warm coke — styx
- Messages : 52Âge : 25 ansAutre(s) compte(s) : Juliet, Elio, Uranie
Tobias Galitzine |
Let's cause a little trouble
Dim 2 Mai - 15:07
|
Le pouls est apaisé, il tambourine tendrement le creux de tes chaires suffoquées. Il y a une accoutumance qui s’est créée au fil de vos rencontres planifiées, une habitude qui a dorénavant la vie dure.
Un confort dans lequel tu t’es enlisé, une de ses relations qui aurait dû être un CDD. C’est pas faute de savoir la vérité.
De l’avoir incubée, silencieusement.
De s’être demandé ce que t’allais en faire.
Et si tes bras enlacent sans un mot, tes arrières pensées sont lourdes sur ta langue qui n’ose formuler.
C’est pas faute de porter les stigmates d’une appréhension constante qui n’a su s’évanouir malgré la constance.
Le menton se pose sur son épaule, regarde à travers le rideau de cheveux clairs ce qu’elle manigance sur l’écran éclairé.
« Ouvres Candy Crush pendant que t’y es et oublie pas de consulter tes dm, sait-on jamais. »
Les bras qui entourent fermement la taille se dénouent, serpentent pour prendre un recul bien mérité dans un sourire, demi-lune à peine levée. Taquinerie dont la gratuité injustifiée fond dans ton regard désintéressé, tu te tires en-dehors du lit.
Depuis l’angle mort de la cuisine, tu admires la candeur dont elle fait preuve. Celle avec laquelle elle t’avait approchée il y a quelques mois de cela. Celle qui sans perfidie s’insinue doucereusement, qui ment.
Soupir profond entre deux gorgées d’eau, le verre embué entre les doigts, tu saisis une cannette dans le frigo.
De ses habitudes naissent des mécanismes ridicules. De retour, tu lances la boisson sur les draps qu’elle la récupère.
Assis sur le fauteuil de ton bureau, tu tournes sur toi-même avant de lui faire de nouveau face.
« Tu viens toujours ici, tu connais le code de l’interphone par cœur, t’allumes pas la lumière quand tu te lèves la nuit. »
Une pause, un regard qui appuie.
Dans un univers parallèle, ça devrait te faire sourire.
Mais ici et maintenant, t’en tires qu’une satisfaction moindre.
« Je sais même pas où t’habites. »
HRP — ...
- Messages : 70Âge : 23.Autre(s) compte(s) : //
Styx Erebus |
Let's cause a little trouble
Mar 4 Mai - 10:19
God, oh, she tastes so bitter,
“Her kiss is an old bad habit, twitchin' but I just can't scratch it. Beggin' my mind to "stay here, don't run away".”
Bitter – Yoe Mase (feat Sad Alex).
“Her kiss is an old bad habit, twitchin' but I just can't scratch it. Beggin' my mind to "stay here, don't run away".”
Bitter – Yoe Mase (feat Sad Alex).
Suspendue dans le vide, perdu entre les différentes couches de la réalité, ses battements de cœur en fils d’Ariane qui te montre le chemin à suivre, tu reviens doucement à toi.
Que fais-tu Calla-Lily ?
Tu te disais qu’il fallait arrêter, que ça avait trop duré, que les risques n’en valaient pas la peine. Puis tu te rappelles de la chaleur de son corps, la douceur de ses gestes, l’acidulé de ses lèvres et te revoilà au pied de son habitat, introduisant le code sans réfléchir. Tu rentres, t’installes, déposes les gâteaux sur le comptoir de la cuisine. Et attendant dans la pénombre entre les meubles, tu te fais statue qui respire, maquette de chaire, perdue dans ses songes. Juliette qui attend son Roméo – qui ne va plus tarder, elle le sait –. Mais vous n’avez rien de romantique, que du tragique.
Souviens-toi Lucille, un jour, il faudra tout accoucher.
Tu tapotes sur ton écran, doigts fins glissant habillement sur les touches, passant d’un jeu à un autre, parce que tu ne veux pas fermer les yeux, laisser le rêve s’estomper, alors tu te crèves les rétines avec la lumière bleue. La voix à tes côtés résonne et tu t’exécutes, passant des gachas d’Otome Games à Candy Crush ; ton round de ramassage de récompenses virtuelles fini, tu déposes le cellulaire afin de t’étirer sur le lit trop grand pour toi seule. Tu aurais voulu protester, lui dire de rester, tu veux continuer de sentir la chaleur de sa peau, qu’elle réchauffe tes os, mais aucun son ne sort. A la place, tu te roules en boule, monopolise les draps.
Dehors, la nuit bat son plein. Les lumières des réverbères se déversant d’entre les rideaux se reflètent sur ta peau diaphane, tu joues avec les ombres que ça provoque. Il te semble presque que tu pourrais te dissoudre dans la pâleur des rayons. As-tu toujours été ainsi ou est-ce juste ton don, inconsciemment utilisant une énième peau que tu aurais copiée comme ton revêtement externe ? Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Parfois, il te semble que tu disparais au fur et à mesure des apparences que tu copies.
Your body is not who you are, you shed it like a snake sheds its skin. Leave it forgotten, behind you.
Arrête Athanasia, Arrête. C’est un terrain houleux, glissant. Si tu t’y embranches maintenant, tu ne pourras pas en ressortir avant un bon moment.
Tu te redresses, regardes dans le fossé entre les deux bouts de tissu, le ciel noir, la lune haute. Si tu tends l’oreille, il te semble entendre la ville battre son plein. Les moteurs de motos qui ronronnent sur la ligne de départ, les voitures de polices qui passent, les sévices dans la pénombre, les innocents pris au milieu de tout cela. Il te semble que la ville t’appelle, que les nuits de courses et de fouille à la recherche de la moindre miette d’information te hèlent.
Tobias revient et tu acceptes la canette avec un sourire, avant de l’ouvrir. Ses petites intentions t’amusent d’une certaine manière, cela change du Tobias du jour – celui de Styx –. Il parle et tu le regardes de tes yeux voilés, là sans être là. Tu veux lui dire de revenir à tes côtés, t’enlacer à nouveau, te rendre tangible, réelle, toi-même, comme il savait si bien le faire. Comme personne ne pouvait le faire – ni Ethan, ni Axel, ni Arès –.
- Je sais même pas où t’habites.
Ah,
Tu le regardes, regardes ses beaux yeux. Aujourd’hui, pas une once d’étendue bleue, tu n’y vois que de l’acier – comme dans les tiens –. Ses mots ravivent les flammes de ta culpabilité. L’envie de se déverser comme un navire échoué sur le rivage te prend à la gorge. Tu veux vomir ces mots qui font peur, puis il y a l’instinct de survie, la voix qui dit que tu vas tout gâcher, qu’il ne te pardonnera jamais. Alors tu te ravises, te rétractes, tournes ta langue sept fois avant de l’ouvrir.
- Tu me croirais si je te disais que je n’ai pas de réel endroit où habiter ?
Sourire doux, regard soutenu. Tu optes pour la demi-mesure, demi-vérités.
- J’habite un peu partout et nulle part.
Que fais-tu Calla-Lily ?
Tu te disais qu’il fallait arrêter, que ça avait trop duré, que les risques n’en valaient pas la peine. Puis tu te rappelles de la chaleur de son corps, la douceur de ses gestes, l’acidulé de ses lèvres et te revoilà au pied de son habitat, introduisant le code sans réfléchir. Tu rentres, t’installes, déposes les gâteaux sur le comptoir de la cuisine. Et attendant dans la pénombre entre les meubles, tu te fais statue qui respire, maquette de chaire, perdue dans ses songes. Juliette qui attend son Roméo – qui ne va plus tarder, elle le sait –. Mais vous n’avez rien de romantique, que du tragique.
Souviens-toi Lucille, un jour, il faudra tout accoucher.
Tu tapotes sur ton écran, doigts fins glissant habillement sur les touches, passant d’un jeu à un autre, parce que tu ne veux pas fermer les yeux, laisser le rêve s’estomper, alors tu te crèves les rétines avec la lumière bleue. La voix à tes côtés résonne et tu t’exécutes, passant des gachas d’Otome Games à Candy Crush ; ton round de ramassage de récompenses virtuelles fini, tu déposes le cellulaire afin de t’étirer sur le lit trop grand pour toi seule. Tu aurais voulu protester, lui dire de rester, tu veux continuer de sentir la chaleur de sa peau, qu’elle réchauffe tes os, mais aucun son ne sort. A la place, tu te roules en boule, monopolise les draps.
Dehors, la nuit bat son plein. Les lumières des réverbères se déversant d’entre les rideaux se reflètent sur ta peau diaphane, tu joues avec les ombres que ça provoque. Il te semble presque que tu pourrais te dissoudre dans la pâleur des rayons. As-tu toujours été ainsi ou est-ce juste ton don, inconsciemment utilisant une énième peau que tu aurais copiée comme ton revêtement externe ? Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Parfois, il te semble que tu disparais au fur et à mesure des apparences que tu copies.
Your body is not who you are, you shed it like a snake sheds its skin. Leave it forgotten, behind you.
Arrête Athanasia, Arrête. C’est un terrain houleux, glissant. Si tu t’y embranches maintenant, tu ne pourras pas en ressortir avant un bon moment.
Tu te redresses, regardes dans le fossé entre les deux bouts de tissu, le ciel noir, la lune haute. Si tu tends l’oreille, il te semble entendre la ville battre son plein. Les moteurs de motos qui ronronnent sur la ligne de départ, les voitures de polices qui passent, les sévices dans la pénombre, les innocents pris au milieu de tout cela. Il te semble que la ville t’appelle, que les nuits de courses et de fouille à la recherche de la moindre miette d’information te hèlent.
Tobias revient et tu acceptes la canette avec un sourire, avant de l’ouvrir. Ses petites intentions t’amusent d’une certaine manière, cela change du Tobias du jour – celui de Styx –. Il parle et tu le regardes de tes yeux voilés, là sans être là. Tu veux lui dire de revenir à tes côtés, t’enlacer à nouveau, te rendre tangible, réelle, toi-même, comme il savait si bien le faire. Comme personne ne pouvait le faire – ni Ethan, ni Axel, ni Arès –.
- Je sais même pas où t’habites.
Ah,
Tu le regardes, regardes ses beaux yeux. Aujourd’hui, pas une once d’étendue bleue, tu n’y vois que de l’acier – comme dans les tiens –. Ses mots ravivent les flammes de ta culpabilité. L’envie de se déverser comme un navire échoué sur le rivage te prend à la gorge. Tu veux vomir ces mots qui font peur, puis il y a l’instinct de survie, la voix qui dit que tu vas tout gâcher, qu’il ne te pardonnera jamais. Alors tu te ravises, te rétractes, tournes ta langue sept fois avant de l’ouvrir.
- Tu me croirais si je te disais que je n’ai pas de réel endroit où habiter ?
Sourire doux, regard soutenu. Tu optes pour la demi-mesure, demi-vérités.
- J’habite un peu partout et nulle part.
- Messages : 52Âge : 25 ansAutre(s) compte(s) : Juliet, Elio, Uranie
Tobias Galitzine |
Let's cause a little trouble
Mar 4 Mai - 21:17
|
Les mots retombent, vaseux au fond de ta trachée irritée.
Un trait crispé entre tes sourcils se forme, il tricote sur ton visage une expression insatisfaite. Contracter la mâchoire pour ne pas jaspiner avec véhémence, retenir le flot belligérant de ta langue vipérine.
Un temps mort, un silence.
Ravaler les mots de plombs, ne pas les rendre tangible.
T’as pas envie d’éclater à ses côtés, de brusquer la fragilité perçue, embrassée. Ton expression retombe, se détend faussement. Il y a un rire forcé qui racle ton œsophage.
« Je te crois sans soucis vu le temps que tu passes ici, je suis pas surpris que tu sois sans abris. »
Ça gronde en toi sous l’ironie déblatéré.
Les remarques ne sont pas plus cinglantes que d’habitude, elles se confondent avec ta morosité naturelle. Cette capacité enlisante à agresser.
Mais tu sais.
Et tu aimerais ne pas être forcé à le dire. Tu voudrais que ça vienne d’elle, que la concernée ait le courage d’articuler son mensonge. Tu ramasses ton t-shirt à tes pieds, l’enfile.
Le regard se perd un instant sur ton bureau aux papiers mélangés, ton doigt se pose sur un morceau de polystyrène éventré. Sur ce morceau de maquette pas encore terminée.
« C’est dommage de compter sur ton minois et des réponses vagues dans ton cas. »
Le menton se pose sur ton genou replié contre ton torse et la tête se penche calmement. Un sourire tendre aux lèvres, le regard se perd dans les traits fins, délicats.
Fais mieux que ça.
C’est une supplication muette, une demande aux mains jointes. Car tu te sens insulté dans cette situation. Alors tu tends des indices, des sous-entendus afin de l’éveiller. Lui donner l’occasion de sauver sa peau. Voir dans ses pupilles une fulgurance, une once de survivance.
Un soupir.
Un agacement succinct.
Tu reviens à ses côtés, prends son visage entre ses mains. Le majeur qui presse le lobe de l’oreille, l’index qui balaye une mèche. Un peu de tendresse avant que ta patience se perde dans une flaque de pétrole illuminée.
« T’es vexante Calla-Lilly. À me prendre pour un con. »
HRP — ...
- Messages : 70Âge : 23.Autre(s) compte(s) : //
Styx Erebus |
Let's cause a little trouble
Jeu 6 Mai - 4:25
God, oh, she tastes so bitter,
“Her kiss is an old bad habit, twitchin' but I just can't scratch it. Beggin' my mind to "stay here, don't run away".”
Bitter – Yoe Mase (feat Sad Alex).
“Her kiss is an old bad habit, twitchin' but I just can't scratch it. Beggin' my mind to "stay here, don't run away".”
Bitter – Yoe Mase (feat Sad Alex).
Tu éclates de rire, comme une enfant innocente, insouciante, ignorante du monde et de ses horreurs.
- Hey, ne va pas t’imaginer que je squatte ici parce que je suis SDF. Je squatte chez toi parce que c’est fun et que je t’aime bien. Grande différence !
Grand sourire. T’as toujours eu cette candeur des enfants qui avaient tout reçu, prêts à tout donner, tout pardonner, que ce soit les mots salaces ou les moqueries à leur insu ; de ces enfants qui brillent par leur gentillesse infinie, mal placée. Alors tu ne relèves pas, laisser passer. Après tout, c’est Galitzine aux mots Gazolines, ce n’est rien de nouveau, t’as vu pire sous Styx.
Tu te délectes de son toucher, la douceur de ses mains chaudes, effleures la paume de tes lèvres, l’embrasse.
- T’es vexante Calla-Lilly. À me prendre pour un con.
Oh, oh, oh.
Tu ne l’as pas vu venir, ça. Tu ne rétorques pas, ne bouges pas, à peine respires-tu, sculpture organique. Ton cœur peut bien battre à la chamade, tu ne paniques pas, tu es lucide pour une fois. Après tout, Tobias est intelligent, ce n’était qu’une question de temps pour qu’il connecte points et lignes, en fasse des figures.
De tes yeux mi-clos, tu l’observes, mémorises ses traits fins, la façon dont la lumière filtrante l’encadre, ses cheveux décolorés aux allures d’halo angélique, et l’urgence dans ses pupilles.
Choisis tes mots, qu’on te susurre.
- Tu confonds Tobias. Moi, c’est Lily Lucille, je te l’ai dit.
Lily Lucille. Lucille-Luciole.
T’es pas une lumière, mais tu auras effectivement eu la vie courte.
Tu le pousses dans le lit. Le domine, perchée au-dessus de lui, tes cheveux en rideau l’entourant des deux côtés pour vous garantir un peu plus d’intimité, intimer à vos démons de se tenir à carreaux. Tu le fixes, t’as les yeux revolver, le regard vorace, rapace. Il y a dedans ce que tu montres rarement, ces choses qui crient à feu et à sang, qui t’empêchent de dormir, hantent tes nuits, mais ça ne dure qu’un bref instant. Aussitôt arrivés, aussitôt partis. Il n’y a plus que tristesse et tendresse ; arrête s’il te plait.
Tu embrasses son front avec délicatesse avant de te nicher au creux de ses bras, écouter les contractions-dilatations du myocarde qui te sert de ligne de vie personnelle.
Choisis tes mots, fais-en tes armes.
- C’est vexant, tu me confonds encore avec une de tes ex.
Et tu le sais que tu viens de pousser le bouchon trop loin. De toute façon, votre havre de paix était bâti sur une fondation précaire, avait un plan foireux, summum de l’ironie pour un architecte. Tu le sens que tout menace de s’écrouler, que ce n’est qu’une question de quelques rendez-vous en plus.
L’enlisement a commencé.
Mais Calla-Lily est morte.
Morte, enterrée et putrescente depuis 2 ans.
Tu ne peux pas confesser, pas maintenant. Tu n’es pas prête à braver la vérité que tu t’efforces de croire de toute tes fibres. Chaque jour, tu te réveilles et t’endors avec cette litanie. Il ne reste plus que ces rémanents, cette chose que tu es, qui existe en dehors du temps, hante le Styx à défaut de pouvoir le traverser.
C’est paradoxal tout ça, ma chérie. Car après tout, si tu es ici, c’est parce qu’il a le pouvoir de te faire re-vivre, redevenir ce que tu étais, ce que tu pleures après chaque nuit.
- Mais je t’en veux pas, après tout, Lily c’est très commun comme prénom.
Ah, fuck. Choisis tes mots, on avait dit.
Bisou sur le nez. Eclats de rire. Tu enfiles ton sweatshirt et t’en vas sautillante à la cuisine. Etre le catalyseur de sa propre destruction donne vachement faim.
- Hey, ne va pas t’imaginer que je squatte ici parce que je suis SDF. Je squatte chez toi parce que c’est fun et que je t’aime bien. Grande différence !
Grand sourire. T’as toujours eu cette candeur des enfants qui avaient tout reçu, prêts à tout donner, tout pardonner, que ce soit les mots salaces ou les moqueries à leur insu ; de ces enfants qui brillent par leur gentillesse infinie, mal placée. Alors tu ne relèves pas, laisser passer. Après tout, c’est Galitzine aux mots Gazolines, ce n’est rien de nouveau, t’as vu pire sous Styx.
Tu te délectes de son toucher, la douceur de ses mains chaudes, effleures la paume de tes lèvres, l’embrasse.
- T’es vexante Calla-Lilly. À me prendre pour un con.
Oh, oh, oh.
Tu ne l’as pas vu venir, ça. Tu ne rétorques pas, ne bouges pas, à peine respires-tu, sculpture organique. Ton cœur peut bien battre à la chamade, tu ne paniques pas, tu es lucide pour une fois. Après tout, Tobias est intelligent, ce n’était qu’une question de temps pour qu’il connecte points et lignes, en fasse des figures.
De tes yeux mi-clos, tu l’observes, mémorises ses traits fins, la façon dont la lumière filtrante l’encadre, ses cheveux décolorés aux allures d’halo angélique, et l’urgence dans ses pupilles.
Choisis tes mots, qu’on te susurre.
- Tu confonds Tobias. Moi, c’est Lily Lucille, je te l’ai dit.
Lily Lucille. Lucille-Luciole.
T’es pas une lumière, mais tu auras effectivement eu la vie courte.
Tu le pousses dans le lit. Le domine, perchée au-dessus de lui, tes cheveux en rideau l’entourant des deux côtés pour vous garantir un peu plus d’intimité, intimer à vos démons de se tenir à carreaux. Tu le fixes, t’as les yeux revolver, le regard vorace, rapace. Il y a dedans ce que tu montres rarement, ces choses qui crient à feu et à sang, qui t’empêchent de dormir, hantent tes nuits, mais ça ne dure qu’un bref instant. Aussitôt arrivés, aussitôt partis. Il n’y a plus que tristesse et tendresse ; arrête s’il te plait.
Tu embrasses son front avec délicatesse avant de te nicher au creux de ses bras, écouter les contractions-dilatations du myocarde qui te sert de ligne de vie personnelle.
Choisis tes mots, fais-en tes armes.
- C’est vexant, tu me confonds encore avec une de tes ex.
Et tu le sais que tu viens de pousser le bouchon trop loin. De toute façon, votre havre de paix était bâti sur une fondation précaire, avait un plan foireux, summum de l’ironie pour un architecte. Tu le sens que tout menace de s’écrouler, que ce n’est qu’une question de quelques rendez-vous en plus.
L’enlisement a commencé.
Mais Calla-Lily est morte.
Morte, enterrée et putrescente depuis 2 ans.
Tu ne peux pas confesser, pas maintenant. Tu n’es pas prête à braver la vérité que tu t’efforces de croire de toute tes fibres. Chaque jour, tu te réveilles et t’endors avec cette litanie. Il ne reste plus que ces rémanents, cette chose que tu es, qui existe en dehors du temps, hante le Styx à défaut de pouvoir le traverser.
C’est paradoxal tout ça, ma chérie. Car après tout, si tu es ici, c’est parce qu’il a le pouvoir de te faire re-vivre, redevenir ce que tu étais, ce que tu pleures après chaque nuit.
- Mais je t’en veux pas, après tout, Lily c’est très commun comme prénom.
Ah, fuck. Choisis tes mots, on avait dit.
Bisou sur le nez. Eclats de rire. Tu enfiles ton sweatshirt et t’en vas sautillante à la cuisine. Etre le catalyseur de sa propre destruction donne vachement faim.
- Messages : 52Âge : 25 ansAutre(s) compte(s) : Juliet, Elio, Uranie
Tobias Galitzine |
Let's cause a little trouble
Jeu 6 Mai - 18:46
|
Que le mensonge est doux.
Tu te mures dans le silence, dans cet état second d’observation. Celui qui jauge, juge. Observe les battements d’un palpitant adjacent à la jugulaire, la mort de deux pupilles rétrécies en année-lumières.
Et tu la laisses parler, te conter l’histoire. Celle où tu as tort, esprit pervertie qui n’a pour appétence que la mémoire de la chaire. Commissures étirées accompagnées par tes sourcils abaissés, un malaise qui naît et meurt sur tes traits étirés.
T’es repoussé, forcé de la regarder lorsqu’elle se perd dans un silence assourdissant. De ceux qui alourdissent, pesant, écrasant. Au-dessus de toi gronde des souhaits muets, des désirs secrets.
Les bras se referment sur la silhouette, instinctivement. Et ils serrent, enclavent le temps d’un instant. Car dans le fond de tes entrailles tu sais que la fuite est déjà programmée, que celle-ci va bientôt s’opérer.
Alors plonge ton visage dans ses cheveux diaphanes, passe le bout de tes ongles dans sa nuque. Loge toi de manière à écorcher sa tempe du bout des lippes, à effleurer la naissance de sa mâchoire.
« Ah non. »
Ta voix sèche vient couper court aux fantasmes étriqués. À la limite de te perdre dans ses traits, tu déchantes, suffoque face à la remarque lâchée. La tête, les bras retombent lourdement sur le matelas dans un soupir acculé. L’art de ruiner le moment. Les yeux roulent. « Je cautionne pas cette réputation que vous tentez de me faire, je refuse que tu t’y mettes aussi. »
Elle, Mikhaïl. T’as compris l’idée mais ne tolérera pas sa pérennité dans le temps.
Et tandis qu’elle fuit en répandant derrière elle des corolles de fausse bonne humeur, tu roules des yeux. Étoile de mer étalée, tu te relèves d’un mouvement brusque en la voyant partir en direction de la cuisine.
Dans l’encadrement sans porte qui sépare les deux espaces étriqués, tes bras retenant ton corps penché en avant, tu hésites.
Peser le pour, le contre.
Tu les veux ces aveux.
« Si j’étais toi j’éviterai de manger quoique ce soit se trouvant dans cette cuisine. »
Un ton lourd, menaçant, presque grondant. Qui laisse en suspension l’idée qu’un danger est présent. Tu le sais, elle se sent en sûreté. Ici il n’y a rien ni personne pouvant la confronter, venir déranger dénicher le mensonge établie.
Et si l’idée est perverse c’est que tes retranchements ont été atteints bien trop rapidement. Tu pensais qu’une discussion suffirait, que mots et gestes seraient votre salvation. Qu’aucun violence ne serait nécessaire.
« Je crois que l’on s’est mal compris tout à l’heure toi et moi. Si tu tiens à ta survie il va falloir commencer à questionner tout le monde, moi compris Calla. »
Les jointures blanchies sur le bois peint, tu obstrues le passage, attends une réaction.
HRP — ...