klaus parle en #006600

Silence brisé. Comme cette vitre, dont les petits bouts viennent se déposer à tes pieds. Tu as du sang sur les mains. Ce n'est pas la première fois, mais pourtant, tu frissonnes. Il fait chaud, mais pourtant tu frissonnes. Tu n'arrives pas à bouger le poignet. Les émotions n'ont rien à voir avec cela, ton os s'est brisé. Tu es loin de l'énervement, tu as peur.  Cette mission était un fiasco. L'enfant que tu devais protéger, mort. Ton don n'avait pas aidé, ta respiration est encore saccadée de ta transformation. Tu sais que tu l'as blessé. Celui qui serait qualifié de monstre, pour avoir tué sa progéniture. Mais tu sais ce qu'il va se passer. Tu seras celui traité de monstre, pour avoir agressé cet homme, parce qu'il est haut placé. Parce qu'il a des relations. Mais bref, les journaux t'importent peu. Ce ne serait pas la première fois qu'on parlerait de toi.

La douleur revient peu à peu, l'adrenaline redescend. Réflexe, prévenir quelqu'un. Ton doigt appuie faiblement sur la radio. Ta voix a du mal à sortir, la pression de ton index n'est pas assez constante. Tu utilises toute ta force pour pouvoir parler, demander de l'aide. C'est rare que tu en demandes, mais t'y voilà.

" I-ici Klaus... p-putain...j-j'ai besoin d'ai-...d'ai...de. J-j-je suis blessé. "

Sentiment étrange. Ton coeur se resserre, le sang coule. Ton regard se pose sur ton ventre, d'où le liquide rougeâtre fuit. Tes yeux passent rapidement sur le cadavre frais que tu n'as pas pu sauver. La radio sonne à nouveau, mais peu à peu ta vision semble se brouiller. Des mots retentissent, tu ne les distingue plus de ce sifflement qui attaque tes oreilles. De cet acouphène qui t'endort tel la berceuse que ta mère pouvait te chanter. La berceuse de celle qui n'avait jamais rien dit pour ton père. C'est à cause de personnes comme elle que des enfants meurent. Que le petit que tu devais sauver est mort. Le poing serré, toujours plein de sang, tu t'endors peu à peu. Ce bruit strident dans ton oreille t'offrant un sommeil tranquille.


Tes yeux s'ouvrent à nouveau, une salle blanche. La douleur est toujours là, tu es allongé. En mouvement. Quelque chose sur le visage, ta respiration est comme calmée par cette chose. Regard autour de toi, plusieurs personnes en uniforme. Iels semblent pressé.e.s. Ton ouïe s'éclaircit peu à peu. Tu essayes de te redresser, mais on te force à rester dos contre le brancard. Tu n'aimes pas ça, mais ce n'est pas comme si tu avais vraiment le choix.

" Ne bougez pas, vous êtes gravement blessé. "

Tes dents se resserrent. Elles en grinceraient presque. Longue inspiration, garde ton calme. Si tu continues de lutter, les chuchotements deviendraient de plus en plus forts, et peu à peu tu perdrais le contrôle de ton corps, à nouveau.