Oh Gretel n’est pas de ceux que la destinée a chahuté, étouffé, tué dans l’oeuf.
Et malgré le berceau de médiocrité dans lequel on l’a bercée, elle n’a cessé de tordre le cou aux mauvais augures penchés autour d’elle.

Froide ❝ distante ❝ professionnelle ❝ rassurante (quand ça lui chante) ❝ brillante ❝ acharnée du travail ❝ acharnée tout court ❝ fidèle & loyale (au gang et ses valeurs) ❝ un brin désabusée ❝ carapace blindée ❝ le pire d’elle même pour vos yeux ❝ sarcastique ❝ rancunière ❝ vicieuse ❝ condescendante ❝ détachée ❝ peu sentimentale ❝ maîtrisée ❝ avare de ses mots ❝ attentive ❝ observatrice ❝ ni apathique ni emphatique ❝ méprise complaintes & lamentations ❝ redoutable & redoutée ❝ elle ne donne qu’une chance, jamais deux ❝ ne supporte pas les amourettes ❝ ça lui arrive de flirter vaguement ❝ et de ghoster sans hésiter ❝ pas de pitié ❝ mais jamais cruelle sans raison

TW : tentative de meurtre, aiguille, description crue d'une blessure

À pas feutrés, elle s’approche, lentement, sûrement, sans trembler. Sans aucune hésitation, elle plante sèchement la fine aiguille de la petite seringue dans la nuque de l’homme qui lui tournait le dos. Il sursaute, de surprise, et d’un geste rapide elle plaque fermement sa main gantée contre ses lèvres, étouffant le cri de douleur. Avant qu’il n’ait le temps de se débattre, elle a enfoncé le piston de la seringue ; et presqu’aussitôt, elle sent la nuque de sa victime se raidir. Normalement, le venin se diffuse assez vite pour que déjà, les sens se brouillent et que la gorge se paralyse en partie ; alors elle le lâche, et recule en prenant une grande inspiration, comme pour calmer les battements accélérés de son coeur.
Maladroitement, il se retourne, titubant presque, et se fige en reconnaissant son visage. La bouche entrouverte, lèvre tremblante, il tente, en vain, de dire quelque chose. « Toi ? » croit-elle deviner au grognement pathétique qu’il arrive à pousser.

« Cela ne sert à rien de vous agiter ainsi, le venin va se diffuser plus vite, et ce sera plus douloureux encore. » Affirme-t-elle finalement, la voix tremblante d’un mélange d’excitation et de crainte panique ; elle réalise à peine ce qu’elle vient de faire.

Il tente sans succès de s’appuyer sur son bureau ; sa main glisse, incapable de se fermer sur le rebord du meuble. Il tombe, comme au ralenti ; joue contre le carrelage froid, il ne distingue plus que vaguement les chaussures de Gretel, qui s’approche prudemment.

« Si je ne m’abuse, vous ne pouvez plus parler, et bientôt vous ne verrez plus rien du tout. Ne cherchez pas à lutter, cela serait trop fatigant. »
Elle s’agenouille, pour être sûre qu’il l’entende ; et pour ne pas avoir à parler trop fort.

« Vous devez aussi sentir que votre corps tout entier se raidit, parce que vos muscles se paralysent petit à petit. Cela va aussi affecter votre respiration, et vous risquez d’ailleurs de vous étouffer si vous n’essayez pas, autant que possible de vous calmer. »
Pendant qu’elle lui parle, elle attrape son épaule et son bassin et tire, jusqu’à ce qu’elle arrive à le retourner sur le dos. Ses mains à elle tremblent un peu, comme sa voix.

« Voilà qui devrait être plus confortable. Essayez de vous calmer, autrement votre coeur va battre n’importe comment, et vous risquez de succomber à un AVC. »
Il ne la voit plus, c’est certain. Il ne verra jamais l’étincelle de satisfaction qui brille dans les yeux de Gretel, tremblante, agenouillée près de lui.
Doucement, elle retire le gant de sa main droite, et passe ses doigts nus contre la nuque enflée de sa victime. La peau est boursoufflée, tirant vers un rose douloureux, striée de lignes violettes irrégulières.

« Il est fort probable que vous mourriez ici ; mais vous avez aussi quelques chances de survie. Si l’on peut appeler « chance » l’état dans lequel vous vous trouverez. »
En activant son pouvoir, elle réduit le volume de la plaie enflée, qui cicatrice en partie. Après avoir de nouveau enfilé son gant, elle extirpe d’une des poches de sa veste un petit flacon, qu’elle glisse dans la main paralysée de sa victime.

« Je serais vraiment cruelle de ne pas vous laisser la moindre chance de survivre. Même si à ma place, je doute que vous puissiez être aussi généreux. »
Elle retient difficilement une larme, qui coule le long de sa joue. Mais elle l’essuie aussitôt sur la manche de sa veste, avant de se redresser.
Elle n’éprouve aucun soulagement, aucun plaisir alors qu’elle quitte la pièce sans réussir à se retourner, pour voir une dernière fois ce qu’elle vient de faire. Elle n’a pas vengé la trahison immonde dont a été victime celui qui fut autrefois son bienfaiteur, avant qu’elle ne le rejoigne dans le gang. Elle a traqué, dénoncé et neutralisé une menace à la stabilité fragile de ce gang. Elle a des sueurs froides dans le dos, la gorge nouée.
Gretel a 29 ans.