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miserable together — temperance

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miserable together — temperance 6ce928390085319458a753687676736e
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Uranie Lecloizot

Never sleeping always creeping
Uranie Lecloizot
Never sleeping always creeping
Jeu 20 Mai - 0:03





Clac, clac, clac.
Mesure asynchrone, ta canne rodée dénote le cliquetis de tes mules cirées. Dans le couloir calfeutré, tu te meus sans lendemains, le crâne boursoufflé par tes pensées décuplées.
L’imbécile, le mort né, le condamné t’as donné de quoi filer la tapisserie de tes humeurs usées. Il est pourtant impossible d’haïr l’âme rétrécie, aigrie de ce fameux costume gris.
Les mots ont couru jusque dans tes maigres bureaux prêtés, les bruits de couloirs sont venu envahir ta canopée.
Que le colosse est tombé, qu’une fêlure a été aperçue.
Dans la largesse de ton vocabulaire fleurie, la délicatesse de tes violences réfrénées, tu t’en es allée.
Apercevoir l’épave échouée, confirmer les dires affolés.
Le dos de la main frappe la porte cloisonnée, prend le silence pour une invitation à pénétrer dans l’antre bien gardée.
Silhouette endormie, chaire abandonnée.
Les mèches blondes ébouriffées soulignées par une lampe de bureau au néon cramé lui tire les traits. Ton doigt glisse pour l’éteindre, l’incandescente chaleur trahit la nuit passée à brûler dans l’obscurité.
Posée sur le coin du bureau, tu déposes ta troisième alliée à tes côtés, abaisse ta colonne décharnée, serpent qui vient siffler près du visage du bel alité.
Tu observes cette forme de vulnérabilité, de candeur dépravée. Le bout de l’ongle ploie sous la masse du cadre d’aluminium, referme l’écran noir de l’ordinateur déchu. Dernier vestige d’un bourreau acharné qui a su sauver la face d’une perdition abstraire aux psychotropes égarés.
Les bras en appuie, le cou tendu, tu sens le souffle endormie, un brin de vie s’échapper de ses narines, de ce corps endormie.
Pour une fois qu’il semble paisible.
Mais tu mets fin, sévèrement, à sa relation avec Morphée. L’ordinateur est reposé lourdement sur le bois sourd, cogne le vernis polie.
Les bras sont croisés tandis que les jambes sont tendues, un pied en l’air dont ta chaussure pend négligemment.
Le bout de celle-ci vient effleurer le genou, pousser le cartilage. Sans pression, ni violence, juste de quoi secouer les tissus endormis.
« Debout charogne. »
Clap, clap, clap.
Tu claques dans tes mains vernies, brise le silence blanc.
« J’espère que ta nuit a été douce Temperance car tes jours ici le seront beaucoup moins suite à la scène que tu as causé. »
Mendiante sous le balcon de l’endormie qui crie au scandal, aux romances mortes et à la courtoisie gangrenée, tu brises les rêves éveillés. Sous tes sourires de courtisane, de nourrice mal-aimante, tu étends tes commissures, bride tes lèvres douces.

HRP — ...


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Temperance Bland

Never sleeping always creeping
Temperance Bland
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Jeu 20 Mai - 14:53
miserable together
Il a été happé par le sommeil des ingrats, celui qui vient quand on s’y refuse et qui laisse plus éreinté au réveil. Une punition appropriée, repose-toi, qu’on t’a ordonné, mais toi tu as demandé qu’on t’apportes ton ordinateur et des sweat pour sauver le peu qu’il restait de ta dignité.

Temperance n’était pas fatigué, il allait même très bien. Malgré ce que les rumeurs avaient déjà commencé à faire croire à travers les couloirs du Hallmark, il n’avait pas été victime d’une vraie surdose. C’est ce que tu t’entêtes à dire, mais ça ne les a pas empêché de te vider l’estomac, de t’injecter avec un cocktail d’antidotes un peu désespéré, à la recherche de cette substance qui n’était pas là. C’est un mystère médical que tu es très peu enclin à aider à résoudre. La vérité, c’est que tu préfères qu’on pense que tu as essayé de te payer une sortie de rockstar plutôt qu’on connaisse la dépendance bien plus honteuse dans laquelle tu étais tombé.

Il s’était donc abandonné au travail avec une énergie maniaque renouvelée, pour oublier toute cette honte qu’on n’avait pas réussi à pomper hors de lui comme le reste. Jusqu’à ce que l’épuisement le rattrape au tournant.

Tu ne t’es pas senti sombrer, pas une seconde, car ton réveil te surprend fort hors de l’inconscience. Le bruit de l’ordinateur qu’on déplace sans douceur fait tressaillir ses paupières qui peinent à s’ouvrir. Sans doute se serait-il prestement rendormi sans ce contact sur son genou qui le fait sursauter brusquement. Ses mains s’agrippent sur les rebords du lit comme sur ceux d’une chaloupe en haute mer. Le pauvre homme jette des regards affolés autour de lui, sans comprendre où il vient de s’éveiller.

Le claquement des mains ramène son attention à la silhouette près du lit. Quand tu reconnais Uranie, un soupir de soulagement t’échappe alors que tu te laisses retomber sur le matelas, ce qui est bien ironique car elle est là à te menacer de divers sévices que tu aurais probablement mérité.

Sans doute est-il content de la voir l’engueuler plutôt qu’un.e autre. Les brumes du sommeil t’empêchent peut-être de la soupçonner de sombres desseins pour le moment. Tu as des affaires bien plus pressantes à régler dans l’instant.

« Ces rats ont confisqué mes cigarettes... Dis-moi que tu en as, par
pitié »
, se plaint-il comme s’il avait été victime d’une négligence criminelle de la part du personnel soignant.

Il pourra endurer le malaise de cette conversation beaucoup mieux sachant qu’il fume en cachette malgré qu’on lui ait interdit. Non tu n’es pas très fier qu’elle te voit dans cet état. Il y a quelque chose de rassurant dans l’idée de se cacher derrière un écran de fumée pour s’échanger les mots difficiles. Comme dans le bon vieux temps.

Mais Uranie ne se contentera pas de s’arrêter à ses impolitesses (tu crois bien l’avoir entendu te traiter de charogne). Cependant, Temperance ne sait pas exactement ce qu’elle est venue chercher dans la chambre aux murs trop blancs. Alors il hausse les épaules avec un air plein de malaise. Que dire? Il n’est pas du genre à s’excuser pour rien. Et il ne sait plus ce qu’Uranie peut bien penser de sa décadence.

Cela fait bien longtemps que leurs conversations n’ont pas tourné autour des chiffres et des objectifs. C’est ce qui se passe lorsqu’il faut se parler le jour, sous les néons, où les ami.e.s deviennent collègues gêné.e.s qui ne se reconnaissent plus. Pourtant, il a l’impression que c’est l’Ura(nuit) qui est venu le visiter. Et c’est un peu trop à vivre sans fumée.


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Uranie Lecloizot

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Uranie Lecloizot
Never sleeping always creeping
Dim 23 Mai - 0:44





Le corps se secoue, réveille ses chaires.
Et tu toises de ta hauteur, glisse ta colonne dans un fauteuil à proximité que tu viens rapprocher. Ta présence aux côtés de l’alité ferait une peinture tout à fait décadente sur les murs d’un musée. Car cette proximité n’a rien d’un mirage miraculé, d’une fausse inquiétude, ô combien tu aimerais pouvoir le prétexter avec toute l’ardeur qui tempère tes veines obstruées.
Il quémande et tu t’exécutes, mollement, docilement. Le paquet quitte tes poches pour atterrir sur ses cuisses emmitouflées, tu lâches un râle exaspéré. De ceux qui se fichent de trahir tes humeurs délabrées, de rabrouer.
« Les pertes seront comptées. »
L’avarice te va mal au teint, la parcimonie avec laquelle tu observes et compte énumérer les cadavres qu’il risque de fumer.
Et puis se peint sur le carmin, ton teint diaphane, ce ressentiment mal-gardé. Lèvres pincées pour regard orageux, les bras se reposent sur les accoudoirs de velours. Le bout de ton pied balance énergiquement ta chaussure défaite, tu toises dans un silence, mortier des pensées.
Tu aurais dû viser le visage Uranie, lui lancer avec hargne et tourner les talons. Le laisser s’étouffer avec l’asphalte, bloquer les fenêtres que le tabac froid attaque sa fausse vitalité jusqu’à le gangréner.
L’asphyxier.
« Me regarde pas avec tes yeux dégoulinants, j’ai envie de te terminer à la force de ton oreiller. »
Et si la violence cadence votre tête à tête inopiné, c’est que tu ne sais pas comment l’exprimer. Où te positionner. Car entre vous, la relation passée est morte, enterrée. Sauver les restes d’une cause perdue c’est aller contre vos esprits pragmatiques, violenter vos fiertés.
Qu’il est difficile de prétexter l’innocence, de feindre l’ignorance.
D’ignorer ce qu’il a été.
Des soirées de perditions, des horizons calfeutrés par l’accumulation de vos mots, mégots. S’enchaîner aveuglément à l’allié unique, partager à deux un vilain secret.
La rigidité te monte à la tête.
Brusque, tu retires ta veste, défait toute forme de tissus étranglant, t’oppressant. S’installer, se défaire des superficialités avec lesquelles tu t’es encombrée. La chemise est tirée, tu la froisses entre tes mains, abandonnant tes chaussures d’un mouvement las.
Rabattant tes jambes contre ton corps, pieds sur le fauteuil, tu récupères dans ta guerre une cigarette.
T’installer car tu sais que le temps va se dilater.
C’est votre pouvoir à vous.
« On sera deux à être débraillé comme ça. »
Dans le silence, l’ongle se ronge sous tes dents.
Qu’il est déplaisant.
Un boulet sentimental aux chevilles, tu souffles l’ivresse bleutée en sa direction. Dans l’espoir de le rendre flou, que la nuée couvre vos états d’âmes ankylosés.
« Me fais pas arracheuse de dents Temperance, je montre patte blanche. »

HRP — ...


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Temperance Bland
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Lun 24 Mai - 15:29
miserable together
Heureusement qu’Uranie ne se fait pingre qu’à moitié. Temperance lui rachètera bien un paquet ou deux s’il peut fumer tout ce qu’il peut avant de se faire prendre par son médecin. Uranie dit qu’elle va compter les pertes, mais lui n’a pas la tête aux chiffres et aux comptes, bien qu’il aimerait.

« Oui, oui », rétorque-t-il distraitement, trop occupé à sortir une cigarette d’entre les autres sur ses genoux avec révérence.

Juste le poids familier du cylindre entre tes lèvres te donne l’impression d’avoir repris un tant soit peu forme humaine. Un tout petit ancrage en papier, même pas encore allumé. Alors, tu jettes un regard vers Uranie, qui vient de te sauver sans trop savoir peut-être. Peut-être a-t-elle oublié? Ou peut-être pas, car elle te gronde en te promettant de nouvelles violences.

C’est peut-être la fatigue, c’est peut-être que cela fait si longtemps qu’elle ne lui avait pas parlé en des mots si sincères, mais Temperance se trouve sans réplique, incertain, la cigarette encore éteinte qui pendouille entre ses lèvres. Tu as toujours répondu à la violence par la violence, pourtant,
de savoir qu’on ferait tout ce chemin pour te faire manger ton oreiller réchauffe le vide de tes entrailles.
C’est plus dur de répondre à la tendresse, même déguisée, alors tu baisses les yeux comme ordonné.


Ce n’est pas comme faire du vélo, il ne suffit pas de remettre les pieds dans une amitié pour tout de suite retrouver l’aisance et les rires qui ne se cachent pas derrière les mains. Mais lorsqu’Uranie décide brusquement de s’abaisser à son niveau, Temperance camoufle un sourire qu’il semble adresser au paquet dans lequel elle se sert.

Tu ne la croyais plus intéressée à fréquenter la vermine. Elle avait préféré la justice aux escroqueries, même si ces dernières avaient été le berceau de vos sympathies. Tu n’avais jamais compris ce désir de marcher au soleil, quand tous ses conforts l’attendaient dans l’ombre. Et pourtant, Uranie était bien là, à souffler l’intimité sur ton visage, comme vous l’auriez fait il y a quelques années.

En se perdant silencieusement en nostalgie, Temperance se fait anormalement avare de ses mots, ce qui n’échappe pas à l’ex-milicienne. Pendant un moment, l’odeur de la fumée lui a presque fait oublier pourquoi iels étaient dans cette chambre aux murs pas encore jaunis. Ses yeux se voilent alors qu’il soupire.

« Passe-moi ton feu d’abord. »

Un court sursis avant de devoir en venir aux innommables. C’est que ces sagouin‧e‧s lui ont pris aussi son briquet. De peur qu’il roule et fume un rideau peut-être? Il ne méritait certainement pas autant de zèle. Le trésorier des cobras se penche vers l’autre, dans un accès rare de fragilité. Tu allumes toujours tes propres cigarettes, car on ne doit pas te voir à tendre la nuque ainsi à n’importe qui, à attendre l’intervention d’un‧e autre pour avoir satisfaction. Tu as une réputation. Ou peut-être n’en as-tu déjà plus.

Il se sent déjà mieux quand le tabac vient lui effleurer les narines et qu’il aspire la première bouffée providentielle,
de quoi remplir ses chairs creuses jusqu’à en flotter.

Il redresse un oreiller d’une main pour l’installer derrière son dos redressé. Autant bien être confortable pour conter sa déchéance. Il n’ose tout de même pas regarder Uranie en face en l’avouant. Tu ne sais que trop pourquoi l’accident a eu le don de la troubler, ce n’est pas quelque chose que tu te sens assez solide pour affronter sans baisser la tête.

« Si t’es là, c’est que les nouvelles vont vite », maugrée-t-il à l’idée que tout le gang se régale de ses déboires tragicomiques.

Non seulement on lui prend ses cigarettes, mais en plus, on n’attend même pas quelques heures pour aller médire, pour faire des paris, pour sans doute faire gonfler l’histoire jusqu’à des proportions grotesques. À quoi aurait-il pu s’attendre de la part des cobras de toute façon?

« Tu en sais plus que moi, si ça se trouve. »

S’il avait passé les quelques jours précédents dans un espèce de brouillard furieux, il n’avait qu’un très vague souvenir de ce qui l’avait mené à se réveiller dans la chambre d’hôpital; seulement des bribes qui ne lui donnaient pas envie de se rappeler du reste.

Tu aurais presque envie de la questionner, mais tu as trop peur de ce qui s’est dit, trop peur que cela soit vrai. Alors, tu lui offres une de tes dents en cadeau, sans promettre qu’elle n’aura pas besoin de la pince pour les autres. Tu fais la grimace, la franchise a le pire des arrière-goûts.

« Je ne sais pas quoi dire »
Tu n’iras pas te lamenter, geindre « on m’a drogué à mon insu ». Ce serait là un mensonge qui se prend trop pour une vérité.
« Je croyais que j’étais en contrôle et je me suis fait avoir. »
« tu sais comment c’est », aurais-tu pu ajouter, mais cela fait trop longtemps que vous ne vous êtes pas avoués vos laideurs, Uranie et toi.



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Uranie Lecloizot

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Uranie Lecloizot
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Lun 31 Mai - 13:27





Tu n’aimes ni ce que tu vois, ni ce que tu entends.
Tu aimerais censurer le tout. Par de larges bandes noires indélébiles, une musique trop forte pour vos ouïes fines. Tout recouvrir, tout oublier car le temps n’a pour fonction que de vous dissoudre dans l’acidité de vos actes manqués.
Une valse russe s’immisce entre tes synapses violentés, la rumeur mélodique s’écrase à tes pieds lorsque tu comprends la mouvance hasardeuse de ses souvenirs buvards.
Le regard est bas et tu humectes tes lèvres avec regret lorsque le souvenir de tes lippes carmines faussement indélébiles revient à ton esprit. C’est le strip-tease de vos âmes effarées, le retour à des temps simplets. Le goût âcre de la solution cosmétique te force à tirer une nouvelle fois sur l’asphalte gominée, à embrumer ton regard poreux.
« Elles vont vite oui. »
Vipérines, elles s’immiscent dans les couloirs, teintent les blouses blanches regroupées, serpentines qui n’ont de cesse de piailler.
Et tu te revois,
Tes airs sévères qui tambourinent tes tempes, ta voix grave qui incombe de milles plaies. Que celui et celle qui parlera sera incombé de ces responsabilités, au nom de celui qui est alité. Que tu viendras traquer les messes basses interdites, que tu mettras au bûcher les curieux. Sorcière qui prend sa revanche, tu as quitté la salle de repos des concernés en laissant derrière toi une traînée de poudre.
« Considère-les au ralenti pour le moment. Je m’en suis occupé, si ça veut dire quelque chose. »
Et à ton échelle, tu sais que cela peut valoir peu. Qu’il n’y a de tout puissant que ton volume haineux.
Mais tu oses espérer que ta fausse autorité a su éveiller en leurs entrailles crispées quelques peurs cachées, que ton regard mort a su percer les cuirasses de psyché.
Le regard perdu, tes ongles viennent râper, effacer les restes de pourpre appliqué sur tes lèvres. Ne plus se soucier des apparences, retrouver les travers, petites névroses de Proust.
Tu t’en veux, un peu.
De t’être laissée gangrené par des émotions dilapidées, présumées mortes de par les années.
Et puis ça se force à toi, tu renifles dans un ricanement avorté, sans sourire pour l’auréolé. L’histoire qu’il dépeint est brève, sans détails, il n’y a rien d’étonnant venant de lui. De cette tête blonde où l’imagination est morte, qui se force à lui sous le coup des substances attisantes. Exacerbé les macchabées, choper un bout de déité pour se sentir couler parmi les choisis, les élus de cette route courte et abrasive.
« Comme n’importe qui, t’es malheureusement pas un cas unique. »
T’es pas unique tout court.
Et elle non plus.
Taper du poing, s’époumoner pour crier aux ravages serait là une solution de facilité. Venir moraliser quant aux méfaits, prévenir, prêcher. Qu’il serait simple de se vautrer dans sa propre désespérance, Temperance. Mais toi, t’as décidé que tu te l’interdisais, que les sous-entendus seraient muets.
Et tu observes, détailles ses paupières basses au bout desquelles ses cils blonds couvent son regard. Tu t’arraches doucement à ton assise, ta torpeur, décolle ta colonne malmenée pour venir appuyer ta paume sur son front échevelé, caresser cette image faussée d’un gamin innocenté de par ses airs de chérubin grisé.
« Que tu veuilles te foutre en l’air, c’est un fait. Je suis pas celle qui viendra te juger. Je t’en empêcherai pas d’ailleurs. »
Tu fabules, romances, vantes, inventes.
Bien sûr que toutes ces choses là, tu les désires, qu’elles te démangent. Mais vous n’êtes plus ce que vous étiez, vous vous êtes mutuellement abandonnés.
« Ce qui m’intéresse c’est de savoir comment quelqu’un fait une overdose le ventre vide et le sang pur. »
T’es pas médecin, les notions qui gravitent autour du personnel te sont volatiles, lointaines. C’est tout un métier comme on dit. Il y a pourtant ce détail, ce manque d’idéal qui vient mortifier cette histoire.
Et tu remets une de ses mèches en place, recule doucement ta main. Ne pas brusquer.

HRP — ...


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Temperance Bland

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Temperance Bland
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Sam 5 Juin - 3:58
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Il s’est figé un instant, la cigarette fumante entre les doigts, l’écarquillement involontaire dans les yeux qui trahitla surprise, peut-être même plus. C’est qu’il s’attendait sûrement à ce qu’on trahisse son secret, il n’y a pas de loyauté qui vale le plaisir de voir un patron en prendre pour son compte. Mais il ne s’attendait certainement pas à ce qu’Uranie prenne ainsi sa défense.

N’est-ce pas ce que font les ami‧e‧s? Pourtant, tu ne sais pas si tu aurais fait la même chose si les rôles avaient été inversés. Après tout, tu es toujours un infâme cobra sur qui on ne peut pas se fier. Uranie, elle, tu ne sais pas. Tout ce que tu sais c’est qu’elle t’avait laissé derrière.
Toujours là à jouer les justicières n’est-ce pas? Tu ne sais si tu devrais la remercier ou cracher sur son aide. Qu’elle garde le charité pour son association, tu n’as pas l’intention d’en faire partie.
Et pourtant, Uranie t’a défendu. Tu ne connais personne qui en ferait autant.
Ça ne veut pas dire grand chose dans la grande histoire du monde, mais dans cette chambre d’hôpital entre deux cigarettes, cela veut dire trop de choses qui ne peuvent plus se dire.


Temperance tourne la tête en entendant l’autre ricaner, comme s’il y avait quelque chose de drôle dans ces pudiques miettes qu’il ose qualifier d’explication. Peut-être qu’elle a raison, c’est sans doute drôle à quelque part.
Comme n’importe qui.

Il baisse la tête, incapable d’autre chose que se morfondre en l’entendant lui rappeler son écrasante normalité
la dernière pensée dans laquelle il s’est senti sombrer avant l’inconscience
la fange putride de sa banalité
la voix de sa mère au téléphone
« désolée    désolée          je n’osais pas te le dire       tu y croyais tellement             désolée »

Et c’était plus terrifiant que la mort encore.
Alors il aspire le tabac à grandes inspirations blessées.

Peut-être qu’Uranie a vu dans sa posture qui se referme la plaie infectée qu’on veut dérober aux regards, ou peut-être qu’elle est prise par un accès de nostalgie
où elle le voit encore jeune et malléable.
Peut-être se revoit-elle dans un parking mal éclairé à s’allumer une cigarette après l’autre quand Temperance la regarde sous la main qu’elle a posé si cavalièrement sur son front encore un peu fiévreux.

Tu t’es raidi sous le toucher comme on attend un coup
car tu t’attendais à pire
mais tu ne sens sous ta peau
aucun des marasmes sirupeux qui t’ont envoyé ici
tu as oublié ce que c’est d’être touché par les mains ordinaires,
bienveillantes même
c’est étrange
peut-être même bien.


Elle le connaît sûrement assez pour déceler les craquelures dans l’armures, ses lèvres si pincées que l’étonnement relâche, le visage de quelqu’un qui n’a pas encore trente ans, hors de ses costumes gris, dans les draps blancs qui prête leur innocence. Un instant qui passe le temps de cligner des yeux et de se renfrogner comme on se le doit de le faire.

Les encouragements qu’elle lui offre auraient pu paraître glauques, s’il n’étaient pas si sincères. C’est que l’ancienne milicienne a vu bien pire que sa petite incartade de cadre blasé. Seulement, elle ne se doute pas de la moitié de l’histoire et du peu d’agentivité qu’a eu Temperance dans l’entreprise de se foutre en l’air.
C’est peut-être mieux ainsi.

Mais c’est qu’il y a plus, la question pointue cachée sous le gant de soie, sous les doigts délicats qui replacent les cheveux sans volume encore déplacés par le sommeil inattendu.

« ...Oh mon Dieu, je vais les tuer », finit-il par laisser échapper en réalisant le niveau de détail sur sa condition qui avait échappé à l’aile de l’hôpital.

Il aspire rageusement une nouvelle bouffée de nicotine qu’il laisse sortir par ses narines avant de grogner bruyamment, ôtant son visage de sous les doigts d’Uranie comme le ferait un adolescent excédé par les affections d’un parent.

S’il y avait bien quelque chose qu’il n’avait pas envie d’avouer, quelque chose de plus gênant qu’une addiction aux psychotropes
c’était qu’il ait baissé sa garde ainsi comme un débutant devant un sourire et deux mains chaudes.


Temperance ne trouve aucune manière de résumer la situation sans devoir jeter les restes presque momifiés de sa dignité aux pieds déchaussés d’Uranie. Mais, il lui doit la vérité, du moins, ce qui s’en approchera assez pour qu’elle le laisse s’en sauver.

« Je suis un cas unique, finalement, tu vois », raille-t-il sans joie, « Quelqu’un m’a fait ça- Enfin, je- Hm... »

Il soupire, visiblement pas encore assez remis de son expérience pour gagner un prix d’éloquence et de rhétorique dans son sweat gris.

« Il semblerait que le pouvoir de quelqu’un a provoqué une surdose, à vide. C’est pour ça qu’on n’a rien trouvé. Tu peux rire maintenant. »


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Uranie Lecloizot

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Uranie Lecloizot
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Sam 5 Juin - 19:37





Tu peux rire maintenant.
Tu as retrouvé ta place au fond de ce fauteuil fatigué qui n’a eu de cesse de supporter des poids variés. Et parmi tes sentiments partagés, tu ne sais auquel t’offrir de toute ton entièreté. Car dans tes yeux qui le toisent sans joie, valse dans la vase des hypothèses boiteuses.
Prise à partie par l’incompréhension d’une situation dans laquelle tu ne devrais pas t’engager. Ni corps ni âme, tu le sais.
Tu devrais hocher la tête, gentiment. Prétexter comprendre, que les informations données du bout de ses lèvres sèches sont constantes, qu’elles forment un tout dans le néant.
Il n’y a aucunes obligations entre vous.
Rappelle-toi comment vous vous êtes quittés, la force, l’énergie que vous avez employé à vous ignorer. Temperance possède de nombreuses qualités. Il est un homme doué qui d’arrache-pied, joui d’une discipline à envier. La facilité avec laquelle il t’as semblé qu’il était capable de te renier par le passé. Aujourd’hui celle avec laquelle il se défait de tes mains.
Tu ne saurais lui en vouloir en réalité.
De ta posture, cette accalmie faussée, tu ne sais qu’admirer même dans sa décadence déifiée. Le géant n’a pas besoin de toi. L’amitié n’existe pas, ces vestiges aujourd’hui à la surface ne sont qu’un moment nostalgique, pathétique dont tu es persuadée qu’il saura se détourner une fois la force de son esprit retrouvé.
Tu devrais partir.
Ne pas t’engager davantage.
Ta mise à nue, cette patte blanche étirée, te semble maintenant dérisoire. Quelle drôle d’idée t’as encore effleurée, Uranie ? Tu es là, bien à ta place, à la distance souhaitée. Et si tu as envie de fuir, quelques questions te brûlent les lèvres derrière l’écran de fumée que vous vous démenez à nourrir de vos cigarettes allumées.
« Quelqu’un t’as fait ça ? »
Et si tu devrais t’esclaffer, réagir au quart de tour sous ton sang acidifié, tu restes sans vie, échouée au fond de ton assise. Derrière tes airs inexpressifs se trouvent milles et une questions.
Tu ne dis rien pour mieux l’observer.
C’est si étrange de voir quelqu’un mentir. D’admirer la construction à l’instant T, d’une histoire malmenée. Si tu peux lui octroyer le bénéfice du doute, prendre en compte son réveil amorcé par ta venue, petite tornade que tu es, tu restes interrogative.
« Dans ce cas-là, c’est une agression, non ? »
Impériale sous ton menton relevé, l’oiseau de proie que tu es cherche à savoir dans quelle direction fondre.
Partir, tu aurais dû partir.
Car te voilà de nouveau investie, prise au piège sentimental.
C’est l’envie d’enfoncer tes phalanges dans ses plaies qui te fait rester. De rouvrir la chaire au repos, de fouiner dans les limbes de son ego sous ton regard spectateur. De ces moments où tu te fais passer pour plus bête que tu ne l’es où tu spécules, les lèvres rondes et les pupilles dilatées.
« Si c’est le cas ça change tout tu sais. Ça veut dire que quelqu’un a attaqué un membre imminent du gang, que c’était préparé. C’est grave. »
Tu t’en fous.
Que chaque échelon se fasse cramer, que le feu provienne du bas, par pitié. Qu’ils partent tous en fumée pour ce que cela peut te faire. Mais tu insistes sur tes mots. Grave. C’est grave.
Qu’il réagisse, dise quelque chose. Entre ses lèvres se trouvent la réponse à toutes tes questions.
Partir, rester.
Aider, condamner.
Et tu le regardes avec intensité, fixe ses lippes dans l’anticipation des mots qu’il va prononcer.

HRP — ...


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Dim 6 Juin - 16:24
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Uranie retrouve son siège, abandonne vite les tendresses tentées. Normal, si Temperance fait tant son difficile, qu’il tient tant à se draper de pudeur pour oublier comment il avait rampé et supplié cette nuit-là.
C’est cette partie faible en toi qui se désole de ne pas la voir insister, qui aurait aimé avoir le courage de fermer les yeux dans une main familière, c’est ce qui en toi cherchait le heurt
alors tu l’étouffe comme tu peux.

Tu lui préfères la facilité méchante, celle qui rassure au creux de l’oreille que, non, tu n’y es pour rien
oui c’est une agression
préméditée certes
un sale coup auquel il faudra répondre, sans doute
commandé par un gang rival sans doute aucun
un assaillant inconnu, oui
c’est à peine si tu te souviens de son visage
il ne faisait que son travail, mais mieux vaut lui que toi, tu comprends
ce sont les règles.


Il regarde Uranie du coin de l’oeil, son aplomb alors qu’elle appelle à la vengeance prompte et y voit la sortie parfaite, la meilleure manière de s’en laver les mains. Un petit mensonge de rien du tout, voilà tout ce dont il avait besoin pour enterrer cette histoire sans devoir y penser une seconde de plus.

Tu as été trahi après tout, on te trahit sans cesse après tout
C’est bien pour cela que c’est ton droit, de marcher ainsi sur les autres pour ton propre avancement.
Tu n’as qu’à ouvrir la bouche, hocher la tête même
et ce sera hors de tes mains.


Il en aurait sûrement été capable, si quelqu’un‧e d’autre avait pris la place d’Uranie dans cette chaise. Lorsqu’il entrouvre les lèvres pour parler, il comprend qu’elle saura qu’il ment, comme lui sait aussi quand elle essaie de fuir la réalité. Elle le verra dans toute sa lâcheté, prêt à sacrifier un innocent par honte, et elle lui pardonnera sans doute, comme on pardonne aux amitiés perdues.

« Attends, arrête », soupire-t-il finalement, l’air défait.

Il passe son pouce sur ses lèvres encore gercées, se demandant si on ne lui avait pas pompé tout bon sens avec le reste de son estomac. Puis il replie ses jambes contre lui par réflexe, comme le font les tatous sur le bord des routes, bien que cela n’empêche jamais les pneus des camions de les écrabouiller.

Sans doute Uranie est une des rares à pouvoir se vanter de l’entendre dire ces quelques mots anodins et pourtant si rares dans la gorge du trésorier. Il a l’impression de parler une langue étrangère lorsqu’il lâche finalement, les yeux rivés sur la cigarette dans sa main dont les cendres menacent l’intégrité des draps:
« C’était ma faute. »

Il aura fallu qu’Uranie joue les arracheuses de dents finalement, pour simplement lui faire admettre sa part dans sa propre chute. Peut-être est-ce bien admirable, pourtant, Temperance n’éprouve ni plaisir ni fierté à prendre le chemin difficile.

C’est cette partie faible en toi qui se dit que tu aimerais qu’elle te dise qu’elle comprend, qu’elle est fière de t’entendre l’admettre, celle qui voudrait qu’elle lise entre les railleries et froides accolades ton affection atrophiée.

« Il m’a dit non, mais j’ai insisté, je lui ai forcé la main et- »

Il termine sa phrase avec un geste vague de la main pour remplir ces moments vides de l’histoire qui restent pris dans sa gorge.

« Je n’avais rien dans le sang, mais j’étais accro », conclue-t-il, se parant d’un rictus triste pour faire croire qu’il trouve la situation comique d’une certaine façon, comme s’il arrivait déjà à s’en détacher parce qu’il parle des évènements au passé.

C’était bel et bien comme une drogue
Ou était-ce même pire?
Comme tu étais devenu dépendant
à l’adoration indéfectible
à la chaleur humaine que tu n’avais jamais osé réclamer


Temperance appuie son menton sur ses genoux repliés et dans un filet de voix craquelé, fait de son aveu l’offrande aux ponts cassés entre lui et celle qu’il aurait encore aimé appeler amie:
« Je me sens tellement stupide, Uranie... »

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Uranie Lecloizot

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Ven 23 Juil - 15:57





Des mots comme un couperet.
On a beau le voir, l’apercevoir, la jonction entre vie et mort, celle qui tranche la chaire reste une surprise inanimée. Sans joie, ni loi.
Les aveux tiennent en quelques syllabes et résument pourtant l’horreur d’un instant. Ça glace tes veines malmenées, l’angoisse te monte aux tempes. Dans la périphérie de ton regard heurté, tu aperçois les battements de ton myocarde renversé. Dans un tremblement, le pont de cendres s’effondre sur le sol, laisse à tes doigts un cadavre décapité.
Ce jeu auquel tu t’étais éprise il y a quelques années, cette valse entêtante, grisante, tu aurais aimé qu’il en soit éloigné. Toi, les autres, vous êtes bête. Vous n’avez rien d’unique, de stabilisant, il vous faut bien ça pour vous dissocier de votre lâcheté.
Mais lui, ô lui.
T’aurais aimé qu’il n’y soit jamais introduit.
Qu’il n’arrive jamais à cette position de supplication, celle où on s’abandonne où on se vend. Corps et âme pour une montée, de quoi s’annihiler. La petite mort en œillères, tout ce qu’elle voudra pour une poignée.
Je lui ai forcé la main.
Ça reste coincé dans ta trachée serrée. Parce qu’il l’a voulu et désiré, qu’il est allé chercher son dû jusque dans les tréfonds, à genoux s’il le fallait. Alors ta main se crispe et dans un élan, elle frappe son épaule sous tes phalanges fermées. De quoi faire ressortir ta frustration, une fois, deux fois. Ton genoux infirme appuyé sur le rebord du lit, t’as quitté son assise et tes ongles dans son sweatshirt, tu secoues la carcasse maudite faiblement.
« T’es ni une putain ni un camé Temperance ! C’est pas pour toi ce genre de choses ! »
Et la voix claque sur les murs blafards, meurt dans l’écho, néant du mobilier absent. Les phalanges crochues défont avec mépris le tissus et la composition reprend son rythme dû. Dans un élan arrière, tu reprends tes aises crispées dans le fauteuil de fortune, les traits du visage froissés par l’élan auquel tu as succombé.
« Je te pensais intelligent. »
Pas comme toi.
Tu le pensais au-dessus de ça. Contourner les sirènes macabres, la matière grise comme joker dans la manche. Un mythe qui s’effondre, des souvenirs en peloton, ton regard inquisiteur se plisse sous le venin. Et en cet instant, tu aimerais entendre la porte claquer, le cliquetis de tes mules s’évanouir dans les couloirs bondés.
Parier sur un cheval mort est risqué, il n’a rien qu’il puisse gagner. Il y a longtemps que vous vous êtes quittés, sans rancune dit-on.
Dans le silence, la colère s’affaiblit, elle cesse de titiller tes humeurs changeantes, dérangeantes et ton regard perdu dans le vague houleux n’a de cesse de te hurler de t’en aller.
Va-t-en, catin.
« Quoiqu’il en soit Monsieur Bland, faites en sorte de vous tenir à l’avenir. Un second accident du genre ne sera pas toléré dans l’enceinte de ce bâtiment. Votre réputation n’a pas à entacher celle de l’institution ou de vos collègues. »
T’as plus envie.
Le désir de se rapprocher, de retrouver un pan, un rayon sous la canopée inconnue s’est perdue. Tu aurais pu saisir ses mains, imprimer une toison rouge sur l’une de ses tempes diaphanes. Oublier la colère,  le passé, simplement renouer.
Girouette que tu es, marche arrière effectuée, tu reprends le ton que vous vous êtes employés à utiliser ces dernières années.
Se rapprocher c’est se tuer.

HRP — ...


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Temperance Bland

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Lun 2 Aoû - 17:46
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Le coup le surprend plus que n’importe quel reproche, tant qu’il n’a même pas le temps de s’en protéger par réflexe. C’est encore heureux pour Uranie, qui ne se brise aucun doigt en osant ce que personne n’a osé depuis elle. Temperance la regarde de grands yeux stupéfaits avant d’être secoué comme un vieux drap sale.
Tu te sens à peine mieux qu’un vieux drap sale.

L’accès de colère d’Uranie arrive soudainement, ses humeurs indécises comme les crues. Elle l’avait toujours surpris dans ses retranchements ankylosés, aussi sinueuse qu’il était raide, mais on en perd l’habitude. Tu ne te rappelle plus qu’on t’ait ainsi sermonné, personne n’a eu le courage ou l’inquiétude de te prendre par les épaules pour te ramener les pieds sur terre.
C’est trop tard.
Pourtant, pendant un instant, tu te sens mieux.
À penser que quelqu’un en a quelque chose à faire.


Il reste aussi interloqué même qu’elle le relâche. Il a déçu Uranie, sans savoir qu’elle arborait pour lui encore quelque espoir. Le pensait-elle mieux que cela? Lui-même n’avait jamais eu pour lui-même cette considération, sous son costume gris plein de sa banale superbe.

Si ce soir là, tu avais le courage de l’appeler elle
tu ne serais pas dans ce lit aujourd’hui, sans doute
si tu avais eu l’audace d’exposer la plaie béante dans tes veines
et de souffler quelques petits mots
« Je ne peux pas être seul, Uranie »


Elle le croyait intelligent pourtant.
« Moi aussi. »
Il ment.

Temperance replace du bout des doigts le devant de son sweatshirt malmené. Uranie replace ses manières glaciales desquelles elle se protège de tout, même de toi. Il n’a rien pour elle, ni excuse ni explication, que sa folie d’avoir cru s’en sortir seul.

Ce n’est pas ta faiblesse qui la blesse, sans doute. C’est qu’elle l’apprenne d’autres bouches, après le fait accompli. C’est que tu l’as oubliée ou encore pire, ignorée dans les douleurs que vous auriez pu partager autrefois.

Lorsqu’il pense enfin tendre la main, il est trop tard. La fenêtre s’est refermée, mollasson. Il se frappe aux mots d’acier, aux “Monsieur Bland” et aux vouvoiements glacés. Iels avaient oublié un instant de se parler en inconnu.e.s. Comme on se reprend vite, comme si tous les yeux de l’hôpital s’étaient invités entre elleux.

Temperance baisse les yeux et écrase sa cigarette dans le fond d’un verre abandonné. Le goût lui paraît âcre. Ce n’est pas sa marque préférée, elle ne se savoure que sous les étoiles.
Et sous les néons, vous vous êtes retrouvé.e.s trop nu.e.s, trop écorché.e.s. Alors tu la laisses reculer de toute ta tristesse grise.

C’est ce que font les adultes aux rêves avariés, iels se regardent regretter sans rien faire. Il se tiendra à l’avenir, il se trouvera, comme les autres, un vice qui se contrôle,
ou il se tuera en cherchant.

Iels sont devenu.e.s peureux.ses. Terrifié.e.s à l’idée de montrer ce qu’il y a sous leurs côtes. Trop effrayé.e.s par seulement une seule flambée d’affect. Terriblement sobres et petit.e.s.

Son regard se perd dans la vide blanc des murs lorsqu’il fait jouer la cassette dans sa gorge. Il sent presque son noeud de cravate absent sur sa pomme d’Adam.

« Certainement, Madame Lecloizot. Il n’y aura pas deuxième fois. »

Tu dis cela avec une certitude funeste.
Le golf ou les cachets, au plus fort ta carcasse.


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Uranie Lecloizot

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Uranie Lecloizot
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Mar 3 Aoû - 21:48





Évidemment qu’il ne défie pas le ton imposé, qu’il n’ose pas se jeter à contre courant dans les écumes amèrement repoussées, avec force et canines retroussées. Silhouette désarticulée qui tente du bout de ses fils rongés de retrouver une contenance immaculée, tu toises le vide, l’humiliation au bide.
Et malgré les traits d’acier, ça perle derrière tes ridules irritées, cette sève du mal que tu n’as jamais su traiter. Cette mélancolie en seconde peau que tu aimerais planter de tes ongles limés pour pouvoir l’arracher, peler ton chagrin.
Les doigts fébriles, tu allumes une dernière cigarette, celle de trop, à l’image de tes mots. Un excès vital, viscéral qui n’a de cesse de tournoyer autour de tes pupilles apeurées.
S’inoculer le passé, ça te paraissait être une bonne idée. Tu quitteras cependant cette pièce en laissant sur le rebord des draps un bout de toi, quelque chose de crevé.
Deux idiots silencieux aux paupières orageuses,
Qui songent sous leurs corolles nébuleuses.
« Parfait, c’est ce que je voulais entendre. »
Comme si tu avais ton mot à dire, que tu avais de l’importance. Faussement autoritaire pour effleurer la décence, c’est la bile avariée qui flirte avec ta trachée. Tu rejoueras la scène de multiples fois, la tête dans tes draps à tenter de trouver un sommeil mort-né, tu le sais. Mais ça, plutôt mourir que de l’avouer.
Le silence te pèse.
« Je reviendrais vers vous lorsque vous serez rétabli. Pensez à aérer, l’odeur est nauséabonde. À croire que vous recevez de la compagnie. »
La cigarette quitte tes lèvres tandis que ta mauvaise foi se pavane avec des airs de courtisane oubliée sur la moquette étalée. Le mégot tombe dans le verre, les pieds retrouvent les mules abandonnées. Une sortie lente tandis que tu oublies derrière toi les cigarettes, paquet offert dans un déni complet, éhonté.
Silhouette qui claudique jusqu’à la porte, canne fébrile qui tremblote. Les émotions en pavé, ton palpitant en pare-brise renversé, tu consoles tes états d’âme.
Il n’y a pas de quoi s’asphyxier ni se tourmenter. Temperance est un homme faillible, il ne fait exception ni à son genre, ni à son statut de vivant endommagé par son passage. Surmené par une fiche de paye à justifier, la voilà l’histoire du cadre apathique.
« Revenez-nous en forme Monsieur Bland. »
Le mensonge derrière les commissures flegmatiques, relevées par convention tacitement votée, une main relevée secoue les au-revoir.

HRP — ...



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