Un défi.
Aussi bêtement que ça, conclu à la va-vite, échanges taquins à l’arrière goût agressif par sms.
Aussi simple que ça. Parfois les passions ne s’expliquent pas, elles s’expriment, lancinantes. Chez vous, elles se traduisent par l’animosité exacerbée. Le pouls qui bat, les fourmis aux bouts des doigts, tu as saisis tes clefs dans une précipitation exagérée.
Ça devrait pas te faire cet effet là. On t’as demandé d’être sage, de ne pas faire de vagues. En ce jour tu as cependant décidé qu’il n’y avait rien à craindre, que l’ennemi, c’était toi.
Que les autres n’avaient pour vocation d’être méprisés, écrasés. Que dans ton élan tous seraient pulvérisés.
C’est plus simple de s’écouter que de se raisonner.
Quitter la ville, la voir disparaître dans ton rétroviseur. Ça t’arraches un poids, tu t’affaisses dans ton siège. Delilah aujourd’hui sera ta parenthèse dorée.
Tu te gares, regarde la position qui t’as été envoyée, de quoi t’égarer. Portable en main, tu es trop préoccupée par l’icon rouge pour remarquer l'aspect inquiétant des lieux.
Les yeux relevés, tu souris le poing sur la hanche tandis que l’autre tend ton téléphone avec votre conversation ouverte.
« Tu parles si mal Delilah. J’espère pour toi que t’es assez courageuse pour assumer la moitié de ce que tu racontes. »
Le menton légèrement relevé, l’insolence t’auréoles en toute sainteté. Au fond de toi, tu sais que tu devrais pas être aussi amusée. Que l’appréhension embrasant ton adrénaline devrait être cravachée.
Tu devrais dire non, t’en aller.
Mais à ce moment-là, la perspective t’aveugles.
Celle de la violence dans sa forme la plus gratuite.
« Hésite pas à venir dans mes bras pour qu’on fête nos retrouvailles. »