hmm
   hmm
fredonnant adossé aux portes de l’université yeux rivés sur l’écran du portable – l’air de musique dont tu n’arrives pas à te débarrasser la provocation de Theodora que tu n’arrives pas à oublier ; jolie femme qui parade aux bras du type populaire, l’image qu’elle veut renvoyer sûrement parce qu’elle est ainsi, Theodora, comme une pie attirée par tout ce qui scintille, vilaine garnement.
il est des circonstances où tu t’en fiches, qu’elle chasse l’or et les trophées si ça lui fait plaisir pourvu qu’elle revienne ensuite chercher tes bras
mais
Zadig ?
Zadig, ton protégé, c’est trop prétentieux (audacieux) qu’elle vienne y poser ses griffes, et sans te le dire ;
(à quoi tu joues Theodora
tu joues à l’amour sans moi ?)

hmm   hmmm comptant les secondes à chaque tête qui franchit le portail jusqu’à – la sienne – lui saisir le bras et l’attirer à toi. Salut Theodora. baiser taquin sur la tempe et tu respires son parfum – mêlé à d’autres odeurs et peut-être même celle du brun mais ce n’est pas grave car d’ici ce soir il ne sera plus que toi t o i pour Theodora, qu’on répète à tout le campus que Thea s’est déplacé rien que pour la belle ça devrait suffire à lui rappeler pour qui ton cœur bat – (tu aimes ce mensonge là, ah)
main sur sa nuque pour l’empêcher de fuir et tu murmures à son oreille – amusé, qu’elle n’en doute jamais – Alors, à quoi tu joues cette fois?

et cet air de musique qui t’obsède refuse de te laisser en paix c’est (irritant) joli, belle Theodora qui crache tout son venin. se mord la main et tu n’as pas le temps d’arrêter connaissant parfaitement la rengaine elle qui grimace toi qui grogne – ta main blessée sans qu’elle l’ait touché
‎ ‎ ‎ ‎elle est forte pour ça, blesser les parties de ton corps que tu pensais inatteignables
(la fierté mais le cœur  ‎ ‎aussi
qu’elle a effleuré alors que tu le pensais
à ‎ ‎ ‎ ‎ Zephyr ‎ ‎ ‎ tout entier)
Ouh, des mots durs, Theo. comme tu murmurais autrefois an creux de son oreille Theo Theo Theo – s’infiltre sous ta peau – tu saisis une de ses mèches et l’enroule autour de l’index. Je me demandais d’où venait les rumeurs à mon sujet, mais j’aurais dû me douter, hmm ? qu’elle serait blessée – (m’as-tu seulement aimé ou étais-je un trophée

comme tu l’as été) – car grande guerrière, tu les connais, ses discours, une femme mais indépendante avant tout et elle t’aurait piétiné sûrement si tu n’avais pas joué le parfait amant – tu adores ça,‎‎‎  ‎ ‎ ‎tant ‎ ‎ ‎, chez elle, que tu éclates de rire.
T’as l’air de m’en vouloir, j’suis certain de m’être excusé pourtant. C’mon, Theo, j’vais presque finir par croire que tu t’étais attachée à moi.
qu’avec les bons gestes, le bon jeu,
tu retomberas  ‎dans  ‎ ‎mes  ‎ ‎ ‎bras. ‎

quelle merveille
      quelle audace
           et tu la laisses, reine, fouiller ta chemise en espérant, mesquin, que Zadig passe à cet instant – hélas les secondes s’écoulent et Theodora trouve sans peine ton paquet de cigarettes
      rien que pour elle, car cela fait longtemps déjà que les clopes restent toutes chez toi, qu’elles ne rejoignent ta poche que lorsque tu pars emmerder la jolie brune – t’en pique une, geigne. Aw, allez Theo, tout le monde ici sait que je suis un chic type. J’ai quelques torts, bien sûr, mais… tu passes une main délicate dans ses cheveux, te perds un instant dans ses yeux. Moi aussi j’étais attaché, tu sais.

‏‏‎ ‎ah
‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎et
‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎si c’était la vérité
est-ce que tu trouverais grâce, des mains de la majesté courroucée, et si c’était vrai
quelle belle histoire vous auriez pu être, un tableau pittoresque !
‏‏‎ ‎ah
‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎si
‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎tu l’avais aimé
alors en attendant, tu souris, serein, et allumes une clope à ton tour. Et puis, me faire passer pour un connard me ramènera pas, babe. J’aimerais mieux qu’on reparte sur des bonnes bases, toi et moi. Ah bah non, attends. Y a Zadig, maintenant ?

ce n’est pas vraiment de la colère qui vient se glisser dans ta voix de fanfaron – c’est de l’agacement,
comme un jouet dont on te prive sans consentement.

(rien
     à
       voir
avec moi
 tu dis ?)

et tu éclates de rire – camoufler la plaie qu’elle a piquée à vif, de ton ego, non, cette fois, elle ne reviendra pas, jolie Theodora – en te reculant d’un pas. Ah oui, bien sûr, rien à voir avec moi.
et lorsqu’elle dit ça, c’est ton sourire qui se crispe à moitié – à quoi rêve-t-elle avec lui, que tu n’as pas su donner et qu’il saura lui épargner – quelles qualités lui attribue-t-elle sans savoir que le charmant brun est un peu comme ton poulain

alors peut-être, oui,
que Zadig a un meilleur fond que le tien ;
peut-être saurait-il la rendre heureuse pour l’instant
mais,
quelque part,
il est du même bois que toi et lui aussi (je l’espère et félicitations Theodora, c’est la preuve que tu as réussi à me blesser) la ruinera.
Je m’en voudrais que ma petite starlette ait recours à la violence, quelle image tu auras auprès des fans après ça ? mains qui se glissent dans les poches à défaut de pouvoir savourer les épis de jais entre tes doigts et tu penches la tête ; Dooonc… Tu vas me dire que tu crush sur lui, c’est ça ? Vous vivez votre petite histoire d’amour, et t’es satisfaite avec lui ?

attendant une réaction, un aveu qu’elle fait ça par basse vengeance (l’idée te plait, après tout), car au jeu de la patience
Théa se fait roi.

à quelques mots près de marcher droit dans le panneau – c’est qu’elle éblouit, la belle Théo, et elle a l’éloquence de ceux qui passent leur vie à prétendre
et pour une phrase de moins, tu aurais accepté le piège qu’elle te tendait, reconnu qu’elle est ton jouet – qu’importe l’intitulé,
Théodora est à toi,

sans plus de débat

         mais
tu remercies tes poings obstinément fermés dans tes poches de t’avoir retenu, saisir la main de la brune et la tirer loin de ses grilles, loin de cette université que tu as, à présent, quittée, lieu témoin de leur idylle pseudo-parfaite ; tu remercies ta patience d’avoir attendue le dérapage
le mot de trop
comme toujours, avec Théo,
et lorsqu’elle prononce les mots que tu attendais depuis le début de sa tirade
tu
     souris
                  carnassier. Eh bien, j’ignorais avoir tant de place dans ton cœur. Ah non, pardon, j’ai déjà fait la remarque sur ça, n’est-ce pas ? Voilà pourquoi tu l’as choisi, parce qu’il ne me ressemble pas ? et ça a des airs de victoire, tout ça
parle trop vite, Théa
parle trop bas – Il te donne tout ce que tu désires, princesse ? Comme je ne le faisais pas. Mais, Theo, si j’avais cédé à tes caprices, c’est toi qui m’aurais lâché comme une chaussette. Jolie princesse prend ce qu’elle veut et jette après, il fallait bien que je me protège.
et c’est faux
   (ou peut-être que –)
tu ne sais pas, ne sauras jamais, trop occupé à faire passer tes envies avant le reste,
que connais-tu réellement de ton ex ?

heureuse
sans moi
                   elle oserait, ça ?

mais tu acceptes, sors les mains de tes poches pour les brandir en l’air. J’ai dit que j’avais des torts, tu sais comment je suis, c’est déjà une énorme concession en soi. l’avoir trompé certes, menu détail, et il n’est pas étonnant que ce que tu considères comme tel est une plaie encore ouverte chez la brune – chez les gens normaux, en fait – alors tu te recules, à nouveau, la toise de haut en bas.
Bref. Si t’es sincèrement heureuse, c’est tout ce que je te souhaite, ok ? Même moi, ça me fait pas plaisir de retourner à l’université juste pour essayer d’avoir de tes nouvelles. et si la carte de la culpabilité ne marche pas
est-ce que celle de la faiblesse le fera ? pas aujourd’hui, sûrement, tu as trop tenté ta chance et joué les mauvaises cartes mais
pourvu que tes mots hantent ses pensées, quelques fois

tu es certain qu’un jour, elle te reviendra. Je vais faire ça, Theo. J’vais te laisser tranquille avec ton bonheur – pince les lèvres pour ne pas rire – De toute façon, tu sais où me trouver. J’ai pas changé d’adresse.

prêt à partir et savourer cette défaite
pourvu que ce soit la dernière.