dans le déni de son âge - boomeuse sur les bords mais elle s'accroche - dynamique - extravertie - avenante avec tout le monde - aime être celle que l'on croît connaître - tactile - expressive - se plaît à mettre les autres mal-à-l'aise - plutôt grossière - présence forte, sûre d'elle - consciente de son charme - séductrice, juste pour s’amuser - fuit l’engagement comme la peste - a l'air lunaire et inconsidérée - en fait très réaliste - prudente - débrouillarde -  business woman sans merci - individualiste - vénale - arriviste - modérément digne de confiance -  tout a un prix, tout se négocie - réputée pour son professionnalisme et sa discrétion - malgré des méthodes de travail à son image





l'avarice roulée en boule, couvant l'or amassé de la fatalité des destins qu'elle ne croise que le temps d'épousseter les détails gênants,
dans sa grandeur d'âme - ah non, pas vraiment.

mais la tête froide quand elle a l'air espiègle et les yeux qui manquent de sérieux,
mais voient le monde dans lequel elle se pavane, et avec lequel elle traite. et ses fastes, ses immondices. des gens meurent ? paix à leurs âmes, elle empochera la prime pour son intervention.
un peu de musique
    elle réfléchira mieux .

car évoluant dans les décombres de ce qu'on laisse derrière soi, elle jubile et quelle aubaine
de se pâmer dans les ténèbres honteuses et les vilains petits secrets.
ce sera si facile à marchander contre la quiétude, sourde aux danger emprunté aux inconscient.es et à celleux qui
laissent traîner des trucs derrière eux.

puisqu'elle est occupée si occupée,
non non elle ne t'entend pas mais ne t'échine pas à répéter elle est
                    déjà           partie

Les basses éreintent la rue, les notes grinçantes rampant sur l’asphalte. Ça sort de là-bas, de la porte vieillie coiffée de néons criards. De ce trou-à-rat.

Quel mauvais goût.

Les lettres fatiguées hurlent un jeu de mot qui, à ce qu’on raconte, provient d’une mauvaise blague de la patronne, prononcée à une heure tardive, et avortée par quelques lampées de vinasse.

Elle adore son établissement, son bébé, son œuvre.


La porte grince, c’est chiant.

Quelqu’un aurait voulu la huiler, mais le temps manque  - à l’intérieur, ça grouille d’abeilles ouvrières. On dit employés ? Iels s’affairent en tous sens, parce que Rena décide d’installer un rocking chair à l’accueil.

On s’essuie les pieds en rentrant.
On dit bonjour à la dame, derrière le comptoir.

Elle accueille le client, lui demande ce qu’il lui faut.
C’est pour un nettoyage ponctuel, ou régulier ?
Mais dans le brouhaha ambiant, on devine à peine sa voix. Le sol est crasseux, colle aux semelles. Sur le comptoir noyé de bibelots, une grille tarifaire griffonnée sur un feuillet déchiré, des cœurs à côté des prix. Et même dans ce merdier, pas la moindre trace des services spéciaux qui font leur renommée.

C’est à se demander par quelle sorcellerie ils ont obtenu une telle réputation.
Ah, mais si tout le monde vante leur mérite, c’est qu’il y a bien quelque chose.

Ils proposent divers services, allant du lavage de vitre au shampouinage de moquette, jusqu’au nettoyage de parking et autres surfaces.
Mais de tout cela, les plus intéressants sont les extras, proposés à une certaine clientèle, bien au fait des termes du contrat - délicieux mutisme décoré de convenances, chassant l’ingérence et les indiscrétions.

Pas de question, oh non jamais
nulle part,
parce que Rena, elle veut juste gagner son pain, même si sa farine doit être tachée d'hémoglobine

et ces bonus ont la cote dans un monde gangrené de règlements de comptes. La secrétaire a l'air au courant, mais seulement l’air -

elle ne sait rien.

C’est la boss qui sait, qu’elle dit, l’air hagard et un peu con.

On la trouve où, la boss, pour ces petits soucis qui se règlent avec plus que du détergent ?

Ah ça fait
tilt,
elle se lève : il faut la suivre, et derrière elle, l’immonde rideau perlé qui dissimule le passage du fond de l’accueil s’écarte, ouvre la voie vers un enchevêtrement de petites marches et de pièces tarabiscotées.

Le papier peint est déchiré, évacue des années de vies mornes de ses mailles puantes.

Certains passages sont surveillés, criblés de caméras. Il n’y a personne derrière, mais ça donne l’air important. La dernière porte est plus lourde, blindée, peut-être, et demeure fermée à clé.


La boss doit être une sacré figure, difficile à trouver, payée grassement.
Une bombe, une chute de reins à se damner, des cils à faire s'envoler des papillons dans le duodénum.

Les cliquetis cessent, les rouages se débloquent.

Peut-être qu’elle porte une fourrure de gangster sur les épaules,
et des boucles d’oreilles clinquantes.

Enfin, ça y est, la porte s’ouvre.