grand lit pâle.

Et quand Adélaïde répondrait à son appel, cette main contre la porte dure, Lagertha ne pourrait que trembler contre sa poitrine, pleurer sans larmes, enragée car elle ne comprendrait pas les tréfonds de ce cœur si désireux de la disparition des fantômes.

Elle espérait si fort, tout autant qu’elle tremblait. Lagertha espérait faire taire la culpabilité, faire taire la tristesse et ne ressentir que la colère intarissable comme chaque jour depuis tant d’années, la colère et la fin de l’impuissance.  

C y a l a n a




Dernière édition par Lagertha A. Nielsen le Sam 11 Sep - 22:06, édité 1 fois
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde 0f953942a749d79fb63adf69e171ec05
Messages : 41
Âge : 54 ans
Autre(s) compte(s) : renata
Adélaïde Strauss

Make our own justice
Adélaïde Strauss
Make our own justice
Sam 17 Juil - 18:16



les suppliques des fantômes
          qui grattent à l'âme
@lagertha (fb)
La vie de maison est si douce, et les petits poings qui ont griffé ses joues plus tôt ne sont rien de plus que l'amour qu'on porte à une mère. C'est ça - et elle sourit. Adélaïde masse son visage
- non, pas meurtri non
aimé si fort par son nouvel invité. Ah, ce qu'elle chérira cet adolescent,
embrassé si fort qu'il en oubliera d'où il vient
mais jamais sa colère et elle l'accueille les bras béants.
aime moi donc plus fort, mon enfant, elle en avait vu d'autres. Et le nouveau venu en ses murs pouvait bien claquer la porte de sa chambre dans toute sa haine et le refus de la chaleur,
Adélaïde se réjouit dans les flammes - sont bien plus paisibles que le silence.

Elle enfile le peignoir de ses nuits solitaires, les cicatrices en zèbre sur sa chair,
déambule dans les immensités des couloirs et de ses richesses en prêtresse damnée aux atrocités de dehors - ce soir, cajolée par la famille qu'elle se créée de toutes pièces.
Et sa journée d'immondice est vite oubliée dans les ambres du vin qu'elle se sert, juste avant que les coups résonnent dans le salon.
Derrière sa porte, l'enfant chérie
enfant maudite aux allures terribles,             ce soir un   peu      plus         encore.

lagertha ? les lèvres s'entrouvrent mais ne questionnent pas vraiment,
c'est la rhétorique du constat des mille douleurs peintes sur la jeune fille.

Ses sourcils froncés et les rides des tourmentes qu'elle partagerait volontiers redoutent les supplications muettes qu'elle lit sur les mèches folles
et les yeux vides,
et le sang qui a giclé.
    Adélaïde a horreur de la discrétion assourdissante des sentences de la fatalité, parle-moi, Lagertha. alors
offre la rédemption d'un bras tendu, ah petit oiseau tombé du nid,
sans tes plumes et le bec rouge, où as-tu bien pu tenter de voler
sans elle ?

Et le geste se referme en prise dure sur la taille de la jeune femme,
(lui fait peut-être mal, mais elle doute que Lagertha s'en soucie) et la ramène contre elle en réveil formel de sa léthargie du regard lointain - voilé, voit à peine.

tout va bien, je reste avec toi. elle dit tout bas contre le crane qu'elle blottit près d'elle pour l'entrainer à l'intérieur. je vais nous faire du café, tu vas me raconter. dans l'intransigeance de la voix d'Adélaïde, il y a la même douceur qui choie les recoins les plus vilains des âmes, accueille la misère et
les fantômes qui dansent encore dans les yeux.

Alors elle assied la jeune femme, lui adresse son attention close mais toujours braquée sur elle
prête à essuyer le petit visage de la peur qui rougissait sa peau,
le petit visage fané qu'elle avait aimé en premier.
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde Tumblr_ods52bRviO1rzbj5mo7_250
Messages : 302
Âge : 31 ans
Autre(s) compte(s) : Ezra Valentine - Loïs Johnson - Renard Bellay
Lagertha A. Nielsen

Make our own justice
Lagertha A. Nielsen
Make our own justice
Dim 18 Juil - 1:17

Domicile d'Adélaïde
ft. Adélaïde
. Like a ghost.



Si le bruit était au goût d’Adélaïde, Lagertha n’avait le cœur qu’au silence. Et comme il était lourd ce silence ! Lagertha était déjà un chien sauvage mais avant ce soir-là, la colère, la fierté retenaient toujours ce vide de bruits pour laisser exploser le verre.
Sauf que Lagertha n’avait plus que cette chape de silence accrochée aux lèvres, le souvenir du visage asphyxié dans sa mémoire.
Elle n’aurait pas cru elle-même devenir un fantôme dans cet acte barbare.

Son silence pesait, la voix d’Adélaïde familièrement brusque contre ses oreilles sans qu’elle ne dise un seul mot. Elle n’avait que ce regard hagard planté dans le sien, les ongles formant des croissants de lune vermeille dans ses paumes quand aucun mot ne franchissait les lèvres. Il y avait ce sentiment dérangeant, inconnu, piquant sa peau, à en vouloir se l’arracher –quoi que ce fut, Lagertha refusait de poser un nom sur le poids du sang qui embourbait sa gorge, préférant rester figée dans ce déni jusqu’à ce que la madone balaie les craintes.

Ainsi le corps laissa Adélaïde diriger, elle qui savait si bien faire. Une douleur pour un bien, un réconfort quand la tête se posait contre la peau d’une chaleur étouffante. Lagertha ne fermait pas les yeux de soulagement. Elle fixait le vide, glissait des bras fébriles autour de cette femme tant aimée, si forte quand elle n’était qu’oisillon tremblant.

Elle se laissait étouffer, espérait trouver le réconfort de sa présence dans l’asphyxie de ses bras. Qu’elle soit son ancre encore une fois car Lagertha était à la dérive.
Elle ne questionnait pas les ordres ce soir-là, suivait sagement, épuisée, jusqu’à être assise face à la matriarche. Le regard sombre ne quittait pas celui d’Adélaïde. Mais si il avait déjà été parcouru de provocante rage auparavant, il était désormais délavé par ses actes.
Elle n’avait pu que hocher la tête en réponse aux paroles,  comme un pantin abîmé, pauvre enfant démuni quand l’éducation d’Adélaïde n’avait pas pu soigner les blessures comme elle l’avait tant espéré.

Il y avait le souffle sifflant de sa mère contre son oreille. Le tranchant de son ongle brisé brûlait encore sa pommette, laissait le sang séché empoisonner sa peau, jusqu’à la pulpe du doigt qui l’avait essuyé. L'ongle lui semblait être resté sous sa peau.
Mais ce qui continuait à empoisonner Lagertha à chaque seconde, c’était cette voix qui lui hurlait à quel point elle devrait être heureuse d’être enfin libérée des Amadeus. Cette joie (fausse) teintée de douleur.

Était-ce une faiblesse ? Était-ce une force ? Lagertha ne pouvait que se sentir comme un échec. Elle qui devait être si forte, elle qui s’était sacrée nouvellement reine de violence, au-dessus de ces lois de culpabilité, se voyait désormais amère. Pourquoi ?

La voix se refusa jusqu’à la deuxième gorgée de café brûlant, les lèvres pincées sous l’acidité des faits.

– Je l’ai tuée. Je suis débarrassée.

Alors pourquoi les mots fuyaient-ils les lèvres douloureusement ?

"Je suis libre, je vais bien."

Et Adélaïde verrait chaque face de cette mascarade.


C y a l a n a




Dernière édition par Lagertha A. Nielsen le Sam 11 Sep - 22:08, édité 1 fois
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde 0f953942a749d79fb63adf69e171ec05
Messages : 41
Âge : 54 ans
Autre(s) compte(s) : renata
Adélaïde Strauss

Make our own justice
Adélaïde Strauss
Make our own justice
Dim 18 Juil - 18:50



les suppliques des fantômes
          qui grattent à l'âme
@lagertha (fb)
Elle n'aurait su se souvenir des eaux troubles dans lesquelles les pupilles qui l'avait tant foudroyée se noyaient aujourd'hui sans lutter,
parce qu'elle n'avait jamais vu Lagertha départie des brasiers qui la consume, sans les reflets des tourmentes grondant dans leurs gorges
en écho des femmes usées.
Même lorsqu'elle l'avait rencontrée, petit oiseau qui ne savait pas chanter,
même pas appeler à l'aide du bout de ses chairs défaites,
en proie aux providences de l'aînée.

Adélaïde savait la noirceur des abîmes dans lesquelles sa protégée dansait cruellement - aveugle et estropiée, elle qui l'avait tant couvé,
bénie des griffes salvatrices,
depuis un an en proie aux vents fétides et aux douleurs qu'on lui infligeait sans relâche. pauvre enfant.
Si seulement elle pouvait encore tirer la hargne des yeux éteints qui cherchaient des ombres derrière Adélaïde, là où il n'y avait rien
oui si seulement, elle aurait pu la noyer de colère et des milles rages qu'elles avaient tant partagé.
mais petit oiseau avait l'air d'attendre qu'on le laisse                          enfin                     périr.
                              Jamais sous sa garde.

je l’ai tuée. je suis débarrassée. et ça raisonne un peu,
tangue au creux de sa poitrine et elle fixe la blonde un moment,
juste un moment, juste le temps de
répéter les mots.
Ah, oui,   ce n'était pas sa voix, ce n'est pas d'elle dont il n'est question,
pas elle qui se débarrasse, pas de Rafael ni de son sang abject mêlé au sien, pas de ses mains qui tremblent dans la cuisine, lâchent l'arme et
          - a h , oui, Lagertha.

Alors d'un geste elle couvre ses mains blanches (ou sont-elles rouges de tant s'en vouloir) et de l'autre prend la joue de la cadette en coupe,
essuie le sang du pouce. Petite Lagertha, si petite et pourtant qui porte des peines qui lui broient les os, mâchent son dos aux aléas des culpabilités dont elle se drape.
Parce qu'elle n'a pas besoin de mettre plus de couleurs aux peines que la jeune fille lui murmure,
Adélaïde sait exactement qui a péri ce soir.

et je sais qu'elle te remercie. elle dit plus doucement qu'auparavant, attire le visage près du sien pour la plonger dans l'étendue de son assurance - que ça coule un peu, déborde jusqu'à diluer la honte et la bile
et tout ce qui la broie en mille teintes de mort.
tu as fait ce qu'il fallait, tu es très courageuse.

Et verse une goutte de schnaps dans les noirceurs qui stagnent dans la tasse, l'air fier qui ne comprend pas tout à fait les aigreurs,
parce qu'il faut boire à sa mémoire, Lagertha, boire pour te féliciter, pour réchauffer ton cœur qui ne devrait pas tant se serrer de s'être libéré.
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde Tumblr_ods52bRviO1rzbj5mo7_250
Messages : 302
Âge : 31 ans
Autre(s) compte(s) : Ezra Valentine - Loïs Johnson - Renard Bellay
Lagertha A. Nielsen

Make our own justice
Lagertha A. Nielsen
Make our own justice
Mer 21 Juil - 12:12
Domicile d'Adélaïde
ft. Adélaïde
. Like a ghost.



La douleur âcre agrippée à la peau, les ongles se plantaient dans la chair maternelle –avait-elle toujours pensé à la peau de sa mère quand Adélaïde la tenait ? Ces ongles qui avaient griffé la matriarche avec tant de fougue, ces ongles désormais statiques dans la peau. Lagertha avait le silence d’un agneau blessé, la blessure d’une enfant perdue et peut-être qu’elle avait voulu planter plus fort dans la chair d’Adélaïde, lui faire mal sans peine pour sentir cette force qu’elle lui avait donné. Mais Adélaïde avait la peau dure d’une combattante, pas la chair tendre des madones.
Oh, Adélaïde ! Si parfaite dans l’accueil de ses bras imparfaits, tant aimée, tant haïe quand sa main capturait le visage comme la maîtresse d’un oiseau fugueur de retour au nid avec une aile brisée.

Lagertha la laissait attirer son visage, posait le front fatigué contre le sien, toujours silencieuse. Adélaïde parlait, Adélaïde assurait la fierté. Mais Lagertha ne disait toujours rien, sentait ce poids dans la poitrine qui refusait de disparaître. Pourtant, Lagertha ne voulait que s’en débarrasser et saisir une victoire sur le passé. Hélas, elle ne pouvait que retenir les sentiments tant partagés et se faire plus silencieuse qu’une statue de marbre. Car si elle ne pouvait pas être fière, elle ne céderait pas à la faiblesse de déverser ses doutes, non, elle ne devait pas. Adélaïde serait déçue, n’est-ce pas ?

(Mais n’es-tu pas décevante, Lagertha ?  Tu le penses déjà, n'est-ce pas ?)

Le coeur était lent, compressé par les douleurs d’un crime trop grand pour les épaules encore frêles. Mais Lagertha ne disait rien, plongeait le regard dur dans celui d’Adélaïde, prenait son air si revêche alors que la mâchoire se serrait à lui en broyer les dents. La main glissait à celle d’Adélaïde, la prenait dans une enclume qui se voulait certaine plutôt qu’inquiète. Il lui fallait la force, l’indifférence qui lui donnerait la tranquillité dans son ascension vers le pouvoir, la sécurité. Mais voulait-elle vraiment ce pouvoir ? Lagertha le pensait encore. Elle n’avait pas encore eu d’autre sang sur les mains, n’avait pas encore vu le visage de sa mère dans chaque cadavre. Il y avait seulement cette brûlure discrète sur les paumes nues quand le cœur était agité. Non, Lagertha pensait bien au plaisir de ce pouvoir encore, cette supériorité qu’Adélaïde lui avait appris. Et elle serait comme elle, mieux même, plus haut, plus forte, écrasante.

Pourquoi cette pointe dans sa conscience alors ? Pourquoi cette envie de lâcher la main nourricière qu’elle tenait ?

Lagertha était plus déconcertée que jamais et dans une douleur incompréhensible pour son âme si jeune. Portant la tasse à ses lèvres, elle restait pensive, silencieusement distante. Non, Lagertha ne boirait pas à la santé de cette mère, Lagertha oublierait et noierait tout possible chagrin car ce soir-là, les Amadeus devaient mourir.
Elle aurait dû poser sa tête sur l’épaule d’Adélaïde, se couvrir de sa rassurante menace, si familière et lui confier chaque doute pour les voir être balayés. Mais Lagertha sentait un fil invisible entre elles ce soir-là. Une distance impossible à combler, des lèvres pincées à chaque mot quand elle ne faisait aucun son.






C y a l a n a




Dernière édition par Lagertha A. Nielsen le Sam 11 Sep - 22:10, édité 1 fois
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde 0f953942a749d79fb63adf69e171ec05
Messages : 41
Âge : 54 ans
Autre(s) compte(s) : renata
Adélaïde Strauss

Make our own justice
Adélaïde Strauss
Make our own justice
Sam 7 Aoû - 18:11



les suppliques des fantômes
          qui grattent à l'âme
@lagertha (fb)
Mais Adélaïde n'obtient pas de réponse,
ni de braises sur lesquelles s'époumoner, pas d'éclat ardent aux rages qui miroitent entre ses mains, les paumes fermées sur ton minois blessé  -oh,
Largetha, lui glisserais-tu
d'entre
                                            les                                    doigts    ?

L'étau froid se referme sur sa main,
    ah, non. Ca ne peut être ça, ça n'arrivera pas - après tout, elle avait tout fait pour cette gamine, hein ? Chérie des labeurs de son cœur si grand une année durant, elle n'avait pu manquer de rien. Ni d'amour ni de haine, non ? L'avait introduit à ce que le monde, pervers et volage, ce monde infect dans la bouche des damné.es, lui avait pris tu dois tout reprendre de force, Lagertha, arracher les bras jaloux qui te volent et t'épient,
Lagertha, protège toi et crève les yeux qui te voient faible
.
Oui, n'avait-elle pas été mère salutaire de tes travers souffreteux, n'avait-elle pas soufflé la force dans tes poumons, porté la croix de tes tourments, toute offerte qu'elle était aux peurs de voir son oisillon tomber trop loin du nid, la crainte des Madone en collerette d'épines qui fièrement meurtrissent la peau ;
parce que tu es comme elle,  tu es comme elle alors
tu n'as pas à t'en faire pour celleux qui sont
trop fragiles pour te suivre dans le bucher.
- à quoi bon, puisqu'elle sera l'ombre de tes pas, et qu'elle ne craint pas les flammes sur lesquelles vous régnerez, cette mère-là.

les morts ne peuvent pas te hanter, petite fille. n'ai pas peur. son ton se fait moins conciliant : de toute façon, la plus jeune n'a jamais aimé la pitié, et Adélaïde a toujours mal su la feindre. ce ne sont plus que de la chair et des souvenirs. tu es plus que capable d'endurer ça, je le sais mieux que personne.

Alors elle essaie de capter le regard lointain de la jeune femme, lointain si lointain qu'elle a déjà l'air hors de ses griffes, et en tendant le bras, qui sait si elle pourrait encore la blottir dans les étuves de son emprise. Et Adélaïde ne tolère pas que ses petit.es s'éloignent, veut les yeux braqués sur elle, leurs faisceaux et leurs courroux mais qui cherchent encore       et encore  
la consécration de la matrone.

dors ici, cette nuit. les ordres sonnent si bien entre ses lèvres en demi-lune, paraissent doux et glissent autour du cœur quand sa prise s'abat de nouveau sur le crâne qu'elle caresse un instant, en tentative de graver l'allégeance oubliée de sa protégée.
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde Tumblr_ods52bRviO1rzbj5mo7_250
Messages : 302
Âge : 31 ans
Autre(s) compte(s) : Ezra Valentine - Loïs Johnson - Renard Bellay
Lagertha A. Nielsen

Make our own justice
Lagertha A. Nielsen
Make our own justice
Dim 8 Aoû - 23:57
Domicile d'Adélaïde
ft. Adélaïde
. Like a ghost.




Son univers tout entier reposait entre les bras d’Adélaïde. En son giron colérique, Lagertha avait trouvé la foi. Une rage à suivre avec des éclats de voix plus grands à chaque fois, un amour plus sombre toujours.
Lagertha se souvenait du sang contre les doigts, la première fois que sa rage s’était tournée vers sa protectrice.
Le regard qu’elle avait jeté à Adélaïde avait été plus noir que tout, celui d’une bête sauvage qui ne ressentit pas la crainte mais uniquement cette rage. La madone se tenait droite face à elle, si forte et Lagertha avait le poing vengeur. Animal assoiffé de sang, elle avait bondi. Les ongles avaient du griffer le visage dans les cris d’amour qu’elles laissaient jaillir. Et Lagertha avait eu le poing dur, les mots glacés dans les fracas de porcelaine.
Mais le regard plein de fougue se bordait d’amour, toujours, car là avait été le dressage donné. Et au détour des éclats brisés, Lagertha perdait la tendresse mais jamais l’amour fidèle qu’elle portait à Adélaïde dans le sang versé. Oh, qu’est-ce que la mère avait fait d’elle ! Lagertha était sa furie, sa plus belle création. Une année avait suffi à la forger dans les mares écarlates des passions. Il n’y avait pas tant de travail face à tous les souvenirs de Lagertha, ce passé tragique, ce corps tendu, fait pour le combat. Et Lagertha s’était sentie invincible. Une déesse vengeresse, que rien d’humain ne pourrait atteindre. Adélaïde l’aimait plus que quiconque et Lagertha aussi, toutes griffes sorties même dans l’étreinte pleine d’amour.

Adélaïde aurait pu tout avoir. Elle aurait pu avoir cette bête pleine d’amour mauvais, sauvage et cruelle, sa fille rien qu’à elle, qui n’avait pour monde qu’elle. Mais il y avait eu ce soir-là, ces yeux morts dans les siens brûlants et cette crasse restant sur les mains pâles. Adélaïde avait rendu son cœur bien sombre mais pas assez dur pour surpasser cette nuit sans perdre le rôle de sainte parole. Lagertha était encore trop sensible malgré tout ce qu’elle pouvait croire. Elle glissait des doigts d’Adélaïde, se noyait dans la terreur quand l’esprit s’agitait. Pourquoi était-elle si faible ? La question tournait encore et encore dans le crâne, tels des clous secouant contre l’os jusqu’à percer sa tête.
Oh, Lagertha pouvait bien serrer ses bras sur le corps d’Adélaïde avec tant de force, ses certitudes en restaient tremblantes sur leurs fondations fébriles. Et pourtant, Lagertha se serrait contre le corps, fermait les yeux à en voir des étincelles, tout pour croire à ce mensonge si éloignée de la vérité, ce mensonge où elle n’avait pas senti la bile remonter dans sa gorge lorsque la vie avait quitté sa mère. Si seulement elle avait pu être cette statue ! Si seulement les passions avaient pu noyé l’âme toute entière !
A la place de quoi, sa tête avait entamé le décompte jusqu’à sa perte, goutte par goutte jusqu’à ce qu’un jour, Lagertha se meurt dans la douleur.
Emmurée dans ses maux, Lagertha ne trouvait aucun réconfort aux paroles d’Adélaïde. Elle sentait les mots à moitié s’imprimer, laisser une marque indélébile trop faible pour la formater, trop faible pour diminuer l’horreur apposée sur un esprit fragile. Et l’oreille posée contre le coeur de la madone cruelle, Lagertha sentait bien la différence fugace : elle n’était pas faite de la même force qu’Adélaïde.
Alors Lagertha restait immobile, plantait les ongles plus forts face aux convictions semblant défaillir. Le menton se hocha pourtant dans un silence lourd, le regard trouble. Sa sensiblerie était répugnante, où était sa force ? Comment pourrait-elle écraser ses ennemis avec une telle faiblesse ? Elle avait envie de pleurer contre Adélaïde. Et elle ne le pouvait pas. Comment Adélaïde pourrait-elle tolérer une telle faiblesse ? Lagertha ne voulait même pas y penser. Elle ne mentait pas à Adélaïde. Mais ce soir-là, Lagertha mentit à Adélaïde et à elle-même. Enfermant les doutes à double tour, elle avait relevé un regard vitreux vers la matriarche, la mâchoire crispée.

– Je n’ai pas peur. Si, Lagertha tremblait à l’intérieur, de tout son cœur. Je te crois, pour les morts. Pas une seule seconde, les morts  flottaient autour de Lagertha.

Quelle déception elle était ! Quelle cauchemar était ce goût de bile au creux des lèvres ! Chaque mot était une aiguille qu’elle négligeait. Lagertha sentait bien qu’Adélaïde, oh, terrible Adélaïde, ne comprendrait pas cette douleur dans la poitrine. Adélaïde peignerait ses cheveux de sa rage outragée, accuserait cette différence blessante, érigerait Lagertha en traîtresse indigne de son amour. Et Lagertha ne pouvait qu’enfouir ses peines six pieds sous terre au fond d’elle-même. Pour le bien d’un amour empoisonné.  Car toujours, Adélaïde saurait mieux que quiconque ce qu’elle devait ressentir. Alors Lagertha hocha la tête, pensive, pinça les lèvres en répétant durement les mots censés la convaincre.

– Je suis débarrassée. Je pourrais tout endurer une fois que le nom des Amadeus disparaîtra.

Le ton était sifflant comme chaque fois que la lignée maudite était nommée. Rappeler la rage pour oublier le camaïeu d’émotions au creux du ventre. La matrone l’observait, cueillait sa tête entre ses serres pour mieux la ramener au creux d’elle. Et Lagertha eut l’envie irrépressible de se dégager de ce toucher. Le regard baissé, les lèvres tordues en une ligne fine, cette boule difficile à contenir au sein de la poitrine quand la main se retenait de chasser la paume dans les cheveux. Les mots brûlaient autant que le toucher. Il y avait cette appréhension en elle qui lui criait de partir sans que Lagertha ne puisse le comprendre. Toujours aussi immobile, elle n’avait levé que les yeux vers ceux d’Adélaïde. Un instant de silence quand elle se releva, échappant aux griffes. Un pas en arrière et des bras ballants, Lagertha fuyait dans les recoins familiers de la pièce et ses meubles quand elle ne pouvait se résoudre à écouter les doutes en son sein.

– Merci de l’invitation Adélaïde.

Silence, les doigts couraient sur le bois d’un meuble mais ne pouvaient résister à l’attrait de la sainte patronne. Quelques pas et elle enroulait les bras à ses épaules, les yeux perdus dans le vide.

– Je vais rester, oui.

Que la madone verse encore son poison, que Lagertha se nourrisse une fois de plus de ses saintes malédictions, à en oublier toute crainte.  












C y a l a n a




Dernière édition par Lagertha A. Nielsen le Sam 11 Sep - 22:13, édité 2 fois
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde 0f953942a749d79fb63adf69e171ec05
Messages : 41
Âge : 54 ans
Autre(s) compte(s) : renata
Adélaïde Strauss

Make our own justice
Adélaïde Strauss
Make our own justice
Lun 9 Aoû - 23:02



les suppliques des fantômes
     qui grattent à l'âme
@lagertha (fb)

        Oui, mon enfant
oui, blottis toi contre maman, blottis toi poings fermés poitrine ouverte. Les Amadeus peuvent bien brûler, en cendres sur tes épaules qu'elle n'aura qu'à épousseter
d'un revers de main.
Adélaïde n'avait pas fouillé les pupilles, ne daigne pas se courber aux caprices des réalités qui mentaient mal dans les yeux de la blonde, lui crient ses douleurs sans que ça n'effleure ses tympans. Les mères savent ce qu'il y a de mieux pour leur enfant - pour la survie de la portée maudite, trouver les échos furieux des Érinyes tordant la chair et l'esprit dans le cœur jumeau, béant et dégouline, colle entre ses doigts      pauvre petite
 pansée par ses soins, la douleur faite sienne.

c'est tout à fait ça  contre ses cheveux hirsutes, souffle l'approbation de mots avortés dans lesquels Lagertha n'est  même pas, félicite la voix mécanique du fantoche qui se fourvoie et se livre au réconfort des fillettes dociles,
écoutent sagement les prophéties indignes de la félicité
promise par les diables complaisants.

Tu n'as pas besoin de lutter, Lagertha, pas à te parer de maux qu'elle ne t'as pas appris, rend ces affronts aux apathiques et aux sentiments qui rampent, voilent tes ardeurs. Oui,
abandonne-toi un peu plus dans les acides de cet amour dont elle te présente l'asphyxie au creux de ses bras, au tréfond des flammes si douces, là où il n'importe pas de nettoyer le sang sur ses doigts,
où il fait trop aride pour pleurer quelques fantômes
soufflant l'oraison sur la nuque.                            non, ne fuis pas, petite Lagertha.

Bête blessée dans les recoins d'une tanière qui la piège, suit le marbre qu'elle a tant battu de ses pieds colériques et les bougeoirs au goût du sang qu'ils ont fait couler, assénés fiévreusement par les furies des étreintes maternelles - et sur les cercles qu'elle retrace, inflexibles, les yeux d'Adélaïde qui criblent le dos tourné de sa protégée.
Assez, reviens-moi. ah, elle aimerait voir ses yeux noirs, infectés des frénésies rougeâtres des desseins vengeurs. Mais Adélaïde est bonne dans le réconfort capiteux qu'elle offre, cède à la jeune femme la liberté d'embrasser elle-même l'emprise qui lie les âmes souffreteuses.

bien, c'est très bien elle répète et savoure la docilité dans l'étreinte qui lui revient. je vais bien m'occuper de toi maintenant. attends moi une seconde.

L'aîné se lève et en quelques pas qui résonnent dans la demeure froide, imprègne un linge pour recueillir les rougeurs coupables du visage de Lagertha. Lorsqu'elle retourne près d'elle, veille à ce que le coton sur la peau sale retire les pêchés, sans égard pour le pardon qu'elle ne peut lui donner - mais Adélaïde se soucie moins de l'absolution que de la toute puissance de ses pairs.
Sans douceur dans les doigts, sans aigreur non plus, la femme couve les traits vides, enlace les supplices du bout des gestes maternels qui, sans âme, se veulent rassurer des états d'âmes dont elle ne sait rien. Toutefois, elle connaît les répercussions amères de la réalité, la frénésie de la ville qui n'attend pas la fin des pleurs, se manifeste avant que la voix ne s'éteigne d'avoir trop appelé à l'aide.

il faudra laisser tout le monde en dehors de ça... le gang n'en saura rien, ne t'en fais pas. ce ne sera que toi et moi, comme avant. son attention se reporte sur les mèches blondes qu'elle tente d'apprivoiser avec toute la douceur que la violence dans ses entrailles a à revendre. et sans accorder d'importance aux lueurs traversant les opales éteintes à qui elle ne laisse pas le choix des projections futures, poursuit les considérations pratiques et funestes des habitudes froides. faut-il que j'aille nettoyer le bazar que tu as mis là-bas, d'ailleurs ?

Parce qu'après tout, c'est une mort comme une autre, Lagertha - et il faut l'indifférence cruelle des marâtres pour protéger les petites filles qui ne savent plus dans quels jupons se cacher.
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde Tumblr_ods52bRviO1rzbj5mo7_250
Messages : 302
Âge : 31 ans
Autre(s) compte(s) : Ezra Valentine - Loïs Johnson - Renard Bellay
Lagertha A. Nielsen

Make our own justice
Lagertha A. Nielsen
Make our own justice
Mer 25 Aoû - 11:46
Domicile d'Adélaïde
ft. Adélaïde
. Like a ghost.




L’étreinte de la madone était celle de ronces empoisonnées et Lagertha s’y laissait happer à chaque fois. Qu’importe les blessures infligées, toujours l’enfant se recueillait pieusement, la joue posée sur la chair sacrée qui causerait sa déchéance. Elle pouvait bien la fuir, chasser les souvenirs du bout des doigts, toute résistance était vaine. Car toute cette nouvelle distance fut-elle réelle, Lagertha n’était pas prête à l’accepter.

Les yeux dans son dos étaient un aimant sur sa peau. Un appel à sa juste place, là où les doutes et la raison mouraient, là où Adélaïde pouvait l’aveugler de ses mains vermeilles. Et derrière le voile carmin, aucune faiblesse ne pouvait atteindre Lagertha. L’érinye était toute puissante ; les doutes pouvaient bien l’assaillir, la bile pouvait bien remonter au creux de sa gorge, les bras d’Adélaïde, sa voix au creux de l’oreille suffiraient à tout effacer pour ne laisser que rage et outrage.
Alors Lagertha n’avait besoin d’aucun ordre, venait serrer le corps de la tendre marâtre d’elle-même dans le venin de leur affection mauvaise. La voix d’Adélaïde était un velours âpre à son oreille, une approbation aigre qui sonnait aussi néfaste que divine. Pas un mot ne sortait des lèvres. Elles étaient scellées par l’appréhension de sentiments qui, une fois énoncés, deviendraient bien trop réels. Et lorsque la madone s’éloigna, le cœur tout entier palpita dans l’angoisse solitaire des mains meurtrières. Immobile, droite et le menton haut, il n’y avait que les ongles torturant les cuticules rougies pour révéler l’âme agitée. Lagertha pouvait bien être tout ce qu’Adélaïde désirait, elle se plierait, oublierait les maux pour n’être qu’une faucheuse cruelle aux mains de cette mère mauvaise. Oh, Lagertha était faite pour ce rôle de vengeresse ! Pourquoi souffrait-elle donc tant de ce sang sur les paumes ?

Adélaïde revint, cueillit les preuves du crime sans réussir à en effacer les traces, laissant Lagertha de marbre, le regard droit et vide. Le chiffon semblait rêche sur la joue, le désinfectant brûlant la coupure qui resterait un souvenir de la défunte toute sa vie. Mais Lagertha ne cillait pas. Elle restait immobile, statue d’humeurs instables face à la madone inébranlable.  Il fallut les mots pour lui arracher une réaction.
Les yeux sombres se posèrent dans ceux de l’aînée, immuables. Adélaïde lui caressait les cheveux et les mâchoires se serraient dans un réconfort étrange. Comme il était étrange, d’ainsi sentir le réconfort d’une situation familière, un pilier auquel s’accrocher. Oui, si tout se déroulait comme avant, Lagertha n’avait pas à changer. Il suffisait de rester tout contre Adélaïde, sourde et aveugle au monde pour n’être qu’une violente marionnette entre ses doigts. Oh comme Lagertha en rêvait ! Pourquoi donc ces pensées sonnaient-elles si fausses ? L’écho n’était que crainte et tremblement car aucun soulagement n’arrivait à surmonter la mort submergeante.

La simple mention des lieux maudits ravivait pourtant les terreurs. Les paupières recouvraient les yeux, cachaient des sentiments trop forts quand les cris muets de l’asphyxie revenaient aux oreilles de Lagertha. Elle aurait aimé pouvoir faire taire son esprit, effacer chaque seconde de ce moment et n’être que victorieuse face à l’extinction presque entière d’une lignée maudite. Au lieu de quoi, le sol semblait fragile sous ses pieds. Ou était-ce elle qui était instable ? La froideur d’Adélaïde la pétrifiait. Elle l’enviait, la haïssait et se haïssait avec d'autant plus de force quand les dents grinçaient trop fort. Si la bouche daigna offrir des mots, les ongles ne purent que s’enfoncer dans la chair des paumes.

– J’ai laissé aucun bazar. Douleur si vive dans la poitrine, un spasme à peine visible parcourant le corps. C’est mon sang à moi, pas le sien. Je l’ai étouffée avec son oreiller, ça passera pour une mort pseudo naturelle. .. Elle est toujours dans son lit, ils l’ont peut-être déjà trouvée.

Il y avait dans les mots une douleur trop difficile à gérer. Une douleur qui lui fit détourner le visage de la madone, le regard humide après tant d’années sans sanglots. N’était-elle qu’une enfant ? Lagertha se maudissait.
Un pas en avant, puis un autre quand la manche effaçait rageusement les larmes. Bientôt la porte était son support, la barrière évitant la chute de son coeur aux pieds d’Adélaïde, pitoyable et faible.
Il n’y eut pas de regard en arrière, Lagertha n’attendait aucune compréhension, comment Adélaïde pourrait-elle ? Lagertha cachait désormais les maux honteusement.

– Ma chambre est toujours prête pour moi ?

Qu’elle oublie tout encore, qu’Adélaïde lui fasse tout oublier, même ces sentiments nouvellement partagés à son égard.








C y a l a n a




Dernière édition par Lagertha A. Nielsen le Sam 11 Sep - 22:15, édité 1 fois
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde 0f953942a749d79fb63adf69e171ec05
Messages : 41
Âge : 54 ans
Autre(s) compte(s) : renata
Adélaïde Strauss

Make our own justice
Adélaïde Strauss
Make our own justice
Mar 7 Sep - 2:04



les suppliques des fantômes
     qui grattent à l'âme
@lagertha (fb)
Alors elle sent le corps se tendre - si frêle, les muscles tirés contre la poitrine comme les chiens qui ne ferment jamais vraiment l'oeil. Elle perçoit l'infime décharge dans les lèvres de sa protégée qui se pincent, habitude qui n'aurait éveillé aucun soupçon si Adélaïde n'avait pas dû apprendre à repérer les luttes à venir.  Car c'est comme ça qu'on dresse les esprits laissés en ébauches faisandées, c'est comme ça qu'on façonne les visages qui se refusent aux desseins qu’on fait pour eux.
Et alors que la jeune fille lui décrit la scène macabre, elle ne peut qu'hocher la tête en satisfaction feinte parce qu'elle n'aime pas vraiment les aigus dans la voix de la blonde, ni la façon dont elle se dégage de son étreinte. Son visage se raidit et désapprouve, en silence toutefois lorsque Lagertha fait voler en éclats les caresses du réconfort qu'elle lui offre pour citer les frasques des morts, pleurer celle qui l'a délaissée au détriment de celle qui la chérit.

Ah, ne veux-tu pas qu'il n'y ait que toi et moi,    Lagertha ? Plus qu'elles pour danser sur les os des charognes dont on ne reconnaît plus les mécènes de celleux qui nous fait du tort, parce que les viscères sont du même rouge. Parce que dans les chairs carmin il n'y a ni rédemption auprès de ses pairs, ni culpabilités amères alors il faut laisser les morts brûler en enfer et,
allons danser, ma fille.

Mais les yeux de la fille s'embuent et s'embuent pour une autre mère. Adélaïde laisse faire, pavane au bras de la sagesse dont elle se targue, de sa clémence en robe maculée des mensonges desquels elle prend le nom. Elle n'a pas de deuil à offrir, bouquets de lys posés au pieds de sa protégée, mais elle sait ce qu'il y a de mieux pour elle. Oui,  qui d'autre pourrait mieux savoir qu'Adélaïde ?
Alors elle qui sait si bien, elle ne dit rien, reste muette alors que son œuvre, belle et brisée, prend les teintes couardes des échappées, le salut au loin promis alors qu'elle se terre dans les conforts de la matrone ouvrant la porte. Mais ce n'est pas si facile, petite fille.

bien sûr. tu es ici chez toi, tu le sais.

Chez elle - surtout chez elles. Alors, elle accompagne les gestes fuyants, sans s'y attarder parce qu'elle dépose ses mains sur les épaules de Lagertha en guide immortel des pas fantomatiques à travers la maison. Et son ombre penchée sur le trésor que l'on chérit pour mieux qu'il nous revienne, elle mène la blonde à l'étage qu'elle avait tant parcouru (peut-être tant haï mais la madone ne s'en félicitait que plus encore). Dans les dédales et le faste qui égaie à peine les chimères du foyer, le silence troue les corps et affaisse l'évolution de la blonde quand la présence à ses côtés s'impatiente des peines atones.
Et dans l'embrasure de la porte, une main dans le bas du dos de la protégée, elle l'invite dans la pièce qui n'a pas bougé, parfaitement rangée
comme si les objets n'avaient jamais fendu l'air en pensant pouvoir fendre son crâne, comme si les cris et la haine ne hantaient les murs intacts.

Mais elle n'obtient pas de réponse dans les yeux mornes, sent l'amour filer entre ses doigts agrippés, acharnés, sur un cœur qui saigne trop.  Et alors, son visage se fait plus dur, elle sent son pouls s'accélérer à mesure que les secondes passent et
              non,
    Lagertha ne lui ferait jamais ça.

reste autant que tu le souhaites, surtout. tu ne cauchemarderas pas longtemps, peut-être pas du tout. tu as toujours été si forte.

D'autres auraient senti le cœur fondre et les volutes chaudes d'un accueil chez la figure aimante, mais les mots ne consolent pas et la Panther feule et gronde sous couvert de bonté. Quand on aime si fort, on ne peut être trop tendre - sinon, l'amour n'a pas de saveur, il ne brûle pas la langue, n'empourpre pas les joues de colères qu'on ne tait pas et il n'y a que la tiédeur torve des eaux trop calmes. Evidemment, cette maison est la sienne, mais les enfants savent qu'il y a des règles, même sous les toits généreux qui semblent recueillir les doléances capricieuses des émotif.ves.
Sa précieuse fille, qui est à la chair de sa chair, son âme et ses fièvres. Lagertha, tu ne seras pas les déboires évanescents de ce qu'elle a fait de toi - elle s'en refuse, et le refuse à ta place.

cela dit, jeune fille, tu sais que je n'apprécie guère qu'on me tourne le dos elle assène, impitoyable alors que la blonde persiste dans un mutisme qui lui fait horreur en pénétrant dans la chambre. je sais que tu as besoin de repos, mais embrasse donc ta mère, avant.
FB/ Like a ghost - ft Adélaïde Tumblr_ods52bRviO1rzbj5mo7_250
Messages : 302
Âge : 31 ans
Autre(s) compte(s) : Ezra Valentine - Loïs Johnson - Renard Bellay
Lagertha A. Nielsen

Make our own justice
Lagertha A. Nielsen
Make our own justice
Sam 11 Sep - 22:04
Domicile d'Adélaïde
ft. Adélaïde
. Like a ghost.



Pourquoi ces mots avaient-ils un goût si âcre ? Ce toit qui avait été son refuge ressemblait davantage à une prison désormais. Les murs étaient étouffants, l’air irrespirable, saturé par le parfum capiteux d’Adélaïde. Tout était perturbant, déformé par les illusions de son esprit fatigué –ou était-ce la réalité qui faisait enfin surface ?

Les mains sur les épaules étaient des serres tranchantes, des griffes possessives, douloureuses dans la chair. Lagertha avait trouvé ce tranchant plus admirable qu’effroyable durant tout ce temps passé à ses côtés et tel un chien obéissant, elle avait laissé Adélaïde la modeler à son image : une arme entre ses mains cruelles. Peut-être était-ce le chien qu’elle était qui la fit rester silencieuse, docile entre les doigts brûlants quand les questions se bousculaient dans son crâne. Adélaïde n’était point bonne, non, elle ne l’était pas, ce n’avait jamais été un problème. Mais elle était censée être bonne avec elle, à sa manière elle l’était. Adélaïde avait pris ses mains et avait aiguisé chaque parcelle de son être. Sans elle, Lagertha ne serait jamais devenue ce qu’elle était. Sans elle, Lagertha serait perdue,  une simple délinquante aux défenses faibles, malléable. Mais entre les mains d’Adélaïde, Lagertha n’était-elle pas simplement devenue une lame tout aussi malléable ? Si Adélaïde pouvait lire ses pensées, elle aurait tremblé sous le poids des doutes terribles de sa pupille. Sa loyauté qui ne tenait plus qu’à un fil ce soir-là.

Sous les fils tenus par la madone, Lagertha avait traversé la demeure qui l’avait vu devenir la plus belle création d’Adélaïde, un lieu qu’elle aimait avec férocité.
La chambre elle-même n’avait pas changé. Elle aurait dû l'aimer avec autant de force. Mais l’air était putride. Il portait la violence d’un amour malade que Lagertha sentait dans chacun de ses os. Était-ce donc ce qu’elle était devenue ? Un chien aussi aimant qu’hargneux qui pouvait mordre à foison pour mieux obtenir les faveurs d’Adélaïde ? Avait-elle cru à une force, un pouvoir immense par ce rôle ? Était-ce tant une force ou Lagertha s’était-elle fourvoyée ? Elle avait l’impression de changer à chaque geste, devenant un clone un peu plus distordu à chaque seconde de celle qu’elle avait été depuis sa rencontre avec Adélaïde. Chaque seconde, Lagertha n’était plus et était à nouveau, plus perdue encore dans cette nouvelle forme instable. Il y avait un malaise au fond d’elle qui ne cessait de la tordre à foison, une voix qui lui chuchotait au creux du crâne. Fuis.   Fuis.   Échappe-lui.
Mais Lagertha ne bougeait pas.

Adélaïde parlait et Lagertha restait perdue dans ses raisonnements déconcertants. Un hochement de tête pour simple réponse. Ce fut d’abord tout ce que Lagertha offrit à Adélaïde. Mais la crainte savait prendre les devants. Oh, la crainte savait assurer les arrières de Lagertha, vicieusement, dans les non-dits et les mots camouflant la vérité.

– Merci Adélaïde, ça ira très bien, j’ai surtout besoin de sommeil. Un bain peut-être.

J’ai besoin d’être là où tu ne seras pas.

Qu’elle s’éloigne, qu’elle la laisse respirer pour mieux la retrouver l’esprit clair, toujours aussi aimante. Mais Adélaïde restait si proche, les paroles terribles aux lèvres. Chaque mot confirmait une menace sordide quand Adélaïde aurait dû l’enlacer tendrement et reconnaître sa tristesse. Mais la madone et ses enfants étaient particuliers. Elle se plaisait tant à ramasser les pièces endommagées pour les plier à son désir d'idolâtrie égoïste. Car l’égoïsme d’Adélaïde se voyait tant quand elle avait cette peur dans le regard. Oh, Lagertha pourrait la détruire en lui arrachant tout pouvoir sur son coeur mais elle savait déjà que ce geste lui coûterait son propre coeur, la vie, même, peut-être. Était-ce donc ça, un amour puissant ? Lagertha en doutait désormais, sentait la bile remonter dans sa gorge au souvenir d’un frère dont l’amour était encore plus sordide. Adélaïde était différente. Mais elle était tout aussi semblable. Il ne lui faudrait qu’un geste pour anéantir Lagertha. Car Lagertha lui avait donné toute commande sur son être en l’élevant au rang de sainte et Adélaïde lui semblait à ce moment précis plus aimante de ce pouvoir qu’autre chose. Elle craignait de perdre son contrôle, pas son amour, n’est-ce pas ? Lagertha sentait les rouages de son esprit résister à cette pensée, refuser cette possibilité quand le cœur aimait tant la madone et cette affection dévastatrice entre elles. Car Lagertha était sa meilleure fille, elle le savait, personne ne pourrait rivaliser avec son amour, sa doléance brutale quand il s’agissait d’être parfaitement imparfaite, identique aux attentes d’Adélaïde, plus forte que tout. Une cruelle créature au-dessus de tout ce monde. Elle et Adélaïde contre le reste du monde. La main avait saisi celle d’Adélaïde, comme pour se rassurer elle-même, noyer les terribles doutes dans l’amour maternel, la tendresse brûlante et ses vapeurs hypnotisantes.

Adélaïde et Lagertha contre le reste du monde.

Toujours.



Oh, mais si vive Adélaïde, si perfide dans ses peurs, brûlait chaque douce pensée ! Lagertha serrait sa main et la madone doutait toujours de son amour. Lagertha s’accrochait à ses réactions, y cherchait une tendre explication, une crainte de perdre sa fille la plus chérie de toute, sa préférée, comme l’égo de Lagertha aimait se rappeler. Lagertha persistait à excuser les duretés, persistait à noyer les doutes.

Adélaïde et Lagertha contre le reste du monde.


Adélaïde aurait pu tout avoir. Adélaïde aurait pu embrasser son front, laisser Lagertha à ses pensées et la retrouver malléable à toutes ses envies dès le lendemain matin. Sa fille et elle brûlant le monde à leur pieds jusqu’à leur mort. Peut-être que Lagertha aurait pu réussir à noyer tous ces doutes. Mais Adélaïde, cruelle Adélaïde avait eu l’avidité de réclamer plus, toujours plus. Et elle avait réveillé les craintes de Lagertha au plus profond de ses os, confirmant la folle créature en cette madone. Lagertha s’était figée, arrachant brutalement sa main de celle, brûlante d’Adélaïde. Un pas en arrière, deux, trois, Lagertha s’enfonçait dans la pièce, sentait un pieu de vérité traverser son coeur quand elle réalisait enfin, le regard sombre plongé dans celui d’Adélaïde;

Oh, son avidité n’aurait jamais de fin, n’est ce pas ?
Adélaïde demanderait toujours plus d’elle jusqu’à l’assécher de toute vie.

La gorge était sèche, brûlante. Peut-être que Lagertha aurait dû rester de marbre, jouer l’indifférence, un sourire factice aux lèvres pour mieux établir une vicieuse stratégie, déjouer les poisons de la madone putride. Mais une colère sourde saisit Lagertha. Elle brûlait d’une froideur glaciale, portait la trahison, la rage sur le visage quand elle feulait comme une bête. Il n’y avait plus de place pour la simple effronterie, non, Lagertha n’était plus celle qui aurait obéi aveuglément, n’est-ce pas ?

– Tu n’es pas ma mère.

Cinq mots et déjà la réalisation terrifiante de ce qu’ils déclencheraient se portait sur les traits, entre peur et rage.

C y a l a n a



Contenu sponsorisé
Revenir en haut