Il rougit comme un galant à son premier rendez-vous c’est qu’il s’est fait beau après tout ! La chemise est repassée comme il faut, c’est d’ailleurs sa plus belle. Bien sûr ce n’est pas comme s’ils avait eu beaucoup de prétendant.es pour qui la porter, ce n’est d’ailleurs pas un rendez vous amoureux. Non ! non monsieur !

Les escaliers sont montés quatre à quatre, peut être que l’essoufflement lui permettra de cacher le rouge à ses joues. Dans ses mains sa mallette pèse plus lourd que d’habitude, c’est qu’entre les arnaques il a caché un petit recueil qui n’est pas à lui. Un regard à sa montre lui apprend qu’il est pile à l’heure (il déteste faire attendre, c’est une grave erreur !).

Inigo, il faut t’avouer qu’après tout, tu as peut être bâclé quelques unes de tes ventes de la matinée. Tu as parlé plus vite, serré les mains plus fort, pour grappiller des minutes précieuses, qui te font quelques heures de temps libre.

Le gout de l’illégalité et du secret ne rend le rendez-vous que plus savoureux, il s’éclipse sur ses heures de travail pour aller voir une grande dame,
oh il se sait laquais aux pieds d’une belle femme, mais cela lui va amplement.

Tu fais tourner entre tes doigts un petit tournesol que tu as attrapé en venant. Il tourne, tourne, jolie hélianthe qui dans son mouvement ressemble à un soleil. Tu l’as chipé dans une vitrine, tu ne sais pas pourquoi, voler une fleur pour une belle, cela est de gout, ma foi.
Mais, tu te mords la lève un instant : tu vois bien que dans ta course il a un peu souffert, quelques pétales sont tombés par terre, et il baisse la tête comme tout timide
c’est qu’il doit avoir soif
ou qu’il est fatigué.

Madame Vivi ? chantonne Inigo en sonnant. Car c’est l’heure du salon, une heure attendue toute la semaine bien sagement.
Oui le salon comme ceux des grandes dames empoudrées, engoncées dans leurs corset trop serrés qui se pâment sur des divans en critiquant de la poésie.
Madame Vivi !
Il s’exulte devant la porte quand celle-ci s’ouvre finalement.


Oh, Madame vivi comme vous êtes belle aujourd’hui ! Mais elle est belle tout les jours. Tu soupires ah, comme tu souhaiterais toi aussi être belle comme une femme anciennement marié. C’est que la tristesse quelque part rehausse la beauté. Sagement, tu attends qu’on t’invite, mais tu regardes tes pieds
(malotru ! Cache donc ces joues cramoisies !) et tu tends devant toi ta pauvre fleur malmenée.

Tenez c’est pour vous ah ! désolé elle est un peu abimée…

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